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Santiago de Cuba - Juillet

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- Documentation ritmacuba.com -

Article complémentaire : Lexique des instruments cubain


LA VOIE DES PIONNIÈRES :

(En el camino de las pioneras)

[1]

DES FEMMES PERCUSSIONNISTES, INSTRUMENTISTES, COMPOSITRICES

ET DES GROUPES FÉMININS

À CUBA (XIXe- XXIe siècle
)

par Daniel Chatelain


"... sous les arcades débordantes de lumière, d'enseignes lumineuses, de musique et de promeneurs du Paseo del Prado où la ville explosait, exultait, devenait riche et prétentieuse et où il était possible, à chaque coin de rue, d'écouter les orchestres de femmes chargés de l'animation des cafés et de cette avenue centrale, des lieux qui ne fermaient jamais leurs portes, si toutefois ils en avaient."

(années '40)

Leonardo Padura "Hérétiques", roman. 2013

PRÉAMBULE : Le phénomène impressionnant des orchestres féminins à Cuba à partir des années 1930 est unique en Amérique latine. Il a précédé nettement un phénomène analogue aux États-Unis. Mais il a été peu traité jusqu’ici en français. Raison suffisante parfois pour en dire plus (mais conduira à synthétiser lorsque nous pouvons renvoyer à des monographies). Nous avons choisi de traiter ce phénomène dans une optique singulière, le liant à l’avancée des femmes dans la musique cubaine en particulier pour certains instruments qui étaient considérés traditionnellement comme relevant uniquement des hommes, comme la percussion et surtout les tambours. Nous avons été frappés, dans notre approche personnelle de la musique cubaine, des exceptions singulières de présences féminines dans cette Histoire vis-à-vis des tambours, comme le cas de la conga de carnaval où la tumba francesa. Mais au fil du temps, nous avons aussi été témoin de la résurgence contemporaine — en particulierdes orchestres féminins à Cuba et de l’apparition de groupes comparables en Europe. Témoin fraternel aussi, et souvent admiratif dans des situations de cours, d'ateliers, de concerts, de concours, etc.— du franchissement des murs invisibles par des femmes dans la percussion traditionnelle, dans l’île comme au dehors de ses rivages. Cette page croise ces différents domaines d’intérêts et d’expériences et recoud ensemble les différentes époques de cette progression. Qui, bien sûr, n’est pas encore terminée.

Nous espérons, entre autres, que ce texte sera utile aux protagonistes pour un meilleur ancrage historique de leur parcours de pratique musicale. Coïncidence, cet article est paru au moment où le plus célèbre des orchestres féminins cubains, Anacaona, a fêté son 85e anniversaire en se produisant sur les lieux originels du groupe. dc


SOMMAIRE

1. LES PIONNIÈRES
    — Où sont les femmes dans la conga ?
    — Femme tambourinaire dans la tumba francesa
    — Pionnières dans le Son del Monte
    — Des femmes directrices d'orchestre
        María Teresa Vera, Concepción Bravo, "Conchita", Margarita Lecuona, Justa García, Coralia López...
    —
Les premières trovadoras
    —
Des duos et trios féminins vers des formations plus larges
     Hermanas Lago, Hermanas Márquez, Hermanas Martí, Hermanas Junco, Dúo Hermanas Patterson, Trio Aloima...

2.  LES PREMIERS ORCHESTRES FÉMININS FONDÉS DANS LES ANNÉES '20 & '30
    — Estudiantina Cuba, Charanga de Doña Irene, Sexteto Casiguaya, Edén Habanero, Ensueño, Jazz Queen, Orquesta Social, Topacio,Típica Yambambó, Orquesta Mezquida
   
De la Orquesta Orbe ou Saratoga au Jazz Band Hermanas Álvarez et Cuban Melody, Renovación...
    — Anacaona
, premières décennies.
    —
Plus sur la première génération : Trovadoras del Cayo, Orquesta Ilusión, Hermanas González, Hermanas Estupiñán, Ónyx, Margarita Lecuona et les Lecuona Cuban Girls...
    —
De Santiago de Cuba à Pinar del Rio : Las Marietas etc
    —
Danse et musique :
Las Mulatas del Fuego

3. VOCALEMENT VOTRE
    — Les année '50 & '60.  Groupes vocaux et nouvelle génération d'orchestres.  Las d’Aida, Las Hermanas Benítez, Las Hermanas Márquez, Ensueño Tropical, Las Hermanas Valdivil...
    — Les nouveaux groupes vocaux féminins à partir des années '90. Gema 4, Camerata Romeu, Vocal Universo, Vocal Divas, Vidas, Vocal Adalias, Sexteto Sentido, Vocal Tres...
    — Rap cubain féminin. Instinto

4. UNE COMPOSITRICE CONTEMPORAINE

5. LA TRADITION DU SON, DE NOUVEAU : DES GROUPES FÉMININS DU XXIe SIÈCLE
    — Así Son, Morena Son, Septeto Las Perlas del Son, Okán, Grupo Café, Septeto Vida, Ad Libitum, RaSon, La Guantanamera, Las Flores del Changüí
(changüi), Puro Sabor (organo oriental).

6. SALSA & TIMBA AU FÉMININ : "Chicas, Mulatas, Girls, Ladies, Damas..."
    — Les timberas : Mulatas de Fuego, Grupo Canela, Son Damas, Las Chicas del Sabor, Chicas del Sol, Lady Salsa Mix, Caribe Girls, Habanera Son, Ricachá (Charanga), Mulatas Son...

7. FOCUS SUR LES FEMMES PERCUSSIONNISTES

8. ET L'AFRO-CUBAIN?
   — Des femmes dans les tambours batas ? La distinction profane/rituel dans la transmission, batas et rumba : Afroamerica, Grupo d'Akkokán, Obini Batá, Obini Iraguo, Obini Oñi, Rumba Morena...
    — Un groupe féminin de tradition haïtiano-cubaine Danza Zetwal

APPENDICE : Notes fragmentaires sur la dimension féminine de la diffusion en Amérique du Nord et Europe de la percussion afro-cubaine
    — Les groupes féminins en France Tana, Rumbanana, Yemaya La Banda...


Documentation
Bibliographie générale
Bibliographie d'Anacaona
Discographie
Vidéos

Notes

1. LES PIONNIÈRES


OÙ SONT LES FEMMES DANS LA CONGA ? 

    Dès le XIXe siècle, il y avait à Santiago des organisatrices de comparsa et de formations de percussion (tahonas) à Santiago de Cuba : que l’on pense à María La O & María de la Luz, dirigeantes du Cocoyé de Los Hoyos. Les airs du Cocoyé de l’époque ont été relevés par Casamitjana en 1836 et un de ceux-ci porte le nom de María La O, d’ailleurs orchestré dans le pot-pourri cubain de Laureano Fuentes Matons, élève de Casamitjana, en 1847. La musicologue Zoila Lapique relève : « Quelque chose de semblable à ce phénomène contemporain de la conga santiaguera se passa en 1852 quand vint à La Havane la comparsa del Cocoyé avec ses deux dirigeantes, les métisses (mulatas) María de la O Soguendo y María de la Luz, jointes au nain Manuel qui dansait avec l’Anaquillé, marionnette de carnaval.»[2]

    Le nom María La O a été célébré à de multiples reprises dans la musique cubaine et il est resté dans la tradition du carnaval havanais. [3]

    Mais les tambours et les jantes percutées des congas de Santiago relevèrent de la spécialisation exclusive des hommes jusqu’à une exception. Ou plutôt deux exceptions succesives. 

    « Les congueros sont tous des hommes et dans l’histoire de la Conga de Los Hoyos il n’y eut qu’une seule femme nommée Gladys, renommée et respectée et jouant de la campana[4]. Il est possible d’établir une ligne de démarcation au sein de la conga lors de ces sorties entre les hommes qui ont pour rôle de jouer les instruments alors que les femmes dansent. Ce sont en effet elles les principales protagonistes du groupe de danseurs qui accompagne la conga, même si des hommes sont aussi présents. » [5].


Photo : collection Miké Charropin, avec nos remerciements.

    Fait très peu connu, Gladys fut en fait précédée pendant quelques mois par une certaine Ana Limonta, mais cette dernière cessa cette activité et Gladys Linares devint pour longtemps l’unique campanera de la conga de Los Hoyos, jouant avec virtuosité ce lourd idiophone qu’est la llanta ou campana, elle fut connue aussi sous les surnoms Mafifa ou La Niña  En tant que "Mafifa ", elle devint un personnage central d’une pièce en un acte de la santiaguera Fatima Patterson : « Repique por Mafifa o La última campanera », ce qui témoigne d’une dimension légendaire dans la culture populaire… et la renforce ! Actuellement, son exemple est repris par de jeunes santiagueras avec l’exemple d’une campanera du quartier de Los Hoyos (conga Los Muñequitos, également membre du groupe féminin Obini Irawo). Pour la première fois, une campanera, en l'occurence de la conga de San Agustín, a été primée au carnaval de Santiago de Cuba de 2017.

Complément : HISTOIRE DES INSTRUMENTS DE MUSIQUE DU CARNAVAL DE
SANTIAGO DE CUBA

corneta china
Un instrument traditionnel dont s'emparent aussi des jeunes femmes, la corneta china. Ici Yanet Barrios, muliti-instrumentiste.


FEMME TAMBOURINAIRE DANS LA TUMBA FRANCESA 

    Une autre de femme de Santiago fut connue par sa pratique de la percussion avant Gladys : Tecla (Consuelo) Venet Danger (septembre 1900-18 mai 1988), reine de tumba francesa, fut également célèbre pour sa pratique du *catá, ce gros idiophone frappé par deux bâtons, au jeu plutôt physique. Les caficulteurs d'origine française Venet et Danger, comme beaucoup d'autres descendants de ceux qui avaient fui l'insurrection aboutissant à l'indépendance d'Haïti en 1804,  étaient installés sur deux plantations proches l'une de l'autre, respectivement sur les lieux-dits El Palmar & Limoncito, soit des escarpements surplombant El Caney (actuel Municipio de Santiago de Cuba) sur un versant et la plage de Siboney sur un autre versant. Les esclaves des deux plantations portant tous le nom de famille d'un de ces deux maîtres, certain descendants de l'union d'un de ces maîtres avec une esclave,  associèrent ces deux noms à différentes reprises. Décédée à 94 ans, fille de la reine de tumba francesa Nemencia Danger qui avait vécu 115 ans (réputée originaire du congo), elle était la mère de la reine-présidente de la société de tumba Francesa La Caridad de Oriente (anciennement La Fayette*, fondée en 1862) : Yoya (Gaudiosa Venet Danger), à qui a succédé aujourd’hui la reine-présidente actuelle, Andrea Quiala, nièce de celle-ci et descendante de Tecla.

*catá : voir les articles : La tumba francesa de Daniel Chatelain et "Traditions musicales et dansées des communautés haïtiennes de la région orientale de Cuba" de Daniel Mirabeau

** du nom du "héros des deux mondes", le général français Lafayette (1757-1834), combattant de l'indépendance des Etats-Unis, partisan de l'abolition progressive de l'esclavage sous Louis XVI, suite à son expérience plantationniste en Guyane, membre de la "Société des Noirs" (favorable à l'abolition) en 1789, sympathisant ensuite du héros latino-américain Simon Bolivar...

Tecla, (à droite) dans les années ‘70 dans un article de Granma Internacional (en français). Collection Daniel Chatelain

    La fille d’Andrea, Queli Figueroa Quiala a repris dès l'enfance cet usage patrimonial des percussions de la tumba francesa, favorisé par la transmission avisée de son père, aujourd'hui décédé, qui dirigeait les percussions de la société de tumba francesa de Santiago de Cuba. Elle resta seule descendante du couple après un drame familial, le décés accidentel de son frère aîné, le  jeune homme destiné à continuer la tradition. Elle est la première femme à jouer l'ensemble des instruments de la tumba francesa. Nous considérons que l'apport de Queli et de ses parents, ont été essentiels pour lever les menaces de survie qui planaient sur cette société dans les annés '90. Si on sait que la candidature de l'inscription par l'UNESCO de la tumba francesa au patrimoine immatériel de l'humanité a en fait reposé dans un premier temps sur la société de Santiago, puis étendue aux trois société survivantes (en ajoutant celle de Guantánamo et celle de la rurale Bejuco), on en voit les conséquences dans la reconnaissance mondiale de cette tradition inscrite au patrimoine immatériel de l'humanité en 2003.


Queli Figueroa Quiala
Queli Figueroa Quiala, société de tumba francesa la Caridad - Santiago de Cuba 2015 - Photo Daniel Chatelain

    Signalons que dans la tradition de la tumba francesa, il y avait traditionnellement une répartition de rôles traditionnelle entre les  « composés » (compositeurs) masculins, qui se livraient plus souvent qu'à leur tour à des controverses et les "reinas cantadoras" (interprètes solistes féminins des chants traditionnels) accompagnées d'un chœur féminins agitant des chacha (maracas métalliques ornées de rubans). Il y a eu cependant des exemples anciens de composés femmes, telle une autre aïeule de Queli : Emelina "Linda" Venet Danger. Aujourd'hui les composés masculins et leurs affrontements virils par la controverse ont disparus mais les reinas cantadoras ont préservé l'existence d'un cancionero de tumba francesa et composent à l'occasion[6]

Vidéo : Andrea Quiala & sa fille Queli porte-paroles de la Société La Caridad pour son 150e anniversaire (esp. non sous-titré)

 

PIONNIÈRES DANS LE SON DEL MONTE ET LE CHANGÜI

    Toujours en Oriente, dans une famille à l’origine du son, des femmes ont été connues par la pratique de la percussion dans la première moitié du XXe siècle : Catalina Valera, bongosera et joueuse de tumbandera, et sa fille Emilia (Milla) : mère de Felix Valera, directeur-fondateur du groupe Familia Valera Miranda. Et sans doute leur parente Julia Roman Valera, qui composait dans les années 30 ("Murió Valera en San Luis" : ce Valera était un bandit d'honneur) et est décédée à 114 ans en 1980. Particularité : ces femmes jouent alors le bongo posé sur les cuisses, position jugée plus décente.


Bongo - Familia valera MirandaCD Antologia
Emilia, mère de Félix Valera (LP Antologia integral del son, Familia Valera Miranda)

Vidéo (archive) : Felix Valera à la tumbandera & sa mère Emilia au bongo

    Avec Tecla Venet et Julia Valera, on a affaire à des figures de matriarches rurales, dépositaires d’une tradition, bien différentes des musiciennes urbaines trouvant une émancipation dans la pratique artistique.

    Une autre Julia a précédé en Oriente beaucoup de bongoseros et autres soneros, de la génération des premiers pratiquant connus de ce style, homme et femmes confondus.

    Julia La O, guitariste, bongosera, épouse de Nicolas Hierrezuelo, chanteur et tresiste (joueur de très) des environs de Santiago (par ailleurs lieutenant de l’armée libératrice dans la guerre de l’indépendance cubaine). Elle fut mère de onze enfants, élevés dans la tradition musicale du couple,  parmi lesquels les musiciens professionnels Reinaldo Hierrezuelo — 1926 (Cuarteto Patria, Los Compadres, Sonora Matancera, Vieja Trova santiaguera), Ricardo, Lorenzo (Duo avec María Teresa Vera, Los Compadres), Caridad — 1924  (Los Taínos de Mayarí, Los Van Van, Rumbavana, Conjunto Caney).

    Dans le son montuno et le changüi des origines, où, dans de petites communautés issolées pouvait commencer une fête avec un tres qui demandait un apport percussif, ces femmes jouant le bongo n'étaient pas forcément des exceptions. Ainsi Chito Latamblé, le plus célèbre des treseros  de changüi, né en 1916, a témoigné que son arrière grand-mère Atina Latamblet jouait le bongo de monte. C'était avant la guerre de 1895, dans un bateye et des baraquements de la propriété San Miguel, près d'une localité voisine de Guantanamo, Jamaica. Atina jouait avec ses fils Higinio et Vincente. C'est la plus ancienne des bongoceras dont on ait mention, sinon des bongoceros tout court.

 

DES FEMMES DIRECTRICES D’ORCHESTRE

                 Des femmes qui deviennent directrices de groupes musicaux essentiellement masculins. Cela s’est vu à Cuba depuis les années ’20 du XXe siècle.

        Vient inévitablement à l’esprit María Teresa Vera (1895-1975), qui enregistra en duo féminin-masculin à partir de 1914 et crée en 1926 le sexteto Occidente, qui compte dans ses rangs un des plus grand soneros, le contrebassiste et compositeur Ignacio Piñeiro. Le sexteto Occidente enregistra à New-York l’année de sa création.

    María Teresa Vera (Guanajay 1895 - La Habana 1965) est née à l'extrémité occidentale de Cuba (sans tradition de trova jusque là) et a commencé sa carrière en 1911.  Elle est d’extraction populaire, métisse avec une grand’mère esclave (yoruba). Son talent est couvé dans son enfance par une famille bourgeoise de sa province qui emploie sa mère et fait fort usage de son piano, les Aramburu.

    Dans la capitale, seul cas repéré chez les chanteuses de l’époque, elle adopte le mode de vie bohème des trovadores (en l’occurrence dans le « clan » de Manuel Corona), lesquels lui enseignent la guitare. Elle devient une véritable mémoire vivante des compositions des trovadores (elle interprète des chansons que leurs propres auteurs ont oubliées) et rend célèbres certaines d’entre elles. Son duo avec Rafael Zequeira est anthologique.

    Son répertoire est très étendu, de la trova à la guaracha (pour laquelle elle est moins connue). Elle fut la première femme à diriger une formation de son, le sexteto Occidente, enregistré par la Columbia dés 1926. A ce sujet, Cristobal Díaz Ayala, référence maximum pour la discographie de la musique cubaine, pense que la Columbia a cherché à travers le Sexteto Occidente une réponse à la vogue du Sexteto Habanero promu par les disques Victor et que dans cette perspective avoir dans une formation une femme comme directeur associée au grand Ignacio Piñeiro ètait un élément distinctif dans cette compétition commerciale. "Il n'était pas habituel à cette époque de confier la direction d'une formation musicale à une femme, même flanquée d'un directeur musical" (soit Miguel García). Il ajoute que faisant cela, la Columbia connaissait le travail de María Teresa Vera avec le Sexteto Habanero de Godínez en 1918, ses nombreux enregistrements avec Zequeira et ensuite avec Miguel García (pour Columbia) des années '20. "Occidente" fut un mot mis en équivalence avec "habanero", logique de plus pour une femme née non pas à La Havane mais dans une autre ville occidentale, Guanajay (cf. chronique de livre "Ignacio Piñeiro tiene ya su libro, San Juan, 28 de Julio de 2013). Mais le Sexteto Occidente n'obtint pas un succès durable.

    Maria Teresa s’interrompt de chanter de 1930 à 1935 pour des raisons religieuses. Devant le succès immense de sa composition « Veinte años » composée dans cette période de retrait, elle cède aux pressions conjuguées du public et de Justa García, autre femme meneuse de groupe (cf infra), qui l’intègre à son cuarteto.

 

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    Evoquer María Teresa Vera nous conduit à donner un exemple étonnant de femme auteur cachée.

    La véritable auteur du texte de Veinte años, rien d’autre que la chanson phare de la trova cubaine, sur un rythme de habanera, ne fut révélée que récemment. Il s’agissait d’une amie d’enfance de la famille Aramburu, déçue de son ménage qui tenait à garder l’anonymat : Guillermina Aramburu (Guanajay, 6 février 1895 - La Havane, 17 décembre 1965). En dehors de Veinte años, d’autres compositions de M. T. Vera ont eu leur texte écrit par cet auteur féminin clandestin.

    Ce destin de femme bourgeoise écrivant clandestinement des chansons qu’elle confie à son amie d’enfance, laquelle a choisi la vie bohême de la trova, mérite d’ailleurs de s’y arrêter plus amplement.

    Reynaldo Gonzalez déclara sur María Teresa Vera : « On dit que son amie d’enfance Guillermina Aramburu eut une vie maritale heureuse pendant vingt ans, à la suite de quoi son mari la trahit. Guillermina, qui écrivait des chansons depuis ses jeunes années (….)  remit à María Teresa sa création « Veinte años » pour qu’elle la chante avec la promesse de ne jamais révéler qu’elle l’avait écrite ; en conséquence, la majorité du public ignora jusqu’il y a peu de temps que la majorité des textes de chansons de María Teresa Vera sont de Guillermina »[7].

    Quand Justa García décide d’arrêter sa carrière, María Teresa Vera se retrouve seule avec Lorenzo Hierrezuelo (le futur « Compay primero » de Los Compadres) et ils décident de continuer en duo sous leurs deux noms. Dés la première partie de sa vie professionnelle, elle a poursuivi un chemin différent des futurs groupes féminins, femme s’imposant dans le milieu masculin sonero malgré les préjugés ambiants, jusqu’à diriger une formation masculine. Elle se retira définitivement en 1962.

    Un exemple méconnu des premières directrices d’orchestre de musique populaire est  Concepción Bravo, "Conchita", fondatrice en 1927 du premier groupe format jazz band de Guantánamo : Hatuey. Serait-ce le premier orchestre jazz band de Cuba? Cette date pionnière est en rapport entre la vie musicale de la ville et de la base navale US toute proche. Selon des recherches menées dans cette ville, elle fut aussi innovatrice d'un autre point de vue : en introduisant le piano dans le son, se faisant populaire auprès des couples de danseurs de Guantanamo pour ses descargas de piano dans le répertoire sonero et ainsi prendre rang dans l’évolution qui conduit du septeto vers un nouveau format musical pour jouer ce style : le conjunto (processus évolutif où le génial  tresero Arsenio Rodríguez est considéré comme le personnage-clé). Sa vélocité au piano était en partie acquie pour avoir été une accompagnatrice au piano des films muets, pionnière féminine là aussi dans ce domaine.

« Conchita » Bravo au piano. Guantánamo - 1996

    De tels exemples, auxquels on pourrait ajouter la notoriété de la pianiste et compositrice Margarita Lecuona (voir plus loin), dans un registre musical plus classique, étaient de nature à ouvrir les portes aux femmes dans la musique cubaine.

    Il n’est pas étrange que dans un contexte raciste et sexiste,  où le mélange des races et des sexes était de nature à choquer, où la ségrégation sévissait dans la société et la musique, avec des orchestres de Blancs, de mulâtres et de Noirs, les femmes musiciennes aient tendance à se regrouper selon le genre et obtenir ainsi une meilleure acceptation de leur entourage. Sans oublier une dimension école de musique de filles de familles nombreuses sur laquelle nous reviendrons.

    Parmi les toutes premières directrices de formation musicale cubaine, revenons sur Justa García (1894-1952), déjà citée, meneuse d'un trio et d'un cuarteto.  Le Cuarteto de Justa García subit plusieurs changements de ses membres y participèrent plusieurs chanteuses comme MaríaTeresa Vera, Dominica Verges et quelques hommes dont Francisco Repilado, qui devint plus tard « Compay Segundo » dans Los Compadres, Isaac Oviedo, Graciano Gómez. Justa García  intégra par la suite comme chanteuse l’orchestre féminin Anacaona.


trio de Justa Garcia
Trio de Justa Garcia (collection Roberto Garcia)

Coralia López (1910-1993), dont le nom entier est Juana Coralia López Valdés, est la première femme à avoir dirigé un orchestre de danzón. Egalement pianiste et compositrice elle est la sœur cadette de Orestes López (Macho) et précède Israel López (Cachao) dans la fratrie des López. C'est son père, le musicien Pedro López qui a guidé ses premiers pas dans la carrière musicale. Son orchestre, de 1940 à 1956, joue ses compositions ainsi que celles de Abelardito Valdés et Antonio María Romeu. C'est dans l'orchestre qui porte son nom que son neveu Orlando "Cachaíto" López, fils d'Orestes commence sa carrière. Enrique Jorrín, futur inventeur du ca cha chá y jouait également avant de rejoindre Las Maravillas puis fonder l'orchestre America. Mais il n'y a pas d'enregistrement sonore connu de l'orchestre de Coralia . Sa composition la plus célèbre est Isora Club, du nom d'un club social de Noirs et Mulâtres où on dansait dans le quartier de Luyano, proche du lieu où vivait la famille Valdés. Isora Club est considéré comme un des meilleurs danzones jamais composé,  que Cachao enregistre pour la première fois en 1953, puis de nouveau en 1998 (CD, Master Sessions vol. 1, prix Grammy Awards), suivi par Rúben González en 2000 dans la lignée du Buena Vista Social Club (CD Chanchullo).

Article de Rosa Marquetti sur le Isora Club et Coralia López (esp.). Photo.

Audio sur youtube : Isora Club par Rúben González

Audio sur youtube : Isora Club par Cachao

    En ce qui concerne les formations vocales, citons deux femmes remarquables : María Muñoz de Quevedo fonde le chœur de La Habana en 1931 et deux décennies plus tard, avec l’arrivée de la télévision, Cuca Rivero dirige le chœur diffusé par la petite lucarne cubaine.

    Une résurgence actuelle de groupe dirigé par une femme, est Frasis, formation avec un front de scène féminin de trois violons et violoncelle, auquel s'ajoute percussions et voix, dirigée par la violoniste Roxana Iglesias Morejón. Vidéo 2018 

 

LES PREMIÈRES TROVADORAS

    Avant de rencontrer d’autres directrices de groupe, arrêtons-nous sur les premières trovadoras cubaines.

    Une figure qui rejoint, outre l’histoire de la musique cubaine, l’Histoire cubaine tout court est le cas tardivement connu de María Granados (1880-1971), devant qui, selon son propre récit, José Marti aurait écrit en 1891 à Tampa, où elle résidait, l’unique texte destiné à être musicalisé du héros de la nation cubaine (El proscripto). Alors que cette chanson était oubliée, elle l’interpréta dans une peña havanaise à partir de 1966, à l’âge de 86 ans.[8]

    La première trovadora reconnue est cependant Angelita Bequé. Selon Lino Betancourt, elle interprétait la trova dans les années 1910-1922. Ressort de cette période son duo avec Rafael Zequeira. Une photo montre une grande et jolie Noire. Connue à son époque, elle n’enregistra pas de disques, contrairement à beaucoup d’hommes trovadores qui furent ses contemporains (López Sánchez. 2008. p. 37).

    Une autre défricheuse est Dominica Vergés (1918-2002). Pianiste, guitariste et chanteuse s’accompagnant aux claves, elle commença sa carrière en 1929 dans un septeto familial où elle était la seule femme, avant de participer à Anacaona, Ensueño, Ilusión, Hermanas Armanza, Imperio, entre autres, et de devenir une des premières femmes à chanter le danzonete[9]. [10]

    La catégorie des femmes virtuoses de leur instrument est illustrée en particulier à Cuba par la guitariste María Luisa Anida « La Gran dama de la guitarra ».[11] 

 

DES DUOS ET TRIOS FÉMININS VERS DES FORMATIONS PLUS LARGES

    Un phénomène remarquable à Cuba est, dès le début des années ’30, le nombre de duos et trios féminins (dans un format défini par le Trio Matamoros : deux guitares, petites percussions : claves, maracas, güiro) voire cuartetos constitués en général par des sœurs : « Hermanas… ». Exemples remarquables :

Trio Hermanas Lago

Hermanas Lago au début du trio. Collection Roberto Garcia.


Les sœurs Cristina (guitare), Esperanza (maracas) & Graciela (mandoline) Lago n’avaient que 12, 13 & 14 ans quand se fonda en 1932 le trio Hermanas Lago.  Elles firent de nombreux enregistrements et eurent de nombreuses tournées internationales dans la longue carrière qui suivit. C’est un des trios féminins harmoniques les plus importants d’Amérique latine et tout simplement le premier en date. Contrairement aux trios à deux voix avec un accompagnateur, comme le trio Matamoros, c’est le premier trio à trois voix de la musique cubaine. Avec un répertoire plus latino-américain que celui des Hermanas Martí —au strict répertoire cubain— mais elles interprétèrent cependant les œuvres des grands soneros cubains. La formation a connu divers changements de format après 1939 : une période en duo (Duo Inspiración), le retour au trio avec l’arrivée de Olga Lucía, connue comme Lucia Lago (guitare) en 1947.


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Hermanas Lago lors du retour au trio

    En 1950, après une deuxième tournée de neuf mois à travers l'Amérique latine, elles passent en cuarteto avec la réintégration d'Esperanza. Celui-ci obtient un succès croissant, quand décède Esperanza en 1954, fauchée en pleine jeunesse. Les Hermanas Lago ont enregistré avec la Sonora Matancera. Elles se joignirent en 1972 au Trío Ofelia. Lucia Lago Muela (1925) est une des fondatrice de la télévision cubaine. Son décès à 95 ans le 25 janvier 2021 ferme cette belle histoire.

Cuarteto Lago

Cuarteto Hermanas Lago avec le pianiste Felo Bergaza. Collection Roberto Garcia.

Le trio Hermanas Márquez se forme véritablement en 1935. (Deux guitares et voix ou guitare-voix-percussion selon les circonstances). Trini Márquez (1924) acquiert une expérience musicale dans l’ensemble de son père, guitariste et tromboniste à Puerto Padre (Oriente). Ce chef de famille et son épouse, qui écrit des chansons, ont quatorze enfants. dans les spectacles locaux les trois filles les plus grandes (14 à 16 ans), alternent avec les petite (6-7-8 ans). Trini forme le trio avec ses sœurs Cusa (1921) & Nerza (1925), qui ont appris la guitare. Après les concerts à Puerto Padre dès 1933, elles participent à des émissions de radio à Santiago de Cuba et sont programmée au théatre Oriente. Elles partent pour La Havane en 1940, où elles passent à la radio CMQ et où leur carrière est impulsée par Ernesto Lecuona. Leurs sones et boleros plaisent au public et elles voyagent à Santo Domingo et Puerto Rico. Elles enregistrent à La Havane, seules (premier disque en 1941) et avec l’orchestre du santiaguero Mariano Mercerón. Autre voyage, à Mexico, où elles participent au film "Pervertida" et à Miami, avec un nouvel enregistrement. En 1949 sort Nerza, qui se marie,  au profit de la plus petite sœur, Olga (1932), quelques temps après sort Olga, qui se marie et entre à nouveau Nerza. 


Trio

Trio Hermanas Márquez, années '50.

    Elles s’installent  à New-York  en 1951, toujours cornaquées par leur mère, après un contrat de 5 semaines. En 1960, Trini va chercher Nerza à La Havane. Un disque est enregistré en 1965 en cuarteto, avec Nerza. En 1966, Trini et Olga (en situation de divorce) forment un groupe féminin -— sous le nom Conjunto Hermanas Márquez, avec l'ajout de la pianiste Margaritas Vargas, de Linda Leyda & Lourdes López (Cuza participe les week-ends tandis que Nerza élève ses enfants), avec un succès new-yorkais dans les plus grandes salles suivi de tournées dans tous les USA et le Canada.  Cette trajectoire est compromise par les destinées personnelles de chacune (remariage d'Olga, sortie de Cusa...). Trini s'éloigne de la scène pour se consacrer à la santé de ses parents. Les deux sœurs Márquez Nerza et Trini, reprennent la scène en duo vers 1990. Première voix Nerza et segonde voix Trini. Encouragées par Celia Cruz, elles enregistrent en 2004 un disque "Paquito D'Rivera presents Las Hermanas Márquez" accompagnées de Paquito D’Rivera, devenu leur ami, contenant deux chansons de Trini outre les reprises de classiques. Le concert filmé de présentation du disque témoigne du charisme étonnant de Trini, en particulier.  Cf youtube. [12] Elles se présentent la même année au festival de world music de Caceres (Espagne) devant un public de 20 000 personnes. Nerza Márquez décède le 7 août 2019 à New-York. Fin mars disparaît à son tour Trini, la dernière survivante des Hermanas Márquez.



Duo

Duo Hermanas Márquez, années 2000


Vidéo : séquence d'un film des Hermanas Márquez accompagnées d'un pianiste.


Hermanas Martí  (duo) : Fondé en 1938 par les sœurs Berta (1919-2002), première voix et guitare d'accompagnement & Amelia (1922), voix segonde et guitare soliste (1922), laquelle, après des études de guitare classique commencées en 1950, gagna un prix de guitare en interprétant du Villa-Lobos et devint professeur de guitare au conservatoire de Guanabacoa, parallèlement au duo. Rodrigo Prats disait d'elles qu'elles avaient "vêtues la trova d'un frac" (de gala). Leur répertoire est basé sur la Trova, créé en contact personnel avec les trobadores de référence (dont Sindo Garay, Rosendo Ruiz, Alberto Villalón, Manuel Corona...) avec une prédilection pour les compositions de Manuel Corona. Elles participèrent à quelques revues musicales d'Ernest Lecuona. Elles avaient tendance à normaliser les métriques irrégulières des trobadores les plus éloignés de la transmission écrite.[13]

Duo Hermanas Martí

Hermanas Junco. Le trio Junco, formé en 1947, donnera naissance en 1963 au duo Hermanas Junco, avec José Tejera comme accompagnateur. Composé de María (1919), première voix et Delia Junco Sterling (1923-1992), voix segonde. Leur répertoire est la trova cubaine. Elles sont actives jusqu’aux années ’70. [14]

   Duo Hermanas Junco


Duo Hermanas Junco, avec deux accompagnateurs. Collection Roberto Garcia.

Dúo Hermanas Patterson. Créé par Julia Patterson Monteagudo (1937) & Otilia Patterson Monteagudo (1938) après des études au Conservatoire municipal de La Havane. Elles innovèrent par un format voix & tumbadoras.

Le Trio Aloima funt fondée par trois sœurs Domech Betancourt aux prénoms peu communs : África (1923), Francia et Belgica. Elles s'étaient formées dans un groupe d'enfants de spectacle, Cubanacán, où se trouvaient aussi dans la fratrie Domech : Patria, Libertad en plus d'un plus commun Raúl. África fut chanteuse d'Anacaona et fut connue dans les années '70 pour ses populaires compositions et interprétations enfantines, pour lesquelles elle fit aussi des tournées internationales. Elle émigra aux États-Unis.

Trio Aloima

Trio Aloima (África au centre). Collection Roberto Garcia.

On peut encore signaler dans la génération pionnière le duo santiaguero Hermanas Reyes [15], qui sera suivi d'autres duos participant à la Casa de la trova de Santiago de Cuba et des Casas de la trova d'autres villes.


2. LES PREMIERS ORCHESTRES FÉMININS FONDÉS DANS LES ANNÉES '20 & '30

    Encore plus remarquable est la constitution des orchestres féminins à Cuba dans les années ’30, au sein desquels les femmes jouent d’un ample répertoire d’instruments dans les lieux populaires. Ce phénomène est un événement unique au niveau mondial et précède la vogue des jazz bands féminins aux États-Unis d’une décennie (cette vogue est quant à elle de la fin des années ‘30 et des années ’40). Cependant, un big band féminin états-unien existait en 1928, la même année où apparaît le premier orchestre féminin cubain (La charanga de Doña Irene) : The Ingenues. Un vitaphone témoigne en image de leur présentation somptueuse et d'un dimension poly-instrumentiste (comme dans beaucoup de formations féminines cubaines d'ailleurs). Mais autant les formations féminines dans les différents formats orchestraux  proliférèrent à Cuba au début des années '30, autant, jusqu'à preuve du contraire, les Ingenues reste un phénomène isolé aux États-Unis, avant que la seconde guerre mondiale ne change la donne.

    Par orchestres, on entend d’abord : sextetos, septetos, charangas (ou mini-charangas) et jazz bands. Ils sont souvent initiés par deux ou trois « Hermanas... ». On voit dans l’exemple du Duo Mezquida que les duos ou trios ont été l’ossature de formations plus étendues. Ou, comme dans l’exemple de Ensueño, se regrouper plusieurs binômes ou trinômes de sœurs (cf infra). Quand ce n'est pas, comme dans le cas d'Anacaona une dizaine de sœurs qui rejoignent par étapes un septeto initial pour former l'ossature d'un orchestre pérenne, lequel agglomère d'autres artistes dans la dynamique ainsi créée.

    Ces orchestres vont avoir un lieu privilégié, celui des Aires Libres de part et d’autre de l’hôtel Saratoga, sur une distance d’environ 200 m. de la promenade du Prado. Plusieurs orchestres féminins jouaient côte à côte, attirant l’attention des badauds havanais et des provinciaux débarqués de la gare centrale, étourdis par l’effervescence de la capitale. Ces groupes jouaient du mardi au dimanche, en semaine de 20h à 24h. Les musiciennes étaient faiblement payées, si bien que les occasions de tournées à l’étranger étaient fort attendues. Mais ils étaient suffisamment nombreux pour créer des concours entre ces orchestres.

Anacaona Aires libres

La Orquesta Anacaona jouant sur les Aires libres. Collection Eleonor González

    Une formation marque une étape vers les orchestres féminin, la Estudiantina Cuba s'est formée en 1926 ou peut-être avant. Elle est composée d'une large majorité de jeunes femmes, dont au début la chanteuse Ana Esther Pérez (voix soprano) avec quelques hommes dont son premier directeur, le compositeur Gumersindo Garcia, puis le professeur Godino. Une photos de 1933 permet de compter seize femmes et cinq hommes. La formation enregistre une douzaine de titres en 1927, surtout des thèmes de son premier directeur et dure au moins jusque 1935 (informations transmises par Patrick Dalmace).

    Ce n'est pas une estudiantina à la cubaine avec vents et percussions comme il y en eut dans l'Est de Cuba, mais une estudiantina de tradition espagnole composée de multiples instruments à cordes : guitares, mandolines et bandurrias (mandolines espagnoles).


Une virtuose des timbalès dans les années '20

Selon María del Carmen Mestas « la première directrice d’orchestre féminin sur lequel on soit informé s’appelait Irene Laferté, qui avait une connaissance profonde de la percussion, spécialement des timbalès.[16] Elle fonda sa "Charanga de Doña Irene" en 1928 dans le quartier habanero Santa Amalia avec ses quatre filles : Mercedes (violon), Josefina (violon), Dora (trompette & arrangements) & Inés (güiro). Cette charanga, qui avait substitué la flûte par une trompette, jouait surtout des danzones.


Irene Laferté

Doña Irene Laferté

Au moins deux de ses filles, passèrent ensuite à l’orchestre Edén Habanero, dirigé par l'une d'elles Mercedes Herrera. Doña Irene, qui fut appelée « la virtuose des timbales » mourut en 1970 (elle était née le 28 octobre 1877).  On a ainsi en même temps la première directrice de groupe féminin et la première femme célèbre dans sa dextérité aux percussions cubaines, en l’occurrence les timbalès. [17] Elle jouait aussi des instruments comme le laúd et l'accordéon, instrument qu'elle aurait joué pour divertir les troupes indépendantistes.

charanga de Doña Irene

Charanga de Doña Irene

    Nous devons déjà mentionner à ce stade qu'en 1928, également, est fondé dans la province de Las Villas un sexteto sonero féminin, le Sexteto Casiguaya du nom d'une héroïne taïna (aborigène) pendue par les espagnols, dirigé, lui, par la pianiste Sara Aguilar (cf détails infra).

La charanga Edén Habanero fut fondée en 1930 ou 31 selon les sources et prend la suite de la charanga d’Irène Laferté. Au danzón s'ajoute d'autres styles comme la guaracha, le bolero et le pasodoble à la mode. La directrice Mercedes Herrera était contrebassiste, la charanga était composée par ailleurs de Alina Rivero, güiro, Carmela Ramos Pestañal, timbalès, Dora Herrera,  piano, Rosario Martínez, chanteuse … Cette dernière est à l’origine du premier syndicat de musiciens cubains, en 1933. En 1938 Edén Habanero remplace Anacaona (en tournée aux États-Unis) sur les « Aires libres » où ce dernier groupe se rendit célèbre. L’orchestre prit ensuite le nom de Orquesta Hermanas Herrera.


Orquesta Edén Habanero
Orquesta Edén Habanero. Collection Daniel Chatelain

 La formation jazz band Ensueño est la première formation féminine du genre à Cuba, crée le 5 avril 1930 selon Radamés Giró. Elle acquit une grande popularité dans les « Aires libres », en même temps que les sociétés récréatives et les fêtes des 15 ans de la bourgeoisie havanaise. Sa directrice est Guillermina Foyo Facciolo (piano & violon) et elle est composé de douze intégrantes, parfois plus ! On y trouve Estela Junco, batterie, sœur de Manuela, contrebasse. Également, des sœurs Foyo, des sœurs Junco, des sœurs García Cano puis des sœurs Pérez Alderete. Estella Foyo se distingue à la fois à la  batterie et aux pailas [18].

    En octobre 1932 Ensueño embarque à Santiago de Cuba pour Santo Domingo avec un grand succès, premier orchestre féminin cubain à jouer hors de l'île. D’autres tournées suivent en Amérique latine et aux États-Unis … dans un cirque. Ce qui ne les empêche pas de partager la scène avec les gloires états-uniennes telles que Benny Goodman, Glenn Miller y Tommy Dorsey.

    Le répertoire d’Ensueño était plutôt éclectique : chansons états-uniennes en vogue, valses, tangos alternaient avec les chansons cubaines et latino-américaines. Mercy Mesquida en a fait partie (clarinette) à plusieurs moments, entre autres dans une tournée de 1935. Ensueño devint un moment "Cuban Music ". Son activité est mentionéée jusqu'en 1957. Ensueño fut un groupe rival d’Anacaona pour sa popularité. Mais au contraire de ces dernières il n’y a pas d’enregistrement du groupe.

    Des risques de confusion existent avec le groupe postérieur "Ensueño Tropical", sur lequel nous reviendrons.


Orquesta Ensueño

    Deux postérités éphémères et ignorées :

1. Les sœurs Merceditas & Luisa García Cano respectivement saxophoniste et banjoïste, quittent Ensueño, vraisemblablement en1933, pour créer l'orchestre Jazz Queen, composé de dix à douze jeunes femmes. Le groupe se dissout en 1936 après le décès des parents de Merceditas & Luisa. (Les éléments sur l'existence de ce groupe oublié ont été découverts par Patrick Dalmace ; cf lien, page avec photos). 

2. "En quittant  "ENSUEÑO" dans le courant de 1933 les soeurs Alderete : Raquel et Graciela organisent leur propre orchestre Topacio dont Raquel, trompettiste, violoniste et chanteuse prend la direction" (P. Dalmace).  Topacio (Topaz) est composé d'une dizaine de jeunes filles, on en ignore le moment de la disparition. "En 1936 Raquel semble avoir repris son indépendance" (id.).

La même année que Ensueño, 1930, apparaît aussi la Típica Yambambó. Elle est fondée par les sœurs du Duo Mezquida : Mercy  (1913-1951) & « Cachita » Caridad. Dulce María Brito est à la batterie.

  La  Orquesta Mezquida est un jazz band formé à partir de l’orchestre précédent, un an après. Y est remarqué le jeu de maracas de la jeune chanteuse Mercy Mezquida mère de Leo Brouwer très chorégraphié. La belle Mercy Mezquida est par ailleurs déjà populaire pour ses talents de danseuse et reçoit des surnoms qui vont de "La poupée Mercy" à  "la danseuse des danses agressives".  Dulce María Brito est à la batterie, comme auparavant dans la Típica Yambambó. L’orchestre fit une seule tournée internationale (Pérou, Java, New-York). Mercy jouait les percussions, le piano, le saxophone, la clarinette, la flûte outre ses talents de chanteuse. Elle devint ainsi soliste de l’orchestre Lecuona, où elle rencontra le futur père de "Leo" Brouwer (de son nom complet Juan Leovigildo Brouwer Mezquida), apparenté à la famille Lecuona. A la mort de Mercy en 1951, le futur compositeur et guitariste virtuose de réputation mondiale Leo Brouwer — il a douze ans est gardé par sa tante Caridad Mezquida et c'est elle qui lui apprend la théorie musicale, tandis que son père Juan lui apprend la guitare. [19]

De la Orquesta Orbe, ou Saratoga, au jazz band Hermanas Álvarez et Cuban Melody

    A la fin de 1931, quelques mois avant la fondation d’Anacaona, apparaît le Sexteto Orquesta Orbe, "entièrement constitué de jeunes filles de la bonne société et cette origine sociale va leur faciliter l'accès aux salons de la classe supérieure" (P. Dalmace). En fait un septuor avec trompette, dont deux musiciennes alternent sax et violon, avec les sœurs Luisa & Delia Vallejo comme chanteuses et Esther Lines, violoniste, saxophoniste. Luisa Vallejo et Esther Lines sont toutes les deux mentionnées comme directrice selon les sources : elles ont pu l'être successivement, à moins qu'il y ait une directrice et une directrice musicale... Elsa Díaz est à la batterie.

     On a pu lire que c'est le premier groupe féminin cubain à avoir voyagé à l’étranger : à Veracruz en 1934, mais en fait Ensueño les a précédées : octobre 1932.

Orquesta Orbe
Orquesta Orbe. Collection Daniel Chatelain

        En 1937, Esther Lines sort de l’orchestre, avec d'autres intégrantes ; elle rejoint Renovación (cf infra) et entrent  de nouveaux membres dont Juanita & Luz Álvarez... qui viennent, en sens inverse, de Renovación.

        C'est alors que le groupe commence à apparaître aussi sous le nom Saratoga (du nom d'un des hôtels des "Aires Libres"), selon les circonstances. Dans cette période il compte jusque 14 musiciennes.

        L'orchestre apparaît aux côtés de Rita Montaner « La única » dans le film Romance del Palmar. Lorsque Juanita Alvarez prend la direction de l'orchestre, il apparaît comme Jazz band des Hermanas Álvarez, avec Estrella Górrin comme chanteuse. Dans les années 40, il devient Cuban Melody.



Hermanas Alvarez. Collection Roberto Garcia.


Renovación. Il est fondé et dirigé par Nena Ballesté, direction ensuite reprise par Guillermina Zimmerman (en 1935). Son répertoire inclut les succès de Miguel Matamoros et de Lecuona. Il apparaît sur les "Aires libres" dès 1933. Renovación remporte le concours des orchestres (plus celui des costumes) en 1937. Passent dans ce groupe le sœurs Manuela (ctb) et Lolita Zimmerman (tp), qui accueille aussi l'ancienne directrice de Orbe, la saxophoniste Esther Lines. Renovación est toujours actif sur les "Aires libres" en 1944. Le groupe est au départ entièrement féminin puis est rejoint dans certaines occasions par le trompettiste soliste Rogelio García (de l'Orquesta Broadway). Page de montunocubano (photos)

— Orquesta Social. Groupe constitué de jeunes femmes de la bonnes société havanaise, organisé en 1932 par María Antonia Pedroso, rejointe par ses sœurs Leopoldina (guitariste) et Lydia (maracas). Une photo (lien de l'article de montunocubano.com) les montre constititué de neuf musiciennes et et décline leur instrumentarium : claves, maracas, güiro, bongo, timbales, deux violons, flûte traversière, contrebasse; le piano de María Santamaria n'y apparaît pas). Il commence à se produire début 1933 et sur les "Aires Libres" à partir de septembre. Ses activités cessent au cours de 1934 à la suite du décès du père des jeunes filles Pedroso et du mariage de la directrice.

 
affiche
"The Famous Orchestra Feminine World". Affiche.

Anacaona

    L’orchestre féminin le plus connu, au point d’avoir éclipsé l’existence des autres, est bien sûr Anacaona. Il n’apparaît qu’en 1932, au Teatro Payret de La Havane. Anacaona est d’abord un sexteto. Sa directrice est Concepción Castro. Ses études de chirurgie dentaire étant mises à mal par la dictature de Machado, Concepción Castro décide de changer de voie professionnelle et entraîne certaines de ses sœurs dans cette aventure. Le sexteto Anacaona comprend au départ trois des dix sœurs Castro (Concepción, Caridad « Cachita », Ada) plus des amies de la directrice.

marimbula d'Anacaona
Marimbula d'Anacaona (jouée en sexteto) © coll. Daniel Chatelain / Museo de la Música (La Havane)

    On peut voir au musée de la Musique de La Havane une très esthétique marimbula d’Anacaona, l’instrument de percussion qui jouait des notes basses avant qu’il soit substitué par la contrebasse. Cette marimbula était jouée, selon Patrick Dalmace, par Flora Castro (La Havane 1914-?), qui arrêta rapidement sa participation à Anacaona à la suite de son mariage. Les dates peintes au moment de sa cession au musée peuvent cependant laisser penser qu'elle a pu être jouée après le départ de Flora dans des séquences en sexteto ou septeto.

    Avec l’ajout de la toute fraîche trompettiste Ondina Castro, le sexteto devient septeto.

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Anacaona : Le septeto avec contrebasse et trompette.

Anacaona en septeto
Anacaona en Septeto avec Ella O'Reilly, Beba Alvarez, Berta Cabrera. Collection Roberto Garcia

    En 1933 et 1934, Anacaona devient octeto puis simplement Orquesta Anacaona, nom ayant l’avantage de ne plus compter les intégrantes, passant en format jazz band, intégré progressivement par… huit autres sœurs Castro.

    L’adoption du format jazz band reprenait la vogue des grands orchestres cubains qui venaient d’éclore entre 1935 et 1937. Ces derniers étaient eux-mêmes une mise au goût du jour rapide provoquée par l’éclosion dans ces mêmes années des orchestres swing, noirs ou blancs, aux États-Unis.

Anacaona : les instruments à vents du jazz band et les percussions cubaines.

    En 1935, elles voyagent à Porto Rico et en 1937-1938 à New-York, où il leur est offert un contrat pour trois disques (6 plages). Ces enregistrements, qui ont fait l’objet d’un CD de la collection Harlequin, sont les premiers d’un groupe féminin cubain. Ainsi, elles sont les seule des orchestres féminins des Aires Libres à avoir enregistré. Leur succès américain précède de peu la vogue des orchestres féminins états-uniens.

Anacaona piano F-Bergaza
Anacaona en scène avec le pianiste Felo Bergaza. Collection Eleonor González

    En 1938, elles sont en formation de 10 musiciennes à Paris. « The ten Anacaona sisters » dit le programme, avec la direction musicale du grand flûtiste cubain Alberto Socarras (crédité du premier solo de flûte enregistré sur un disque de jazz) et alternent avec Django Reinhardt et Stéphane Grappelli.

Anacaona : tumbadoras
Anacaona avec des tumbadoras Vergara peintes.

    Pendant la seconde guerre mondiale et les années suivantes, elles sillonnent l’ensemble du continent américain, Nord et Sud.



Argimira "Millo" Castro à la batterie & Nena Neyra à la tumbadora.
Anacaona 1951

    Certaines sœurs se découvrent d’autres destins et abandonnent le groupe, ce qui entraîne des recrutement en dehors des sœurs Castro.

    Un cas remarquable est celui de Millo Castro, la principale attraction de l’orquestre, une bongocera prodigieuse dès l’âge de 15 ans, que Dizzy Gillespie voulut recruter. Mais elle préféra rester à ce moment avec ses sœurs. Selon les besoins, elle jouait avec l'orchestre bongo, tumbadoras ou batterie. Plus tard elle vécut momentanément aux USA. Elle joua pour le couple présidentiel Roosevelt à la Maison Blanche pour l’anniversaire du président. Elle abandonna l’orchestre en 1953 pour se marier et vivre en Allemagne. Et décéda finalement à La Havane après un retour à Cuba et des retrouvailles avec ses sœurs et l'orchestre.

Lien sonore : deux enregistrements d'Anacaona avec solos de bongos de Millo (chant : Graciela). 1937. Collection Mark Sanders


« Drum Dream Girl ». Livre pour enfant de Margarita Engle & Rafael Lopez inspiré du destin de Millo Castro
. Le thème : la petite fille qui a eu le courage de réaliser son rêve et après qui on ne put plus dire : « les filles ne jouent pas le tambour »


Les sœurs Castro avec Millo enfant tenant une caisse claire caisse
(une photo qui a nourri l’inspiration de l’héroïne du livre pour enfants).

    Alicia Castro (née en 1920) reprend la direction à la mort de Concepción. Entre autres membres, les chanteuses promises à une grande destinée : 

Graciela, (Graciela Grillo Pérez, La Havane 1915 - New-York 2010) sœur du maraquero, chanteur et chef d’orchestre Machito, future reine du mambo ou encore « première dame du jazz latino », intégrée en 1935. Elle pensait que sa sûreté en jouant les claves, tout en chantant, lui avaient ouvert les portes pour chanter avec Anacona. Sa fascination pour les claves et le chant lui était venue enfant, en écoutant chez elle les répétitions de María Teresa Vera et le Sexteto Occidente (dont Machito faisait partie). Elle quitta Anacaona en 1941 et rejoignit New-York en 1943 pour remplacer son frère, lequel avait été enrôlé dans l’armée. Elle y devint la première étoile cubaine à New-York précédant La Lupe et Celia Cruz[20]

Celia Cruz, autour de 1947, en particulier pour une tournée au Venezuela.

Moraima Secada (Villa-Clara 1930 - La Havane 1984). Elle intègre Anacaona en 1950 et rejoint Las d’Aida en 1952 avant de commencer une carrière soliste en 1960.

A la suite de Haydée Portuondo, prend le relai sa sœur Omara Portuondo. Elles s'étaient auparavant toutes deux familiarisées avec Anacaona dans leur carrière de danseuses. Recrutée pour une tournée d'Anacaona en Haïti en 1951 Omara Portuondo y apprend les percussions : petites percussions, tumbadora et même batterie. En Haïti, elle commence à s'affirmer comme chanteuse soliste tout en jouant tumbadora et batterie. Elle y côtoie Moraima Secada avec qui elle rejoint ensuite Las d'Aida.

Moins célèbre est la chanteuse Anneris Cánovas, qui participa aux concerts internationaux d'Anacaona dans les années '50, intégra ensuite le cuarteto Tropicuba et vint en France en 1998 avec Santa Cecilia (un cuarteto amplifié en sexteto). Sa carrière personnelle continua à Matanzas, y compris comme pédagogue. Elle y a fêté ses 90 ans en octobre 2020. Article en esp. (presse cubaine)

Anneris Cánovas
Anneris Cánovas dans Anacaona

   Gallerie de portraits d'intégrantes d'Anacaona de 1932 à 1982 (une trentaine identifiées). Page de montunocubano.

    Une instrumentiste qui commença sa carrière dans Anacaona à l'âge de 12 ans, Luisa Cotilla, devint par la suite "La dame de la trompette". Après avoir joué avec Ensueño (dernière période) et Pacho Alonso dans les années '50, elle s'exila en Europe en 1960 et constitua sa propre formation en Espagne, le Conjunto Cubano puis continua sa carrière comme soliste à Amsterdam.

    Les dernières sœurs Castro prennent leur retraite en 1987. La bassiste Georgia Aguire, qui en même temps que sa sœur saxophoniste Dora avait travaillé comme pianiste dans l’orchestre depuis 1983 sous la direction d’Alicia Castro, reprend la direction en 1987 et reconstitue le groupe avec une nouvelle génération de musiciennes. À ce moment Anacaona est le seul orchestre féminin en activité sur l’île.[21] Cela changera avec les années ’90.

Plus sur Anacaona, de 1932 à 2018, http://www.montunocubano.com/Tumbao/biogroupes/anacaona.htm


Plus sur la première génération des orchestres féminins Cubains.
   


Trovadoras del Cayo

        En 1933 étaient apparues les Trovadoras del Cayo, fondées par Isolina Carillo (l’auteure de l’immortel « Dos gardenias » 1947 y chantait et jouait aussi… la trompette). Le groupe    cesse son activité en 1935, la directrice suivant son cheminement artistique personnel.

    Isolina Carillo commença à jouer publiquement du piano en 1917 à dix ans (dans un cinéma pour un remplacement) et prend ainsi place parmi les premières instrumentistes professionnelles femmes de Cuba. Elle jouait aussi la guitare, le tres, le bongo, l’orgue et eut une carrière de professeur de chant. Elle est auteur d’environ… 200 compositions !

Dans les années ’40 elle créa une autre formation féminine, le Conjunto Vocal Siboney, qui fit des tournées en Amérique latine.[22]


Isolina Carillo

    La liste de la première génération des orchestres cubains, que nous avons interrompue avec l'arrivée d'Anacaona dans ce paysage, n’est pas encore close. Citons :

Orquesta Ilusión, de 1933 avec pour directrice Alicia Seoanes.


Hermanas González.


Hermanas Estupiñán. De Madruga (Province de La Havane).

     Les témoins des années ’30 parlent de 14 orchestres féminins qui jouaient simultanément à La Havane, en particulier sur les Aires Libres. Pour certains on n’a guère plus que des noms, certes précieux comme Perla, Topacio (Topaz en español, voir plus haut)... Aussi Ónyx, sur lequel Patrick Dalmace découvre quelques éléments publiés en 2018.

Ónyx est un orchestre composé de jeunes filles qui apparaît fin 1934, dirigé par Esperanza Mariscal. Sa première chanteuse est Estrella Górrin (cf infra). Son succès havanais lui permet de représenter la musique cubaine pendant six mois —en 1936— à Lima, Pérou.

    La plupart des chanteuses et musiciennes de ses formations, qu’il s’agisse de duos, de trios ou d’orchestres pratiquent les petites percussions. Apparurent avec ces orchestres des femmes jouant le bongo, les timbalès, la batterie. Il est remarquable que la directrice du premier orchestre féminin répertorié fût timbalera.

     La chanteuse de l’orchestre des Hermanas Alvarez qui apparaît dans le film Romance del Palmar, Estrella Górrin, participa à divers orchestres féminins dont Ensueño et, en tout premier Ónyx. Elle était de ces chanteuses de l’époque à avoir « plusieurs cordes à son arc », ce qui facilitait ses engagements : elle jouait aussi bien les claves, le cencerro, le güiro, les castagnettes, les tumbadoras et la guitare.

    Ces formations ont pu avoir la fonction d’école de percussion pour les chanteuses, comme en a témoigné Omara Portuondo qui a appris les percussions dans Anacaona.

     La compositrice, guitariste, pianiste, chanteuse et danseuse de ballet Margarita Lecuona (La Havane 1910 - New Jersey 1988), fille d’un ambassadeur de Cuba aux États-Unis et nièce du célébrissime pianiste et compositeur Ernesto Lecuona, occcupe une place à part dans l’histoire des musiciennes de Cuba ; après une carrière multiforme, commencée par l’interprétation de l’une de ses compositions, où elle chante en s’accompagnant à la guitare (le bolero Soñadora) et continuée par la création d’une école de danse, ses activités d’interprète et compositrice la mènent à créer un duo avec Olga Luque qui se fait acompagner par l'important Orquesta Casino de la Playa.

  Mais en 1942 elle fonde avec Alicia Yanes (guitare et voix seconde) et Coralia Burguet (guitare et première voix), la formation Lecuona Cuban Girls, pendant féminin des Lecuona Cuban Boys. Les Lecuona Cuban Girls débutent en grand au Casino Nacional, et jouent dans des lieux courus comme l’Hotel Sevilla, au Sans Souci, à la radio, dans les théâtres Encanto y Campoamor, obtenant immédiatement des contrats tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Comme danseuse, un des titres de gloire de Margarita Lecuona est d’avoir chorégraphié et dansé la composition Siboney de son oncle illustre. Son œuvre la plus connue est le hit afro « Tabú » (1941) créé pour un spectacle pour lequel elle fut la compositrice, l’interprète, la dessinatrice des costumes, la manager, le metteur en scène… et directrice! Margarita et Ernesto Lecuona, d’extraction bourgeoise, ont en commun un héritage classique mêlé à une proximité avec la culture afro-cubaine, acquise dans leur quartier Guanabacoa, haut-lieu de l'afrocubanité.

trio Lecuona Cuba Girls

Lecuona Cuban Girls

Orquesta Tropical : un orchestre féminin de La Havane des années '40, dont seule est connue une photo avec deux tumbadoras portée, outre des petites percussions et un bugle.



De Santiago de Cuba à Pinar del Rio en passant par Las Villas et Santa Clara


    Le mouvement des orchestres cubains ne concerne pas seulement la capitale mais différentes provinces cubaines.


    De Santiago de Cuba :

    Las Marietas. Manuel de Jesús Callís & Manuela Callís, deux cousins germains de la classe moyenne noire du quartier du Tivoli de Santiago de Cuba, formèrent la famille Callís Callís, en ayant sept filles et deux garçons à la suite de leur mariage. La mère, membre comme son mari du Club Aponte (association de Noirs Républicains) présenta ses filles, preuves vivantes de l'héritage musicien de la famille, dans des spectacles du club. Elles assistaient aussi aux répétitions de l'orchestre de danzón de Chepín (Electo Rosell), étant amies de la sœur de ce dernier, Elisa.  Les succès de la Chepín et l'exemple de Anacaona déjà en vogue à La Havane les conduisirent au projet de constituer une charanga. Elles obtinrent de Chepín, une fois celui-ci convaincu de leurs talents de musiciennes, qu'il dirige et conseille, aidé par Luis Mario Ferrer Callís, la première charanga féminine de Santiago de Cuba, qui fut constituée par les jeunes filles en 1934 et qui prit le nom de las Marietas. Avec la répartition suivante : Valentina Callís Callís, piano & direction, Elisa Rosell Horrutinier, violon, Celeste Navaro (v.), Genoveva Betancourt (v.), Maria Caridad Callí Callís, paila, Clara Aurora Callís Callís (ctb, 2e voix), Maria Caridad Fernández (fl.), Rosita Sánchez (1ère voix), Rosa America Rosabal (voix de fausset). Aux neuf jeunes femmes se joignit dans un second temps un trompettiste. L'orchestre dura une dizaine d'année.

La plus jeune des sœurs Callís Callís, Concepción, fut un témoin non participant de cette aventure et devint par la suite bassiste d'une autre formation féminine santiaguera, Inspiración del 40 dirigée par Rosa Sánchez Flores   recevant  à son tour l'aide de Chepín pour se former (Tous ces faits sont tirés de : Lorenzo Jardines Pérez. 2012).

    De Pinar del Rio :

    Estudiantina Piñarena orchestre féminin de cordes et percussions des années '40 et '50, dirigé par Manolo Alonso [23],

Roberto Garcia en recense d’autres, de Pinar del Rio également  :

La Orquesta Hatuey de Delia Valdés avec pour chanteuse Obdulia Menocal


Hatuey


Carte de visite de l'Orquesta Hatuey (collection Roberto Garcia)

    Et de Las Villas :

Septeto Casiguaya, de Camajuaní, province de Las Villas. Septeto & sexteto féminin pionnier, portant le nom d'une héroïne taïna (aborigène) pendue par les espagnols, fondé comme sexteto en 1928,  avec Sara Aguilar piano & direction, Blasina Deschapelli chant, Marta Aguilar voix & maracas, Juanita Montejo marimbula , Alfonsa Casalla bongó, Titico très, qui se désintègre à la fin des années '30, non sans avoir substitué auparavant la contrebasse à la marimbula   biographie en français (montunocubano)


Septeto Casiguaya

Septeto Casiguaya

Caracusey de Conchita Hernández.

Caunabo de Hilda González.

A Remedios (province de Villa Clara) :

Orquesta Alegria de Blanca, dirigée par Blanquita del Pozo.


Orquesta Alegria

Orquesta Alegria (Collection Roberto Garcia)

    Une conséquence inattendue de cette armée de musiciennes passées par les orchestres féminins, dotées souvent d’une bonne formation est qu’elles contribuèrent largement à constituer la Philharmonie puis l’orchestre symphonique national cubain.

    Le phénomène états-unien des orchestres féminins suit d’une décennie celui des orchestres féminins cubains (dont certains ont suscité des vocations ou au moins des exemples dans leurs concerts aux États-Unis). Dans ce cas, c’est avec la seconde guerre mondiale et la pénurie de musiciens suite à leur enrôlement militaire qu’à été offerte une place vacante pour constituer les formations féminines…


Oscar López avec des danseuses de Las Mulatas del Fuego © Collection Oscar López


Danse et musique : Las Mulatas del Fuego


Il pourrait paraître s'éloigner de notre sujet de mentionner à ce stade Las Mulatas del Fuego, groupe chorégraphique créé à l'initiative de l'entrepreneur de spectacle Rodney, créateurs des shows du Sans-Souci puis du Tropicana. Ces Mulatas del Fuego créées en 1947 devinrent pour des décennies la référence de la rumba de cabaret. Mais il serait tout-à-fait injuste de d'oublier la dimension musicale de la formation. Dans ses débuts, il y a six danseuses mais aussi trois chanteuses, plus une qui n'est rien moins que Celia Cruz (entrée en 1947 ou 48 selon les sources). Y apparaissent d'autres figures de la musique cubaine. La future maman du chanteur Issac Delgado, Lina Ramírez est une des quatre fondatrices. Rapidement, entre Elena Burke, à la fois danseuse et chanteuse dans la formation. Egalement Omara Portuondo . Cette formation était en fait à géométrie variable selon les nécessités des spectacles (cubains ou internationaux, en particulier au Mexique, tournées ou prestations filmiques et a subi nombre de changement dans ses participantes. Article en espagnol de Rosa Marquetti sur Las Mulatas de Fuego (esp.)



Ulatas de Fuego avec Celia Cruz
Las Mulatas de Fuego avec Celia Cruz et Elena Burke. Collection Eleonor González


3. VOCALEMENT VÔTRE

LES ANNÉES '50 & '60.  GROUPES VOCAUX ET NOUVELLE GÉNÉRATION D'ORCHESTRE

Las d’Aida


      Dans les années '50 et 60, il y a une éclosion à Cuba de Cuartetos. Parmi lesquels on remarque deux cuartetos féminins : Las Hermanas Valdivia, mais surtout Las d'Aida.


    En effet, ces année seront marquées par l’extraordinaire Cuarteto Las d’Aida fondé en 1952, basé sur le chant à quatre voix. Formé par Haydée & Omara Portuondo, Elena Burke, Moraima Secada et dirigé par la pianiste Aida Destro (1928-1973), selon le modèle offert par le Cuarteto d'Orlando La Rosa. Le cuarteto avait été imaginé come une formation mixte, mais la suggestion d'Omara Portuondo d'y faire entrer Moraima Secada, avec qui elle avait travaillé dans Anacaona en décida autrement. Et l'exigence de qualité au sein du cuarteto fit dépasser le modèle. La première prestation de Las d’Aida est dans un programme télévisé "Carusel de las Sorpresas", avec un accompagnement de contrebasse. La formation grave son premier disque en 1957 avec la Orquesta de Chico O'Farril pour la RCA Victor. Elles voyagent à New-York (programme de télévision de Steve Allen), Venezuela, Mexique, Argentine, Puerto Rico. Le cuarteto accompagne Nat Kink Cole au Tropicana. Pianistes et formations de premier plan se mettent à leur disposition pour les accompagner : Bebo valdés, Peruchín, Guillermo Barreto , los Hermanos Escalante...


    Son style initial est le feeling, déjà exploré par sa directrice —qui avait acquis ses connaissances de l'harmonie en dirigeant un cœur d'église prebytérienne (celle de la calle Salúd)— mais fait des incursions dans la fusion pop dans les années ’60, voire twist ! comme en témoignent des archives de la télévision cubaine. Aida Diestro y découvre les véritables qualités musicales d'Omara Portuondo et lui apprit à intérioriser les thèmes et transmettre le contenu de chaque chanson. A chacune, elle demande de se pénétrer des textes et d'entrer en osmose avec le compositeur.


Las d4aida, Rita Montaner, Portillo de La Luz

Avec Rita Montaner & Cesar Portillo de La Luz

    "C'est une université de la musique ; ça m'apparaissait comme si je m'étais diplômée dans une université quand j'ai chanté avec Las d'Aida" (Omara Portuondo, 2004).

    Quand Moraima et Elena sont tentées par des carrières solistes, elles sont substituées par Leonora Rega et Carmen Lastra, tandis que restent les sœurs Portuondo. En 1961, aux plus fort des tensions entre le régime révolutionnaire cubain et les États-Unis qui aboutissent à la rupture des relations diplomatiques, Las d'Aida sont à Miami, elles décident de rejoindre Cuba. Omara y fut une des fondatrice du Syndicat des Arts et Spectacles. Haydée décide de quitter le cuarteto, au grand dépit d'Omara, ce départ entraînant l'entré de Xiomara Valdés. Haydée désire que sa fille Omarita aille vivre aux États-Unis, ce qu'elle obtient au cours de l'opération Peter Pan et la rejoindra en 1967 [24]


    Omara Portuondo quitte en 1967 Las D'aida pour sa carrière soliste et est remplacée par Caridad Castillo. En 1968, Las D'aida paricipe au show du plus grand cabaret cubain, le Tropicana.


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Les voix de Las D’Aida

    En 1971, Aida Diestro veut donner une autre dimension au Cuarteto en y faisant entrer  les tambours batá joués traditionnellement par trois tambourinaires (Amado Gómez, Juan Pilili González, Alfredo Benítez, Bárbaro Valdés). L'orchestre devient un des premiers à intégrer ces tambours issus des rituels dans un orchestre*.


    Les concerts sont accompagnés de tout un orchestre (piano, basse électrique, batterie, congas, tambours bata...) et deviennent de véritables spectacles. Amadito Valdés les rejoint pour jouer la batterie et alternant par la suite timbales et batterie restera jusqu'à la dissolution en 1999. A la mort de Aida en 1973, Teresita García Caturla reprend le rênes de l'exigente directrice — jusqu'en 1998 — et se fait assister par son frère Ramón. Son dernier directeur fut l'estimé Ricardo Pérez, qui avait accompagné pendant vingt ans le quartette au piano.

* avec la Sonoro Matancera : "el ritmo omelencó", Bebo Valdés (un seul bata sur le rythme batanga), Irakere, la Orquesta Revé avec Oderquis Revé (trio de bata réunis et joués par un seul tambourinaire).


    On ne peut quitter Las d’Aida sans signaler le rôle important des femmes dans le mouvement du feeling ou filin’, qui ouvrit postérieurement la porte aux chanteuses-guitaristes de la Nueva Trova.[25]


Las Hermanas Benítez  


    Sans doute inspirées par le succès de Las D’aida, tout en s'inscrivant également dans la lignée des célébrissimes Mulatas de Fuego, cinq jeunes sœurs : Beatriz, Beba, Petry, Carmen, Juanita — filles d’un ancien ministre cubain du travail — les Hermanas Benítez forment un groupe vocal qui accède rapidement à la scène internationale et à la télévision mexicaine, initiant des apparitions très commerciales. Après le mariage de la fondatrice Beba Benítez, une sixième sœur plus jeune, Haydee, entre dans le groupe pour garder le quintette. Après deux nouveaux mariages, le quintette devint trio avec un succès médiatique certain dans les années ’60 en Espagne, avant que trois derniers mariages mènent à la dissolution du trio. Juanita Benítez décède en Espagne en 1995, les autres sœurs étant aujourd’hui dispersées entre les États-Unis, le Mexique, l’Espagne et la Suède. Une émission de télévision mexicaine a réuni le trio : Beba, Beatriz & Haydee cinquante ans après leur apparition dans un film de l'acteur comique Cantinflas "Sube y baja", qui fut leur dernière activité artistique.


Hermanas Benitez

Hermanas Benitez. Collection Roberto Garcia

Las Hermanas Márquez (cf supra, trio Hermanas Márquez)


Conjunto Hermanas Márquez


Conjunto Hermanas Márquez (probablement New-York 1966). Collection Roberto Garcia



Ensueño Tropical

    On doit à Patrick Dalmace et à son site montunocubano.com, d'avoir mis au jour l'histoire d'un groupe féminin cubain oublié, qui a pourtant connu le succés dans les années '50 et '60 : Ensueño Tropical. La naissance de ce conjunto peut prendre source dans les années '30, mais il est possible qu'il y ait des confusions avec le groupe pionnier Ensueño. Sa directrice fut la pianiste Zoila "Nereida" GONZÁLEZ. Nereida et la trompettiste "La Gorda" se taillent un franc succés personnel en tournée du groupe à Buenos Aires. Dans un 45 tours enregistré en Espagne (cf Deezer) le groupe est accompagné par l'orchestre du péruvien Alberto Cortés.

Ensueño Tropical


Source : monunocubano.com

    A Madrid, où une émission de radio lui est encore consacré en 1964, le groupe prend parfois le nom de Nereida y sus Mulatas.
 
  Nereida & Esueno Tropical

 Nereida & Ensueño Tropical. Collection Roberto Garcia

Lien : http://www.montunocubano.com/Tumbao/biogroupes/ensueno%20tropical,%20orquesta.htm


en 1957
Ensueño tropical en 1957. Collection Eleonor González

Las Hermanas Valdivia. Cuarteo vocal composé des sœurs Nancy (1934), Rina (1931) et Idalia (1932) Valdivia —et de leur nièce Nielvis— originaires de la localité de San Germán, de la province d'Holguín. Nielvis a ensuite été remplacé par Mery Mujica. Elles ont commencé leur travail artistique à La Havane en 1957 dans le but de diffuser la musique populaire cubaine et ont nourri leur répertoire avec des chansons, des boléros, des guarachas et des chachachás. Elles ont participé à des festivals nationaux et internationaux tels que le XI Festival Mondial de la Jeunesse et des étudiants et la chanson internationale Varadero '70, ainsi que des émissions de radio et de télévision. Elles ont fait des présentations dans des cabarets, des enregistrements et des tournées artistiques au Venezuela. Elles ont arrêté leur vie artistique en 1989.

Cuarteto Valdivia
Cuarteto Hermanas Valdivia. Collection Roberto Garcia.

Le procesus de formation d'orchestres à partir de duos ou autres petites formations a connu un exemple inverse avec la formation des Hermanas Castro au début des années '60, Ada et Alicia Castro, artistes très expérimentées de l'Orquestre Anacaona (lequel dès le début, dans ses différents format aurait pu prendre le nom d'Hermanas Castro). S'emparant du répertoire de la trova, elles parcoururent le circuit des Casas de la Trova y compris celle de Santiago. Cela correspond à un moment où après les fermetures de salles et cabarets après la révolution cubaine, Anacaona connaissait moins d'activité. Parallèlement au duo voix et guitares, Alicia était entrée comme contrebassiste dans l'Orchestre de l'opéra de La Havane.  Détails et photo sur la page http://www.montunocubano.com/Tumbao/biogroupes/anacaona.htm

Le pianiste, qui se révélera également vocaliste, "Meme" Solís créa, au début de sa carrière un cuarteto vocal composé des chanteuses Lili García, Osiris Aguilar Valdés, Bilin Cabrisas et Francis Domenech, qui se produira dans les cabarets (ex. : Venecia de Santa Clara, 1956). Il accompagnera par la suite Olga Guillot, Esther Borja, Xiomara Alfaro, Renée Barrios, Helena Burke et des formations féminines comme le Cuarteto las d'Aida, Las Hermanas Lago, Las Capelas, Las Hermanas Valdivia... En 1960, en pleine vogue des Platters, il crée sous son nom un nouveau cuarteto vocal de grand impact national, mixte cette fois-ci, autour de la voix de Moraima Secada.

premier cuarteto de Meme Solis
Premier Cuarteto de Meme Solís, 1956 (Archives de Meme Solis)


DE NOUVEAUX GROUPES FÉMININS VOCAUX A PARTIR DES ANNÉES '90

    Les années 1990-2000 voient l’émergence de nouveaux groupes vocaux féminins : Gema 4 ou Camerata Romeu à La Havane ou encore Claras Luces à Santiago de Cuba, parallèlement à un essor important des chœurs et la création de festivals choraux. 

Gema 4, fondé en 1991 avec comme directrice Odette Telleria Orduña (1972), est remarqué pour son haut niveau d’interprétation et une manière bien particulière dans l’harmonisation des voix. Le groupe a parcouru l’Europe et les États-Unis, avec des contrats prolongés en Espagne, où il a réalisé deux CD au milieu des années ‘90.

  Vocal Universo reprend depuis Pinar del Rio la tradition des quartettes vocaux féminins cubains à l'instar de Las d'Aida. Créé en 1998, le groupe dirigé par Jacqueline Ramírez est invité dans plausieurs pays caribéens et latino-américains. (Aucun point commun avec Vocal Universo d'Uruguay).

Universo

    Santiago de Cuba, qui jouit d'une forte tradition des chœurs, entretenue par le maestro Electo Siva longtemps à la tête de l'Orféon Santiago et créateur dans cette ville du festival international de chœurs connaît actuellement plusieurs groupes féminins vocaux en particulier :

Vocal Divas, fondé en 2000 à Santiago de Cuba. Directrice & voix soprano : Silvia Margarita Calzado (1970). Sa directrice reste la seule fondatrice du groupe, entièrement remanié en 2011.

Vocal Divas

Vocal Divas (2017)

Cuarteto Vocal Vidas. Ana Hernandez Rosillo (soprano, directrice générale) forme à Santiago de Cuba en 2011-2012 le groupe Vocal Divas avec avec les chanteuses Maryoris Mena Faez (contralto, directrice musicale), Koset Muñoa Columbié (mezzo, auparavant de Vocal Divas), & Annia del Toro Leyva (contralto). L'Etats-unien Robin Miller, les remarque en 2014 et produit un documentaire "Soy Cubana" présenté dans de nombreux festivals, où il obtient plusieurs prix (cf trailer dans le lien). Le film retrace des scènes de la vie quotidienne des membres du groupe. Le groupe Vocal Vidas a reçu un prix Cubadisco en 2016 pour son album "Canción y Vida". Le groupe s'est produit en Espagne, Alemagne, Venezuela, France métropolitaine, Guadeloupe, Mexique et Equateur.



Vocal vidas

Vocal Vidas (DR)


Vocal Adalias, Quintette fondé en 2001, longtemps parrainées par l'Alliance Française de Santiago de Cuba. Directrice : Raizary Mariol Ramirez. CD EGREM : "Santiaguerason".

Egalement à La Havane :


Sexto Sentido, fondé à La Havane en 1997 trouve une personnalité très affirmée en tant que groupe féminin vocal.

Les quatre fondatrices, toutes nées en 1982, sont Arlety Valdés, Eliene Castillo (remplacée en 2012 par María Karla Pérez), Melvis Estévez (remplacée en 2010 par Wendy Vizcaíno, fille du percussionniste de même nom) & Yudelkis Lafuente. Leur répertoire combine Bossa Nova, Latin-Jazz, R&B, Soul et un cachet particulier dans le son & la salsa. Vingt ans après cette fondation, la qualité artistique des vidéos joint à un style particulier et élégant du groupe expliquent un phénomène viral sur les réseaux sociaux. [34]

Sexto Sentido

Sexto Sentido

Vocal tres. Trio vocal havanais fondé en 1998.

    Le premier groupe de rap cubain féminin : Instinto. Avec Janet Díaz (1974), direcrice, Doricep Agramonte (1975) & Judith Porto (1973). Elles se firent connaître lors du premier festival de rap havanais de 1996. Elles associèrent le rap à d’autres expressions, comme les chants afro-cubains issus des rituels et le lyrique. Elles poursuivent aujourd’hui des carrières personnelles.

Premier CD de Sexto Sentido, produit en Russie (2004)

4. UNE GRANDE COMPOSITRICE CONTEMPORAINE


    Dans le domaine de la composition contemporaine se distingue Tania León, née en 1943 à La Havane, résidente aux États-Unis depuis 1967, pianiste, chef d'orchestre et compositrice cubaine. Elle est devenue l'une des personnalités majeures de la vie musicale américaine. Certaines de ses œuvres mettent en relief la percussion cubaine, à l'instar des pionniers Amadeo Roldán (Paris 1900 - la Havane 1939, premier compositeur mondial pour percussions seules) & Alejandro García Caturla (Remedios 1906 - Villa Clara 1940).  AinsiRitual, 1987, Batá, 1985, A la Par (pour piano & percussion), 1986. Elle est nommée ambassadrice culturelle des États-Unis à Madrid en 2008.[26]

Tania León

5. LA TRADITION, LE SON DE NOUVEAU, DES GROUPES FÉMININS ABORDENT DU XXIe SIÈCLE


    En ce qui concerne les orchestres féminins de son des années 2000 peuvent être cités :

Así Son (septeto, cordes & percussions), majoritairement féminin. Fondé par le guitariste Vicente Lerro Fong. Sa première bongocera fut : Lina López Hernández, alias "la rubia del sabor cubano"

Morena Son. Fondé en 1991, à partir de quelques membres d'une première tentative de groupe féminin à Santiago de Cuba, Tradición Morena, à la suite de la dissolution de ce dernier. Directrice : Aimé Campos. Ce septeto au répertoire de son et trova bénéficie de l'intérêt pour la musique traditionnelle cubaine deans les années '90 et voyage en Italie,  Angleterre, Allemagne, Belgique, Hongrie, France (dont 2012), Autriche, Hollande, Isles Canaries, Espagne, Suisse & Belize. Elles présentent en 2018 un nouveau CD, "Lo que traigo yo" produit par Alain Pérez (EGREM).


Morena Son à ARTEX

Morena Son dans le patio ARTEX, Santiago de Cuba (DR)

— Septeto Las Perlas del Son (Santiago). Cette formation de sept musiciennes adopte en fait le format du sexteto. Elle apparut en 1995, avec un répertoire du son traditionnel de Santiago et des autres particularités locales (conga, merengue). Elle fit une tournée aux États-Unis en 1999 et se distingue admirablement dans la vie musicale de Santiago de Cuba en revisitant les sources du son. Cette fidélité ne va pas sans un impact international avec ses voyages au Canada, Australie, Japon et Mexique.

     Intégrantes : Rosa María López Mustelier (née en1966) directrice et bassiste, Yilian Salazar (née en 1982) tresiste, Maritza Cutido née en 1970) guitariste, María Salas Duthiel (née en 1971) bongosera, Oleisy Infante (née en 1978) et les chanteuses Ahile Marrero Sarduy (née en1968) et Aylén Guevara (née en 1977). (cf Discographie)

Las Perlas del Son. Photo du label Corason.

Okán de Santiago de Cuba fut rejoint un moment par la chanteuse Nancy Garcia Vinent, avec qui se fait un enregistrement. Le groupe fit ensuite des tournées en Europe (2009 par exemple).

Okan en tournée européenne (Hollande)

— Encore en Oriente, le Septeto Éxtasis Son de Guantanamo qui a eu une flûtiste à la place de trompettiste.


Grupo Café, de La Havane, sexteto avec flûte traversière, qui reprend entre autres des compositions de Compay Segundo.

Septeto Vida, de Santa Clara.

Ad Libitum de Cienfuegos est un cuarteto de son, tendance « symphonique ».

RaSon de Villa Clara. S’y distinguent aux percussions Yenisley Rivero López (congas, percussion, voix) et Bárbara Daimé Martín Basulto (pailas), par ailleurs professeur d’école professionnelle de musique.[27]

Le Changüi

    Le style changüi a eu aussi son orchestre féminin et en a actuellement un nouveau :

La Guantanamera (fondé le 25 avril 1998) est un groupe féminin de Guantánamo, avec instrumentation et répertoire de changüi, qui fut patronné par le musicien, musicologue et promoteur culturel Santiago Moreaux Jardines (1943 - 2009). Le groupe devint professionnel et fit des émissions de radio et de télévision à Guantánamo & Santiago de Cuba, tout en participant à de grands événements et aux festivités de carnaval. Il a aussi travaillé à La Havane, où il était mené par la marimbulera et vocaliste Lissete Monferrer García. Il n'est plus en activité.

Flores del Changüí
Las Flores del Changüí

Las Flores del changüi est la seule formation féminine actuelle du syle changüi. Elle est composée de 7 musiciennes : tres, marimbula, bongo de monte, maracas, guayo et deux chanteuses. Auxquelles il faut ajouter et un couple de danse. Elle a été fondée par Floridia Hernández Daudinot en 2007 à Guantanamo. Floridia, grandit auprès d'une grand'mère tresera dans une  montagne à la vie rythmée par ses fêtes de changüi. Elle va ensuite vivre dans la ville de Guantanamo où elle rencontre Chito Latamblet qui lui enseigne le tres à partir de ses 9 ans. Elle s'intègre dans des formations masculines de changüi jusqu'au moment où elle décide de fonder Las Flores del changüi. La chanteuse principale est Yasmin La Rosa Pozo.


    A Guantánamo, doit être mentionnée également la bongosera Dailín Márquez Planche (1er prix de bongo du Festival de changüi 2005). Percussionniste formée au conservatoire de Guantánamo, elle s’affirme très jeune comme bongosera de changüi dans le groupe de Celso « el guajiro » de Yateras (elle n’avait pas encore l’âge requis pour recevoir un prix au 1er Festival de changüi de 2003, ou elle participa la première fois au concours). Cest la première femme à avoir été récompensée comme musicienne dans les festivals de changüi. Elle a continué sa carrière à Varadero.[28] En particulier dans la formation féminine Alma en Clave, en quarteto ou quinteto qui a sa propre chaîne youtube.

Dailin Marquez Planche - Festival du changüi - 2005 - Photo Daniel Chatelain


L'orgue oriental


Un orchestre féminin apparaît aussi à Bayamo dans la tradition de l'organo oriental née dans cette région au début du XXe siècle, où l'instrument principal est venu de France : un ensemble de percussionnistes accompagne un orgue à manivelle et cartons perforés pour faire danser sur la musique cubaine et les merengués aclimatés. Cest l'ensemble Puro Sabor, composé de 6 percussionnistes et dirigé par Adriadna Villareal Rivero. (cf une séquence qui leur est consacrée dans le documentaire Arte-Tv "Cuba danse avec les orgues de Barbarie", de Stephan Richts - 2017, 360° GÉO)


Puro Sabor, de Bayamo

Puro Sabor (source : page facebook Puro Sabor)


6. SALSA & TIMBA AU FÉMININ 

LES TIMBERAS : "CHICAS, MULATAS, GIRLS, LADIES, DAMAS..."

    Avec l’apparition des orchestres de timba dans les années ’90 se forme une vague d’orchestre féminins représentatifs de ce style, ou naviguant entre salsa et timba. Leur phare cubain est le groupe Anacaona rénové, qui lui-même se met à emprunter à la timba. Mais le succès international du groupe dominicain Las Chicas del Can, centré sur un répertoire de merengue comme il se doit, a dû donner des perspectives et espérances aux groupes en formation dans les temps difficiles de la "période spéciale" cubaine, avec, pour atout, des musiciennes bénéficiant de la qualité de formation des écoles de musique cubaine. Las Chicas del Can furent crées en 1981 et se désintégrèrent en 1999.

Mulatas de Fuego : salsa, timba. Ces musiciennes reprennent le nom du groupe de danseuses et chanteuses créé par Rodney au cabaret Tropicana avant la Révolution, groupe dont la plastique et les talents chorégraphiques ont marqué l’imaginaire lié à la musique cubaine.

Grupo Canela, formé en 1989.  Dirigé par Zoe Fuentes Aldama, timbalera (de formation classique et universitaire). Ses participantes sont formées comme sa directrice dans les universités de musique de Cuba et ont aussi fait de la musique classique et presque toutes ont appartenu à la Banda Nacional de Conciertos, d’où l’apparition de divers instruments comme le hautbois, la clarinette, le violon ou la flûte en même temps que les timbalès, congas, batterie, claviers, bata, saxophone et voix.

    Le groupe émerge directement  dans l’effervescence des groupes de timba, mais leur répertoire évolue aussi, entre latin jazz, salsa, son cubano, et autres musiques caraïbes et est enrichi d’éléments chorégraphiques. Elles ont donné des arrangements modernisés de rythmes des années ’60 comme le pilón et le mozambique.

    On retrouve une dimension familiale, comme dans les premiers orchestres féminins. La sœur de la directrice, Giselda, est la bassiste et son frère Jesús est directeur musical et arrangeur. C’est lui qui les a induit à faire du latin jazz et à reprendre des styles comme le pilón et le mozambique. Une autre membre de la famille Fuentes est percussionniste, hors de Canela semble-t-il. Le groupe reconnaît l’appui de musiciens de renom pour parfaire leur formation musicale (Carlos del Puerto, Changuito, Luis Manreza…). Se distingue au bongo dans Canela : Yordanka Gutiérrez [29]

  


Grupo Canela

    Après l’enregistrement de plusieurs CD, elles créent leur propre label en l’an 2000. Leur carrière nationale et internationale très dense est retracée (jusque 2005) dans l’ouvrage de Valdés Cantero. 2005. Près de 30 ans après la création du groupe, il y a un changement générationnel du groupe, par exemple avec la présence de la fille de Zoe Fuentes et du musicien martiniquais Jerry Spartacus, la flûtiste et chanteuse Mélodie Spartacus. Biographies sur montunocubano.com : fr / esp,


Son Damas.

     Son Damas a été fondé en 1992. Ses orchestrations ont une influence jazzistique qui témoigne du rôle d’assesseur du remarquable musicien José Luis « El Tosco » Cortés, ex-Irakere et leader du groupe emblématique de la timba : NG La Banda. Son, bolero, rumba, cha-cha-chá, salsa, timba se partagent son répertoire, qui doit un crédit particulier aux compositions de sa directrice et pianiste Dalia Prada.

Son Damas

     Son Damas est habitué des grandes scènes de La Havane et s’est fait entendre dans les Festivals de Colombie (1992) à Bruxelles (1997), en Allemagne, en France (Nantes, 1997 et 1998), Italie (1998), Jamaïque (1999), Bahamas (2002), et lors de tournées en Grèce, Espagne, Japon, Mexique, Suisse ou Autriche.

     Intégrantes : Dalia Prada Noa, directrice & pianiste ; Daimara Alicia Perigot Viant, saxophoniste ; Liuba Daleyla Pantoja, bassiste ;  Dayami Alfonso García, claviers ; Anellys Prada Noa, tumbadora ; Idelmis Larrinaga Gallardo, bongosera ;  Norlerlis Valdés O´Farril, chanteuse.

     Elles participent en 1995 au premier festival des femmes soneras à La Havane, qui fait l’objet d’un enregistrement. (cf discographie)


Las Chicas del Sabor. Aux timbalès au début du groupe : Regla Milagros Abreu (Santa Clara 1970), percussionniste formée par ailleurs au piano et à la composition contemporaine. Elle jouera ensuite avec Son Damas puis Anacaona [30]


Chicas del Sol. Fondé en 1993, le groupe enregistre dès 1994. Directrice : Juana Grisel López Linares (1974), bassiste.[31]

Caribe Girls, fondé en 1999 est un orchestre salsa havanais de douze musiciennes dont quatre chanteuses et deux trombones avec un répertoire de rythmes cubains, merengue et salsa dirigé par Thiving Guerra Benitez. Ses premières tournées furent en Martinique et Guyane et elles ont ensuite parcouru presque tout l’Europe, dont la Russie, ainsi que le Mexique et le Venezuela.[32]

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Caribe Girls

Habanera son. Groupe féminin avec Giraldo Piloto (batteur et directeur de Klimax) comme mentor. La fille du timbalero Amadito Valdés Jr, Idiana Valdés, y fait ses débuts de chanteuse, avant une brillante carrière. 

Musas son. Il a été le second groupe féminin où a chanté Idiana Valdés.[33]

Ricachá.  Charanga fondée à La Havane en 1994. Directrice : Belkis Izquierdo, bassiste — également pianiste — arrrangeuse, par ailleurs musicologue et professeur à l’Ecole Nationale d’Art. Le départ en 2000 de la flûtiste et de la violoniste a eu pour conséquence des fonctions plus larges attribuées aux claviers.

Lady Salsa Mix est en fait un groupe mixte, dont la présence ici est du coup discutable, avec cinq musiciennes renforcées de trois musiciens (percussion, batterie, trompette), dirigé par le percussionniste Orlandito Mileuna. Il a un répertoire composite basé sur la salsa et les rythmes populaires cubains et abordant merengue, samba et reggae. Ses concerts tirent vers le show avec danseuses et figurant(e)s.


Ellas Son a été fondé à la fin des années ’90. Tamara Castañeda y joua les tumbadoras. Le groupe est originaire de Santa Clara.

    Pour la seule province de Pinar del Río, à partir des années ’90 se fondent les orchestres féminins Canvas, Cristal (2002), Almendra & Son Cubanas.


    Cristal est un groupe féminin à l'exception du joueur de congas. Le groupe a une audience nationale, du moins à la télévision et adapte à l'occasion des succés internationaux (ex. : Aïcha de J.-L.Goldman).

— Un des groupes havanais féminins les plus récents et abordant une carrière internationale est Mulatason, élargi par étapes de 8 à 11 musiciennes issues des écoles supérieures de musique cubaine. Leurs concerts sont pensés comme des shows. Leur deuxième CD "No vale rendirse", mais le premier sous label est sortfin 2019 sur Bis Music. Mulatason est en tournée en France à l'été 2021. Page facebook.


mulatason

    D’autres orchestres féminins sont cités dans cette période sans que nous parviennent jusqu’ici des informations détaillées : Caramelo Son, Danzonellas, Las Cubanísimas, Indianas, Chicas Morenas, Las Cecilias, Azúcar, Flores de Seda, Salsa Morena.

    Anacaona continue d’être une figure de proue des orchestres féminins dans les deux dernières décennies, atteignant et fêtant les 85 ans de fondation en 2017et en se produisant sur les lieux originels où jouèrent les fondatrices du groupe, comme le théâtre Peyret et une tournée dans tout Cuba. Nouvelle tournée internationale en 2019.


Anacaona 2017

Anacaona dans la composition de son 85e anniversaire. Photo Marianela Dufar.


    Dans les années ’90, on remarque dans Anacaona la bongocera Leysi Ferrer (fille du tresiste Felipe Ferrer du Septeto Habanero). Dans les années 2000 est relevée la présence des percussionnistes Isabel Suárez, au bongo & Yndianis Quintana



7. FOCUS SUR LES PERCUSSIONNISTES

    À propos des percussionnistes femmes de musique latine, on se doit de nommer la portoricaine Mirta Silva (1924-1987) : chanteuse, compositrice, maniant tumbadora, bongós, maracas, clave, timbalès. Elle a été la première personne jouant des timbalès à intégrer le syndicat des musiciens aux États-Unis. Elle fut l’artiste étrangère la plus populaire à Cuba en 1950-51, moment où elle est chanteuse de la Sonora Matancera.


Myrta Silva

    Parmi  les percussionnistes cubaines en activité :

Leysi Ferrer ex-Anacaona (bongo) vit actuellement en France. (percussionniste et chanteuse de « Chamaco », percussionniste de Togo tempo, groupe afro-beat).

Bárbara Ferrer, bongosera de Dan Den.

Liuba García, congas.

María de Los Angeles Lopéz, bongosera (Tournée au Japon en 1998).

Reina Puebla, timbalès. Concerts (chant, percussion) aux USA, France (où elle vit actuellement), Allemagne.

    Le phénomène est fréquent d’instrumentistes cubaines, en comprenant les percussions, faisant leurs classes professionnelles dans des orchestres féminins et poursuivant ensuite des carrières dans des orchestres « mixtes ».  De même, ces instrumentistes passent souvent par plusieurs orchestres féminins. Prenons l’exemple de Madeleine Gómez Matos, tumbadora de Anacaona, passée par les formations Grupo Canela, Caribe Girls, Lady Salsa[35]

    Deux batteuses cubaines sont particulièrement remarquées ces dernières années:

Yissy Garcia, qui dirige un  groupe sans une autre femme, Banda Ancha. Elle a fait partie de Anacaona (batterie, timbalès, bongo). [36]

Annette Guerra, accompagnatrice de Raúl Paz, de Secreto Cubano et ex-directrice de groupe (Metis Suwin).

*

Anette Guerra

    En 2014, la saxophoniste canadienne Jane Bunnett réunit sous le nom Maquequé une formation latin jazz féminine où plusieurs instrumentistes cubaines de talent sont aussi compositrices. Leur CD éponyme gagne cette année-là le Juno, catégorie album de jazz. En 2016 sort un second CD : Oddara, avec  : Yissy Garcia (batt.), Dánae Olano (p), Melvis Santa (perc., voix), Celia Jiménez (b) & Magdelys Savigne (t. batá, cg). La disque a été nominé aux Grammy Awards de janvier 2018 dans la catégorie latin jazz.

    Suite à l'enregistrement de ce CD, Magdelys Savigne, percussionniste originaire de Santiago de Cuba, a été récompensée aux Jazz Awards Station 2016 dans la catégorie percussion, pemière femme à l'être dans cette catégorie.

Magdelys Savigne est également membre du groupe féminin de mudique cubaine Okan basé à Toronto (à ne pas confondre avec celui de Santiago de Cuba de même nom).

Tamara Castañeda est marimbiste-xylophoniste : formée aux percussions classiques et aux percussions cubaines, elle évolue dans la scène jazzistique havanaise.[37]

CD Jane Bunnett & Maqueque

— Le vibraphone a été remis à l'honneur dans les orchestrations de Afro Cuba All Stars en 2017-2018, joué par l'excellente improvisatrice Gliceria González, fille de Juan de Marcos González, le directeur (dans la formation apparaît aussi une sœur de Gliceria, Laura Lydia, à la basse).


8. ET L' AFRO-CUBAIN TRADITIONNEL?

DES FEMMES DANS LES TAMBOURS BATAS ? LA DISTINCTION PROFANE / RITUEL DANS LA TRANSMISSION

    Il nous faut aborder la question du genre dans le cas des tambours batas. Les tambours consacrés étant réservés à des initiés masculins (omo añá) et les premières apparitions des tambours batas en dehors du contexte rituel datant des années ’30, il a fallu que s’écoule une cinquantaine d’années après leur apparition publique (laquelle suivait un siècle de transmission rituelle) pour que soit mentionnée la transmission de la tradition de ces rythmes à des femmes.

    La question posée dans les années ’80 à des maîtres-tambours par des percussionnistes femmes extérieures à l’île d’apprendre cette tradition rythmique (soit au cours de tournées en Europe ou aux États-Unis, soit lors de voyages de celles-ci à Cuba) semble avoir aidé ceux-ci à prendre position. Pour ceux qui n’ont pas persisté à refuser, s’est opérée — dans ce domaine de la transmission —la distinction entre les tambours profanes et les tambours consacrés, ceux-ci étant exclus d'usage féminin pour des raisons initiatiques. Cette distinction fut le cas de Mililián Galis (Santiago de Cuba), un des premiers à s’être déterminé dans ce sens et avoir entrepris une transmission systématique à des élèves cubaines ou étrangères. Les élèves féminines, dont des japonaises, de Angel Bolaños témoignent d'une attitude semblable de sa part[38]

    Ce questionnement s’est aussi opéré dans les groupes professionnels de Folklore, certaines femmes voulant dépasser leur cantonnement au chant et surtout à la danse.

    Se manifeste ainsi un phénomène de danseuses afro-cubaines formées à la percussion au début des années ‘90 en particulier à La Havane autour du Conjunto Folklorico Nacional.


    Malgré une attribution un peu rapide, habituellement faîte au groupe havanais Obbini bata, selon les informations à notre portée les premières joueuses de batá à Cuba viennent d'Oriente :

Années 80 - jusqu’environ 1992 : show de batas par une femme percussionniste, Carmen Pratt, à l’hôtel Casa Granda de Santiago.

Lay Ferrer Vaillant, une élève de Gali,  jouait les trois batas rassemblés à Santiago au début des années ’90. Elle a ensuite continué sa carrière artistique à Varadero.

    À signaler que ce maître-tambour a transmis ses répertoires rythmiques afro-cubains à sa compagne Regla Palacios Castellano, qui est aussi son assistante en situation de transmission.

    Une autre batalera de Santiago : Nagybe Magdariaga Pouymiró. Sa formation initiale, au cours de 25 ans, s'est faîte auprès d'un maître de La Havane, du maître local Ventura et elle a aussi appris auprès de Gali. Elle a présenté en 2011 le projet d'une nouvelle ritualité des tambours batas pour des femmes, avec des rythmes, des chants et une initiation distinctes de celles des omo aña masculins sous le patronage de l'oricha féminin Ochún (un mouvement parallèle a lieu au niveau rituel rituel afro-cubain de femmes revendiquant une initiation spécifique à Ifa et le titre d'iyanifa, dans un domaine jusque là réservé des hommes babalawo). Le groupe constitué dans cette perspective par cette percussionniste va jusque jouer des tambours de fundamento en 2015 et se fait photographier et filmer ce faisant. Autres membre de son groupe en 2015 : Caridad Rubio Fonseca et Anais López Rubio. Ce jeu de tambours appartenait à un babalawó alaña de la famille Rubio (propriétaire d'un jeu, mais non percussionniste lui-même et d'ailleurs impliqué dans  la réforme des iyanifá). Deux ans plus tard, une des deux autres percussionnistes meurt prématurément. Pouymiró se détache du groupe familial auquel elle s'était associée, considère qu'elle s'est exposée à un danger et, si elle ne renonce pas à cet objectif, considère qu'à l'avenir une femme ne doit pas jouer des batas consacrés avant d'avoir reçu le titre de le faire (Vicky Jassey 2018).


BATAS ET RUMBA

    À Santiago, le groupe Folkloyuma a innové dans les années ’80 avec un chœur de rumba exclusivement féminin. Cet exemple de « féminisation » semble avoir eu une influence pour arriver à un groupe de rumba et folklore afro-cubain entièrement féminin à Santiago de Cuba : Obini Iraguo.


Obini Iraguo avec Nancy Garcia Vinent en chanteuse soliste


Obini Iraguo, groupe féminin aussi bien d'afro-cubain utilisant les batas   que de rumba a été entraîné pendant plusieurs années par un homme : Joaquín Solórzano, percussionniste et joueur de corneta china. Obini Iraguo (ou Obini Irawo) veut dire en yoruba : "Femmes Étoiles". Depuis 2008 environ, Obini Iraguo a changé de direction et ses membres se sont renouvelés. Joaquín Solórzano est devenu directeur des "Tambores de Bonne".

    Il existe aussi à Santiago plusieurs femmes percussionnistes jouant les batas sur scène : ainsi dans le groupe Okan (appelé au début Okan Batá ou dans le groupe Galibata (Regla).

Obini Iraguo (avec le directeur et le roadie). Photo Daniel Chatelain 2010.

Obini Oñi à Cardenas en 2010, dirigé  par Dagmaris Hechavarria Despaigne (ex-membre de Obini Iraguo de Santiago de Cuba)



Obini Oñi. D. R.


À La Havane, Justo Pelladito (ex-Conjunto Folklórico Nacional), fils d’un fondateur de Los Muñequitos de Matanzas et premier enseignant de la percussion afro-cubaine à l’université d’Arts à Cuba, forme en 1991 un groupe de femmes chant-danse-percussion dont il devient directeur et éventuellement soliste :

Afroamerica. Ce groupe transmet (entre autres) un style peu joué : les tonadas trinitarias. Ses activités se répartissent sur les trois dernière décennies.

Percussionnistes d'Afroamerica : Mercedes Lay Bravo, Marisela Trujillio, Florinda Sabido. CD en 1997 (Suisse). D'autres musiciens se sont agrégés par la suite au trio des femmes percussionnistes et du directeur.

Vidéo Ritmacuba  : Afroamerica au début des années '90 

Obini Batá La Havane. Groupe professionnel formé à partir de trois membres féminins du Conjunto Folklorico Nacional en 1993 (ou en 1990 selon une déclaration de Justo Pelladito). Tout en s'affrontant à un certain machisme ambiant, elles bénéficièrent de la transmission de Julio Caballo, El Goyo, ou Mario Jaureguí Aspirina, particulièrement.

     Obiní Batá  fut fondé par Deborah C. Méndez Frontela, Mirta Ocanto González & Eva Despaigne Trujillo, qui jouaient, chantaient et dansaient. Depuis 1999, il comporte six artistes femmes, dirigées par une fondatrice, Eva Despaigne Trujillo. Au fil des années se produit un renouvellement des membres du groupe. Principale percussionniste : Adairis Amelia Mesa González. [39]

Obini Bata


Interview (français) de Eva Despaigne, retraçant l'histoire de Obini Bata (par Fabrice Hatem)

Vidéo : court-métrage "Obini Bata : una sonrisa para el tambor" (18 mn, esp. non sous-titré)

Vidéo : "Deborah, la dama de la percusion" (le parcours de Deborah C. Méndez dans les percussions et les tambours batas) 10mn30, esp. non sous-titré

    Dans le court métrage qui lui est consacré, Deborah C. Méndez explique comment la chanteuse Merceditas Valdés, pionnière dans la scénification de la tradition afrocubaine d'origine yoruba, lui a donné le surnom de "dama de la percusión".


Ibbu Okun se forme à La Havane en 1993 et aborde différents styles de la musique afro-cubaine (Palo, Yuca, Arara) et les différents styles de la rumba. Sa fondatrice et directrice Amelia Pedroso, percussionniste, chanteuse et pédagogue, spécialiste des textes des chants yoruba avait déjà une longue expérience à la fondation du groupe, ayant fait partie de depuis 1985 à Clave Y Guaguancó, et ayant aussi participé à Danza Nacional de Cuba et Danza Contemporanea. Elle se produit avec le groupe aux USA (1995). Elle collabore également avec Lázaros Ros en 1994. Elle meurt d'un cancer en 2000. Aleida Nani, issue d'une famille de tambourinaires traditionnels bien connue, est co-fondatrice. C'est une des premières femmes à avoir joué les tambours batas à Cuba et jour le tambour central, l'iya dans Ibbu Okun.

Amelia Pedroso

Amelia Pedroso


Rumba Morena, rélève aussi des répertoire rumba et afro-cubain et a été fondé en 1997 par sept percussionnistes femmes, avec Diunis Valdéz comme directrice. Le groupe est toujours habitué des domingos de la rumba du Callejón de Hamel en 2018. (cf groupe facebook Diunis y su Rumba morena).


Grupo D'Akokkán. Direction William Herriere (Callejon de Hammel). Rumba & batas. Féminin sauf le directeur. Nous avons vu ce groupe animer le Callejón de Hammel à La Havane en 1998. Il a ensuite enregistré un CD.

Batá Show, groupe féminin avec directeur artistique masculin formé à Guanabacoa en 1998 autour de Gerardo Pelladito, avec un large répartoire afro-cubain. Présentation vidéo :  https://youtu.be/5hwHwKkk92s 

Las Obinis Ache de Cienfuegos dirigée par Elisabeth Oquendo Otero (iyá), complétée par Barbara Pérez Campo (chant), Yipsi Najarro Tartabull (okonkolo), Yeni-Elizabeth Martínez (itotele) : composition en 2015, citée par Vicky Jassey.


    Le troisième CD de "Team Cuba de la rumba" du label EGREM porte le titre de "Mujeres en la rumba" (Femmes dans la rumba). Il a été entièrement enregistré par un collectif féminin réuni à partir de toute la nation cubaine par le saxophoniste Germán Velazco et Armando Dedeu. En dehors de chanteuses et percussionistes issues de la tradition de la rumba, ont aussi participé à ce disque des chanteuses reconnues dans d'autre domaines musicaux, ainsi Yuliet Abreu (La papina), Vania Borges, Omara Portuondo, Telmary Díaz ainsi que María Victoria Rodríguez, venue du punto (musique paysanne cubaine basée sur l'improvisation vocale). Ce CD a obtenu le prix Cubadisco dans la catégorie tradition afro-cubaine. Il caractérise une nouvelle marche dans l'avancée des femmes dans un style cubain inscrit désormais au patrimoine immatériel de l'humanité.

    En contraste avec les groupes féminins, certaines femmes ayant une maîtrise élevée des tambours batá déclarent préférer jouer avec des hommes, alléguant que la pratique de ceux-ci dans les cérémonies leur permet de jouer à un plus haut niveau. C'est le cas de la matancera Aymé Pelladito de Matanzas (de la famille de Justo et Angel Pelladito) qui a fait partie du groupe mixte matancero Obini Aberíkula créé en 1998, qui fut dirigé par Daniel Alfonso. (témoignage dans la thèse de Vicky Jassey, 2018)

Brenda Navarrete, percussionniste et chanteuse née en 1990, qui avait rejoint Obini Bata en 2009, à la fin de ses études supérieurs de musique et est devenue la même année chanteuse du collectif Interactivo, a gagné en 2010 le prix réservé aux joueurs de tambours batas dans le festival Fiesta del Tambor de La Havane en 2010. Elle possède son propre orchestre et poursuit une carrière internationale.

Brenda Navarrete à Toronto



UN GROUPE FÉMININ DE TRADITION HAITIANO-CUBAINE

Fanm Zetwal est un groupe de tradition haitiano-cubaine fondé dans une localité rurale de Morón, province de Ciego de Avila (région centrale de Cuba). Fanm Zetwal signifie "femmes étoiles" en créole. Le groupe est parfois appelé Danza Zetwal. Elles jouent les traditions de la communauté haïtienne, vodu ou gaga, style carnavalesque. Ce dernier style les conduit à une danse tonique et spectaculaire, jusqu'aux exploits physiques : les drapeaux agitent l'air, l'une crache du feu, l'autre soulève une table à la force de ses maxillaires.

Vidéo Ritmacuba : Gagá de Danza Zetwal (Captation de Daniel Mirabeau)


Autre vidéo: https://youtu.be/I6AIBas3_xc

Fanm Zetwal
Fanm Zetwal D. R.

Appendice : Notes fragmentaires sur la dimension féminine de la diffusion en Amérique du Nord et Europe de la percussion afro-cubaine

    Aux États-Unis :

Sue Hadjopoulos. Percussionniste et batteuse d'ascendance grecque et porto-ricaine, entourée familialement de musiciens elle étudie d'abord la flûte puis est co-fondatrice et timbalera  en 1977 du premier groupe de salsa féminin aux USA, Latin Fever, composé de 14 musiciennes et lancé par Harry Harlow et y reste deux ans. Elle fait ensuite une belle carrière personnelle, notamment aux côtés de Joe Jackson, Cindy Lauper, Laurie Anderson, Simple Minds, David Byrne, Ricky Martin...

Nanette García. Dirige un groupe de bata féminin. Fut élève de Felipe Garcia Villamil représentant de la tradition de Matanzas des tambours batas aux USA (où elle est peu présente), pendant sept ans avant la fondation du groupe. Nous ne savons pas si ce groupe est uniquement artistique ou s’il joue les tambours aberikula dans des cérémonies, ce qui serait inédit et sujet à controverses ; un article et un livre de Stefania Capone, où ce groupe est cité, ne lèvent pas cette ambigüité. Selon un blog de Patrice Banchereau il y aurait des affirmations très contestables dans la méthode de bata matancero publiée par Nanette Garcia[40].

Melena (Melena Francis Valdes), percussionniste née à Cuba (Marianao, La Havane) est arrivée aux États-Unis à l'âge de 4 ans, emmenée par sa famille et a grandi en Californie. Après avoir étudié la percussion avec Luis Conté, elle est revenue se former à Cuba au sein du Conjunto Folklorico Nacional, puis auprès de professeurs comme Miguel “Angá” Diaz, Roberto Vizcaino Guillot, Yaroldy Abreu, José Miguel Meléndez et pour les batas Cristobal Larraninga & Daniel Alfonso Herrera. Elle enregistre aux congas en 2016, à La Havane, un morceau qui lui est destiné,  "La timbera mayor", devenant ainsi la première femme musicienne à jouer au sein du Septeto Nacional de Ignacio Pineiro, depuis sa fondation en 1927. Elle vit actuellement sur la côte Est états-unienne.[41]

Cocomama (New-York) est un groupe féminin cosmopolite dont le répertoire varie du latin jazz à la timba. Y officient en particulier deux très bonnes pianistes Ariacne Trujillo Durand (Cuba / N.-York) et Nicky Drenner (USA). Et une française, chanteuse, performeuse et arrangeuse, Christelle Durandy. "Quiero" Vidéo officielle Cocomama avec Christelle Durandy

Robyn Lobe et le groupe Bataleras.


Bataleras

60e anniversaire de Robyn Lobe © 2012 Martin Cohen - DR.

   

    En Suisse :

Okan Iya est un groupe féminin de Musique et Danses Afro-Cubaines dirigé par Reinaldo Delgado "Flecha" et localisé à Genève. Lien : page facebook


    En Espagne :

Madelín Espinoza Martínez, née à La Havane, est venue tardivement aux percussions malgré un père percussionniste au départ peu favorable à une telle vocation... et un peu grâce à un frère également également percussionniste. Etablie en Espagne, elle développe le jeu à trois et quatre congas, avec une activité intense de professeur de percussions (prof. du festival Percufest). Passée par plusieurs orchestres féminins elle joue dans le quartette féminin "Chicas de La Habana" avec  Hilda Rosa (Direction et basse), Rolaine Phinney (Voix et petites percussions) & Joanna González (piano), groupe qui n'hésite pas à se confronter à des compositions latin jazz de haut niveau en dépit de son petit format.


    En Allemagne :

Dorothee Marx, élève de Milián Gali aux batas et autres percussions afro-cubaines a développé des activités autour de la percussion aux côtés de son mari, le percussionniste colombien Daniel Basanta (aujourd'hui décédé). Fondatrice et directrice de la conga "alemana" Takatún, constituée majoritairement de femmes élèves de "Dorotea", qui a participé à différentes reprises au Festival del Caribe à Santiago de Cuba. Les fondateurs de Takatún ont été, en même temps que ceux de Ritmacuba, au sein d'un même cortège, les  premiers étrangers à défiler à Cuba en formation carnavalesque de conga oriental (1992).


    Quelques percussionnistes femmes de musique cubaine en France :

     En ce qui concerne l’enseignement des percussions afro-cubaines, dont les batas, se doit être mentionné le rôle précurseur de Claire Gautier (élève de Mililián Galis à la fin des années ’80) dans la banlieue sud de Paris. Elle a dû ensuite abandonner sa pratique des tambours.

    Mais les tambours batas ont été introduit en France au milieu des années '80 par des percussionnistes nommés Roger Fixy, Arnold Moueza et Christian Nicolas, tous les trois d'origine antillaise, à l'origine des groupes afro-cubains traditionnels et rumba Iluyenkori et - pour le dernier cité - Macoubary. Iluyenkori a été co-fondé par la chanteuse et danseuse Daniela Giacone.

Daniela Giacone se fait aussi conteuse en fondant en 2005 le groupe féminin afro-cubain TANA. Entourée de trois joueuses de tambour bata et autres percussions afro-cubaines (Magali Boucharlat, Diana Huidobro, Betty Rojas), elle conte, chante et danse la création du monde et les aventures des divinités du panthéon yoruba : les orichas.

Teaser du groupe TANA

TANA

La percussionniste et choriste Betty Rojas, née aux États-Unis, d’ascendance cubaine, s'est installée à Paris où elle se perfectionne dans la percussion-afro-cubaine avec les piliers de cette musique présents dans la capitale. Elle participe à des tournées de Rumbanana, accompagne la chanteuse afro-cubaine installée en France Marta Galarraga et joue entre autre avec le jazzman Leon Parker.

Magali Boucharlat, se forme à Paris (auprès d'Orlando Poleo) et à La Havane à la percussion afro-cubaine et à la rumba. A son retour de la capitale cubaine elle intègre Yemaya La Banda aux congas et bongo (album Salsaloca au féminin). Puis TANA dans le domaine afro-cubain traditionnel. Elle joue également avec les groupes Chevere que Son.

La percussionniste et chanteuse Natascha Rogers, d’origine américaine et néerlandaise, installée à Bordeaux y étudie la percussion et reçoit l’enseignement de maîtres cubains dans ses voyages à Cuba : Maximino Duquesne, Alberto Villareal, Ernesto Gatel «El gato». Elle participe au groupe Bailongo (répertoire cubain et portoricain). L’auteur a pu aussi apprécier sa participation à des concerts de Sandunga Latina. Elle a entamé une carrière de chanteuse soliste et enregistré un CD.


La percussionniste de nom artistique Marion Ceïba, titulaire d’un DEM, de La Rochelle, a formé un quartette à Bordeaux en 2012 ainsi qu’un groupe de voix et percussion afro-cubain féminin : Irawo.

Une enseignante titulaire d’un D.E. de musique traditionnelle : Raphaëlle Frey-Maibach (Lyon) a reçu la transmission des percussionnistes cubains El Goyo, Alberto Villareal et Gali (au sein de Ritmacuba). Elle est à l'origine du Collectif « Habla Tambores ».

    Mais dans cette deuxième décennie du XXIe siècle, les digues ont été rompues et une énumération deviendrait vite trop longue pour le cadre imparti… Quelques autres noms vont apparaître cependant avec deux exemples d'orchestres féminins français.

 

Parmi les groupes féminins de Salsa en France :

La primeur de « la salsa au féminin » est revenue aux Rumbananas fondées en 1994 où Julie Saury (fille du musicien de jazz Maxime Saury) tient la batterie. De 2001 à 2007 y chante Patricia Najera (qui s’était affirmée auparavant dans l’orchestre big band Mambomania). Rumbananas a en particulier de nombreuses prestations télévisuelles à son actif.

Les Rubananas avec Patricia Najera

Le groupe Yemaya La Banda a atteint progressivement une envergure internationale. Fondé en 1998 avec 12 musiciennes de diverses nationalités, il s’inscrit dans le courant de la « salsa consciente » aux paroles portées par trois chanteuses hispanophones d’origine (Espagne, Chili, Argentine). Le nom choisi est celui d’une divinité marine, l’oricha féminin Yemaya. Depuis 2009, les percussionnistes en sont  Lidia Ruccio : timbales, Raphaëlle Rayon : conga, Magali Boucharlat : bongos.[42] 

© de l'article : Daniel Chatelain & ritmacuba.com


Remerciements à Claudine Jobet pour son attentive relecture.


DOCUMENTATION

Bibliographie générale (les références datées d'après 2016 sont postérieures à la première version de l'article):

Jorge Calderón. María Teresa Vera, Letras Cubanas, La Havane, 1986.

Julia Calzadilla. Trío hermanas Lago. La Habana, Editorial Letras Cubanas, 2002.

Stefania Capone. « Des batá à New York : le rôle joué par la musique dans la diffusion de la santería aux États-Unis. » https://nuevomundo.revues.org/2258

Patrick Dalmace. Les orchestres féminins des années trente http://www.montunocubano.com/Tumbao/info/orchestres%20feminins%20des%20annees%20trente.htm

Mercy Díaz. « La mujer en la música cubana » http://www.archivocubano.org/diaz.htm

The Díaz Ayala Cuban and Latin American Popular Music Collection http://latinpop.fiu.edu/

Roberto García. « Las Orquestas femeninas en Cuba » http://musicubamyblo.blogspot.fr/2016/06/las-orquestas-femeninas-en-cuba.html juin 2016

Radames Giro. Diccionario enciclópedico de la música en Cuba. Letras Cubanas La Havane. 2007.

Vicky Jassey.  "Tambor Reverberations: Gender, Sexuality and Change in Cuban Batá Performance". Thèse. 2018.

Vicky Jassey. "Gender, Sexuality, and Taboo in a Cuban Ritual Tradition". 2019. https://folklife.si.edu/magazine/gender-taboos-cuban-bata-drumming

Lorenzo Jardines Pérez. Chepín, la música de una ciudad. Casa del Caribe, Santiago de Cuba. 2012.

Antonia López Sánchez.  Trovadoras . Ed. Oriente 2008.

Pierre Maraval. Portraits x 1000 : "Mille Femmes Cubaines" http://www.maraval.org/spip.php?article72

Orovio, Elio. Diccionario de la música cubana Letras cubanas, La Havane, 1992

Pryor, Andrea. 1999. « The House of Añá: Women and Batá ». CBMR Digest 12, no. 2. : 6-8.

Elizabeth Sayre. « Cuban Batá Drumming and Women Musicians: An Open Question » Center for Black Music Research Digest Spring 2000. http://musicandculture.blogspot.fr/2008/03/women-and-bat-drums.html

Nora Sosa “Anacaona.  45 años de música”,  Revista Mujeres septiembre, La Havane.1979.

Luis Tamargo. 2007. « A brief history of Cuba’s female bands ». Latin beat magazine.

Alicia Valdés. Diccionario de mujeres notables en la música cubana. Mariposa Estudios. Ed Oriente. Santiago de Cuba. 2011.

Alicia Valdés Cantero. Con música, textos y presencia de Mujer. Ediciones UNIÓN. La Havane. 2005.

Raquel Vinat Mata. « De qué callada manera », una mirada desde la historia al discurso musical femenino cubano del siglo XIX. Revista Clave año 16 n°2. 2014. La Havane.

Luis Rovira Martínez. "Orquestas Feminina en Cuba" Revista Musica Cubana n°0. La Havane. 1997.

http://www.mujeres.co.cu/articulo.asp?a=2007&num=327&art=16

http://www.granma.cu/frances/culturelles/26sep-Les groupes.html

 

Bibliographie sur Anacaona :

(sans titre). http://www.lajiribilla.co.cu/2006/n283_10/memoria.html

Bruce Bastin. "Notes du CD CD HQCD-27".

J-M. Carrasc. http://www.blogin-in-the-wind.es/2007/12/30/anacaona/

Patrick Dalmace. "Sexteto, Septeto, Conjunto Anacaona" (en français) http://www.montunocubano.com/Tumbao/biogroupes/anacaona.htm

"Anacaona El Sonido de las flores" (mai 2006) : http://lacubamia.blogspot.com/2006/03/anacaona-el-sonido-de-las-flores.html

María del Carmen Mestas "Al compás de Anacaona". Mujeres n°327. 2007. » http://www.mujeres.co.cu/articulo.asp?a=2007&num=327&art=16 mars 2007

Alicia Castro, Ingrid Kummels Queens of Havana : The Amazing Adventures of Anacaona, Cuba's Legendary All-Girl Dance Band. USA. 2007


Livre sur Anacaona

 

Discographie :

100 Lindas Cubanas. Festival de mujeres soneras. 1995 (enregistré en public en 1994).

Afroamerica Cuba. Chants et rythmes afrocubains. CD, VDE-GALLO CD-959, Genève 1997. Suisse.

Anacaona. Septeto Anacaona. L.H. 1937, Harlequin, HQCD 27. Grande-Bretagne.

Anacaona. Anacaona ¡Ay! L.H. 1991, P.M. Records. Grande-Bretagne.

Anacaona. Anacaona. Lo que tu no esperabas. L.H. 2000, Lusafrica. France.

Anacaona. Aniversario 75. Bis Music, 2017, La Havane

Canela. Algo Fresquito.

Canela. Cien Lindas Chicas. ARTEX. Cuba.

Canela. Llego el momento. Welwurden record. Allemagne.

Canela. Échate Canela. Welwurden record. Allemagne.

Canela. Pegando. Fuencane Productions. Cuba.

Canela. Live in La Zorra y El Cuervo. Fuencane Productions. Cuba.

Canela. Jazzeando a lo Canela. Fuencane Productions. Cuba.

Canela. De fiesta. Fuencane Productions. Cuba.

Canela. Confusión. Fuencane Productions. Cuba.

Canela. De medio lao. COLIBRI. Cuba.

Chicas del Sol. Chicas del Sol. Deshima Music. Allemagne. 1999.

D'Akokkán, Grupo. Tiembla la tierra. Envidia. Allemagne;

Gema 4. Grandes boleros a capella. Cosmopolitan, Espagne, 1994

Gema 4. Te voy a dar. PICAP, Espagne, 1996

Las d’Aida. Soy la mulata. Belafont record, Allemagne 1994

Las d’Aida. Cuarteto Las d’Aida. EGREM 1995. Cuba.

Hermanas Marti. Manuel Corona. EGREM, 2001. Cuba.

Las Perlas del Son. Si Senor! Corason Records. 1998 / 2006. México.

Morenas son. Morena Son. EGREM. Cuba.

Morenas son. Cuidaó que te quema. BIS MUSIC. Cuba. 

Mulatason. No vale rendirese. BIS MUSIC. Cuba.

Son Damas. Llegó son Damas. EUROTROPICAL 1996. Espagne.

Son Damas. A todo ritmo. BIS MUSIC. 1998. Cuba.

Son Damas, in : 100 Lindas Cubanas. Festival de mujeres soneras, 1995. BIS MUSIC. Cuba.

Vocal Divas. Vocal Divas. EGREM 2001. Cuba.

Vocal Divas. Soy Santiaguera. EGREM 2002. Cuba.

Vocal Divas. Canción y vida. Cuba. Prix Cubadisco.

Yemaya La Banda. Salsaloca au féminin. http://yemayalabanda.free.fr Paris.


  CD Anacaona

Verso du CD Anacaona Aniversario (partiel)


Documents vidéos :

Anacaona. « 70 años después » Réalisation Jorge Aguirre . Citmatel/ RTV La Habana, Cuba. (N. B. : Ce premier DVD cité va plus loin que son titre, car il part de témoins de l’histoire d’Anacaona et d’avis de spécialistes pour la situer dans le contexte des orchestres féminins). Anacaona. Anacaona.  K7 VHS. Vidéo Stock (Abidjan) / Kalim International 198?.

Anacaona. Anacaona. Ten Sisters of Rythm. Allemagne 2003. Timba Records.

Anacaona. DVD promotionnel 2012 (France).

Anacaona. The Buena Vista Sister’s Club. USA

Obini Bata Cuba. Conjunto femenino de percusión, canto y danza. DVD. Earthcds partners.

Vocal Divas. Soy Santiaguera. Produit par Robin Miller. USA. 2015.

 

 

  


[1] Malgré tout l’intérêt de ce domaine, nous ne traiterons pas ici des chanteuses cubaines, innombrables et largement répertoriées dans les dictionnaires de la musique cubaine. Atteignant la dimension de divas comme l’impériale Celia Cruz ou « prenant le pouvoir » sur la scène et les plateaux comme l’attachante provocatrice La Lupe (cf  http://www.ritmacuba.com/Lupe-en-Santiago.html), ou encore surgie de la domesticité pour devenir le centre d’attraction d’une capitale et un mythe romanesque : Freddy devenue « la que cantaba bolero » dans Tres Tristes Tigres de Lezama Lima, ou, pour en finir avec les exemples, héroïnes populaires extraites de la pauvreté rurale comme Celina González. Ni même des alter ego femmes des auteurs-compositeurs s’accompagnant à la guitare surgis autour de la Révolution avec la Nueva Trova et reconnues par le régime révolutionnaire.  Par rapport à cette place institutionnalisée des femmes dans la musique cubaine — ou contestataire et quelque soit le mérite de la conquête pour l’obtenir, nous déplacerons un peu les projecteurs sur d’autres individualités artistiques, tout en prenant en compte le phénomène collectif d’ampleur inédite, aux origines jusqu’ici assez mal connues, des groupes féminins. Pour une approche plus exhaustive des femmes dans la musique cubaine, nous renvoyons au dictionnaire d’Alicia Valdés figurant dans la bibliographie.

[2] « Algo similar a este fenómeno contemporáneo de la conga santiaguera ocurrió en 1852 cuando vino a La Habana la comparsa del Cocoyé con sus dos guías, las mulatas María de la O Soguendo y María de la Luz, junto al enanito Manuel que bailaba con el Anaquillé, muñeco de carnaval. ».

[4] Instrument au son de cloche fait à partir d’une jante de camion ou d’un tambour de frein (D. L.)

[5] Didier Laurencin « La conga de Los Hoyos, une tradition moderne ; Repenser les notions d’identité et de tradition à partir d’une formation musicale et dansante de rue à Santiago de Cuba ». Master 1 — Université Louis Lumière. Lyon 2006.

[6] Chatelain, Daniel & Daniel Mirabeau : Chants de tumba francesa http://www.ritmacuba.com/Chants-de-tumba-francesa.html (paru en nov. 2017).

[7] « Se cuenta que su amiga de la niñez Guillermina Aramburu tuvo un buen matrimonio durante 20 años, al cabo de los cuales su esposo la traicionó. Guillermina que escribía canciones desde joven... le entregó a María Teresa su creación Veinte Años, para que la cantara con la promesa de que nunca dijera que había sido escrita por ella; esto provocó que la mayoría de las personas desconocieran, hasta hace muy poco, que la generalidad de los textos de las canciones de María Teresa, son de Guillermina ».

[8] Ana Nuñez Machín La otra María : o La niña de Artemisa : testimonio sobre María Josefa Granados, precursora de la lucha por los derechos de la mujer en Cuba.  La Habana : Editorial Arte y Literatura, [1975] & http://www.cubarte.cult.cu/periodico/print/articulo/18721.html

[9] style où le danzón est chanté

[11] Aldo Rodriguez : Maria Luisa Anida, una vida a contramano. Testimonio. Letras Cubanas. 1992.

[13] Valdés. 2005 (cf bibliographie) / interview par Mayra A. Martínez. 2010 in Cubanos en la Música (ed. Unión) / https://www.ecured.cu/D%C3%BAo_Hermanas_Mart%C3%AD

[16]  Nous reprenons l’orthographe proposée par Michel Faligand (fondateur de la revue Percussions) pour le français, conforme à la prononciation et permettant de distinguer cet instruments des timbales classiques). cf http://www.ritmacuba.com/instrumentsCuba.html

[17] « La primera directora de orquesta femenina de que se tienen noticias se llamó Irene Laferté, quien tenía un conocimiento profundo  de la percusión, y en especial, de los timbales. Fundó su charanga en 1928 y varias integrantes de su agrupación pasaron luego a la orquesta Edén Habanero, dirigida por Mercedes Herrera y que tuvo como cantante a Rosario Martínez. Doña Irene, a quien llamaban la virtuosa del timbal, falleció en l970 después de una fructífera vida dedicada a engrandecer nuestra música.»

[18] Premières intégrantes : Suseta Ramos (contrebassiste), Manuela Junco (contrebassiste), Olga Villazón (saxophoniste), Ofelia Menéndez (saxophoniste), Emilia Marcos (saxophoniste), Blanca A. Foyo (trompetiste), Nuvia Pérez (chanteuse), Maria del Carmen Cabeza (chanteuse), Olga Galú (chanteuse). http://www.montunocubano.com/Tumbao/biogroupes/ensueno, orquesta.htm. Patrick Dalmace, auteur de l'article, donne aussi des précisions sur leur première tournée (communication personnelle en no. 2017). L'article montuno cubano sur Ensueño est remanié en fin 2017 sur la base de nouvelles informations.  Autre source : Ecured

[24]  Oscar Oramas Oliva. 2009. Omara, Los ángeles también cantan. Ed Caserón /  http://www.montunocubano.com/Tumbao/biogroupes/d%27aida, las.htm 

https://www.ecured.cu/Cuarteto_D'Aida   

[31] Valdés. 2005 (bibliographie).

[34] Site officiel : www.sextosentidomusic.com

[38] Ce phénomène semble avoir eu un peu d’antériorité au Brésil, avec une distinction plus clairement établie dans l’imaginaire collectif entre usage profane et religieux, en l’occurrence pour les atabaques consacrés du candomblé : en 1992 pour mon étude des tambours et rythmes du candomblé, c’est une tambourinaire femme vivant au terreiro du Gantois qui m’a été présentée comme une des meilleures spécialistes de ces rythmes. Conformément à la prescription religieuse, elle ne jouait pourtant jamais les instruments consacrés, réservés aux hommes, au Brésil comme à Cuba.

[40] « The sacred music of Cuba: Bata drumming matanzas style », sans mention d’éditeur, 1999.




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