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Santiago de Cuba - Juillet |
Première
mise en ligne : le 16/09/2017. Dernière actualisation : le 22/01/2021
La page avec tous les textes du site
La
parution du livre de Mililián Galis Riveri
La
percusión en los ritmos afrocubanos y haitianos-cubanos[1]
, oeuvre de
percussioniste
ayant interrogé de nombreux témoins des générations passées du
carnaval de Santiago de Cuba tout en étant investi de longue date
dans les archives locales, est décisive pour préciser une
chronologie de l'apparition des différents instruments utilisés
aujourd'hui dans le carnaval de la des provinces de l'Est de Cuba
(Santiago de Cuba, mais aussi Guantanamo & Granma). Il existe
à vrai dire un corpus écrit assez important de témoignages
(relevés par écrit) de congueros,
du moins pour ce qui est du carnaval de Santiago, célèbre
internationalement et prestigieux sur le plan national (cf
bibliographie). Mais il est exceptionnel que ces interviews
remontent aussi loin dans le XXe siècle que celles
faîtes systématiquement depuis des dizaines d'années par cet
auteur né en 1939, avec son souci systématique de la datation,
avec sa compétence pour le relevé musical et une sagacité critique
remarquable. Cette parution et ses éléments factuels ont été le
déclic de la rédaction de cet article, qui s'est bien entendu
ouvert à d'autres sources. dc
Les formations traditionnelles de carnaval de l'Est de Cuba se
divisent principalement en paseos
et congas.
La conga de l'Est de Cuba est une formation de défilé
composée principalement de tambours et autres percussions apparue au
début du XXe siècle. Elle résulte d'une adaptation dans un
lieu de forte tradition carnavalesque de la formation conga de l'Ouest
de Cuba, avec une transformation rapide qui a pour résultat une
identité bien distincte par rapport aux congas de La Havane et
Matanzas.
La conga a en effet a été précédée dans le carnaval santiaguero
d'autres formations de carnaval percussives telles que tahona et
comparsas carabalí ainsi que celle du cabildo congo,
historiquement prépondérant à l'époque coloniale [2].
A Santiago de Cuba, une tahona et deux comparsas carabali ont survécu
jusqu'aujourd'hui, regroupées traditionnellement sous le nom de
"centenaires" (avant que les premières congas ne le deviennent elles
aussi), qui, comme telles commencent les défilés officiels (par officiel
s'entend le passage devant le jury évaluant les formations de
carnaval).
En revanche, bien avant l'apparition des formations congas, il n'y
avait plus de défilés revendiquant rassembler des "congos".
Les comparsas carabalí et leurs tambours viennent des cabildos
carabali[3],de
longue présence historique, tandis que les tahonas ont pour origine la
population, dite localement "franco-haitienne", la même que les tumbas
francesas. Ces tahonas, liées aux plantations de café (principalement)
créées par les réfugiés de la Saint-Domingue française dans les
turbulences de la création de la République d'Haïti, furent fondées
par des Noirs, esclaves de plantation ou domestiques et prirent place
dans les cabildos
pré-existants, avant de devenir des sociétés (« sosyétés »
dans leur créole), à un moment historique marqué par l'indépendance
cubaine, par la fin de l'esclavage et une loi permettant de telles
associations. A la différence des "tumbas", pratiquant une danse de
salon avec tambours, les tahonas étaient une tradition ambulatoire
entre plantations ou bourgades rurales ou s'insérant dans le paysage
de la culture populaire urbaine de la capitale provinciale.
La capitale de l'ancienne province d'Oriente, réunissant les actuelles
provinces orientales de Cuba a été le lieu initial des transformations
du défilé de carnaval de cette région et nous nous en tiendrons en
général au fameux carnaval de Santiago dans le cadre de cet article
synthétique.
La comparsa carabali apparaît au milieu du XIXe siècle dans
les fête des « mamarrachos
» liées au saint-patron de la ville, l'apôtre Saint-Jacques (Santiago
Apostol). Elle est constituée de Noirs et Métis libres et doit son nom
nom aux ancêtres esclaves de ces participants, issus de la côte
africaine des Calabars, dans le cas présent les ethnies nommées
localement apá, bibi, osese et surtout « olugo » (elugo) et
« isuama » (suama)[4].
Cette comparsa initiale dénommée populairement comme « La
carabali » a pour caractéristique (partagée avec la tahona) de
faire défiler une
Cour européenne des temps royaux avec ses rois et reines, princesses,
ducs et duchesses, vassaux, bâtonnier etc, avec des chanteurs, la
formation de percussion fermant la marche. En 1890 cette comparsa
connut une scission avec la formation
de la Carabali Isuama, l'originale prit le nom de carabali
Olugo et s'installa à ce moment dans le quartier du Tivoli (par
ailleurs le quartier fondé par les réfugiés de Saint Domingue
autour de 1800, résumés sous le nom de "Français") avec des
déplacements ultérieurs.[5]
La comparsa Carabali Isuama lia son sort définitivement au quartier de
Los Hoyos. [6]
Les instruments des comparsas carabalí sont constitués des idiophones
cha-chas (grandes sonnailles tissées en fibre) et le pico
arado (métallique, avec une partie concave initialement) donnant
la ligne rythmique et de tambours de différentes dimension (tant en
profondeur que circonférence), tous bimembranophones résumés en
espagnol sous le nom de bombo :
pilonera, respondedora (ou
tragualeguas), fundeadora et repicador.[7]
Percussionnistes de la Carabali
Izuama, auteur inconnu, années '70
Les tahonas sont ainsi nommées en référence des moulins tournant sur
le plan horizontal des plantations de café de même nom[8].
Leur origine est rurale, avec des défilés entre plantations ou
petites villes. Au milieu du XIXe siècle, des Noirs et
mulâtres libres, associés à des esclaves loués de coutume hispanique[9]
s'associent à des Noirs « français » et leurs descendants
pour fonder deux tahonas urbaines établies dans les quartiers de
Guayabito et Los Hoyos. Celles-ci faisaient suivre leurs danses d'un
défilé dans le centre de Santiago de Cuba avant de retourner dans
leurs quartiers. Les deux
tahonas prirent l'habitude de se réunir à la Saint-Jacques, le 25
juillet (devant une église : Santa Ana).
Entre les deux guerres d'indépendance qui marquèrent la
deuxième moité du XIXe siècle ce rassemblement fut appelé
montompolo (et nom fut transféré au jour final des défilés
de carnaval).
Mais tout indique qu'était déjà de tradition franco-haïtienne la
comparsa, dirigée par Maria La O et Maria de La Luz qui chantait un
air nommé El Cocoyé et
que vit défiler depuis
le central hôtel Venus, en 1836, le musicien catalan Casamitjana,
lequel la porta sur partition pour en faire une version orchestrale.
Les documents n'indiquent pas nettement si ce Cocoyé que dirigeait
les deux femmes à Los Hoyos était considéré comme une comparsa, une
tumba francesa ou une tahona. D'autre
part on dansait « français » dans la ville à l'occasion du
carnaval dès 1800 dans des assemblées dont la musique "se
composait de fifres et tambours" pour danser "le menuet, les
contredanses françaises" et "les Africains la marimba"[10].
Les tahonas urbaines de quartier ont fini par disparaître après
l'émergence des congas. Les tahonas rurales ont subi un processus de
décadence, cependant leur tradition a été reprise il y a quelques
décennies par la société de tumba francesa
La Caridad, sous l'autorité de la reine percussioniste Tecla
Venet Danger. Cette tahona était née dans la finca Los Naranjos près
d'El Caney et avait été fondée en 1884. Elle
avait des liens avec la famille fondatrice de La Caridad. Cette
reprise d'une tradition, a permis à la tahona d'être encore présente
comme comparsa « centenaire » dans le carnaval de Santiago
de Cuba, en défilant en ouverture des soirées de défilés aux côtés
des deux comparsas carabalí.[11]
L'instrumentarium des tahonas associe un tambour bi-membranophone de
taille réduite, la tambora ou tajona (comparable
à la fondeadora des
comparsas carabali), un deuxième tambour bimembranophone plus petit
mais plus profond, la bimba (une
onomatopée donnant la cellule rythmique jouée : un coup étouffé, un
coup ouvert) et deux tambours unimembranophones tronconiques,
spécifiques à cette tradition et distingués entre eux par la
dimension de leur circonférence : fondo
et repicador (en cône
tronqué, de relativement faible hauteur, avec une tension
en piquets à l'origine). Ces petits tambours avaient
initialement un aspect faisant penser à des tambours de tumba
francesa (les plus grands des tambours cubains!) en miniature.[12]
Joueurs
de tahona,
société de tumba francesa de Santiago de Cuba 1993 © Daniel
Chatelain
Las
gentes de Los Hoyos |
Les
gens de Los Hoyos se déplacent au Tivoli Et ceux du Tivoli se déplacent à Los Hoyos Ce n'est plus comme dans une autre époque Où se formaient les disputes |
"A
los Barrios de Santiago", son de Francisco
Repilado (voir fin de cette page).
La datation de l'apparition des deux premières congas de carnaval de
Santiago de Cuba est un sujet qui peut prêter à controverse.
Officiellement est fêté comme anniversaire de la fondation de la
Conga de Los Hoyos l'année 1902. Mais l'année en question correspond
à une interdiction des tambours dans le carnaval, interdiction qui
visait explicitement les comparsas carabali, censées évoquer le
triste passé de l'esclavage. Cette année-là, seule la comparsa
Olugo brave l'interdit et effectue un court défilé, "avec des
bannières représentant des Noirs crépus en guise de protestation".[13]
De plus, la première conga répertoriée dans les défilés de carnaval
n'est pas Los Hoyos, mais le Tivoli. L'année de fondation et
d'apparition publique de celle-ci est 1913. Ce n'est que l'année
suivante qu'une conga Los Hoyos apparaît dans le défilé de carnaval.
Qu'appelle-t-on "conga" à ce moment de l'Histoire cubaine? Ce qui
caractérise l'appellation conga depuis le début du XXe
siècle jusqu'à nos jours est est un orchestre de percussion
auparavant inédit dans le carnaval santiaguero, orchestre dont nous
allons préciser la composition et l'évolution.
Tambours
de la Conga de Los Hoyos sur le parvis de l'église d'El Cobre. 2010.
Photo Daniel Chatelain.
L'émergence des congas fait suite à 1912, une année tragique dans
cette région, où la répression militaire contre les populations
noires ayant soutenues l'insurrection de Parti Indépendant de
Couleur dans les petites villes entourant Santiago se solda par des
massacres de vétérans Noirs et de leurs familles, décimant les
populations qui avaient, entre autres manifestations culturelles
caractéristiques, la tumba francesa et la tahona. Ces événements
furent aussi, de fait, une atteinte à la vitalité et l'apparition
publique de ces traditions apparues dans les premières décennies du
siècle précédent. Cette situation est favorable à l'apparition d'une
nouvelle manifestation carnavalesque et d'un peu plus d'influence
des traditions de la partie occidentale du pays. [14]
Le récit proposé par M. Galis obéit au schéma suivant, conforté par
de nombreux éléments factuels :
-
Du quartier du Tivoli apparaît en 1913 la conga « Los
Matanceros » (nom des habitants de Matanzas). Pourquoi ce nom?
Trois ex-soldats servant le Régiment permanent à La Havane en
1910-1912, Juan Ramón Sánchez, Rufino Márquez et Mariano Mena,
observent à cette occasion les différences entre les carnavals de
l'Ouest et de l'Est de Cuba. Ils veulent fonder une formation
comparable à celles de l'Ouest. Avait d'ailleurs défilé deux ans
avant à Santiago « El negro bueno », un groupe de
travailleurs portuaire de la baie de Nipe, provenants de La Havane
et Matanzas, avec une instrumentation de conga occidentale et ils
avaient fait sensation.
-
Ces trois hommes convainquent un grand comparsero,
Feliciano Mesa, pour qu'il en soit le directeur et se joignent au
projet des anciens soldats de Matanzas. Ceux-ci introduisent le toque (rythme) et l'enseignent. Arrivent de Matanzas des sartenes
(doubles poëles à frire fixées sur un stand), le bombo (grosse
caisse de défilé) et les tambours unimembranophones congas
avec leur peau cloûtée sur le fûts (que les Cubains préférèrent
ensuite appeler tumbadoras).
Le rythme joué fut appelé columbia (on pourrait être tenté de penser
que ce serait en l'honneur de cette variante de la rumba, mais, les
cellules rythmiques étant bien différentes, il apparaît
vraisemblable qu'il s'agisse du campement Columbia, à Marianao, qui
fut celui des soldats originaires de Matanzas). Ils ajoutèrent une tamborita
de la comparsa carabali olugo. Et nommèrent les unimembranophones
« tumbas largas » (longues tumbas).
Ainsi, le jury des comparsas du carnaval de Santiago donna en 1913
le premier prix à cette Conga du Tivoli où la nouvelle formation
instrumentale était accompagnée de contorsions, drapeaux, bannière
ainsi que des grandes et légères lanternes « farolas »
tournoyantes inspirées de la manière occidentale.
M. Galis précise encore que la population nomma les participants de
la comparsa « Los saca el
pie » (ceux qui lancent le pied), geste du pied droit
syncronisé avec le bombo. Il ajoute :
En passant dans le quartier de Los Hoyos pour visiter la tahona
« Los Songolotinos », ceux du Tivoli, entonnèrent le un
chant invitant à venir « lancer le pied avec eux » et à la
suite la population du quartier les suivit.
-
Face à cet affront (la rivalité entre ces quartiers populaires
datant de l'émergence de Los Hoyos à la fin du XIXe
siècle face au plus ancien Tivoli), se forme une conga du
quartier de Los Hoyos « Los Hijos de Quirina ». Celle-ci
crée à l'occasion un tambour tronconique plus facile à transporter
que l'instrument conga, le bocú
(aussi appelé bombillo ou
fondo), à la peau clouée
comme cette dernière. Avec, immédiatement, des différences de taille
assorties à des fonctions musicales : le bocú quinto,
ou simplement quinto, d'où sortent les sons les plus aigus
ou encore le bocú salidor.
Leur rythme s'appela le golpe
pilón (appelé aussi « golpe
quirina »)[15].
Le grand tambour bimembranophone, un bombo, fut appelée pilón.
Il fut muni de
mécaniques de serrage, de même que le plus petit requinto. S'ajoutèrent les sartenes
et un idiophone métallique emprunté à la carabali, le pico arado.
Le bombo pilón (premier plan). Conga de Los Hoyos. Los Hoyos (Photo Daniel Chatelain).
Les paroles des chants des « Fils » de Quirina se
référèrent avec fierté à la nouveauté sensationnelle que constituait
le bocú, mais faisaient aussi allusion à Matanzas (« camina
matancero! »), confirmant la mise en référence du carnaval
occidental de cette deuxième formation de conga répertoriée. Cette
même année la conga du Tivoli prenait cette année-là, comme pour
enfoncer le clou dans la même intention, le nom de « Hijos
de Matanzas » (Fils de Matanzas)[16]
:
A ce stade, permettons-nous une remarque. L'institution de « l'Ejercito
permanente », qui obligeait à partir de 1909 les
conscrits à faire leur service militaire dans une autre province que
la leur, est citée par tout un chacun comme un élément essentiel de
la diffusion du son oriental
vers la capitale (quitte parfois à déclarer de manière trop abrupte
que le son arrive à la
capitale cette année-là). On voit avec l'exemple de la conga qu'il y
a un effet de la diffusion culturelle régionale cubaine en sens
inverse. Ajoutons qu'avec l'influence de la conga occidentale venait
de manière conjointe la rumba, qui sortit de ses foyers initiaux de
La Havane et Matanzas pour devenir un élément stable du paysage de
la culture populaire de Santiago de Cuba, en s'appuyant aussi sur la
circulation des marins et l'installation d'une population portuaire
d'Occidente à Santiago de
Cuba. Par la suite la rumba fut jouée à l'occasion sur des bocús :
souvent les congueros étaient aussi rumberos et
la rumba a été pratiquée dans certains foyers de conga entre deux
périodes de préparation de carnaval (Los Hoyos est caractéristique à
cet égard). Cette diffusion
« en sens inverse » eut par ailleurs comme conséquence
l'apparition sporadique d'éléments abakuá dans des comparsas de
Santiago de Cuba (cf infra).
Revenons une dernière fois sur la date de 1902 revendiquée par la
Conga de Los Hoyos comme année fondatrice. Si un groupe
carnavalesque représentatif est bien créé cette année-là sans que
rien ne nous assure jusqu'ici qu'il défile au moment du carnaval[17],
il serait plus qu'étonnant que son instrumentation ait un rapport
étroit avec celle d'une conga dans tout le sens du terme, telle que
la direction fut prise à partir de 1914 avec « Los Hijos de
Quirina ».
Ce qui se passe à ce moment-là est en tout cas une autonomisation
par rapport à la tumba francesa La Fayette (devenue ensuite Caridad
de Oriente), fondée, elle en 1862, dont la conga de Los Hoyos
s'estime héritière (Laurencin, 2012). Le général noir Guillermón
Moncada, héros de l'indépendance cubaine né dans ce quartier est
considéré par cette conga comme un fondateur ou prédécesseur. Il
était en effet composé (compositeur-interpète) de la
société Lafayette tout en transportant des armes dans les grands
tambours de la société (Chatelain, 1996)
L'informateur le plus âgé interviewé dans un livre publié en 1997, Barrio, Comparsa et carnaval santiaguero, Alberto Garcia Torres, né en 1905, un éminent organisateur des carnaval, déclare significativement après avoir signalé que le terme conga venait de La Havane : « Los Hoyos était une comparsa, mais est devenue ensuite congas (sic) »[18]. Mais il ne précise pas quel ensemble instrumental aurait accompagnée jusqu'alors cette comparsa pré-conga, selon les différentes ressources de ce quartier. Il est tentant de penser qu'il s'agissait encore de la formation orchestrale de la tahona, mais on ne peut perdre de vue
-
que dans le quartier résidait la carabali izuama et ses bombos
traditionnels (effectivement intégrés plus tard dans la conga oriental).
-
qu'y subsistait l'héritage informel de l'autrefois puissant cabildo
congo[19]
-
et qu'il était en même temps un des haut-lieux des premiers trobadores et soneros
avec leurs guitares, très
et maracas.
Une première recomposition instrumentale sous forme d'hybridation
peut donc avoir eu lieu entre 1902 et 1914. Ajoutons encore que dans
l'état des recherches on ne connaît rien de concret sur les rapports
entre la tahona Los Songolatinos du quartier et la société La
Fayette, ou entre la première et la conga de Los Hoyos. Ce type de
question (et encore moins la nature des instruments des
bas-quartiers) n'intéressait pas du tout la presse de l'époque, dont
l'attention était dirigée vers les élites ou les clubs sociaux
républicains avec leurs soirées dansantes brillantes et policées et
n'affleure pas non plus dans les archives.
Au début des congas fut tenté un instrument à vent consistant en une
trompe taillée dans une corne de boeuf, qui existait déjà dans le
paysage sonore de la ville, mais de possibilités musicales très
limitées.
En 1915 apparaît au sein de la conga du Tivoli (dont la
comparsa se nomma cette année-là, toujours dans la même veine,
« Los
Columbianos »), l'instrument qui symbolisera ensuite le
carnaval santiaguero :
la corneta
china. Un employé des chemins de fer fut chargé de faire venir une corneta
china de La Havane. En effet, était utilisée par des musiciens du
quartier chinois de la capitale un instrument de la région de
Canton, dont nous savons aujourd'hui qu'il se nomme le suona, qui
avait attiré l'attention des fondateurs de la conga du Tivoli pour
sa force sonore, pénétrante et propre à traverser quelque tapis
percussif que ce soit comme à attirer les passants des pâtés de
maison environnant.
Dans la communauté
chinoise, cet instrument se déclinait en trois dimensions et selon
les historiens de celle-ci, elle ne l'utilisait pas en défilé.
S'il a pu être joué dans une comparsa de Matanzas où l'auraient
vue les conscrits santiagueros, c'est du fait d'une présentation
théatralisée des chinois par des Cubains dans une comparsa.
Pour les congueros et tous les Cubains à leur
suite, cet instrument prit le nom de corneta
china : corneta est un nom utilisé tant pour le cornet à
piston, que la trompe, le cor de chasse, le clairon.
Peu a importé que cette corneta soit en fait un hautbois
traditionel, l'appellation était scellée.
Cette corneta china fut jouée dans le défilé de carnaval, après
des essais tenus le plus secret possibles, par un
clarinettiste appartenant à une banda militaire, Juan
Bautista Martinez et il le fit sur un
cheval fort ornementé, ce qui donnait encore plus de relief à
l'événement.[20]
Les faits concernant la comparsa du Tivoli sont fermes et détaillés
et ne ma permettent pas d'ajouter crédit à une autre hypothèse
parfois évoquée, d'une origine de la communauté chinoise de Santiago
de Cuba (descendante des coolies ayant remplacés les esclaves Noirs
dans les travaux agricoles, comme dans l'Ouest de Cuba). Et pas plus
à celle de l'adoption d'un hautbois catalan.
La conga « Los nietos de Quirina » de Los Hoyos tenta d'utiliser en 1915 un cornet à piston, mais ce fut un échec car quand la conga du Tivoli traversa le quartier de Los Hoyos, la foule suivit la corneta china du Tivoli. L'année suivante, Los Hoyos avait tiré la leçon et défilait avec une corneta china (en la circonstance doublée de la variante la plus grande) et les congas qui furent crées dans les années suivantes utilisèrent toutes la corneta china.
Quand les congas ne pouvaient pas utiliser un cheval celui-ci était
substitué à l'occasion par un mulet ou sinon le joueur était porté
sur les épaules d'un conguero. Ces pratiques sont aujourd'hui
caduques.
Edenio
Betancourt "Neno", un des plus renommés des joueurs de corneta
china de l'histoire du carnaval de Santiago (musicien des Tambores
de Bonne dans les années années '60 ). Photo G. Gutiérrez.
Dans le quartier El Guayabito, où existait d'ailleurs une tumba
francesa, après des tentatives sporadiques de formation type conga
en 1914 et 1915, se crée en 1921 une conga à proprement parler. Elle
prend le nom du quartier tout en défilant cette année-là sous le nom
« El Lucero Encantado »,
corneta china en tête. Mais après un changement de quartier
d'un des fondateurs, Vitué, cette conga cessa d'apparaître jusqu'en
1952.
A Los Hoyos, se créa en 1925 une comparsa sous le nom de La
Invasión. Le nom faisait allusion à la fois à l'Invasion en
direction de l'Ouest de Cuba de la troupe libératrice commandée par
Maximo Gomez et Antonio Maceo pendant la première guerre
d'Indépendance et au parcours réalisé chaque année par la Conga de
Los Hoyos pour visiter ses concurrentes dans la carnaval (cette
tradition pré-carnavalesque devant d'ailleurs son nom à l'Invasion
indépendantiste). Cette
année-là elle ajouta, dans le but d'augmenter son volume sonore,
l'instrument conga aux bocus. Et obtint le premier prix.
Vitué organisa dans le quartier Mejiquito une conga, laquelle joua à
la manière d'El Guayabito. Mejiquito comprend les quartiers actuels
proches de l'avenue Santa Ursula, Flores, Municipal (El Hoyo),
Asunción & Villalón (une partition de la conga Mejiquito figure
in M. Galis p. 197). C'est aujourd'hui le quartier de San Agustín.
En 1926, se produisit une scission dans la conga du Tivoli, mais
elle se réunifia ensuite.
En 1929, seule s'organise la conga de Los Hoyos. C'est cette
année-là que furent substituée aux sartenes
des objets cylindriques d'origine automobile (voiture ou
camion) : jantes et surtout entourage métalliques de
frein : les muelas
ou campanas. La plus
grande fut nommée rallao (ou
uno-dos) et remplaça le pico
arado de provenance
carabalí, la plus petite fut nommée salidora
et pris la place des sartenes.
En 1930, il n'y eut pas de jury et un seul jour fut autorisé pour
les congas. Mais les congas présentes, de Los Hoyos et Mejiquito
furent amenées à avancer en vis-à-vis, ce qui eut pour conséquence
des bagarres -pour la préséance du passage, on suppose- et le
décès d'un jeune participant. Les défilés de comparsas
furent immédiatement interdits cette année-là.
Il n'y eut pas de défilés dans les dernières années de la dictature
de Machado (elle dura de 1925 à 1933) et les fêtes de carnaval
reprirent en 1935. La conga de Los Hoyos s'appela Regreso
de la Invasión (cf l'air de conga de ce nom relevé
par D. Mirabeau in
Répertoire
de chants de carnaval à Cuba).
L'innovation de cette année vint de cette conga et plus précisément
du jeune Santiago Guibert, Nanano, dont l'instrument conga
faisait entendre le son distinct « paaan » (en syncope
précédent la mesure). Ceci devint une caractéristique du toque
de cette conga.
L'année 1936 fut riche en événements :
-
La conga de Los Hoyos (avec pour nom « Los Ases sel
Edén »)[21]
-See
-
Se joignit aux deux campanas une troisième, le can,
avec un son unique répétitif marquant le tempo, plus grande que la
uno-dos.
La
galleta ou redoblante. Conga de Los Hoyos. Photo Daniel
Chatelain.
-
Dans la conga du Tivoli, un différent lors d'une
répétition dégénéra. Un jeune qui se vit refuser l'autorisation de
jouer les sartenes par le
titulaire de son instrument, blessa gravement ce dernier à l'arme
blanche et la conga ne joua pas.
-
Cette même année apparut la conga de San Pedrito,
sous le nom « Recuerdos de los Imperialistas
Modernistas ». Quelques membres de Los Hoyos, quartier voisin
de même composition sociale, dont les ouvriers portuaires,
participent à sa fondation. Le rythme fut le même que Los Hoyos,
mais plus rapide.[22]
En 1937, apparaît la conga de San Agustín, localisée dans la rue de
même nom, dans le quartier appelé auparavant Mejiquito. Elle reprend
le rythme de Los Hoyos, mais sans transmission par les congueros
de ce quartier. Cette
conga tenta d'utiliser une quatrième campana, de la dimension
imposante du cán mais qui
faisait le même rythme que la salidora.
L'effet produit eut pour résultat que des habitants du quartier
commencèrent à les appeler « Les maniseros »,
(littéralement « les vendeurs de cacahuètes), pour la
similitude de leur son avec avec un vendeur ambulant qui utilisait
une cloche à battant dans son commerce (avec le temps, la salidora
fut nommée mani tosta'o, soit "cacahuète grillée", onomatopée de son rythme).
Elle obtint le premier prix.
Selon Ramon Marques, de Cutumba, dans une déclaration faite à Daniel Mirabeau, il y aurait même eu un temps cinq llantas dans la conga de San Agustín et il nomme le vendeur ambulant : "le rythme mani totao a été intégré dans la conga de San Agustin par un manisero connu des années 30, "Mellano". Il jouait ce rythme sur sa caisse métallique pour attirer le chaland. Mellano appartenait à la conga de San Agustin. Ce serait visiblement San Agustin qui intègre en premier les llantas dans la conga. Il y en avait 5 avec chacune un rythme différent en 1937" (pour nous, Marques confond d'ailleurs multiplication des campanas par San Agustín et leur introduction, nous venons de voir que la chronologie de son introduction est autre).
Mais la quatrième campana (a fortiori une cinquième sur laquelle
nous n'avons pas d'autre source) fut ensuite abandonnée,
probablement pour le déséquilibre sonore créé vis-à-vis des
tambours.
Une discussion sur l'absence de résultat de la conga du Tivoli dans
les concours de défilé et une aspiration au renouveau conduisit un
membre de cette conga, Bernardo Vidó, Nino, à créer par
défi l'année suivante, 1938, la conga de Paso Franco au Sud de
l'avenue Trocha (celle-ci de création récente). Ce nom reprenait le
nom d'un groupe de rumba du quartier havanais d'El Cerro. Selon
Enrique Bonne, il fut choisi en réponse à Los Hoyos, qui avait
emprunté pour le défilé de l'année précédente le nom d'une autre
célèbre comparsa havanaise, Los Componedores de Batea. Mais
finalement, le nom resta. Son rythme fut celui de Los Hoyos,
beaucoup des exécutants, chef de la percussion compris, provenaient
de ce quartier relativement distant.
En 1938, Los Hoyos se divise, mais la branche principale « El
Imperio del Eden » gagne le premier prix sous une direction
bicéphale comportant le grand joueur
de corneta china Agustín Vera. Apparaît
une autre conga à la Placita, lieu plus connu pour son paseo.
En 1939, la conga du Tivoli n'arrive pas à se former, très affaiblie
par le départ de l'énergique Nino, qui fut suivi par un bon
nombre de ses membres. En honneur à la conga fraîchement disparue du
Tivoli, les membres du Paso Franco adoptèrent une variante du toque
columbia, qui était jouée
au moment de gravir une montée. Fait symbolique qui confirme Paso
Franco comme héritière de la tradition de la conga historique du
Tivoli.
Pendant la seconde guerre mondiale, le carnaval ne fut pas organisé
de manière stable. En 1940, seul fut autorisé le défilé le jour de
la Saint-Jacques. La
conga de Los Hoyos se réunifia à cette occasion et la jeune Ana Rosa
Limonta fut la première femme à jouer la campana « rallao »[23].
Mais le chef de percussion de Paso Franco, le boxeur Santiago
Coroneaux Vido fut abattu
en plein défilé de trois coups de revolver par un chef mafieux de
dockers, qui ne voulait pas du premier dans ses rangs. Les parcours
de congas furent immédiatement interdits. Un
jury se forma cependant sur l'avenue portuaire El Alameda l'année
suivante.
Gladys
Linares "Mafifa", la plus célèbre femme percussionniste du carnaval
de Santiago. Collection Miké Charropin
Le carnaval revit véritablement en 1945. En 1946, le percussionniste Pillilí de Los Hoyos, où il était entré comme redoblante l'année précédente, commence à jouer son instrument avec deux battes, ce qui devint une particularité de la conga de Los Hoyos dans les années suivantes. Celle-ci, sous le nom de « Los Ases del ritmo » obtient le premier prix. Dans la même période du grand Pillilí, se distingue le joueur de bocú quinto Alberto Hechavarría « Albertico Makindó ». Ce ferronnier attentif au son de ses peaux soigneusement choisies (de la peau de vieux bouc) utilise des mécaniques à clé pour accorder son instrument (deux ans auparavant, des mécaniques étaient apparues sur l' instrument conga à La Havane, innovation de Basileo Pozo "El Colorao").
En 1947, Los Hoyos organise « Los Hijos del Cocoyé (« Les fils du Cocoyé » : c'est-à-dire de la tumba francesa du même nom). Devant le jury, des membres de la tumba francesa jouèrent, chantèrent et dansèrent et ce « gallo tapado » (litt : « coq caché », un tableau-surprise) fut un atout-maître pour que cette conga obtienne le premier prix. A la suite, la conga de Los Hoyos, de l'Est à l'Ouest du pays fut synonyme d'El Cocoyé (la société de tumba francesa de ce nom, disparut, elle, dans les années 50). Parfois prononcé faussement Cucuyé par les Havanais.
Cette même année réapparaît la conga de San Pedrito après onze ans
d'interruption. Y débute le quinto José Ramón Camacho Basaura Monguito
(qui passera ensuite à la conga de Trocha Sud puis finit par devenir
le populaire quinto de la conga de Los Hoyos).
José
Ramón Camacho Basaura Monguito à son domicile (années '90). Photo Olivier Lainé.
En 1949, tandis que Los Hoyos obtient le premier prix, San Agustín,
sous le nom « La clave del Ekue »
fait intervenir une danse de masque abakua, un « diablito »
-ou plus correctement Ireme-
qui évolue sur un rythme inspiré de celui des confréries abakuá de
La Havane. La fonction du masque était réalisée par un véritable
initié abakuá d'une potencia de La Havane, cependant santiaguero.
En 1950 Paso Franco se divise en deux, tandis qu'apparaît de nouveau une conga à La Placita.
En 1951, San Agustín fait sensation avec ses grandes capes
illuminées grâce à des piles électriques, ses turbans et bottes
blanches, le peuple les baptisent « Los Millonarios ». Tout était cependant autofinancé par les
participants, qui avaient en tête d'avoir le niveau des carnavals du
Brésil pour les parures.
En 1952, Los Cangrejitos ( littéralement « Les petits
crabes », un quartier prolétaire près du port) a sa propre
conga (qui disparaît par la suite). El Guayabito réapparaît. San
Agustín continue sur sa lancée, avec ses fastes, pour emporter le
prix.
En 1953 Paso Franco se réunifie. Au petit jour du 26 juillet, en plein carnaval, les rebelles de Fidel Castro attaquent, par surprise, la caserne Moncada, premier fait d'arme qui conduira à la chute du dictateur Batista en 1959. Un des premiers morts de l'assaut se révéla être un comparsero qui défilait auparavant dans La Kimona (photo dans la partie 3.). Le carnaval est bien entendu immédiatement suspendu et les kiosques, ces constructions provisoires de bois et de bambou faîtes pur y manger, boire et danser, détruits. Le chanteur Benny Moré qui animait les soirées-dansantes du carnaval, réussit de justesse à quitter la ville enserrée par les cordons militaires, grâce à son prestige grandissant.
Conga Alto Pino au moment de l'Invasion. Juillet 2004. Au premier plan à gauche, le can. Photo Daniel Chatelain
En 1954 naît la conga Alto Pino. Son thème s'appuie sur la tradition
de tumba francesa qui
existait sous ce nom dans le quartier d'El Guayabito, face à un
grand pin (alto pino) : « El origen de Alto
Pino » (L'origine de...).
En 1955, la conga de Los Hoyos défile avec un bateau évoquant la
"découverte" de l'Amérique. Cette "descubierta" devient à son tour
légendaire.
Comparsa de la conga de Los Hoyos en 1955. Au premier plan le leader Chan (Sebastían Herrera Zapata). Collection Daniel Chatelain.
Avec la Révolution, une conga apparaît à Chicharrones & Veguita de Galo, deux quartiers populeux du Sud (1960). L'échec total et la désintégration qui s'ensuivit confirma le faible apport de ces quartiers à l'histoire du carnaval (une conga réapparaît cependant à Veguita de Galo au XXIe siècle).
En 1961, le compositeur Enrique Bonne, par ailleurs dirigeant du
carnaval, forme un orchestre géant de percussions connu comme les
tambores de Oriente ou Tambores de Bonne, mélangeant instruments de
la conga, tumbadoras et instruments afro-cubains d'origine rituelle,
comme les chékérés
(et plus tard les tambours batas de Galibata). Figurent aussi au
début des rumberos, dont va se séparer finalement Enrique
Bonne et qui vont fonder l'année suivante le premier groupe
professionnel de rumba de Santiago, les Folkloyumas. D'autres
rumberos du port formèrent le gros des effectifs masculins initiaux
de la troupe folklorique pionnière Ballet Folklórico de Oriente. Aux
début, la majorité des Tambours de Bonne sont constitués de congueros,
principalements des congas San Agustín ou Los Hoyos, dont le fameux
Pililí, mais aussi de Paso Franco dans une moindre mesure.
Los tambores de Bonne font sensation à La Havane en 1962 avec leurs 54 participants. Ils donnent l'idée aux dirigeants du carnaval de La Havane de créer un orchestre de 100 percussionnistes, mais Enrique Bonne décline l'offre de le diriger. Le projet est confié à Pello El Afrokan, qui l'essaie une première fois avec ce nombre de musiciens sans beaucoup de résultat. En 1963, ce dernier réduit le nombre de percussionniste et ajoute des cuivres et naît l'orchestre qui va lancer le style Mozambique.
Contrairement à Pello El Afrokán, Enrique Bonne garde la seule
corneta china pour donner la ligne mélodique. Les tambores de Bonne
montent exceptionnellement leur nombre à 150 dans un spectacle de
carnaval, mais revient au nombre initial, puis se réduit en
plusieurs étapes, jusqu'à 21 participants.
En 1966, avec la comparsa de Los Hoyos « Africa en Cuba »
apparaissent pour la première fois les tambours batas dans le défilé
de carnaval de Santiago, comme gallo tapado (cf partie 3).
Ils furent joués par les santiagueros Mililián Galis, Buenaventura
Bell & Julio Cecé, pionniers locaux dans la maîtrise des rythmes
de ces instruments et accompagnés de chants yoruba par Roberto
Salazar.
La même année, El Guayabito présente « Los Papiantes » en l'honneur à la tumba francesa du même nom, on y joue devant le jury un toque de la tumba francesa (avec de nouveau M. Galis, Roberto Salazar, Julio Cecé et autres) et les danseurs de tumba francesa tressent les rubans autour du mât de tahona.
Tambours
batas dans le carnaval (années 2000). Photo Daniel Chatelain
En 1971, tous les bocus sont équipé de clétages mécaniques pour leur
tension.
Depuis lors, il n'y a pas d'évolution saillante de l'instrumentation
des congas. Une particularité acquise de la conga de San Pedrito par
rapport aux autres congas est son plus grand nombre de bombos de
dimensions différentes (cinq au lieu des trois ou quatre
traditionnels). Un instrument comme le trombone peut apparaître de
façon sporadique en complément de la corneta china dans les
rencontres de conga. Les souffleurs du coquillage guamo
participent actuellement au paysage sonore autour des congas.
Dans une formation de conga, c'est le nombre de bocus, fournissant
une sorte de tapis rythmique qui est la plus grande variable, il
peut aller jusqu'à 16 ou 20 si la conga réunit assez
d'instrumentistes et d'instruments...
Dans les années 2000, au cours de l'invasion traditionnelle de la
conga de Los Hoyos visitant les autres congas (à l'exception de San
Pedrito, décentrée dans le parcours quasi-circulaire), s'insèrent en
fin de marche les tambours batas et chanteurs de santería
du cabildo San Benito de Palermo, de Los Hoyos ("tambours de Pipo"),
sans la turbulence du cortège qui précède.
Ils jouent aussi dans une deuxième invasion annuelle, qui a pris sa
place deouis deux décennies à la veille du nouvel an et fait, comme
l'invasion carnavalesque originelle, le tour de la partie centrale
de la ville en six heures environ, la conga étant suivie de la
population de quartiers populaires périphériques... D'autres
occasions s'offrent aux congas pour apparaître et renouer les liens
avec leur public : traditionnels défilés de quartier avant le
carnaval, final des défilés du Festival del Caribe (dévolus à Los
Hoyos, sinon San Agustín), 1er mai, ainsi qu'un lien indissoluble
entre conga et équipe de base ball de Santiago dans les stades...
Dans tout Cuba, la seule conga qui a bénéficier jusqu'ici de voyages dans la capitale et à l'étranger est celle de Los Hoyos (dont Santo Domingo, France en 1992 et 1998, Nouvelle-Orléans - USA en 2017). De par ses contacts avec le public étranger, elle a adopté, outre le défilé, une formule de concert, avec jusqu'ici un seul instrument à vent à la fois, la corneta china pouvant être substituée par une clarinette ou un saxophone quand est jouée la palette des autres styles de la musique populaire cubaine autres que la conga : son, danzón, pilón (affectionné car originaire du quartier) etc. Elle a aussi participé à différents projets discographiques (Alfredo Rodríguez, Jane Bunnett, Sur Caribe, Havana D'Primera...). La collaboration avec Sur Caribe, avec en 2006 un clip de fort impact de la chanson « Añoranza por la conga » (Nostalgie pour la conga), qui reliait de manière renouvelée la Conga de Los Hoyos à son quartier, a été à la source d'une réapparition du style conga dans la musique populaire cubaine orchestrée[24].
Lien
vidéo : AÑORANZA POR LA CONGA - Ricardo Leiva y Sur Caribe, avec
la Conga de Los Hoyos
Conga de Los Hoyos en concert. A la corneta
china : David Mesa Ibarra « Guarani », également
clarinettiste et saxophoniste (ex-Orquesta Chepín Chóven). Vers
2000. Photo Daniel Chatelain.
Mais le nombre de congas continue d'évoluer, avec l'apparition au début du XXIe siècle de la conga de Los Muñequitos (du nom du parc d'une avenue de l'actuel quartier de Los Olmos, dans le périmètre historique de Los Hoyos). Cette conga justifia sa dissidence en s'opposant comme « jeune » face aux « vieux de Los Hoyos ». Mais entretemps cette dernière a subi un changement de génération quasi-complet avec un jeune directeur musical (Lazaro Banderas Mallet), ce qui ne rend plus valide cette argumentation.[25] Egalement se sont installées dans le paysage du carnaval les congas adultes et enfantines de Veguita de Galo (voisine de Paso Franco et de la carabali Olugo).
Bannière
dans le foyer de la Conga de Los Hoyos, début années 2000 (Photo
Daniel Chatelain)
En parallèle, il y a une création permanente de nouvelles pièces musicales en vue du passage devant le jury du carnaval de l'année suivante. De nouvelles combinaisons rythmiques, chants et chorégraphies contribuant au « Gallo tapao ». Los Hoyos ou San Agustín intègrent, en particulier en situation de spectacle ou lors des "visites de conga" précarnavalesques (une conga suivie de ses supporters du quartier visite une conga hôte, la salue et la défie) des scansions de type refrain de timba sur le modèle de la Charanga Habanera. La conga continue d'être une tradition en évolution permanente.
L'intérêt de musiciens étrangers pour la polyrythmie des congas s'est concrétisé par des échanges culturels dans ce domaine. Ainsi la "conga allemande" Taka Tún a participé au carnaval de Santiago et plusieurs fois au Festival del Caribe qui le précède en juillet, caractérisée par une adaptation ergonomique du portage des instruments concordante avec à la majorité féminine de ses participants. Ritmacuba, après des échanges avec la Conga de Los Hoyos, a participé les dix dernières années au défilé de carnaval de Santiago de Cuba, avec conga et comparsa de participants européens et canadiens, aidée par la logistique de l'Alliance Française de Santiago de Cuba et, récemment, de la maison patrimoniale du café, la Casa Dranguet.
Echange
culturel Conga de Los Hoyos / Ritmacuba 2004. Campanas, bocus,
tamborita (masquée), corneta china.
Les comparsas ou paseos étaient un élément essentiel du carnaval dès
le début de la République et dès
cette époque un jury, siègeant devant l'hôtel de ville (ayuntamiento)
attribuait les récompenses du concours, où intervenait la qualité du
« gallo tapado »
(« coq caché ») : cette expression, issue de la
tradition hispanique des combats de coq, désigne une surprise
élaborée par chaque comparsa, qui ne se découvre que devant le jury,
de façon à emporter l'adhésion de celui-ci comme des spectateurs.
Les comparsas comptaient alors près d'une centaine de personne, avec
une majorité masculine (quand ce n'était pas l'exclusivité). Les
hommes avaient des pantalons blancs, des chemises pastels et des
chapeaux, les femmes arboraient des coiffures ornées de fleurs,
rubans, les hommes prenaient aussi souvent les rôles féminins et
revêtaient leurs costumes et parures.
Sur le plan musical la comparsa comportait une chanteuse soliste, un
choeur responsoriel, une douzaine de guitares et un nombre variable
de maraqueros (joueurs
de maracas).
Quand les formations percussives de congas apparurent, précédées
elles aussi du défilé d'une comparsa évoluant à leur rythme
(signalons au passage que c'était déjà le cas antérieurement de la
Carabali ou la tahona) s'opéra la distinction entre paseo et conga,
deux
formations biens différentes dans leur esprit musical et
chorégraphique.
Ainsi, il serait faux de dire que paseo et
comparsa sont synonymes, car dans le cadre des défilés de carnaval,
les congas, d'ordinaire informelles dans leurs déambulations, se
transforment elles aussi en comparsas organisées avec leur
chorégraphie dans le cadre de la compétition du défilé de carnaval.
Selon Enrique Bonne, le nom lui-même de paseo serait issu du nom du
Paséo del Prado de La Havane où se faisaient le défilé de carnaval
dans la capitale.
En 1923 un paseo nommé « Los Yankee Bacardi » expérimenta
l'utilisation d'instruments de jazz, en plus des guitares et
maracas, avec des trombones et saxophones, caisse claire plus
triangle (en guise de batterie). Ce cas resta isolé.
En 1926 un paseo utilise la même tamborita que la conga de Los
Hoyos, dans une autre le percussionniste de la Banda Municipal
Isidro Belrán intègre la tambora et
joue le rythme masón de la
tumba francesa. L'entrée des tambours dans le paseo commence à être
dans l'air.
En 1929 Antonio Casacó organisa dans le Tivoli le paseo
« Recuerdo del pasado » ou « El lirio blanco ».
Il révolutionna l'instrumentation du paseo en réduisant, grâce aux
frères Juan (Manén) et Luis Manzano, dits « Los Pichones »[26]
le nombre de guitares tout en introduisant saxophones, clarinettes,
trombones et trompettes. Soit
dit en passant : des instruments habituels dans les concerts en
plein air de l'institutionnelles banda municipal de Santiago. Les
répétitions durent se faire en plein air. Les Pichones organisèrent
à eux deux une comparsa en 1930, selon la même instrumentation.
LP Le Chant du Monde. 1967
Quand les répétitions reprirent en 1935 après les interruptions de la dictature Machado, les Pichones organisèrent avec grand succès un paseo. Ils ajoutèrent différents bocus, des cloches à main et un bombo. Les Yankees se réorganisent la même année et, sous l'influence des Pichones, éliminent les guitares au profit des mêmes instruments que le paseo de ces derniers. Les autres paseos suivirent progressivement. Un groupe de jeunes, tous masculins, de La Placita participent en représentant ce quartier.
Les Pichones récidivèrent
leur dispositif et l'organisation de paseos à chaque carnaval (sauf
interruption de celui-ci) jusqu'en 1965. Remarquons le thème de
l'année 1937 « Los rumberos del Eden », dont le gallo
tapado fut une danse de rumba abierta par le
populaire rumbero Emilio Benavides « El Diablo Rojo », où
encore l'intervention dans le même cadre du célèbre trovador Sindo
Garay en 1945. En 1937 apparaissent les kimonos de soie de La
Kimona, au début sans la moindre musique. Ils trouvent leur hymne
musical, "la linda Kimona" en 1939.
Les liens entre le commerce et l'industrie locale et les paseos sont
étroits, le patronanage des firmes de tabac et de rhum se retrouvent
systématiquement à cette époque dans le nom des comparsas. En 1938,
le premier véritable paseo de la Placita, La Juventud del Edén,
du nom de la marque de cigarette, est aussi patronné par le savon
Candado et le costume des jeunes gens est celui d'une lavandière
selon les canons locaux, avec de grands anneaux aux oreilles ; il
gagne un 2e prix à la suite de quoi La Placita s'absente une dizaine
d'années.
Relevons aussi l'utilisation de chancletas (percussion collective des danseurs munis ce claquettes à semelles de bois) dans les paseos, ainsi « Juventud de Los Hoyos en 1949 ». Les santiagueros sont sensibles au fait que les danses de chancletas, semble-t-il adoptées ensuite à La Havane, Matanzas ou Camagüey, est bien une tradition née chez eux.
Musiciens
de paseo (capture d'écran d'un film amateur de 1949). Santiago de
Cuba.
Dans les années '40, les différentes marques de bière locales
financent des chars, les "carrozas" faisant étalages de
beautés féminines. Les carrozas ne s'intégreront vraiment dans le
défilé de carnaval qu'après la Révolution et il y eut un moment où
tant les paseos que les comparsas des congas avaient leur char.
Dans les années '50 les paseos sont d'ordinaire encore composés uniquement d'hommes dont une partie arbore les costumes et maquillages féminins. En 1953 La Placita doit recevoir pour la première fois un premier prix, ce qui n'eut pas lieu à cause de l'assaut de la caserne Moncada.
Vers 1963 apparaissent dans le défilé la comparsa de Muñecones (grosses têtes), inspirées de celles du carnaval de Nice, mais représentant au début des personnages de dessins animés vus à la télévision. Les muñecones ont bien entendu leur orchestre ambulatoire de paseo.
Les paseos actuels ont une double origine, soit de la tradition d'un
quartier, comme La Placita, soit représentant des secteurs
d'activité, donc des divisions étatiques : Textilera (industrie
textile, secteur-clé pour les costumes), Industries légères etc...
Le paseo de la Kimona constitue une catégorie à lui tout seul, avec
son thème vestimentaire toujours asiatique.
Il y a dans la situation actuelle une
contradiction entre la caractère ambulatoire et furtif d'origine et
les spectacles organisés, dont les enchaînements musicaux
(enregistrés) et chorégraphiques devant le jury, qui peuvent durer
jusqu'à une demi-heure dans le cas des paseos "vedettes" et bloque
toute évolution en amont. Actuellement, les jours de compétition,
une fois passés les carabalí et la tahona, s'intercalent, en
particulier, différentes congas, des paseos et les chars.
Outre une formation d'instruments à vent (trompettes, saxophones,
trombones), les paseos actuels de santiago de Cuba utilisent, trois
cencerros,
deux bombos (tambora,
tamborita) et deux tumbadoras (congas) : salidora & llamador
(cf. partition M. Galis p. 185). Il n'y a pas de sartenes. Les bombos de paseo sont plus légers à porter que
les bombos des congas orientales (et de facture comparable celles
des congas occidentales).
De par l'histoire de la partie percussive de l'instrumentation des paseos et l'empreinte des rythmiques locales (similitude ryhmique avec la conga oriental pour le jeu des cencerros par exemple), on ne peut cependant pas réduire l'instrumentation des paseos santiagueros à une réplique de celle des formations carnavalesques de l'Ouest de l'île, comme il peut être tentant de le faire à première vue.
La compétition entre les paseos pour le carnaval a pour conséquence de mobiliser la grande majorité des instrumentistes à vent de la ville.
Les arrangements musicaux des paseos ont pour traits
caractéristiques :
-
le caractère massif de la mélodie jouée par les vents.
-
l'homorythmie, de une à trois voix, favorisant l'efficacité
rythmique du groupe.
-
l'absence
habituelle d'une ligne de basse dans les vents.
Le
caractère déambulatoire du paseo favorise la simplification vers une
égalisation homorythmique.
La plupart des paseos, des congas et les traditionnelles "centenaires" (les Carabali et la Tahona) ont, en complément, une formation correspondante composée d'enfants (avec des participations d'adultes pour certains instruments), qui participe à la compétition séparée des formations enfantines passant, elles aussi, devant un jury. Ce carnaval infantil, fêtant ses 25 ans en 2018, est bien entendu un vivier du renouvellement des musiciens et danseurs participant au carnaval adulte, opère comme une première formation des enfants et est apte à déclencher des vocations pour les élèves des écoles d'Art, des troupes de tradition afro-cubaine, ruedas de casino etc. Depuis 2013, le carnaval des enfants a une directrice dynamique et populaire, née curieusement à Leningrad, Nadiezhda "Nadia" Babanova.
Depuis quelques années, ce "carnaval
infantil" a lieu en début de soirée, après les heures les
plus chaudes, plusieurs jours de suite et précède de quelques jours
le carnaval proprement dit (actuellement équivalent à une semaine,
du 21 au 27 juillet), prenant place dans les manifestation
pré-carnavalesques de la troisième semaine de juillet. Lesquelles
comprennent aussi un carnaval nautique, avec des congas ou
orchestres de paseo installés sur des bateaux parcourant la baie,
chaque bateau représentant un secteur d'activité et réunissant des
compagnons de travail dans une ambiance festive.
Daniel Chatelain, 2017/2018
Dernière
révision : 16/04/2021
D.R.
Calendrier "Peace for Cuba", 1998.
SOURCE
PRINCIPALE :
GALIS
RIVERI, Mililián, La percusión en los ritmos afrocubanos y
haitianos-cubanos, Ed. Caserón, UNEAC, Santiago de Cuba. 2017
(Diffusion en France www.ritmacuba.com : http://www.ritmacuba.com/La_percusion_en_los-ritmos_afrocubanos_y_haitiano-cubanos_Mililian-Galis.html)
AUTRES
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VIDÉOGRAPHIE
-
Santiago en carnaval, documentaire. Texte de livret de
Rafael Duharte Jimenez. DVD/CD Bismusic, La Havane. 2013.
Chaîne
Ritmacuba de Youtube :
-
Playlist « Conga de Los Hoyos », http://www.youtube.com/playlist?list=PLD-BwTcw9htEncIZI4GcAUvpkdmadBnda
-
Playlist « carabali »,
http://www.youtube.com/playlist?list=PLD-BwTcw9htE8q8hPjWjitb8iVjrY1xUh
-
Playlist « conga, comparsa, carnaval » https://www.youtube.com/playlist?list=PL868F6645136C0A33
-
Playlist tumba francesa & tahona
DISCOGRAPHIE
LP
Carnaval en Santiago (San
Augustin, Los Hoyos, La Kimona, La Carabali...), LP Siboney 212.
1959.
LP Carnaval à Santiago de Cuba. Le Chant du Monde LP 4250. 1967.
LP Bembé, batas y, shekerés, Los tambores de Enrique Bonne, LP Egrem LD 375, La Habana. 1987.
CD
Son en percusion, Enrique Bonne, CD Egrem 0209, Santiago de Cuba.
1996 (ré-édition de LP).
CD
« Cuba Linda » Alfredo Rodriguez, Hannibal/Rykodisc.1996.
CD
Calles y congas .
EGREM 0176. 1996.
CD
Credenciales, Ricardo Leyva
y Sur Caribe, Egrem 0756. 2005.
CD
Jane Bunnett « Alma de Santiago », Termidor. 2008.
CD
Conga De Los Hoyos, Carnival Music Of Eastern Cuba, World Audio
Foundation, UK. 2009.
CD
Santiago en carnaval, pack CD/DVD Bismusic, La Havane. 2013
ALBUM
PHOTO
Album
rétrospectif sur la Conga de Los Hoyos :
[1]
Mililián Galis Riveri. La percusión en los ritmos
afrocubanos y haitianos-cubanos. Ediciones Caserón. UNEAC,
Santiago de Cuba, 2017.
[2]
2a : La comparsa du cabildo congo était décrite dans la
période coloniale comme comparsa conga (= « des
Congos), ce qui peut être source de confusion par rapport à notre
sujet. Cf description de Walter Goodman « un artista en
Cuba », p. 134.
2b : Dans
la région orientale, les esclaves d'origine bantoue, dits congo à
Cuba ont toujours été prépondérants, segondés en nombre par
l'ensemble meta-ethnique carabalí.
[3]
Cf l'article de Daniel Mirabeau "Cabildos de nation carabalí à
Santiago de Cuba", 2014. Pour l'explication du cabildo
dans ce contexte, nous renvoyons à cet article.
http://www.ritmacuba.com/cabildos-comparsas-carabalis.html
[4]
Les cabildos carabali de la période coloniale étaient repérés sous
les noms suama, vivi,
osese, elugo ou olugo.
[5]
Plus de détails : Daniel Mirabeau, op. cit, Mililián Galis,
op. cit. p. 128-129
[6]
Il a existé une troisième comparsa carabali nommée « La bata
amarilla », liée à la Plaza de Marte, mais son existence fut
météorique. Par contre il existe aussi, de manière très stable une
comparsa carabali à Guantanamo (ville d'ailleurs fondée au XIXe
siècle), qui apparaît pendant le carnaval de la deuxième semaine
d'août de cette ville. cf. Daniel Mirabeau
"La
comparsa Carabalí de Guantanamo"
[7]
Plus de détails : Daniel Mirabeau, op. cit, Mililián Galis
op. cit. Nous avons considéré le mot carabalí, d'origine
africaine, comme invariable, non accordé au pluriel.
[8]
Mot espagnol d'origine arabe
signifiant moulin.
[9]
Il était fréquent qu'un propriétaire d'un esclave le laisse
exercer un office dans un cadre professionnel pour mieux profiter
financièrement de son savoir-faire.
[10]
José Maria Pérez, chronique « Santiago en 1800 » cité
extensivement par Rafael Duharte dans le livret CD/DVD
« Santiago en carnaval »
[11]
Plus de précisions sur la tahona dans l'article de Daniel Mirabeau
http://www.ritmacuba.com/rythmes-danses-haitiennes-Cuba.html,
partie 1 : "Les apports
musicaux liés à l'immigration à Cuba des colons de la
Saint-Domingue française" .
[12]
Une tahona a survécu à Songo La Maya (ville entre Santiago et
Guantanamo), empruntant certains éléments instrumentaux de la
conga, comme les campanas.
[13]
D. Mirabeau, op. cit. « 1902, le maire de Santiago supprime
les défilés des comparsas carabali pendant le carnaval. La Olugo
brave l'interdit et effectue un court défilé, avec des bannières
représentant des noirs crépus en guise de protestation»
[14]
Ce n'est qu'une hypothèse, mais il serait logique que la vitalité
des tahonas, rurales ou même peut être urbaines ait été affectée
pour les années suivantes.
[15]
M. Galis y décerne quant à lui une influence rythmique du gagá
(apporté par les travailleurs agricoles haïtiens).
[16]
Chants dans M. Galis, op. cit. pp 188-189.
[17]
Même si ceux de Los Hoyos,
avaient une réputation de braver les interdits.
[18]
Los Hoyos era una comparsa,
pero luego se convirtio en congas. (p. 219). Voir
bibliographie.
[19]
dans lequel, puisque rien n'est
simple, on « dansait français ».
[20]
Selon Fernando Ortiz, la corneta
china se fit entendre dans le carnaval de La Havane avant celui de
Santiago de Cuba : « A
comienzos de este siglo, (siglo XX), cuando se restauró en La
Habana la folklórica costumbre de las comparsas carnavalescas,
esa música china se oyó por las calles y plazas de la capital,
llevada por una de las comparsas afrocubanas llamada los Congos
Libres, cuando esta se transformó el año siguiente en la
titulada Los Chinos Buenos, quienes iban con su música de
cantos e instrumentos percusivos articulando las frases
melódicas con la trompetica china. (Ortiz, 1955,
pp.339-340). Mais dans le processus de substitution de la voix
soliste dite clarin pour
dominer le nombre croissant de percussions, ce fut la
trompette qui l'emporta dans la capitale (cf. Patrice Banchereau,
site Lameca).
[21]
Eden : nom de la marque de cigarette qui patronnait le
carnaval depuis 1935 aux côtés du rhum Bacardi et de la
Municipalité.
[22]
Précisions sur cette
création par Ismael Sambra: "La
comparsa se presenta por primera vez en los carnavales del año
1934, cuando Rafael Rivas, más conocido por Nagua, decide reunir
a un grupo de muchachos de la barriada, que por entonces
alborotaban las calles con toques improvisados con latas,
cajones y cantos, a ritmo de conga de carnaval, para crear una
conga de barrio y presentarse en los desfiles de carnaval, cuyo
escenario era la avenida de la Alameda. Rafael Rivas había
acumulado experiencia en este tipo de actividad organizada y por
ello se convirtió en cabeza de comparsa, como se le llamaba
entonces al director" (Millet y Brea, 1992).
[23] Mais c'est une autre femme qui devint par la suite populaire, voire légendaire par son utilisation de son instrument dans la conga de Los Hoyos : Gladys Linares. Il faudra attendre la décennie actuelle pour avoir de nouveaux exemples de jeunes femmes jouant les lourdes campanas. http://www.ritmacuba.com/Femmes-percussions-orchestre-musique-Cuba.html
[24]
Album Credenciales. Cf page archive : http://www.ritmacuba.com/SurCaribe.html
[25]
Avec pour conséquence l'intégration de membres d'une génération
intermédaire de Los Hoyos dans la formation « Los Tambores de
Bonne », qui a retrouvé une nouvelle vitalité ces dernières
années dans les fêtes de carnaval, passage devant le jury compris.
[26] Nom plutôt moqueur d'ordinaire réservé à des enfants d'immigrés haïtiens, pour leur utilisation d'un mot franco-créole : « pigeon » .
EPILOGUE :
Las
gentes de Los Hoyos
Se
van para el Tivoli
Y
los del Tivoli
Se
van pa' Los Hoyos
Ya
no es como en otros tiempos
Que
se formaban los rollos
Ahora
queremos vivir
Saboreando
un pollo
Pa'
Los Hoyos
Yo
voy a rumbear
Voy
a guarachear, a guarachear
Mi
negra me voy, que yo me voy
Te
voy a llevar, a llevar
Los
Barrios de Santiago, son de Francisco Repilado
(Compay segundo) & René Télles, repris en conga par Los
Compadres
Lllegaron los Compadres, Los Compadres, Fuentes 206601, 1954
Caña tabaco y ron, Club musical Oriente Cubano, CD Egrem /
Amiata, 2004, Santiago de Cuba
http://www.deezer.com/album/41105
Pour les
textes de chants de conga, voir le collectage de : MIRABEAU, Daniel,
Répertoire
chanté du carnaval cubain / Cancionero
de los carnavales cubanos
ritmacuba.com