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Documentation : Lexique des percussions cubaines
Ces chroniques obéissent aux critères de l'analyse critique et sont indépendantes de tout intérêt, commercial ou autre. Elles n'engagent que leurs auteurs respectifs.
Estimations de www.ritmacuba : [R#] = pour information - [R+] = intéressant - [R++] = très intéressant - [R+++] = exceptionnel - [R++++] = indispensable.
- CHANGUITO / PATATO / ORESTES : “RITMO Y CANDELA, rythm at the crossroads”
- ORLANDO POLÉO : “Cimarroneando”
- ORLANDO POLÉO : “El buen camino”
- Mongo SANTAMARIA “Arriba!”
- Mongo SANTAMARIA : Les Incontournables (de) "Mongo SANTAMARIA"
Depuis la révolution cubaine et un certain embargo, s’est constituée une barrière artificielle entre la musique latine développée aux États-Unis et la dynamique interne de la musique de l’île (bien que le cordon n’ait jamais été coupé). Plusieurs expériences récentes rompent cette barrière, autrement que par de nouveaux exils. Cette expérience-ci offre une rencontre de rêve entre trois innovateurs de cette musique : d’abord deux cubains de deux générations différentes et séparés jusqu’ici par l’océan, l’emblématique cubain de New-York Carlos “Patato” Valdès, et Changuito, co-inventeur des rythmiques modernes du songo (aux côtés de Juan Formell) ; avec pour fermer le triangle Orestes Villato, timbalero absolument enthousiasmant qu’on a pu voir aussi bien avec Ray Barretto, Santana, Cachao, la Fania, que Jackson Browne. Le disque est construit autour de la descarga entre nos trois valeureux percussionnistes.
Dans leurs rôles respectifs habituels, Patato sur son set de congas, Changuito à la batterie et Orestes aux timbalès, les affinités de ces virtuoses éclatent au grand jour, Changuito bousculant les classifications de style par de complexes fusions rythmiques (plages 2, 5, 6), attirant dans l’orbite latine le groove R N’ B, tandis que l’interprétation très personnalisée de Patato du rythme de comparsa entraîne les autres musiciens sur les rives des divinités afrocubaines. Mis en confiance, ils n’hésitent pas à nous surprendre par des démonstrations d’habileté sur d’autres instruments : solo de bongo d’Orestes (1) ou de Changuito (4), lesquels s’illustrent aussi aux congas : Orestes sur un calypso/plena (!) fort en épices accompagnant les steel drums de Jeff Narrell (7), Changuito complétant un trio de chékérés dans un “güiro à Ogún” (8), le sens mélodique qu’il y démontre justifiant de s’emparer des congas les mieux accordées au monde, celles de Patato.Le disque se termine par une performance publique enchaînant les improvisations des maestros, pleines d’expressivité, de nuances subtiles, grâce à une maîtrise technique atteignant les sommets, étalant à eux trois une palette de timbres éblouissante. Rebecca Mauleon (p) est le (!) quatrième mousquetaire de cet album, contribuant très talentueusement à la réussite de ce latin jazz qui croise les rythmes, sous la bienveillance de la divinité des carrefours. Bienveillance efficace puisque l’album a bénéficié d’un Grammy Award! Livret fourni de 8 p. en anglais. [R : +++] © Daniel Chatelain.
(première parution : PERCUSSIONS première série, n°47)
N.B. Ce 1er opus a Ãtà suivi d'un "Ritmo y Candela 2 en 1997.
- « MARACA » (Orlando VALLE). Soy yo » - CD - Nocturne 0TCD 991 (Nocturne) –56 :08 – 2005.
Les talents du flûtiste virtuose — auteur, compositeur, arrangeur, leader au surnom percussif — sont aujourd’hui bien connus & nous sommes loin de mes efforts, inclusivement, au sein de PERCUSSIONS, pour faire connaître un de ses premiers albums qui renouvelait l’approche des rythmes afro-cubains, « Havana Calling » (1997) avec l’aide du batteur « El Peje » & du percussionniste Roberto Vizcaino. Ce sixième ou septième album — selon que l’on compte ou non un Best of de ses morceaux dansants — est à la hauteur voulue dans le cadre imposé de la « timba » cubaine. Le maintenant vénérable (soixante-quinze ans) & toujours brillant Tata Güines est ici invité pour un solo de percussion qui fait exception dans l’album, car l’affaire est ailleurs. Rafael Valiente assure au bongo, congas, batas & cloches, tout comme Juan Carlos Rojas « El Peje », batteur souverain est toujours fidèle au poste qu’on lui connaît depuis une dizaine d’années. On rêverait que de tels talents puissent s’exprimer plus que dans ce cadre imposé de musique dansante. La production est peaufinée, mais je suis personnellement plus comblé dans les concerts généreux de cette fine équipe. Après ce dynamique « Soy yo » (C’est moi), peut-on espérer un « Somos » (C’est nous) avec des ingrédients jazz & afro-cubains traditionnels plus prononcés incitant à de nouvelles interactions ? « Maraca » a plus d’un tour dans son sac pour nous servir de brillants projets concernant les rythmes cubains, il a toutes les armes pour nous combler (sous cette forme ou sous une autre). [R++] © Daniel Chatelain.
- John SANTOS& the MACHETE ENSEMBLE: "Brazos abiertos" - CD – Machete Records 203 (Import) – 61 :01 – 2003. Instrumentistes : David Belove/ctb, John Calloway/fl, Andy González/ctb, Murray Low/po, Melecio Magdaluyo/sx-bt, Ron Stallings/cl-b,sx-t, Steve Turre/trb, Way Wallace/trb - percussions : Jeff Cressman, Pedro Martínez, Javier Navarette, John Santos, Orestes Vilato, Paul Wageningen - voix soliste : Orlando Torriente - Choeur : José Luis Gómez, Willie Ludwig, Lakiba Pitman, Ismael Rodríguez, Barbara Valladores, Destani Wolf – Œuvres : 1. Brazos abiertos – 2. No canto a tus ojos – 3. Mi plena de libertad – 4. Buscando la paz – 5. Apetegbi – 6. Bombón – 7. Dale la mano – 8. Martinica – 9. Herbs – 10. Going home tomorrow. Livret : anglais (us).
Pour ce cédé, que j’ai écouté plus dix fois en une semaine, si je commençais à puiser dans ma réserve d’adjectifs, je manquerais sans doute de superlatifs : le talent des musiciens (instrumentistes, compositeurs, arrangeurs, ingénieurs du son), la variété des thèmes (des sources d’inspirations) et des genres (bomba, guaracha, plena, rumba), les promesses de réflexion musicologique, tout m’a enthousiasmé. On tiendra compte que ‘Machete Ensemble’ fêtera son vingtième anniversaire l’an prochain… Le site de John Santos donne une bonne idée du poly-professionnalisme de ce musicien, le présent disque illustre bien les multiples facettes de ce professionnalisme (réputé comme « a spark plug of musical invention »). Un seul bémol : l’instrumentarium des percussionnistes est très abondant, et heureusement parfaitement perceptible (grâce aux arrangements et aux prises de son) quand le disque tourne, mais pourquoi avoir utilisé des termes plus vernaculaires que « globalement » consensuels qu’il me faut bien décrypter ici ? Il s’agit de :- axatse (gourde-hochet à filet extérieur - Ghana)
- blékete (tambour d’aisselle - Ghana)
- bulador (coquille !, il s’agit du burlador, instrument familier des tambourinaires portoricains (cf. Isabelle Leymarie : « Les tambours sont fabriqués avec des barils recouverts de peau de chèvre (autrefois de mule). Le burlador (ou macho), joué par un musicien nommé guiador, marque le rythme principal. » (Du tango au reggae, page 96. Flammarion. 1996)
- cuá (« Des baguettes (cuá ou fuá) marquent la mesure sur le côté du requinto [petit tambour de la famille du burlador], « battu par le repicador, [qui] improvise des piquetes (rythmes soulignant les pas des danseurs). Leymarie, op. cité, 97).
- gankogui (double cloche sans battant - Ghana/ethnie Anlo Ewé)
- güicharo (« petit güiro populaire utilisé dans la plena à Puerto Rico, il est plus petit que le güiro cubain et porte des stries très fines, on le joue avec une sorte de peigne. » m’écrit Laurent Erdös) et güira (« c’est un gros güiro utilisé à Saint Domingue dans le merengue (autre nom : torpedo) ; il est en métal et on le joue avec un peigne (gancho) » Laurent Erdös)
- katá (plus couramment écrit « cata », pour désigner un tube de bois (bambou ou fût de tambour cylindrique « usagé »), posé horizontalement sur 2 supports et percuté avec 2 baguettes, nommées ti bwa dans les Antilles françaises)
- ocean drum (vocable qui commence à apparaître sur les catalogues spécialisés – Fuzeau, Lugdivine - tambour sur cadre circulaire, à 2 peaux enfermant des petites billes ou des graines dont les glissements sur les peaux et les impacts sur le fût produisent des sons apparentés à ceux du bâton de pluie)
- uñas de chivo (hochet-sonnaille constitué de sabots (« ongles ») de cabri pendus à une lanière, fréquemment remarqués chez les Amérindiens - de la Californie à la Terre de feu, cf. Izikovitz(1) (34-48), Maioli (68-69)…)
- waterphone (idiophone frotté (archet) et/ou percuté (mailloche), inventé par Richard Waters).
Seules restent mystérieuses pour moi : les miscellaneous percussion, syntagme qui désigne peut-être les battements de mains et les frappes des pieds produits dans certains morceaux. Livret donnant le texte des chants (espagnol ou anglais américains) et les photos des solistes. Créé il y a quatre ans par John Santos, « Machete Records » est « un label indépendant qui s’inspire du modèle des artistes ayant pris leur carrière en mains [autogestion] et quêtant une audience grâce à une auto-production de haute qualité. » Ne ratez pas ce disque ! [R++++] © Michel Faligand*
www.johnsantos.com
(1) IZIKOVITZ, Karl Gustav. 1935. Musical and other sound instruments of the South American Indians. Göteborg (se) : Elanders Boktryckeri Aktiebolag.
MAIOLI, Walter. 1991. Son et musique, leurs origines. ISBN 2-08-163002-8. Paris : Flammarion.*Michel Faligand est le fondateur de la revue PERCUSSIONS et webmaster du site www.mespercussions.org et du bulletin électronique Percu-info.
- ORLANDO POLÉO : “CIMARRONEANDO” - CD DDD - LYRIC JAZZ - CD 93051 - 43’36” - ‘95 - Livret 15 p. espagnol/anglais (P.O. Box Candelaria 1011-A, Caracas Venezuela). Réédité par SONY en 1996. . [R : ++]
- ORLANDO POLÉO : “EL BUEN CAMINO” - CD DDD - LYRIC JAZZ/SONY MUSIC/COLUMBIA - 55’34” - 1997 - Livret français/espagnol - [R : +++]“EL BUEN CAMINO”, s’il est le deuxième disque solo d’Orlando Poléo, est le premier à bénéficier d’une diffusion internationale (et de la promotion qui l’accompagne). Le percussionniste vénézuélien adopté par Paris est désormais sous contrat chez Sony et voit s’ouvrir la carrière internationale qu’il mérite. Sa composition “Chachaworo” est déjà un succès de radio et de boîtes de salsa. Avec le “BUEN CAMINO”, c’est une démarche assurée qui s’affirme avec tranquillité, un “bon chemin” qui n’est pas le sentier battu, fréquenté et tout tracé, mais le chemin où il ne faut pas avoir peur des difficultés et des obstacles possiblement à surmonter. La voie choisie est à la fois jazz et latine, cubaine et vénezuelienne. La collaboration entretenue avec le cubain Orlando “Maracas” Valle dans les deux disques est symbolique de cette détermination de s’appuyer sur les meilleures références cubaines actuelles et d’ouvrir de nouvelles voies. En témoigne “Selva”, qui se termine en descarga à la havanaise, mais que Poléo a choisi de commencer avec un rythme de Maracaibo (gaita de furro). On y entend aussi un “merengue caraqueño”, style de Caracas originaire de Barlovento, et une nouvelle mouture de onda nueva, un style créé dans les années 60 par un batteur vénézuélien, Frank “Paro” Hernandez, aux côtés de Mongo Santamaria. L’empreinte cubaine va du traditionnel afro-cubain joué aux tambours bata (“Canto à Changó”) au cha-cha-cha- revisité. Un texte de célébration de la “tumbadora” répond à celui destiné aux “claves” (devenu un morceau de référence) dans le disque précédent. Celui-ci contenait des exemples fort intéressants d’utilisation des percussions afro-vénézueliennes (culo e puya) et était plus centré sur ses talents de soliste à la tumbadora. A condition de faire abstraction d'invités de marque (un solo de... “Chucho” Valdès!), le dernier bébé est plus représentatif du groupe qui tourne actuellement et s’affirme au niveau sommital dans les formations latines ou jazz basées en France (le concert impeccable et implacable au festival « Caraïbes » à la grande halle de La Villette fut une démonstration de force de cette équipe resserrée et culbutante, où le lider s’appuie sur un vrai groupe, son “Chaworo”, et fut le seul que j’ai vu dans le festival où les danseurs se soient véritablement enflammés).
La production et la prise de son sont impeccable. La maquette de présentation en digipack atteint à la référence pour l’agrémént des yeux. Une seule petite ombre à propos de la jaquette : pourquoi la manager, qui a par ailleurs l’air de faire fort bien son travail, s’est-elle mise à parler de “magie noire” à propos de la santería où interviennent les bata? (s’il est un terme à proscrire absolument pour rendre compte de ce sujet, c’est bien celui-là!). Plaisir absolu des oreilles (et des yeux) au service de l’intelligence dans la création, ainsi est cette réalisation d’un artiste parfaitement vénézuelien, parfaitement latino-américainet salsero, parfaitement afro-américain comme parfaitement jazzman, percussionniste exemplaire, compositeur généreux et musicien fraternel. Alors que demander de plus? Le chemin étant encore à continuer, un peu plus, dans le prochain, de percussion soliste miraculeuse, comme Orlando Poléo peut nous prodiguer sur la scène? - © Daniel Chatelain
(première parution : PERCUSSIONS première série n°59, 1999)
Mongo SANTAMARIA “ARRIBA!” CD-AD - Fantasy/WEA FCD 24729-2 - 65'49", 1996.Cette ré-édition combine 2 LP du début des années '60 : “Arriba! la Pachanga” et “Mas Sabroso”, en pleine vogue nuevayorquine de la charanga, avec à peu près les mêmes musiciens. Mongo imprime sa marque à la pachanga, cette version rapide du cha-cha-chá en orchestre de charanga, que New-York a fait connaître (mais créée à Cuba, ce qui est peu connu). La science des rythmes cubains de l'illustre conguero (cf l’inspiration rythmique puisée dans la conga orientale) se combine à des emprunts jazzistiques (cf le sax t. de José “Chombo” Silva) et quelquefois à un soupçon de saveur brésilienne (avec le piano de Joao Donato). Le livret a le bont goût de retranscrire la totalité des notes des 2 LP originaux, et faire ainsi partager la finesse des analyses musicologiques de R. Farris Thompson (avec entre autres des observations intéressantes sur le “guajeo”, inspiré de la pulsion rustique du son montuno, qui singularise le jeu cubain du piano et du violon). Vu par Mongo, “Manteca”, titre symbolique de la fusion cubop ou latin jazz, comme on voudra, unit la charanga au jazz. Une mauvaise surprise au final : les trois derniers titres annoncés manquent inexplicablement au pressage, dont un “Guaguanco Flamenco” dont Farris Thompson fait grand cas! [R :+]. © Daniel Chatelain.
(première parution : PERCUSSIONS première série, n°50)
"Mongo SANTAMARIA" Warner Jazz Les Incontournables - CD AD WE 889- 65'31" (annoncé à "seulement" 62'15"), 1996.
Autant le dire tout de suite, cette compilation du plus new-yorkais des percussionnistes cubains (ou le contraire) est effectivement incontournable. La sélection aborde différentes périodes de la relation Mongo-jazz, extraites de 9 albums : charanga, descarga, mambo, cubop fondateur (Manteca), progressive (Watermelon man)... La clarté des solos, la qualité du son de la frappe est un régal. Avec de superbes primes: plusieurs titres avec La Lupe ("Besito pa ti"...) et pour s'en tenir aux percussionnistes : Francisco Aguabella, Armando Peraza, Willie Bobo (qui aligne les solos aux timbalès), Julito Collazo, "Kako", et on en passe...Les thèmes vont déclencher de furieuses nostalgies ("Afro blue", "Mongorama", "Montuneando"...). La collection des Incontournables nous offre un très bel objet d'emballage (on reconnaît la griffe de Pascal Bussy), qui change agréablement de la boîte tout-plastique habituelle. Quelques réserves de présentation malgré tout : la maquette, si esthétique soit-elle, ne permet qu'un texte de présentation ramassé, peu propice à une information extensive. Je regrette aussi des manques de vérification au niveau des crédits : l'oubli du sax de José "Chombo" Silva sur Manteca est un peu voyant, et comment penser qu'Emil Richards joue du vibraphone sur Afro blue, quand l'auditeur ne peut hésiter qu'entre marimba et xylophone? Malgré cela : [R : +++]. © Daniel Chatelain.
(première parution : PERCUSSIONS première série, n°50)
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