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S'intéresser aux instruments à percussion, c'est - ipso facto - s'intéresser :
- aux systèmes de classification des instruments en général,
- à la chronologie de l’apparition des instruments dans l’évolution des cultures,
- aux aires géographiques d’origine &/ou de distribution des instruments.
® Durant cette visite, vous trouverez les étapes suivantes :
: classifications générales,
: quelques éléments bibliographiques,
: l’esquisse d’une chronologie,
: la classification Hornbostel & Sachs des percussions,
: plusieurs hyperliens.
Vous pouvez choisir votre étape, donc votre itinéraire. Bonne visite !
Mais si vous préférez une devinette avant de partir, allez-y !
des classifications générales
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ensemble instruments |
Tout percussionniste est un peu luthier, un peu collectionneur, un peu taxinomiste. Pour faire vite, je dirai que l’on doit sans doute le premier système de classification aux musiciens chinois qui ont œuvré pour leur propre compte. Plus près de nous, les Européens (occidentaux) s’y sont mis à leur tour, avec un regard non exempt d’ethnocentrisme au début & pour finalement proposer des systèmes ouverts à différentes cultures. En 1914, Erich Moritz von Hornbostel & Curt Sachs ont publié leur système, structuré par la classification décimale de Dewey. Malgré des imperfections (quelques redondances, par exemple) qui n’ont pas fini d’engendrer des correctifs, ce système continue d’être utilisé par une partie des organologues, en particulier dans les pays anglo-saxons. Dans son intervention sur le Forum MusiSorbonne (dont il est l’heureux créateur), Nicolas Meeùs a fait cursivement mais pertinemment le point sur l’arborescence d’Hornbostel & Sachs en concluant ainsi : « J’en déduis que la classification [d’Hornbostel & Sachs] a parfaitement rempli son rôle, qui est à la fois de banaliser ce qui est ordinaire & de mettre en lumière ce qui reste problématique. » (28.10.2005). Le système proposé par Geneviève Dournon n’est cependant pas sans vertus. Il tient compte des travaux du CIM-CIM & - contrairement à celui d’Hornbostel & Sachs – n’utilise pas, à la racine de l’arborescence, le même emboîtement des critères pour les idiophones & pour les membranophones, ce qui – en principe – évite les redondances, les tuilages & les incertitudes. En me relisant, je m’aperçois que j’ai vraiment fait vite... mais n’est-ce pas finalement une implicite invitation, à aller aux sources ?
classer, mais comment ? |
Le classement des instruments de musique peut évidemment être organisé selon des critères très différents. Bien qu’aucun système ne soit totalement satisfaisant, comme l’écrit Geneviève Dournon (1992) :
« … les processus de classification sont des exercices difficiles qui doivent résulter d’un compromis entre les principes & la réalité ; en conséquence, bien que certains systèmes soient plus satisfaisants que d’autres, aucun n’est parfait. »,
j’avancerai que chacun de ceux que je connais a ses avantages, selon l’angle sous lequel on l’examine. Une fois admis le fait que certains instruments semblent résister à tout classement, on ne s’étonnera pas que le lexicographe ne voit pas les choses comme l’acousticien, que le luthier diffère du musicien, que les oreilles (& les yeux !) de l’organologue semblent l’éloigner de celles (& de ceux !) du musicothérapeute, etc. Pour ce qui est des instruments à percussion, le problème a paru insoluble à Marin Mersenne qui, en 1636, renonça à en déterminer le nombre puisque « tous les corps qui font du bruit & qui rendent un son sensible lorsqu’ils sont frappés, peuvent être mis au rang des instruments à percussion. » (Harmonie Universelle, 1983. Paris : Editions du C.N.R.S). Ce « précurseur des futuristes » n’avait-il pas raison ?
Quand, dans notre chère vieille Europe, Hornbostel & Sachs s’attaquèrent au problème, Johannes de Muris (Jean des Murs/c1293- ?1344, un des fondateurs de l’Ars Nova) a inventé une classification en trois sous-ensembles : tensibilia (cordes), inflatibilia (vents) & percussibilia (percussions). En 1511, Sebastian Virdung a proposé une tripartition : « instruments qui sont tendus de cordes », ceux « qui consistent en un tube creux » & ceux « dans lesquels on souffle » (Jakob, 1977). Un siècle plus tard, Michael Praetorius s’était contenté de deux groupes (les instruments sifflants & les instruments tapants – Jakob, op.cit.), puis Marin Mersenne (1636) & Victor Charles Mahillon (1893) avaient posé leur pierre. Alors, André Schæffner est arrivé avec une nouvelle paire de lunettes (cf. son ouvrage capital sur L’Origine des instruments de musique). Il a été suivi par d’autres (cf. plus loin) &, particulièrement par les musicologues regroupés au sein du CIMCIM qui, sous la présidence de Claudie Marcel-Dubois, devaient relire le catalogue germanophone, c’était en 1983. Leurs propositions concernant les aérophones & les cordophones ont été publiées, celles traitant des membranophones étaient presque terminées alors que celles relatives aux idiophones demandaient à être revues, quand le décès de Claudie Marcel-Dubois a stoppé les réunions (courrier personnel de Josiane Bran-Ricci). Entre la fin des années 60 & le milieu des années 80, un certain nombre de chercheurs se sont frottés aux problèmes, entre autres : Elschek (1969), Montagu & Burton (1971), Mantle Hood (1971), Ramey (1974), Malm (1974), Heyde (1975), Hartmann (1978), Sakurai (1980-1981), Mitani (1980) & le CIMCIM, Comité International des Musées & Collections d’Instruments de Musique (1983-1987), déjà cité. Sur ces travaux d’experts, je n’entre pas dans les détails & renvoie ceux des visiteurs que ce sujet passionne à Kartomi (2001), dont le panoram critique est indispensable & aussi à Dournon déjà citée (1992). Les peuples encore sans écriture – en particulier en Afrique sub-saharienne – n’ont souvent qu’un seul & même terme pour désigner, selon les circonstances, l’instrument, la musique, la danse, le rituel qu’ils accompagnent ; cela permet peut-être de comprendre la rareté des systèmes classificatoires chez les musiciens de tradition orale – sans compter qu’en général l’instrumentarium compte rarement plus d’une dizaine d’instruments. Exceptions notoires : les Sotho (Afrique australe) dont la langue (sous-groupe bantou/famille Niger-Congo) permet de classer les instruments en deux familles (liletsa tsa matsoho, instruments à main liletsa tsa molomo, instruments à bouche), les Bassari (Sénégal) & les Aré’Aré (Océanie) se sont, eux aussi, intéressé à cette problématique taxinomique…
Ces dernières classifications nous ramènent à un point de vue plus « introverti », avec celle que propose l’Encyclopédie des Instruments de musique en Iran. Le premier volume présente les Cordophones iraniens. Le tome 2 comporte deux parties. La première est consacrée aux membranophones (à percussion, à friction, membranophones-idiophones) ; la deuxième partie traite des idiophones (à percussion, par entrechocs, lamellophones, à friction). Au vu de ce très bref résumé, vous aurez compris que la méthode iranienne doit beaucoup à Hornbostel & Sachs ; mais les aires de distribution sont constamment mises en évidence.
attougblan (tambour parleur)/Côte d’Ivoire © Etienne Nangbo – DR
Je ne détaillerai pas la classification indienne – la bibliographie & le tableau panoramique ci-après permettent d’en prendre connaissance, ni la façon de voir des Chinois, présentée avec tant de sapience (sagesse, saveur, savoir) par Picard (1996).
éléments bibliographiques
¤ ALEN RODRÍGUEZ, Olavo (d.). 1997. Instrumentos de la música folclórico-popular de Cuba. 2 volumes + 1 atlas. La Habana (cu) : Editorial de Ciencias. 319 p, 314 p, 49 p, biblio, cartes, disco, gloss/animaux, gloss/plantes, index des informateurs, index des instruments, musiq, photos, tableaux. [encyclopédie des instruments de Cuba : basique !!!]
AUBERT, Laurent. 1991. Planète musicale. Instruments de musique des cinq continents. Genève/Scarmagno (it/to) : Musée d’ethnographie/Priuli & Verlucca editori.
¤ Ballif[lien], Claude. 1963. « Matière Mouvement Musique ». La Revue Musicale . 251 (1963) : 5-15, tableau.
¤ BATTISTELLI, Giorgio. 1984. La mano del suono, arte e tecniche tattili degli strumenti a percussione. Milano (it) : Multhipla Edizioni.
¤ BECK, John H. (ed.). 1995. Encyclopedia of percussion. ISBN 0-824-04788-5. London/New York : Garland Publishing, Inc.
¤ BLADES, James. 1970. Percussion instruments & their history. ISBN 0-571-18081-7
¤ Benenzon, Rolando. 1993. « L’instrument sonore/musical & la musicothérapie. Une classification des instruments ». in Musique Thérapie communication . 14 (12/1993) : 27-32, tableau.
BUCHNER, Alexander.1982. Encyclopédie des instruments de musique. Paris : Gründ.
¤ CENTAZZO, Andrea. 1978 ?. Guida agli strumenti a percussione. Storia e uso. Milano (it) : Edizioni il Formichiere.
¤ ČÍŽEK, Bohuslav. 2003. Encyclopédie illustrée. Instruments de musique. Paris : Gründ : 256 pages, biblio, index, photos. [Il s’agit de l’adaptation en français par Cécile Boiffin (percussionniste de son état) de Hudební nástroje chez Adventinum Nakladatelství. L’iconographie est superbe, mais le choix des instruments très (trop) sommairement présentés est, quand même, si excessivement orientalo-européen sinon tchéquo-centriste qu’il est comme un démenti permanent de l’ambition du titre…]
DARVĪŠĪ, Mohammad-Redā. 2005. Dā’era ol-ma’āref-e sāz-hā-ye Īrān. Jeld-e dovvom : Pụ̄st-̣sedāva hod-sedā-ye navāhī-ye rān. Tehrān : Māhūr, 703 pages (en persan) + 24 pages (en anglais), cartes, photos, tableaux. [Encyclopédie des instruments de musique en Iran : les membranophones & les idiophones de toutes les régions d’Iran]
Deva, B. C. 1980. « Classification of Indian Musical instruments ». in Indian music : a perspective (G. Kuppuswamy & M. Hariharan, ed.). Delhi : Sundeep Prakashan : 127-140.
¤ Dournon, Geneviève. 1992. “Organology”. in Ethnomusicology, vol. 1 (Helen Myers, ed.). ISBN 0-333-5763-4. London : The Mac Millan Press (‘The New Grove Handbooks in Music’) : 245-300, biblio, dess, photos. [ce texte (en anglais) donne la nouvelle systématique des instruments que l’auteur a mise au point. Il est introduit par une vingtaine de pages de réflexions méritant lecture & relectures lesquelles sont, malheureusement, compressées en 2 petites pages dans l’ajout (français) de la réédition (r/1996) du Guide pour la collecte des musiques & des instruments traditionnels (Paris : Unesco : 110-133]
¤ Dupin, François[lien]. 1971. Lexique de la percussion. Paris : Richard-Masse. La Revue musicale, numéro spécial 284 : 71 pages, dessins, musiques.
François Dupin (1931-1994) DR
¤ FACCHIN, Guido. r2000. Le Percusioni. Torino (it/to) : Edizioni di Torino.
GÉtreau, Florence. 1991. Le Musée instrumental du CNSM de Paris : histoire & formation des collections. Thèse. Paris 4 (08.01.1991).
¤ HOLLAND James. 1978. Percussion. Paris : Hatier. Traduction anglais-français/1980.
HORNBOSTEL, Erich Moritz von & Curt Sachs. 1914. “Systematic der Musikinstrumente”. Zeitschrift für Etnologie . 4 : 553-590.
¤ IZIKOWITZ, Karl Gustav. 1935. Musical & other sound instruments of the South American Indians a comparative ethnographical study. Göteborg (se) : Wettergren & Kerber. R1970. East Ardsley (uk) : Eng. S.R. Publishers.
¤ JAKOB, Friedrich. 1977. La Percussion. ISBN 2-601-00234-4. Lausanne (ch) : Payot. Traduction allemand-français : Laurent Jospin/1977.
Johnson, Henry. 1996. “Survey of present-day Japanese concepts & classifications of musical instruments”. Musicology Australia . 19 : 16-39.
¤ Julien, Jean-Rémy. 1986. « Les instruments à percussion : problèmes de classification ». in Vibrations . 2 (janvier 1986) : 71-82, tableaux. Toulouse (31) : Editions Privat.
-o-oo-o-oo-o-PERLE-o-oo-o-oo-o- “Je suis très sensible aux percussions traditionnelles japonaises, le koto par exemple, c’est superbe.” Serge Gainsbourg, Paroles & Musique . 9 (juillet-août 1988), page 83. |
¤ 1990. On concepts classifications of musical instruments. ISBN 0-226-42548-7. Chicago/London : The University of Chicago Press. [ouvrage capital pour ceux qui ambitionnent de bien comprendre les problèmes, compréhension grandement facilitée par les nombreux & astucieux schémas proposés]
2001. “The classification of musical instruments : changing trends in research from the late 1ineteenth century, with special reference to the 1990s “. in Ethnomusicology . 45-2 (Spring/Summer 2001) : 283-314, bibliographie.
LEIPP, Emile. 1971 Acoustique & musique. Paris : Masson., dessins, sonagrammes, tableaux. [éminent acousticien & inventeur original, l’auteur consacre le chapitre XVII aux instruments à percussions, mais il faut lire tout le livre, relire à loisir le chapitre XII (Généralités sur les instruments de musique) & le paragraphe sur le piano (210-216)]
¤ LENTI, Loris Francesco. 1986. Dizionario enciclopedico degli strumenti a percussione. Toscanella di Dozza (it/bg) : Edizioni Musicali Roddi.
MAHILLON, Victor Charles. 1893. Essai de classification méthodique de tous les instruments anciens & modernes fondée sur la nature différente des corps employés comme sources sonores. Gant (be) : Hoste.
¤ MAIOLI, Walter. 1991. Le Origini. Il suono ela musica. Milano (it) : Editoriale Jaca Book spa. Traduction française à Paris : Flammarion.
MARCUSE, Sybil. 1964. Musical Instruments, a comprehensive dictionary. Garden City (us/ny) : Double Day.
¤ MEEÙS, Nicolas. 2000. Classification Hornbostel-Sachs des instruments de musique. Traduction libre d’après les articles « Idiophone », « Membranophone, « Chordophone & « Aérophone » du New Grove Dictionary of Musical Instruments : 1-11. np. [Nicolas Meeùs m’écrit qu’il peaufine son travail de temps en temps & qu’une version PDF (2004) est disponible]
¤ MÉFANO, Paul. ?. “Percussion”. in Encyclopædia Universalis, tome XVII : 840-843.
¤ MICHAUD-PRADEILLES, Catherine. 1983. L’organologie. Paris : PUF (« Que sais-je ? » . 2113). 127 p, liste de musées.
¤ Midgley, Ruth (ed.). 1978. Les instruments de musique du monde entier. Paris : Albin Michel. [quel grand dommage que cette formidable encyclopédie soit épuisée !…]
MONTANDON, Georges. 1917. La généalogie des instruments de musique & les cycles de civilisation : Etude suivie du Catalogue raisonné des instruments de musique du Musée ethnographique de Genève. Genève (ch).
MONTAGU, Jeremy. 2007. Origins & Development of Musical Instruments. The Scarecrow Press, Inc.
¤ OLSSON, Sture. 1985. Kroumata. Gislaved (se) : Svensk Skolmusik. 780 p : biblio, illus, index (patronymes). [encyclopédie organologique en suédois : très beau travail]
¤ Picard, François. 1996. « Du bois dont on ne fait pas les flûtes. La classification en huit matériaux des instruments en Chine ». in Etudes chinoises . 15-1/2 (printemps-automne 1996) : 159-181, abstract, caractères chinois, résumé chronologique.
Ramey, Michael. 1974. A classification of musical instruments for comparative study. Ph. D. dissertation. Los Angeles (us/ca) : University of California.
¤ RAULT, Lucie. 2000. Les instruments de musique du monde. Paris : Editions de La Martinière : 232 p., biblio, illus, index, lexiq.
¿ D.E.V.I.N.E.T.T.E ?
Question : De quel instrument joue-t-il ?...
Réponse : (áyi) atab nu’d
ROUGET, Gilbert & François Lescure (coord.). 1982. « Les fantaisies du voyageur : XXXIII Variations Schæffner ». in Bulletin de la Société française de musicologie, tome 68.
SACHS, Curt. 1913. Reallexicon der Musik-Instrumente.
¤ SADIE, Stanley (ed.). 1984. The New Grove Dictionary of MusicalIinstruments. 3 tomes. London/New York : Macmillan Press Limited. [évidemment indispensable : c’est ma bible]
¤ SAUERWEIN, Leigh. 1995. Les percussions. Petit singe & les instruments de musique. + CD. Paris : Editions Gallimard Jeunesse.
¤ Schaeffner, André. 1968. Origine des instruments de musique. Den Haag/Paris : Mouton.
¤ TAVERNIER, Jean-Claude. 1998. A propos de… la percussion. Paris : Gérard Billaudot Editeur. [volume… volumineux, mais largement - donc scandaleusement - maculé par des erreurs en tout genre]
¤ VANDERICHET)[lien], Jean-Paul. 1977. Les instruments de percussion. Paris : Presses Universitaires de France. (Collection « Que sais-je ? ». 1 691).
Les articles de périodiques & les livres spécialisés (centrés sur une famille d’instruments à percussions : aires géographiques caractéristiques organologiques, fonctions socio-culturelles, techniques de jeu…) sont référencés dans les pages elles-mêmes spécialisées du site que vous êtes en train de visiter..
Heureuse destinée que celle de ce gamelan – petit mais si cher à ma mémoire – puisqu’il n’aura pas connu les aléas auxquels, à partir de l’an 2005, le Musée de l’Homme eut à faire face… mf
esquisse d’une chronologie
[cmillésime = date approximative vraisemblable]
Avant JC
c4000 : première mention de la liste des huit matériaux (Zhouli, Rites des Zhou), esquisse d'une répartition des instruments en huit classes.
Après JC
C200 : classification indienne proposant quatre groupes d'instruments (Bhâratiya-nâtya-shâstra).
c945 : Al-Fârâbî, théoricien arabe, propose une répartition en 2 groupes (instruments à percussion / instruments dans lesquels on souffle).
c1335 : Johannes de Muris répartit les instruments en trois classes.
1636 : Harmonie universelle (Marin Mersenne).
1863 : Traité d’instrumentation (François-Auguste Gevaert).
1888 : Catalogue descriptif & analytique du Musée Instrumental & Conservatoire royal de musique de Bruxelles (Victor-Charles Mahillon).
1914 : Systematik der Musikinstrumente (Erich Moritz von Hornbostel & Curt Sachs).
1919 : La généalogie des instruments de musique & les cycles de civilisation : Etude suivie du Catalogue raisonné des instruments de musique du Musée ethnographique de Genève (Georges Montandon).
1931 : "Projet d'une classification nouvelle des instruments de musique" (André Schaeffner). Bulletin du Musée d'ethnographie du Trocadéro . 1 : 21.
1940 : Curt Sachs crée la classe des électrophones.
1948 : Prinzip einer Systematik der Musikinstrumente (Hans-Heinz Dräger). Kassel (de) / Basel (ch) : Bärenreiter.
1961 : classification en 15 groupes proposée par le compositeur Claude Ballif.
1971 : classification acoustique d’Emile Leipp.
- classification « sensorielle » [l'adjectif est de moi] des percussions de François Dupin en 6 groupes :
- "A proposed new classification system for musical instruments” (Jeremy Montagu & John Burton). in Ethnomusicology . 15-1 : 49-70.
1976 : système bassari (Bassari : ethnie du Sénégal) : Collections Bassari : Sénégal, Guinée (Marie-Thérèse Lestrange & Monique Gessain) - cette classification propose 4 groupes : instruments "corneurs" (aérophones), instruments résonnants (hochets)[lien], cloches, etc.), instruments percutés (xylophone[lien], tambour, cithare) & instruments frottés (cordophones à archet, racleurs[lien]).
1978 : "Aré'aré classification of musical types & instruments" (Hugo Zemp). Ethnomusicology . 22-1 (1978) : 37-68 [2 classes : bambous frappés & bambous dans lesquels on souffle].
Classification des types de musique, page 115 de Aré’Aré. Un peuple mélanésien & sa musique
(Daniel de Coppet, Hugo Zemp). 1978. Editions du Seuil.
1981 : « The classification of musical instruments reconsidered” (Tetuo Sakurai) Kokuritsu Minsokuyaku Hakubutsukan . 6-4 : 824-831
1983 : "Typologie & classification en organologie musicale" (Claudie Marcel-Dubois). CIMCIM Newsletter . 11, 36.
1992 : "Organology" (Geneviève Dournon). Ethnomusicology, vol. 1 (Helen Myers ed.) [référencé ci-dessus].
1993 : classification analytico projective de Rolando Benenzon.
1994 : Suggestions for a classification of musical instruments from the perception of the player's body (Yves De France). Séminaire européen d'ethnomusicologie (ESEM 1994).
Je me répète, le système de classification parfait des instruments (à percussion) n'existe pas. Inventés par l'homme, les instruments continuent, au fil du temps, d’être (heureusement) bénéficiaires de la créativité de l'homme, laquelle ignore ou oublie la taxinomie...
Evoquant le Musée de l’Homme, spontanément, mes pensées vont vers le Salon de Musique, lieu pour moi riche d’intimité, ce véritable cabinet de curiosités proposait - en un espace cependant bien modeste - de véritables trésors organologiques. Gloire soit rendue à Geneviève Dournon qui en fut la Maîtresse d’œuvre ! Il y a vingt ans, le visiteur impatient pouvait croire, définitivement abandonné par la Musique, le petit gamelan bénéficiant ici d’un hébergement malheureusement provisoire. En réalité, si ce visiteur avait été moins pressé & s’il avait su bavarder avec les métallophones & carillons de gongs ou seulement les écouter, il aurait appris que chaque vendredi après-midi, un maître indonésien, aidé d’ethnomusicologues (chevronnés ou débutants), faisaient donner le meilleur d’eux-mêmes à ces exilés de longue date. Très près de cet orchestre, il y avait un tableau que j’admirais à chacune de mes visites : œuvre magistrale de Gilbert ROUGET, qui, je ne le savais pas encore, serait des années plus tard, le parrain de mon élection comme membre de la Société Française d’Ethnomusicologie. Ces carreaux, ces chiffres, ces lettres, ces arcs vous paraîtront peut-être exsangues de toute vie sonore, de toute poésie musicale, pourtant, pour moi, il n’en est rien. Chaque mot relu (prononcé à voix basse parfois) me fait réentendre des musiques que le concert, & le disque surtout, m’ont fait découvrir & aimer. Merci Gilbert Rouget !
classification ‘hornbostel & sachs’
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instruments à percussion |
Rares seront les visiteurs qui n’auront pas deviné que le système que je vais proposer, donc utiliser est celui d’Hornbostel & Sachs. L’emboîtement des critères de partition, de cette systématique se déroule ainsi :
: nature du corps mis en vibration (objet sonore)
:: type d’action produisant la vibration (geste)
::: forme de l’objet sonore
:::: opposition « isolé »/groupés (batterie, carillon, jeu ou set)
Grâce à cette classification, vous serez en mesure de dialoguer avec le New Grove & plusieurs autres documents organologiques d’importance. J’utiliserai la traduction de Nicolas Meeùs. Dans cette page web, je ne reproduirai que les débuts de l’arborescence (4 partitions) ; les subdivisions seront – éventuellement - reprises dans les pages consacrées à « mes percussions préférées ». Je suggère à chacun d’entre vous de réaliser un tiré à part de ces arborescences & d’ajouter, dans celui-ci, des noms d’instruments que vous connaissez bien à l’intérieur des crochets donnant déjà des noms instruments & d’aires de distribution. Ainsi vous familiariserez-vous sans peine avec cette systématique & comprendrez-vous mieux comment les instruments fonctionnent. Bon courage ! Allons-y !
1 idiophones
Le son est provoqué par la substance même de l’instrument, en raison de sa solidité & de son élasticité, sans recours à un système de tension.
11 idiophones frappés
L’instrument est mis en vibration par percussion.
111 Idiophones frappés directement
L’instrumentiste effectue lui-même les mouvements de percussion. Peu importe que ce soit éventuellement au moyen d’un mécanisme intermédiaire, battant, clavier, corde, etc. ; ce qui est déterminant, c’est que le musicien puisse frapper des coups individuels clairement définis & que l’instrument lui-même soit prévu pour ce type de percussion.
111.1 Idiophones à concussion
Deux ou plusieurs parties sonores sont entrechoquées. Subdivisions[lien] [bâtons de mayoleur (Guadeloupe) - boomerangs (Australie) - carillons (chimes) de bambou, de clés, de coquillages, de noyaux, d’os, de perles, de minuscules poteries, autrement dit de pièces de formes variées & de matériaux divers - castagnettes/111.141 – claquoirs - claves - cymbales – crotales - cuillères (Canada, Vietnam) – fouets - mains (claquements de doigts/pitas, palmas), sadjat/Gnawa, Maroc].
Tambours tbel & castagnettes qaraqeb (Gnawa/Maroc)
111.2 Idiophones à percussion (pilonnage)
L’instrument est frappé par un objet non sonore (doigts, main, bâton, mailloche) ou contre un objet « insonore » (corps humain/percussions corporelles, étendue d’eau/Pygmées Baka, Cameroun, sol) – [barres sonores – bols (Chine, Japon, Tibet) - bronté (France) - brontéron (machine à tonnerre) – cajón/111.244.1 – cata/Cuba – cencerros/111.242.11 - chundu/Chine - cloche-plaque – cymbale suspendue – éoliphone – gatham (Inde) - glockenspiel - gong/111.241 – hang – jaltarang (Inde) - krin (Guinée) - lithophones/111.222 (Chine, Mali/Dogons, Togo, Vietnam) – marimba - pieds chaussés/chicklet, Cuba – claquettes/Ireland – zapateado/Espagne) – pieds nus (danse sur une fosse recouverte d’une plaque d’écorce/Solomon Islands) - pilon à céréales – poêle à frire (frigideira/Brésil – sartenes/111.242.23/Cuba – pote africano (Brésil) - poutre (Pygmées Aka/Centrafrique) – sémantérion (Grèce) - sixxen – steel drum (Trinidad) – tambour de bronze (Chine) – tambour d’eau/111.243.1 - tambour à fente(s) – tambour de frein (Cuba, Maroc) - temple block – tibwa – tjaloung - triangle/111.211 – txalaparta/Euzkadi (comme il est dit à l’entrée[lien], le terme ne désigne pas un instrument univoquement défini…) – udu (Nigeria) - vibraphone - wood block – xylophone - zoomoozophone].
Zoomoozophones © 1982 Dean Drummond DR
112 Idiophones frappés indirectement
La percussion résulte indirectement d’un mouvement de l’instrumentiste, mais ce mouvement ne consiste pas à frapper. L’instrument fait entendre des clusters[lien] de sons, plutôt que des sons.
112.1 Idiophones secoués
L’instrumentiste fait le geste de communiquer des secousses (mouvements de translation, de rotation) [hochets : afoxê (Brésil – angklung/112.122 (Indonésie) – bâton de pluie (Amérique centrale) – boulier chinois - chékéré - flexatone – ganza (Brésil) – kayamb (La Réunion) – maracas/112.131.2 – maravanne (Mauritius) – sistre/112.112 – sonnailles/112.11 (bande molletière, baudrier, bracelet (biceps, poignet), ceinture, chevillère, collier, diadème, masque].
112.2 Idiophones raclés.
L’instrumentiste provoque un mouvement de raclement – en aller & etour - par lequel un objet non sonore glisse sur les dents successives d’un objet sonore (cranté, dentelé, ridé) ou inversement. Ce groupe ne doit pas être confondu avec celui des idiophones frottés [crécelle - güiro/112.3 – mâchoire d’âne (Cuba), peigne - reco reco – roues de loterie - washboard].
112.3 Idiophones fendus
Deux ou plusieurs baguettes souples, liées à une extrémité ; les baguettes s’entrechoquent à l’autre extrémité [Chine, Malaisie, Iran, Balkans].
12 idiophones pincés
Des lamelles fixées à une extrémité sont fléchies, puis lâchées pour vibrer librement.
121 En forme de cadre
La lamelle vibre dans un cadre.
121.1 Cricri
La lamelle est sculptée à la surface d’un fruit creux qui sert de résonateur.
121.2 Guimbardes
122. En forme de peigne
Les lamelles sont liées à une planche ou découpées dans une planche, comme les dents d’un peigne.
122.1 Hétéroglottes
Les lamelles sont fixées côte à côte [likembé (Rép. Dém. du Congo), marimbula, mbira (Zimbabwé), sanza].
122.2 Idioglottes [boîtes à musique européennes]
Les lamelles sont pincées par des pointes fixées sur un cylindre ou un disque.
13 idiophones frottés
131 Tiges
131.1 Isolées [Ø].
131.2 Groupées [euphon[lien] de Chladni].
132 Plaques
132.1 Isolées [Ø].
132.2 Groupées [New Irland].
133 Récipients
133.1 Isolés [carapace de tortue, Brésil- Garifuna, Bélize].
133.2 Groupés [armonica de verre].
14 idiophones soufflés
L’instrument est mis en vibration par un flux d’air dirigé sur lui. [carillon à vent (objets percutant plus léger que dans les carillons du groupe 111) - éoliphone : le son est généré par le glissement d’un flux d’air produit par la rotation (main ou électricité) d’une roue à ailettes sur une toile concentrique à cette roue. En somme, le son donnerait l’illusion qu’il y a du vent dans les voiles ? Bien qu’habituellement actionné par un(e) percussionniste (pour Ravel, Kagel ou Richard Strauss, si vous voulez, c’est une devinette…), je verrais bien cet instrument hébergé chez les Aérophones].
Eoliphone © 2002 Kolberg Percussion DR
141 Tiges
141.1 Isolées [Ø].
141.2 Groupées [äolsklavier].
142 Plaques
142.1 Isolées.
145.2 Groupées [piano chanteur].
15 idiophones par arrachement
Cette classe d’idiophones ne figure ni dans la taxinomie d’Hornbostel & Sachs , ni dans la traduction d’icelle par Meeùs ; je la signale ici en attendant d’en savoir davantage. [papier déchiré]
Suffixes additionnels pour la classe des idiophones :
―8 à clavier.
―9 mécanique.
La créativité de l’instrumentiste (&/ou celle du compositeur), voire le hasard troublent & troubleront toujours (tant mieux !) le taxinomiste car, passeurs clandestins, ils aident les instruments à franchir les frontières dessinées pour eux, un moment réduits au silence comme les papillons dans la vitrine de l’entomologiste. Par le biais (la grâce) de changements d’objets d’impacts (archet frottant un tam ou un rin, balais effleurant les lames d’un vibraphone, etc.), les instruments changent de famille. On va plus loin – tout en restant dans la même orientation – quand, détournant des objets que leurs fonctions extra-musicales nous ont rendus familiers, on leur offre un statut d’idiophones. Exemples : baguette de pain (Georges Aperghis), balle de ping pong (Vinko globokar), cactus (John Cage), fusée, fusil (Johann Strauss Jr.), klaxon (György Ligeti), machine à écrire, métronome (György Ligeti), pétard, revolver (Eric Satie), etc[lien].
2 membranophones
On les range en quatre sous-ensembles.
21 membranophones frappés
211 Membranophones frappés directement
L’instrumentiste effectue lui-même les mouvements de percussion, éventuellement par l’intermédiaire de dispositifs tels que baguettes, balais, battes, main, claviers, doigt, mailloches, sandalette, talon, etc. Ces instruments sont joués soit isolés soit groupés. Les membranophones secoués ne sont pas compris dans cette catégorie.
211.1 Timbales
Le corps est de forme hémisphérique, bocal, bol ou assiette creuse [peau collée : mata (Rajasthan), tambour-poterie – peau lacée : bāyā (Inde) – naqqara (Tunisie) – naas (Tchad) – peau accastillée : timbale symphonique].
211.2 Tambours tubulaires
Le corps est en forme de tube, la peau est clouée ou collée ou lacée ou acastillée ; les tambours tubulaires se divisent en :
● tambours cylindriques (même diamètre aux 2 extrémités, ouvert ou fermé, avec ou sans pieds (apode), avec ou sans stand (tenue corporelle/aisselle, bandoulière, bras, genoux) : bongo, boobams, doundoum (Mali), kenkéni (Mali), maasta (Yémen), pailas (Cuba), sangban (Mali), surdos (Brésil), tambores del Rocío (Espagne), tambourin provençal, timbalès (Cuba), toms…
Boobams © 2002 Kolberg Percussion DR
● tambours en tonneau (le diamètre du milieu du fût est supérieur à ceux des extrémités, profil convexe) : atabaque, conga, gwo ka…
● tambours en double cône (le diamètre du milieu du corps est supérieur à ceux des extrémités, profil linéaire) : kendang (Bali, Java), mridangam (Inde méridionale), pakhāwaj (Inde septentrionale)…
● tambours en sablier (le diamètre du milieu du corps est inférieur à ceux des extrémités) : bata (Lucumí/Cuba), kundu (Papouasie-Nouvelle-Guinée), taïko (Japon), tama…
● tambours tronconiques (les diamètres des bouches différent nettement) : timba (Brésil)…
● tambours en gobelet (on dit parfois en calice) : bougarabou (Djola/Casamance), djembé (Malinké/Mali), sabar (Wolof/Sénégal), tbîlât (Berbères/Maroc), zarb (Iran)… la morphologie (la lutherie) des djembés varie selon les ethnies des forgerons, voire selon les fantaisies des usines, habitudes entraînant parfois des changements de classes.
211.3 Tambours sur cadre
La hauteur du fût ne dépasse pas le rayon ou la diagonale de la membrane. NB : la caisse claire européenne, même sous sa forme la moins profonde (« caisse claire rock »), est issue du tambour cylindrique & n’est donc pas comprise parmi les tambours sur cadre. Je possède un tambour carré à 2 membranes (Egypte), j’ai vu des tambours hexagonaux (1 peau) & même un instrument duodécagonal (1 peau), construit récemment par un luthier amateur. Un correspondant occasionnel (connu par le biais d’internet) m’a assuré de l’existence d’un tambour triangulaire à une peau qu’il aurait vu au Maroc ; il m’a même envoyé une photo dudit instrument en m’affirmant qu’un tambour de cette forme est visible au Musée des Instruments de Bruxelles (MIM), ce qu’ont démenti une visite & une consultation sur place. Questionné sur ce point, Bernard Lortat-Jacob m’a dit tout ignorer de la présence d’un tel tambour au Maroc, terre musicale dont il a une longue & riche expérience. [bendir, bodhrán, doira, duff, kānjīrā, pandeiro, ravann, tambourin polytimbral de Carlo Rizzo].
‘Trans(e)tambourins’ : (Paul Mindy/pandeiro, Carlo Rizzo/tamburello,
Adel Shams el-Din/daf, Ravi Prasad/ kānjīrā) © 2005 Benoît Thiberghien DR
212 Tambours hochets
Quand le tambour est secoué, il est percuté par des objets se trouvant à l’intérieur ou suspendus à l’extérieur [Inde, Tibet]. Subdivisions comme en 211.
22 membranophones pincés
Une corde est nouée sous le centre de la membrane ; lorsqu’elle est pincée, ses vibrations se transmettent à la membrane [gopīyantra/Baul, Inde].
‘Baul Bishwa’ (‘L’Univers baul’) : gopīyantra © Jagriti - DR
23 tambours à friction
La membrane est mise en vibration par friction.
231 A bâton. (baguette)
Un bâton en contact avec la membrane est lui-même frotté, ou utilisé pour frotter la membrane.
231.1 A bâton inséré
Le bâton passe par un trou dans la membrane [cuíca (Brésil), pétadou (France/Pays niçois), zamboumba (Espagne)].
231.2 A bâton noué
Le bâton est noué perpendiculairement à la membrane [Europe].
232 A corde
Attachée à la membrane, une corde est frottée.
231.1 Fût immobile
Le tambour est maintenu immobile [Europe, Afrique].
231.2 Fût tournant
Le tambour tourne à l’extrémité d’une corde frottant dans la gorge d’un bâton tenu par une main [waldteufel/Europe, Inde, Afrique orientale].
233 A main
La membrane est frottée par la main.
Tout le monde connaît le bruit de deux mains frappées, mais quel est celui d’une seule ? Luciano BERIO.
|
24 membranes chantantes (mirlitons)
Mise en vibration par le souffle ou par le chant, la membrane modifie le timbre de la voix [Europe, Afrique occidentale].
241 Mirlitons libres
La membrane est excitée directement sans que le vent passe d’abord par un conduit [papier sur un peigne].
242 Mirlitons à tube ou à récipient
La membrane est placée dans un tube ou dans un récipient [Afrique - certaines flûtes d’Asie centrale comportant un trou latéral fermé par une membrane sont des aérophones à mirliton, tandis que les bala dont les résonateurs sont pourvus de membranes sont des idiophones à percussion 111.2].
Le mirliton de Paolo Conte DR
Suffixes additionnels pour la classe des membranophones : cf. membranophones/mes percussions préférées[lien]
3 cordophones
Arcs musicaux (donc berimbau) - cymbalum - dulcimer martelé - gardon - piano - santur
On sait combien le rôle percussif du piano dans les musiques savantes occidentales du vingtième siècle a pris de l’importance depuis Stravinsky (Les Noces, 1914-1923), avec les intuitions créatrices de l’œuvre-phare de l’année 1937 (Sonate pour 2 pianos & percussions[lien], Béla Bartók) & les possibilités de renouvellement induites par le piano préparé (Cowell, Cage, 1940). On voudra bien m’excuser cet historique en trois coups de cuillers à pot. & puis, après tout, n’est-il pas compréhensible & même encourageant qu’un percussionniste « classique » recherche le « confort » harmonique des touches blanches & des touches noires & veuille aussi se faire plaisir avec des pièces exaltant le côté percutant de l’instrument ?
4 aérophones
Pour ces instruments, l’air lui-même est le vibrateur fondamental.
De très nombreux instruments – en général de petite taille & membre de cette famille échoient aux percussionnistes. Ce sont les appeaux, le jazzo flûte (swanee whistle), les rhombes, les sifflets, les sirènes.
5 électrophones
Curt Sachs semble avoir été le premier à introduire le terme ‘electrophone’ dans sa classification ; dans The History of Musical Instruments (1940), il subdivise le groupe en instruments électromécaniques & instruments radioélectriques. Le visiteur me sera sûrement reconnaissant de n’entrer point dans les détails de ce cinquième groupe.
des instruments
|
d’autres classifications |
Il est difficile d'ignorer que les musiciens en général & les percussionnistes en particulier n'utilisent pas la classification des organologues, sauf s'ils sont également musicologues. Pour les percussions, ils parlent soit d'instruments à hauteurs déterminées ou indéterminées, soit de bois, peaux & métaux (ce qui nous rapproche de la Chine), soit de peaux, d’accessoires, de « tricotis)[lien] » & de claviers de percussion, voire de « digitaux » - pseudo-classification que Julien (1986) qualifie non sans raison d'"inepte aussi bien du point de vue sonore que compositionnel." En tant que musicien, ma préférence irait parfois ( ! ) à la classification de François Dupin[lien] (1971, 60) :
1. instruments à percussion sèche ou claquante [pour chaque classe de nombreux exemples sont donnés, souvent illustrés de dessins de la main d’Antoinette Dupin, épouse de l’auteur] ;
2. instruments à percussions tintante (métaux) ;
3. instruments à percussion brève & ronde ;
4. instruments à percussion de longue résonance ;
5. instruments à percussion lourde ;
6. instruments à percussion éclatante.
Paul Méfano (Méfano, 841-842) – musicien talentueux, plus connu peut-être comme chef d’orchestre que comme compositeur – propose un tableau « non-cartésien » pour rendre compte de la diversité des instruments à percussion. « Pour faire un inventaire complet, il faut donc superposer plusieurs méthodes de classification, qui ordonnent chacune tous les instruments selon un point de vue chaque fois différent. » Le diagramme qu’il a dressé se divise en deux tableaux indépendants ; le premier est lui-même partagé en quatre classes :
1. selon l’effet obtenu ;
2. selon la puissance obtenue ;
3. selon la façon de jouer & les modes de jeu ;
4. Selon les matériaux employés & les formes adoptées.
Le deuxième tableau est divisé en six cadres (A à F), mis en parallèle trois par trois ; ce parallélisme ne me semble justifié que par un impératif… typographique.
On entend bien qu’il s’agit là d’un classement plus hédoniquement sensoriel – ainsi rejoint-il François Dupin – que rigoureusement organologique. Tel quel, basé sur des critères parfois non-exclusifs, parfois réunis par « ou » qui est exclusif alors que « & » est inclusif (cas fréquents dans le tableau 1), accidentellement pénalisé par l’emploi de termes vagues (tambour indien, bassiphone [?], clavier de wood [?]), il ne peut éviter les équivoques ou les contradictions & les… obscurités. Ainsi retrouve-t-on « tam-tam » dans deux familles sans parenté directe. Par contre, les commentaires de Méfano esquissent des ouvertures d’une perspicacité vraiment musicienne.
Autre musicien occidental, le compositeur Claude Ballif a proposé une « Classification des instruments par rapport aux bruits » dans laquelle « … on ne les [les instruments] considère pas du point de vue des timbres, notion trop imprécise, mais on les ordonne à partir de leur véritable origine, c'est-à-dire des cinq bruits familiers qui peuvent être doux ou encore faire un vacarme effroyable sans pour cela changer de ‘mode’. » (Ballif 1963, 11).
Claude BALLIF © DR
J'ai parlé des musicothérapeutes, voici à titre anecdotique peut-être - la classification analytico-projective proposée par l'un d'eux (Benenzon 1993) :
- sonore/musical fœtal : cloche avec battant – hochet ballon avec de l’eau ou des graines - contenant de l’eau ou des aliments – boîte remplie de divers éléments – maracas.
- sonore/musical maternel, vaginal : tambour - guitare - tambourin – conga - timbale – xylophone – métallophone - balafon – marimba.
- sonore/musical paternel, phallique : flûtes - claves - reco-reco – grattoir - calebasse - baguette – sifflet - corne - trompe.
- sonore/musical hermaphrodite : guitare [figure déjà dans la deuxième classe (?)], lyre - zamboumba (tambour rustique) - marimba [sans s] – balafon [ces 2 instruments figurent déjà en classe 2 (?)] - cuíca - berimbau – gong – tambour à fente - cornemuse.
Autrement rigoureuse est la classification acoustique proposée par Emile Leipp dans son livre (¤ 1984. Acoustique & musique. Paris : Masson, 282-297 : diagrammes, tableaux).
Constatant la part prise dans la musique par les nouvelles techniques de production & d’organisation des sons, certains chercheurs ont proposé une classification en quatre groupes :
· instruments mécaniques ou acoustiques,
· instruments électromécaniques,
· instruments électroanalogiques,
· instruments informatisés.
On s’est également arrêté à une séparation en deux grands ensembles :
: les instruments à sons déterminés, aussi mélodiques (& même harmoniques) que rythmiques ;
: les instruments à sons indéterminés, essentiellement rythmiques.
On a suggéré une répartition selon l’origine du matériau générateur du son
: origine naturelle : minérale (pierres), végétales (fibres, fruits séchés, graines tiges, etc), animale (carapaces, coquillages, cornes, corps humain, dents, os, peaux, etc.) ;
: origine artisanale : bois, fibre de fibre de carbone, fibre de verre, métal, plastique, poterie, vannerie, verre, etc. cf. équivalences de noms d’instruments/matériaux naturels.
A noter que les trois familles « peaux-bois-métaux » sont familières aux pratiquants des musiques savantes occidentales, peut-être parce qu’elles rappellent la triade « cordes-bois-cuivres » de l’orchestre symphonique. Analogie que d’aucuns avancent pour expliquer la constitution d’orchestres d’instruments à percussion dont les trois sections décalquent celles de l’orchestre symphonique. Formation dans laquelle on divise le pupitre des percussions en trois sous-pupitres : timbales – claviers – batterie & accessoires.
Autres critères utilisables : le geste mobilisé (agiter-secouer, claquer, entrechoquer, frapper, frotter, gratter, râcler, etc.) ou la modalité du geste : contact direct (coude, doigt, main, poing, talon, etc.) ou indirect (par le recours à un médiateur : baguette, clavier, secousse, etc.).
On a aussi pensé à l’opposition acoustique/électrique, à l’ambitus propre à chaque instrument, voire aux nuances de jeu possibles.
Le tableau comparatif ci-dessous éclairera sans doute ceux des visiteurs dont les taxinomistes invétérés (j’ai tendance à en faire partie !) ont un peu brouillé la vue…
classifications
|
premier niveau
|
||||||||||||||||||
Aré’Aré
|
bambous frappés
|
bambous dans lesquels on souffle
|
|||||||||||||||||
Al-Fârâbî 945 |
instruments à percussion
|
instruments dans lesquels on souffle |
|||||||||||||||||
André Schæffner 1931
|
instruments à corps solide vibrant
|
instruments à air vibrant
|
|||||||||||||||||
Johannes de Muris c1330
|
tensibilia
|
inflatibilia
|
percussibilia
|
||||||||||||||||
Sebastian Virdung 1511
|
instruments tendus de cordes
|
instruments consistant en 1 tube
|
instruments dans lesquels on souffle
|
||||||||||||||||
1961
|
|
bruits naturels
|
bruits instrumentaux imités des bruits naturels |
sons instrumentaux |
|||||||||||||||
petits bruits |
|
||||||||||||||||||
grands bruits |
|
||||||||||||||||||
avant 200 |
tata vādya instruments ‘tendus’ (à cordes) |
avanaddha vādya instruments ‘recouverts’ (membranophones) |
shūsirā vādya instruments ‘creux’ (à vent) |
ghana vādya instruments ‘solides’ (idiophones)
|
|||||||||||||||
Bassari
|
instruments corneurs
|
hochets
|
instruments percutés |
instruments frottés
|
|||||||||||||||
François-Auguste Gevaert 1863 |
instruments à cordes
|
instruments à vent |
instruments à membrane |
autophones |
|||||||||||||||
Victor Charles Mahillon 1893 |
chordophones
|
aérophones |
membranophones |
autophones |
|||||||||||||||
1971 |
instruments à cordes
|
instruments à vent |
percussions |
instruments électroniques & monstres |
|||||||||||||||
« Moderne » XXe siècle
|
instruments mécaniques ou acoustiques |
instruments électromécaniques |
instruments électroanalogiques |
instruments informatisés |
|||||||||||||||
Analytico-projective 1993 |
fœtaux |
vaginaux |
phalliques |
hermaphrodites |
|||||||||||||||
|
idiophones
|
membranophones
|
cordophones
|
aérophones
|
électrophones (classe ajoutée en 1940) |
||||||||||||||
- 4000
|
en métal
|
en pierre
|
en terre
|
en cuir
|
en soie
|
en bois
|
gourdes |
en bambou
|
|||||||||||
Pour en savoir plus sur ces questions de taxinomie, on consultera les éléments bibliographiques listés ci-dessus & on visitera les sites web signalés en fin de page. On n’oubliera pas de visiter la page « collections[lien] » de ce site qui détaille deux types de structures visant à montrer des collections d’instruments :
: des musées,
: des expositions itinérantes.
éléments webographiques
http://learningobjects.wesleyan.edu/vim
www.fuzeau.com [catalogue commercial]
www.kolberg-percussion.com [catalogue commercial]
www.library.yale.edu/cataloging/music/instname.htm
www.museum.com/jb/museum?id=139&show=2
www.music.ed.ac.uk/euchmi/cimcim//
www.pjpercussion.dk [catalogue commercial]
www.r-sons.com [catalogue commercial]
www.vsl.co.at/english/pages/instruments/a_few_words/a_few__words.htm
¡ AMATEUR DE PERCUSSIONS ! Tu t’apprêtes à citer un extrait de cette page des Classifications, sois sympa de faire précéder ta citation de… EXTRAIT
DE http://www.ritmacuba.com/mespercussions.org/instruments/classifications.html (date du jour de ta citation) Merci, à bientôt ! Michel Faligand |
Sources : archives psf (1988-2009)
© 1988-2009 – Michel Faligand – tous droits réservés
Reconstitué sur ritmacuba.com : 2018.11.08 (liens externes non vérifiés)
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