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Musique et Danse - Santiago de Cuba

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Compléments :

- Lien : Musique & danse abakuá Procession, danse & masques
(Commentaires à propos de quatre vidéos)

- Documentaire "Un plante abakuá" (Daniel Chatelain, images de 2011 mis en ligne en 2018)

Page évolutive. Dernière modification : 07/06/2019

- AFRICANITÉ DU VOCABULAIRE ABAKUÁ DE CUBA

origines ethniques & géographiques

par Daniel Chatelain

Sommaire :

1. TABLEAU 1. ABAKUÁ : DE L'AFRIQUE A CUBA. VOCABULAIRE abakuá & RACINES AFRICAINES

2. TABLEAU 2 : QUELQUES SOCIÉTÉS ABAKUÁ REMARQUABLES CRÉES AU XIXe siècle

3. DIFFUSION ABAKUÁ (+ vidéos)

4. BRÈVE DISCOGRAPHIE ABAKUÁ (+ textes de chants et vidéos)

5. BIBLIOGRAPHIE ABAKUÁ


« Dans l'île se reproduit, à travers la mémoire rituelle la vieille séquence des origines africaines. La ligne d'héritage est la même des deux côtés de l'Atlantique : des Efor (c'est-à-dire des Efut) aux Efik (c'est-à-dire des Ibibio). » (Jorge & Isabel Castellanos.1992)


 

I. ABAKUÁ : DE L'AFRIQUE A CUBA.

Ce tableau ne prétend pas être un vocabulaire abakuá. Le lecteur trouvera des travaux de ce type dans la bibliographie.

Son but est de résumer le rapport entre des mots du vocabulaire abakuá et leur origine africaine. D'autres mots, dont nous n’avons pas de précision d’origine, y ont été rapprochés de ceux qui ont une origine africaine identifiée ou vraisemblable, quand ils faisaient sens dans ce contexte. Les termes allusifs aux tambours (sacrés, symboliques etc.) renvoyant eux-mêmes à la notion de voix (sacrée, animale, chant…), nous avons complété le contexte musical par le vocabulaire spécialisé employé.

Ce tableau a été réalisé principalement d’après les données figurant dans Ivor Miller « Cuba Abakuá Chants : Examining New Linguistic and Historical Evidence for the African Diaspora » (cf lien dans bibliographie, infra), sauf indication d’une autre source.

Parmi ces autres sources : Robert Farris Thompson. 1998. "Tres flechas desde el monte: La influencia Ejagham en el arte mundial", référence résumée « R.F.T. 1998 » à l’intérieur du tableau. Et Sosa 1984.

Quand les termes d’origine rituelle sont passés dans l’espagnol populaire de Cuba, nous le mentionons, ainsi que le sens qu’il a pris dans cet usage :indication « pop. ».

Autres abréviations : (esp.) = langue espagnole (port.) = langue portugaise

timbre
Timbre cubain : représentation d'un "diablito" (Ireme) dans un tableau de Landaluze (XIXe s.)

TABLEAU 1. VOCABULAIRE abakuá & RACINES AFRICAINES


 

Cuba

Afrique

Sens à Cuba

Sens en Afrique

Langue africaine d'origine

 

Carabalí *

Calabar (port.)

Kalbary (eng.)

Ensemble méta-ethnique d'esclaves des Calabars à Cuba.

Région côtière du Sud-Est du Nigéria et de l'Ouest du Cameroun

Coexistence de langues kwa & bantu (groupe Niger-Congo)
 

Bibí

Ìbìbìbìò

Désignation ethnique esclavagiste

Langue, peuple, ethnie

Ìbìbìbìò

 

Juegos, potencias, naciones, tierras, partidos (esp.)

 

Autodénominations de sociétés abakuá

   
 

Efìk bùton

Efì kebùton

Efik Obutong

Société abakuá fondée entre 1834 & 1836. La Première en date. Sous le patronage du Cabildo carabalí Brícamo Ápapa Efo

Une ville Efik

Èfìk

 

abakuá

Qua

àbàkpà

•  Equivalent des sociétés Èkpe (confrérie initiatique, culte, pratiques culturelles) des Ìbìbìbìò , Èfìk, èfut, Ibo, Oron etc.

•  Equivalent des sociétés Egbe des Ejagham (antérieures aux précédentes selon R.F.T. 1998)

•  Ces sociétés concernent à la fois des peuples de langue Benué - Congo, où elles sont nées, et de langue kwa (Ibo, Ijaw, Iyó)

Village Qua

Population nommée   àbàkpà par les Efik

(lieu actuellement connu comme :

« Big Qua Town »). Source R.F.T. 1998

«  abakwa » serait un nom donné par les èfik pour désigner ces Qua, voulant dire « les premiers habitants » (Afigbo.1967)

Ejagham (1)

Èfìk

 

Efik Abakuá

Èfìk

Société abakuá

(la plus ancienne en activité de la « tierra » Efi, née en 1845.)

Èfìk : peuple, langue, ethnie des Calabars.

Èfìk (langue bantoïde appartenent à l'ensemble Ìbìbìbìò ).

 

Efó

Efor

Efut

 

Peuple, langue, ethnie des Calabars

efut

(langue bantoïde rattachée aux Ejagham-ekoi)

 

Efori nkómon

Efri ekomo

1. Société fondée par un groupe Apapa Efó (en présence des sociétés antérieures). 1840

2. « Tambour puissant » (Cabrera. 1958)

« Souffler » ou jouer le tambour d'ordre = signifier une interdiction

 
 Cf. plus bas "enkomo".

Nkómon,

enkomo

ekomo

Tambour court abakuá (cf. infra : enkomo )

Tambour court Ékpe

 
 

Orú Apapa

Oron

Société abakuá (la plus ancienne de la tierra Orú ou Orumbo ) 1848 ?

Oron  : Groupe ethnique de la Cross River, sous-groupe Ibo.

 
 

Ékuéri Tongó

(ou Ápapa Umóni)

Ekuritonko / Ikot Itunko

Société de lignage Efi parallèle à Efik Ebuton. 1848

Nom indigène de Creek Town (Calabar)

 
 

Brikamo

 

Tradition carabali (famille Calle de Matanzas)

   
 

Nkríkamo

 

« contremaître des morts » i.e. guide des ireme.
Exécuteur des châtiments désignés par les obones. Joue l'ekón en réponse au tambour de l'ekueñon dans certain rite.
(Castellanos. 1992). Dirige et contrôleles Ireme avec son tambour (Méndez Ledesma. 2015)

   
 

Nkríkamo

 

Tambour symbolique du Nkríkamo.

   
 Eribangando
Photo Daniel Chatelain

Eribangandó

 

Ireme "qui montre le chemin" (porte un coq). Purifie les impétrants.

   
 

Ireme

(peut être aussi appelé ñaña ). 

Idèm ékpe

1. masque

2. « Représentant muet de La Voix » (R.F.T. 1998)

3. « êtres d'outre-tombe... qui voient et écoutent mais ne parlent pas » et s'expriment par leur gestualité et leur chorégraphie (Tato Quiñones, 1994).

4. « dignitaire abakuá désincarné » (Díaz Fabelo. n. d.)

masque

Èfìk

   

ídêm

 

mascarade

Ìbìbìbìò

   

gbé

 

Société du Léopard

Ejagham, Ekoi

 N. B. : bien qu'il ait été décrit par des spécialistes comme tambour à friction, les abakuá considèrent que l'ékué enfermé dans le famba, n'ayant pas de raison d'être vu par un non initié (ni même par un simple initié) , est secret et n'a pas à être représenté. En revanche sa voix, uyo, dialogue avec des actions se passant à l'extérieur, dans la valla et peut être aussi perçue de la rue.

ékue

ékpe

Tambour sacré muni de pieds qui « rugit » pour autoriser le rite (à friction). Réputé d'origine Efó à Cuba.

« Tambor d'entre les tambours » d'où surgit « La Voix » (Castellanos.1992)

1. ékpe (Société du) Léopard
(une société féminine secrète Èfik s'appelle Ekpa)

2. Ekwe : léopard

3. Ekwe tambour sacré qui « rugit » pour autoriser le rite

1. Èfìk

 

2. Ododop (Sosa 1984)

3. Èfik, Ekoi, Ibo

 

uyo ou yuyú, yúyu

úyò

1.Voix (d'ékue), sonorité du tambour Ekue

2. Le divin, le secret, la voix divine

voix, sonorité secrète de Ekpe

Ìbìbìbìò

 
Photo Scott Wardinsky

Bakri ñamkue

ou Bakri ñañkue

nyampke

1.Tambour-crâne rituel à friction. Ce type d'Ekué est joué pour les rites funéraires du Iyamba, maître de l'Ekué. "Substitut de l'Ekwe dans des cérémonies funèbres". (MÉNDEZ LEDESMA 2015)

2. (littéralement) : « cadavre d'un mort distingué et inicié » (R.F.T. 1998).

 

Grade Ekpe (Goldie, 1862)

Èfìk

 

Ñampe

 

Mort (pop.)

   
 

Butame

butamu

Temple (ou Ékué fait entendre le léopard)

léopard

 
 Ebon EfoPogolotti, 2008. Photo Daniel Chatelain

Fambá

(ou butame )


Efamba

temple

Dispositif secret des artefacts d´Ékpe (dans la forêt pour les Efut & les Ejagham, dans un temple pour les Èfik )

Èfik, Efut, Ejagham

 

Moni fambá

 

Ireme chargé de garder le fambá. Le « portier ».

   
 

Fé ékué

( ou Famballín

ou iriongo )

Efe ékpe

Partie du famba où est joué Ékué (il est caché à la vue des simples initiés par un rideau).

1. Maison-siège d'ékpe

2. Cabane, construction Ékpe

3. 'feikpe  : maison à palabres

Èfìk

 

Sikan

Sikanekue

Sikan

Héroïne, fille de roi Efo et épouse de roi Efi, ayant été sacrifiée suite au pacte Efi-Efo, fondatrice mythique liée au son émis par le poisson sacré Tanze et à la rivière. « Condamnée à mourir pour renaître dans le tambour ». (CASTELLANOS. 1992). Personnage central de cette croyance.

Divinité des eaux

 
 

Akanawán

(ou : mokondó, afumíreme, saco)

Akanawán

Vêtement d'Ireme. Appelé également mokondó, Afomíreme ou efomiremo.

Vieille femme (NB : l'esprit de Sikan serait présent dans certains Iremé à Cuba)

 
 

efomiremo

 

Vêtement des Ireme (R.F.T. 1998)

   
 

•  plante (esp.)

 

Cérémonie majeure abakuá. (parmi celles-ci la consécration d'un nouveau tambour ekué quand l'ancien est inutilisable).

Cérémonie d'initiation des obonekué

Allusion à un acte revendiquant un territoire en Afrique : planter une branche de palmier (arbre sacré Ékpe) dans le sol revendiqué, le « différent de propriété » devant être tranché par la société Ékpe.  
 

•  baróko

Mböröko

Cérémonie abakuá. Plante comportant la désignation de charges (plazas)

masque qui sort quand meurt le roi

 
 

Baróko nansó

 

•  Cérémonie de fondation

   
 

Isaroko

 

•  Domaine de la société abakuá extérieur au famba. La cour.

   
 

ou

Valla (esp.)

 

•   arène de combat (de coq)

•  groupe de personnes formant un couloir chantant et dansant dans le patio du temple abakuá

   
 

Abasí

Abasi, Abassi, Obassi

Dieu suprême

Dieu suprême

Abassi = Èfik, Ìbìbìbìò
Obassi=Ekoi (Sosa 1984)

 

enyenisòn

enyenison

Afrique, africain

(Èfìk) qui a (possède) la terre, fils de la terre

Èfìk

 

Efímeremo

Efiom Edem

Iyambá, le premier initié.

Roi de Duke Town (fin 18 e s.), qui fut également Eyamba de Ékpe. L'homme le plus influent (polit. & économ.) de l'histoire Efik.

 
 

Iyamba

Iyamba

- Plus haut grade abakuá. Le premier d'entre les obones. C'est lui qui joue l'ekue, ou plutôt en fait sortir « La Voix » par la technique de la fragaya.

- Roi efo dans le mythe fondateur.

Grade Ékpe

Èfìk (Goldie)

 

mokongo

mekongo

Second grade abakuá. Obon, chef des fêtes et rituels extérieurs au famba, dans l' isaroko .

   
 

Obon

Plur. : obones

obong

Chef, dirigeant, ancêtre, roi.

Désigne les quatre hiérarques supérieurs d'une société (Iyamba, Mokongo, Isue, Isunekue ).

Chef, roi


 

obonékue

Obong ékpè

Initié (de faible grade)

Membre d'Ékpe

 
 

abanékue

abanékpè

Initié (de faible grade)

Initié (de premier grade), néophyte

 
 

sese, seseribo, eribó, senseribó

 

Objet rituel consacré en forme de tambour de l' Isué (Le seseribo est parfois comparé au calice et l' Isué à un évêque). Sa peau n'est jamais tendue et il n'est jamais joué.

   
 

Isunekue

 

Obon « gardien de la voix » (voz), gardien du famballín où réside l'ekue. Le « Grand Substitut », celui qui peut remplacer les autres obones, y compris l'Iyamba pour faire rugir « La Voix » (Castellanos. 1992). Un des quatre grands dignitaires conjointement à Iyamba, Mokongo et Isué.

   
 tambour symbolique
Tambour symbolique - Photo Daniel Chatelain

Ekueñon

 

Dignitaire abakuà, ministre des sacrifices (Castellanos. 1992). Celui qui invoque "la voix sacrée" pour l'acheminer vers Ekue. (Méndez Ledesma. 2015)

Ekueñon

Efìk, Ekoi (Sosa 1984)
 

Ekueñon

Ékpeñón

Tambour symbolique de l' Ekueñon

Efìk, Ekoi (Sosa 1984)
 

Mpegó

 

Dignitaire abakuà, celui qui trace les firmas sur les initiés et sur les tambours, celui qui commande le silence avec son tambour pendant les initiations, chargé de la discipline.

   
 

Mpegó

 

Tambour symbolique du Mpegó, représente la justice. Réputé pouvoir se substituer à Ekwe (Méndez Ledesma, 2015)

   
 Plumet sur un tambour symbolique peint en façade d'un temple
Plumets sur une façade de temple. Photo Daniel Chatelain

Násako

 

•  Dignitaire abakuá chargé entre autres de consacrer les sept muñones (plumets) qui ornent les tambours symboliques.

•  Un des 14 chefs du mythe fondateur, le sorcier.

   
 

monína

monína

1. frère en religion)

2.« mon frère »  (figuré, pop.)

ami

Ejagham*

 

mimba

min, mimbo

Boisson rituelle (vin de palme?)

boisson rituelle (vin de palme)

Èfik

 

asére

asere

1. Je salue

2. « mon frère »  (figuré, pop.)

Je te salue

Ibìbìbìò

  (chants in Akpabot 1975).

   

àsè

 

1. ainsi soit-il

2. expression élogieuse pour une personne de haut rang

 
   

esiere

 

bonsoir

Èfìk

   

asiere

 

bonsoir

Ìbìbìbìò

   

emesiere

 

bonjour

 
 

Ekobio

Ecobio

Okobio

 

•  frère en religion 

•  « mon frère »  (figuré, pop.)

   
 

Chévere

shebere

 

•  autorisé, qui détient l'autorité

•  bon, excellent, généreux, ouvert, "chouette" (pop.)

   
 

Payador (esp)

 

Chanteur improvisateur

   
 

Gallo (esp.)

 

Coq, chanteur soliste

   
 morua Iansa
Morua Yansa (centre)- Photo Daniel Chatelain

Moruá yuánsa

Ou Yuánsa na


 

Chanteur soliste.


   
 

Moruá Batanga

 

Titre d'un dignitaire Moruá yuánsa. Signifierait :   « Celui qui parle beaucoup »

   
 

Batanga

 

1. Beaucoup

2. Ethnie du Sud-Ouest Cameroun (du même groupe que Efut)

 

Langues bantoues

 

Moruá

Mu'-ru-a

Chant

Initié supérieur en Ékpé, pleureur-hurleur des dignitaires de haut rang

 
 

Moruá


Ou Eribó Ngomo.

Mùrúa

Dignitaire abakuá

(sans lien avec le moruá Yansa)
Dans la hiérarchie, aide de Enkíkamo et de Empegó (Méndez Lesma 2015).

Un des degrés du culte Ékpé, intervenant dans le couronnement des rois

 
 

Jerey baribá benkamá - (Rép.) Wa !

Oye bari....ooo... - (Rép.) Uwa !

« Attention ! je vais dire mon histoire et déclare » (Rép.) « Prêt ! » : paroles d'exergue, antiphonales dans un plante.

« Attention ! je vais parler « (Rép.) « Prêt ! »

 
 

be

 

Dire une histoire

 

Londo (Efút ?) et autres (l. bantu)

 

n-kamá

 

Je déclare

   
 

enkame

ekame

chant

Appeler l'attention, commencer, déclarer

Èfìk

 

Inúa / béfumas

/ decima (esp.)

1. Inùa (n.)

2. eneminua (v.)

Type de chant

1. bouche

2. flatter

Èfìk

 

ibiono

I-bi-ön'-ö

1. Swing, duende,

2. musique

Ville Ibibio

Ìbìbìbìò

 

Tratados (esp)

 

Mythes (chantés)

   
 

Controversia (esp)

 

Compétition entre deux Moruá yuánsa

   
 
Biankomeko. Exposition Mililián Gali. 2008. Photo Daniel Chatelain

Biankomo

Biankomé

Biankomeko /

 

Orchestre de tambours dans la valla. Les tambours du biankomo sont réputés d'origine Efí à Cuba.

   
 
Photo Daniel Chatelain

enkomo

ekomo

Tambour court du biankomeko. Les trois enkomo sont : biapá , arobapá , and kuchiyeremá . Tambours à coins pariétaux comme l'ensemble des tambours abakuá.

Tambour (générique). Les membranophones   de la région de Calabar ont un mode de tension spécifique : « à coins pariétaux ».

Éfik

Ìbìbìbìò

 
Au centre. Photo Daniel Chatelain

Bonkó Enchemiya, ( bonko enchemi, bonko, boncó )

 

Tambour soliste du Biankomo (environ 1 m. de long)

   
 
Photo Daniel Chatelain

Moní bonkó

 

Tambourinaire soliste du Biankomo

   
moni enkomo
Photo Daniel Chatelain

Moní enkomo

 

Tambourinaire accompagnant

   
   

Muni

 

Chef (Efut)

Efut

   

Ebunko

 

Vice-président Ékpé

 
   

Ebonko

 

5e grade Ékpe (commandant les quatre autres)

Éfik & ?

   

Ebu nko / ebonko

 

Grade úgbé

Ejagham

 

Bonkó, bongó

Abuncko (18e siècle)

Tambour. A Cuba, l'orthographe «bonkó» est réputée être Efik et «bongó» Efut & Ejagham (non vérifié en Afrique)

Tambour. 1773 :  abuncko   « a donné l'ordre » (s'est fait entendre pour annoncer une nouvelle loi)

Éfik

 

Ekón

Ñkóñ

Cloche à manche (sacrée dans la mythologie Efi). Réputé d'origine Efó à Cuba. Instruments joué uniquement par certains dignitaires autorisés car "à travers l'ekón parle Ekué". (Neira 2007). Actuellement souvent remplacé par une campana, en tout cas à l'extérieur du famba.

Cloche (en forme d'entonnoir)

 
 

enkanika

Ñkanika

cloches à battants portées à la ceinture par les Ireme**

Cloche

Éfik

 

erikundi

 

1. Idiophone secoué d'osier tressé utilisé dans le biankomeko (cf illustration). Egalement présent dans les cabildos carabali de l'Oriente cubain. Proche du caxixi brésilien.

2. Idiophone secoué en forme de croix dont les branches se terminent en petites boules. Utilisé conjointement avec l'erikundi 1. dans le biankomeko.

   
 Itones
Porteurs d'Itones dans la valla - Photo Daniel Chatelain

itón

 

Baton.

1. Sorte de sceptre orné porté par des gradés abakuá
2. itones (plur.) batons entrechoqués pouvant intervenir dans la polyryhmie abakuá.

Le itón de cérémonie abakuá est un équivalent du monyio Ekpe couvert de peau de félin et de fibres de rafia (R.F.T. 1998)

 

ENTRÉES DU TABLEAU SELON L'ORDRE ALPHABÉTIQUE :

A abakuá, abanékue, Abasí, Ápapa Umóni, Akanawán, asére

B Bakri ñamkue, Baróko, Baróko nansó, Batanga, Biankome, biankomeko, Bibí, Bongó, Bonkó, Brikamo, Butame

C Carabalí, Chévere

E Efik Abakuá, Efì kebùton, Efìk bùton, Efímeremo, Efó, efomiremo, Efor, Efori nkómon, Ekobio, Ecobio, Ekón, Ékue, Ekueñon, Ékuéri Tongó, enkame, enkanika, enkomo, eribo, erikundi, enyenisòn

F Famba, Famballín, Fé ékué

J Juego (esp)

I Inuá, Ireme, Isaroko, Isunekue, Itón, Iyamba, iriongo

M Mokongo, Monína, Moni fambá, Moruá, Mpegó, Moni Bonkó

N Násako, nkómon, nkríkamo

Ñ ñampe, ñaña

O Obon, obonékue, okobio, Orú Apapa

P partido (esp), payador (esp), plante (esp), potencia (esp)

S sese, seseribo, Sikan, Sikanekue

T tierra (esp)

U Uyo

N. B :

    • Ekoi : cluster d'environ 85 langues du Bassin de la Cross River
    • Convention : le signe signalant un o ouvert en éfik (o barré en bas) est ici écrit : ö

(1) Ejagham  : auto-dénomination ethnique (les Efik les ont appelés « Ekoi »). Les Ejagham font partie de l'ensemble bantu, linguistiquement et culturellement.
Leur existence dans leur localisation actuelle serait antérieure aux grandes migrations bantu (source : R.F.T. 1998), en suivant les découvertes de Greenberg à ce sujet. Celles-ci ont d'ailleurs permis de renoncer au terme "semi-bantou" emplyé auparavant dans cette région. Cette localisation pourraît être proche géographiquement de la source de ces migrations.

* Les groupes Carabalí de l'Est de Cuba (cabildos Carabalí Isuama & Carabalí Olugo à Santiago, traditions carabalies de Guantánamo), bien qu'issus des Calabars, n'ont aucun lien repéré avec les sociétés abakuá, qui elles, sont limitées à La Havane, Matanzas & Cardenas. Des influences culturelles carabalí autres qu'abakuá sont repérées à Matanzas (cabildos brícamo), en Oriente, au Centre-Sud (Cienfuegos, Trinidad...).

** Les équivalents africains ékpe des Iremé, les Idèm ékpe, ne portent actuellement à la ceinture qu'une seule grande cloche à battant au dessus des reins.


 

II. TABLEAU 2 : QUELQUES SOCIÉTÉS ABAKUÁ REMARQUABLES CRÉES AU XIXe siècle 

Temple Efori Komo

Temple Efori Komo Ireme Ita-Ipo (Société fondée en 1840). Pocitos de Marianao (2011). Photo Daniel Chatelain


Nom

Caractéristiques

Création

Localisation

Efìk bùton

Efì kebùton

La Première en date des sociétés abakuá fondée. Née sous le patronage du Cabildo carabalí Brícamo Ápapa Efo. Aujourd'hui disparue.

entre 1834 & 1836

Fondée à Regla. Membres liés à Belén

Eforikomó ou Efori Ekomon

La plus ancienne actuellement.

1840 (ou 1838)

Pueblo Nuevo (anciennement Barracones). Actuellement à Pocitos de Marianao.

Acanará Efó Ocobio Mucarará ("Mère Efó des Frères Blancs")

Fondée par Andrés Petit : la première société abakuá de Blancs

1860

 Regla

Bumá Efó / Efori Bumá dite aussi "Guzmán" (hispanisation)

Historiquement société de Noirs

 

El Horcón / Carraguao. Actuellement Los Pocitos de Marianao

Enseniñen

Historiquement société de Blancs. Ne pas confondre avec Ensenillén Efó, également société de Blancs, créée au XXe siècle à Atarés, laquelle fut sauvée de la disparition dans les années 40 du XXe siècle par l'assistance de Efori Bumá. Ces deux dernières ont toujours des cérémonies communes.

 

El Horcón / Carraguao.

       

 Efori Buma

Pocitos de Marianao, 2011. Photo Daniel Chatelain


III. DIFFUSION ABAKUÁ

Il n'est connu de sociétés abakuá qu'à Cuba, toutes dans les provinces de La Havane & Matanzas. En 1975 se crée la Comisión Central de Unidad abakuá ou Organización por la Unidad Abakuá (O.U.A.) intégrée au départ part 43 potencias de La Habana, Guanabacoa & Marianao. Elle est reconnue en 1996 en réunissant les représentants 63 potencias avec les autorités (Ramon Torres. 2007).

Les potencias sont actuellement plus de 150, regroupant plus de 20.000 membres. Cependant, au cours de la société coloniale des prisonniers abakuá ont été transportés en Espagne et à Ceuta. Certains musées espagnols témoignent de la recréation d'artefacts abakuá en Espagne (1998. Robert Farris Thompson). La tradition d'une société abakuá de Noirs transmet que ses objets rituels d'origine ont été sauvés par leur transport en Espagne par un Espagnol. Celui-ci fut ensuite le premier Blanc introduit dans cette société.

Aux USA, où des initiés Abakuá se sont installés depuis au moins les années '30 du XXe siècle, a commencé à se développer un art abakuá dans les années 2000 porté par des immigrants cubains abakuá et des initiés états-uniens. Les premiers contacts entre des abakuá et les sociétés africaines du léopard ont été initiées à partir des USA, une fois entré dans le XXIe siècle, sous l'égide de Ivor Miller. Des abakuá vivant aux USA et des membres nigerians d'une société Ekpé ont été réunis au Musée du quai Branly en janvier 2008.

L'influence culturelle abakuá est importante au long du XXe siècle dans la tradition de carnaval de La Havane, grâce aux relations entretenues entre les potencias et leur quartier. De nombreux musiciens havanais & matanceros étant abakuá la présence abakuá dans la musique populaire cubaine est continue, dans la musique comme dans les textes. Le son en porte la marque dès la fondation des premiers sextetos de La Havane. La plupart des premiers bongoceros de son havanais sont abakua. L'auteur-compositeur le plus important des premiers temps du son havanais, Ignacio Piñeiro est abakuá. Il crée un style musical, la clave ñañiga ou "marche abakua", jouée par des formations soneras.  Le style de rumba columbia est irrigué régulièrement par l'influence abakuá, dans les textes comme les chorégraphies masculines de ses danseurs.

Clave carabalí du Sexteto Habanero


Quelques Musiciens abakuá célèbres : Ignacio Piñeiro (Sexteto Occidente, Sexteto & Septeto Nacional), Agustín Gutierrez (bongosero Sexteto Habanero, Septeto & Conjunto Matamoros, Septeto Matancero, Septeto Nacional, Conjunto Folklórico Nacional, Clave y Guaguancó), Juan de la Cruz Iznaga (chanteur, fondateur Septeto Nacional), Chano Pozo (percussionniste, compositeur : société Muñanga Efó, introducteur des congas dans le jazz, El Chori, rumbero membre fondateur de Yoruba Andabo (différent du showman timbalero El Chori). Miguel Faílde, figure de proue du danzón est réputé avoir appartenu à une potencia de Matanzas.

Texte de la clave ñañiga : "En la alta sociedad" (Ignacio Piñeiro, interprété par Maria Teresa Vera) :

En la alta sociedad,

Quisieron jugar Diablito,

Y ni tan solo un poquito,

Lo pudieron imitar.


Cuando fueron a tocar,

Usaron cien instrumentos,

Sus confusos movimientos,

No los dejó terminar.


Para cantar abakuá,

No sirve la maraquita,

El Íremo necesita Enkomó y Bonkó,

Y el eco beco efimeremo Obon Íllamba.


Entonces con gran primor,

Oirán a Yoanza cantar,

Ekue ullo ke acanapon ibio ibio Ibio kondo,

Y yo con mi voz respondo,

Al compás del Eribó,

Enegue mosongo moto,

Efimeremo Ekueñón,

Monina entumba batanga,

Embere Abakuá Efó.

Sanga aprofa nandiva ekobio Abakua Efó. (refrain)

 


IV. BRÈVE DISCOGRAPHIE ABAKUÁ

Cette discographie comprend les titres analysés dans l'article d'Ivor Miller.


Grupo AfroCuba : Raíces Africanas/ African Roots. 1998. “Abakuá.” Traditional arrangement by Francisco “Miníni” Zamora. Recorded February 1996, EGREM studios, Havana. Shanachie 66009.

Ibiono. 2001. Caribe Productions. Recorded in Havana, 2001. Producteur : Dagoberto A. González, Jr. CD 9607.

Los Muñequitos de Matanzas: congo y yambumba. 1994. “Abakuá #3.” Enregistré en 1983. New York: Qbadisc.

Los Muñequitos de Matanazas: vacunao. 1995. “Abakua Makonica,” d.r. (traditionnel). Qbadisc, Inc.

"La música del pueblo de Cuba" Antecedente africano. Enregistrements in situ in situ. Double LP "Canto Abakuá, marcha abakuá"



Musica afrocubana. 1993. “Encame.” Viejos cantos afrocubanos: antología de la música afrocubana. Vol. 1. Par Victor Herrera, soliste, & son groupe. Enregistré en 1962 by Algiers León. La Habana : EGREM. C 3325.

Yoruba Andabo: el callejón de los rumberos. 1993. “Enyenisón Enkama Africa habla” (Abakuá). Arrangement and voix soliste, Ogduardo “Román” Díaz Anaya. La Habana: CDPm Records 2039. EGREM Studios, 1993.

Yoruba Andabo : Del Yoruba al Son. 1997. “Enyenisón Enkama 2” (D.R.). Arrangement and voix soliste, Ogduardo “Román” Díaz Anaya. Magic Music/ Universal. CD FMD 75141, La isla de la música, vol. 6.



CD Ibiono


CD Ibiono : Apapa Efi


CD Ibiono : Bacongo Efo, Betongo Efo


Un arrangement de Jesús Alemany & Cubanismo sur un thème abakua : ibiono utereran


Appapas del calabar (Juan Formell, Los Van Van)


Fueron los Appapas del Calabar,
negros libertos y esclavos Carabalí,
los que se atrevieron a fundar
la primera sociedad secreta negra en nuestro país.
Y se dice que fue el Appapa Efó
el fundamento del Abakuá en Cuba,
él que autorizó
al Efik-Butón, al Efik Kondó, al Efik Ñumané, al Efik Acamaró, al Efik Kunakúa, al Efik Efigueremo y al Efik Enyemiyá;
que autorizaron al Eforí Isún, al Eforí Kondó, al Eforí Ororó, al Eforí Mukero, al Eforí bumá y al Eforí Araocón, las siete ramas, las siete ramas,

de las dos potencias que crearon el Efí y el Efó, dime si no...

Y todavía está viva esta tradición en Cuba:
se les llaman ndísimes a los que se van a jurar,
que primero antes de entrar al fambá
tienen que arrodillarse ante una ceiba, que son los Wawasí,
una mata, una mata que son sagrada
pa' to' los negros Congo, Lukumí Carabalí
y ofrendarle, ofrendarle un embori,
que son un chivo que vas a sacrificar
el Aberisún,
y exclamarle sólo, el solito, el sólo a la mata
este rezo que dice así:
'Asere ukano entomiñón beconsi
¡Sanga Abakuá!
Asere itia obón indiobón, eteñe nefón
abakuá bakánkubia',
esta cosa se dice así

 Coro: ¡Ekué, Ekué, Chabiaca Mocongo Ma Chévere!

Los Mocongos Bijuraca Embori son los mocongos que traen el acto de su juramento,

Coro: ¡Ekué, Ekué, Chabiaca Mocongo Ma Chévere!

Los Mocongos Arikuá Arikuá son los mocongos que entran en el Monte a buscar su caña,

Coro: ¡Ekué, Ekué, Chabiaca Mocongo Ma Chévere!

Los Mocongos Forifá Aritá son los mocongos que pueden entrar, que van a penetrar el
fambá,

Coro: ¡Ekué, Ekué, Chabiaca Mocongo Ma Chévere!

Los Mocongos Ma Chévere son los mocongos que van a desfilar en la procesión »

Coro: ¡Ekué, Ekué, Chabiaca Mocongo Ma Chévere!
Tú sabes que Mocongos Muchángana son los mocongos que van a la guerra, que van a guerrear.

Coro: ¡Ekué, Ekué, Chabiaca Mocongo Ma Chévere!
Coro: ¡Ekué, Ekué, Chabiaca Mocongo Ma Chévere!
Coro: ¡Ekué, Ekué, Chabiaca Mocongo Ma Chévere!

El Moruá-Engomo va a rayarle a todos los indísimes con un yeso amarillo, ése es el color que son la vida y la prosperidad, pero los va a rayar bien duro, con

una cruz en la frente, en el pecho, en las manos y en los pies,

Coro: ¡Ekué, Ekué, Chabiaca Mocongo Ma Chévere!

Y con otro yeso blanco, que son el color que significa la muerte y la fatalidad; los va a volver a rayar pero suave, muy suave, muy suavecito, pa' que no se

vea nada.

Coro: ¡Ekué, Ekué, Chabiaca Mocongo Ma Chévere!

Y un saludo pa' todas las potencias Efík, Efó,
en Regla, La Habana y Matanzas

Coro: ¡Ekué, Ekué, Chabiaca Mocongo Ma Chévere!

les dé mucha suerte y mucha salud a todos
»

V. BIBLIOGRAPHIE ABAKUÁ

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- TORRES ZAYAS, Ramón, compilador. 2015 : La sociedad abakuá, Los hijos de Ekpe , ed. Ciencias Sociales, La Havane.


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