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Santiago de Cuba - Juillet |
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Une interview de Ramón Hilmo par Daniel Mirabeau
Pití Dansé est un groupe de musique et de danse de Las Tunas[1]. Il est constitué d'une vingtaine de membres de la communauté haïtienne, qui partagent pour la plupart des liens familiaux. Des adolescents aux anciens, tous les âges y sont représentés. Le noyau central du groupe se rassemble dans un habitat de quatre ou cinq maisons individuelles autour d'une cour en terre battue, à l'orée de la ville.
Le
groupe Pití
Dansé fût
fondé en 1925, tout d'abord sous le nom de Ti
la
flè[2],
dans le village de Meriño, (province de Las Tunas). Cette zone
concentrait une forte population d'immigrés haïtiens, venus
travailler la canne à sucre. Dans ce contexte géographique, un
quart de la superficie du pays concentrera 60% des immigrés
haïtiens. Ils s'installèrent depuis la zone orientale de Cuba
jusqu'au Centre, de Baracoa à Ciego de Avila. En ce qui concerne
la région de Las Tunas, beaucoup vivaient dans la zone de Manatí (La
Guinea,
Colonia de Fleitas, Colonia Habana,Yarigua, Meriño, Central
Argelia Libre). Dans certaines de ces localités sont encore
représentées les fêtes de gagá, entre les mois de mars et
avril.
La
fondatrice du groupe Pití Dansé, Samdi Nagot[3]
(ou “Marina”) est arrivée des Cayes[4]
avec sa famille en 1917. Elle restera à la tête du groupe et
responsable religieuse[5]
de la communauté haïtienne de Meriño[6]
jusqu'à sa disparition en 1960. Sa fille, Silvia Hilmo Samdi (Titina)
prendra sa suite en 1967 avec les même fonctions. En 1970, la
communauté s'établit dans le quartier d'Aguilera, périphérie du
centre-ville de Las Tunas, là où elle encore domiciliée. Titina
fit connaître le groupe Pití Dansé dans toute la région
d'Oriente, participant aux plus importantes manifestations
culturelles, dont le Festival del Caribe dès sa première
édition en 1982. Un musicien issu de
Pití Dansé a
particulièrement contribué à sa renommée, Xavier Expret[7].
Il fut l'un des "passeurs" de la culture haïtienne les plus
significatifs à Cuba, assesseur musical et fondateur de bon nombre
de groupes et compagnies[8].
Au décès de Titina en 2008, sa fille Marta reprendra ce sacerdoce,
la partie musicale du groupe étant dirigée par son chanteur
principal, Ramon Hilmo Samdi, fils de la fondatrice.
L'entretien qui suit est réalisé chez Marta, sur le domaine
familial du quartier d'Aguilera. Sont présents lors de ces séances
d'enregistrement : Serafina
María Ronda Infante,
ethnologue et professeur de philosophie à la Faculté de Las Tunas,
Marta et Ramón Hilmo Samdi et l'auteur. Pour une facilité de
compréhension, les échanges ont été synthétisés dans un dialogue
entre Ramón Hilmo Samdi et l'auteur.
Ramón Hilmo Samdi, Serafina María
Ronda Infante,
Marta Hilmo Samdi © D. Mirabeau
Tout
d'abord, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre
famille?
Mon nom est
Ramón Hilmo
Samdi. Je suis né ici à Cuba en 1934,
à Manatí. Mes parents étaient
haïtiens de la province des Cayes. Ils sont arrivés dans cette
région de Las Tunas en 1917, comme
travailleurs agricoles. Le labeur était dur dans les grandes
propriétés, à couper la canne, récolter le café, presque comme des
esclaves[9].
Tous les travaux y passaient, selon les tâches distribuées par les
contremaîtres des bateyes[10]
de la colonie. C'était surtout mon père qui était aux
champs, ma mère s'occupait des enfants et de la maison. Elle fût
rapidement connue dans la colonie comme divinèz[11];
elle était donc régulièrement consultée par les Haïtiens. Elle
officiait également comme mambo[12]
dans les cérémonies vodou. Le mois le plus intense pour elle était
celui de décembre, où se manifestaient les esprits courants et les
siens, les familiaux. Selon les années, en fonction du calendrier
des offices propres à chacun des lwa[13],
la fête pouvait durer entre deux et sept jours. Lors de ces fêtes
et cérémonies se réunissait toute la famille, élargie à d'autres
membres de la communauté, amis et voisins. Elle nous disait en
créole: "Lòm pral
fe manje
mwen, pou m' okipe
lwa m' tout fanmi
mwen. Devwa
m'reuni nou
ansanb, pye
ak pye
avek zepol
ak zepol,
lòm pral
servi lwa mwen[14]"
(l'échange se poursuit en créole et digresse joyeusement....).
Vous parlez magnifiquement bien le
créole! Ceci n'est pas le cas de tous les fils d'Haïtiens à Cuba.
J'ai vécu une grande partie de mon
enfance sur les bateyes[15],
entouré quasiment exclusivement d'Haïtiens, à Meriño,
à Santa Isabel, dans ces différents lieux de la région où les
riches propriétaires terriens avaient besoin de main-d'œuvre pas
chère et où mes parents travaillaient. Ce n'est pas seulement la
langue créole qui est ancrée en moi, mais toute la culture de ma
communauté : ses coutumes, sa religion, sa gastronomie, mais aussi
le sens du respect, inculqué par l'éducation que m'ont transmise
mes parents. Comme pichon[16],
il fallait savoir se tenir, bien connaître sa place, entouré
des maîtres et contremaitres. En ce temps-là, il était vital
d'être discipliné. Hormis l'éducation reçue par ma mère et mon
père, une famille catholique m'a appris à lire et écrire, au
travers de manuels scolaires et de la Bible. Beaucoup de ceux de
ma génération ont reçu une instruction solide en français avec
l'aide de nos compatriotes. Nous passions de l'Espagnol appris à
l'école cubaine, au Français de la classe de Madame Moreaux et au
créole du batey. Tout
cela parfois était mélangé, en fonction des interlocuteurs.
Les jeunes d'ici parlent le créole?
Nous leur apprenons, oui bien sûr!
Ils ne le parlent pas dans la vie courante; en dehors de la
famille, c'est l'Espagnol qui est en vigueur à Cuba. Mais entre
nous, il y a des moments où l'on parle créole, c'est important. Le
dernier de nos anciens qui avaient immigré d'Haïti est décédé en
2001 à cent ans. Nous sommes tous nés ici à Cuba, avec nos racines
là-bas. On continue à transmettre ces éléments de notre culture
aux jeunes générations, c'est encore très présent.
Pouvez-vous nous parler un peu des
costumes lors des rassemblements, des moments de fête?
Lors des fêtes haïtiennes, ma mère
portait l'habit traditionnel : un foulard sur la tête, un corset
lacé, un jupon sous une robe satinée où elle attachait des rubans
colorés. C'était le code vestimentaire pour exécuter les danses de
salon. Il fallait savoir être élégant pour les menuat,
merengué, eliansé,
foltro matinik
et autres.
Pourrait-on détailler un peu ces danses
de salon? Commençons par le menuet.
Oui, c'était une danse de salon où se
faisaient face quatre hommes et quatre femmes.
Le maître de danse annonçait : "Attention, les huit, balancez![17]".
Et la musique débutait. On ne le fait plus, hélas !
Le foltro
que vous avez cité, je ne connais pas. Qu'est-ce que c'est?
C'est aussi une danse de salon.
Elle s'exécute en couple, sur une vitesse plutôt lente.
C'est amusant, on dirait un mot
anglais, comme fox-trot.
Oui, ça vient de l'anglais. Tu
sais en Haïti et même ici à Cuba, il y a eu les Américains[18];
des choses de leur culture font partie de la
nôtre aussi.
L'eliansé,
dans votre liste de tout à l'heure, je connais un peu. Je
l'ai collecté à Santiago et Guantánamo. Y a t-il une
particularité dont vous voudriez parler?
La chorégraphie ressemble un peu à
cette séquence du danzón où
les hommes vont inviter ces dames à danser, cette séquence où ils
conversent. Dans le danzón,
les femmes font un signal avec leur éventail pour dire si
elles acceptent l'invitation, je ne me souviens pas si elles
l'ouvrent ou le ferment. Dans l'eliansé,
l'homme a deux mouchoirs, l'un pour lui et un autre pour la
dame. Il lui en propose un. Si elle accepte la danse, elle le
gardera à la main.
Toujours à propos des danses de
salon, vous m'avez parlé de matinik?
Oui, le matinik
en fait partie.
Ce mot m'intrigue, il doit y avoir un
lien avec le yuba matinik,
pratiqué en Haïti
C'est la même chose.
C'est un rythme que j'ai appris là-bas,
où l'un s'assoit sur le tambour pour jouer la peau du tambour,
pendant que l'autre tape le catá
sur le fût en bois. Dans la tumba
francesa, il y a aussi la
séquence du yuba ; ils ont
enlevé le mot matinik, mais
c'est la même racine.
Oui, comme pour le yuba
de la tumba francesa,
le matinik se danse en
solo face au tambourinaire, assis sur son instrument[19].
La danse ressemble un peu au zapateo[20].
Mais les jeunes ne savent plus le danser, ni le matinik,
ni le zapateo. Une année, on
jouait sur un festival où un groupe de la Martinique était invité.
C'était très beau et ressemblait au style matinik
que l'on faisait chez nous.
A quelle occasion joue-t-on ces
danses de salon?
Elles ont malheureusement un peu
disparu, pour certaines complètement.
Les groupes folkloriques faisant spectacle leur préfèrent des
danses plus rapides et sensationnelles, qui plaisent au public.
Cependant, dans le cadre religieux, il y a une cérémonie où seules
sont jouées ces danses de salon. C'est le service pour lwa
blan[21].
On y exécute des danses de salon, mais aussi le congo[22],
de manière minoritaire. Il est également de bon ton que les
membres de l'assemblée soient vêtus de blanc. Des fleurs blanches
sont disposées sur la table, ainsi que des nourritures douces et
de couleur claire. Pas d'alcool sur la table, des verres d'eau.
Des colombes blanches sont présentes, mais aucun sacrifice
d'animal n'est opéré. Ce code de couleurs est lié au
caractère délicat et raffiné de lwa
blan. Si entre autres, ce code
n'est pas respecté, l'esprit refuse les offrandes et la cérémonie
est ratée.
Ce type d'attributs et de codes ressemble
beaucoup à ceux des cérémonies de spiritisme auxquelles j'ai
assisté à Guantánamo ou Santiago.
Oui, mais ce n'est pas la même
religion. Nous parlons là du vodou, celui d'Haïti. Il y a des
points communs, car toutes ces religions se pratiquent ici, à
Cuba, sur la même terre. Mais nous parlons en créole, préparons
des plats typiquement haïtiens et plus encore.
Revenons aux cérémonies vodou.
Quelles sont les dates importantes dans votre communauté?
Il y a deux périodes
importantes. À partir du 21 décembre et sur plusieurs jours, nous
fêtons notre lwa fanmi[23]
et bien d'autres encore. Le deuxième moment fort dure toute la
Semaine Sainte[24].
À
propos des cérémonies vodou de décembre...
Avant de disparaître, ma mère a légué
tout son savoir à Titina. Puis
elle-même à sa fille à Marta, ma nièce, qui officie maintenant
lors des cérémonies. Comme je l'ai déjà dit, la durée de la fête
de décembre est variable, entre trois et six jours. Certains lwa
ne mangent pas chaque année.
Nous commençons toujours par un service pour Leba le 21
décembre, celui qui ouvre et ferme les chemins. Suit alors la
cérémonie pour lwa blan,
telle que je te l'ai décrite auparavant. Après cela, on quitte les
vêtements blancs pour des tenues colorées et élégantes. On
continue avec la partie africaine et les esprits congo.
Larèn congo
est très coquette et aime la couleur. Elle ne rechigne pas
également à danser la salsa. Il y a aussi un service pour Ogoun,
Gran Bwa,
etc... La musique jouée pour Ogoun,
Leba et Gran Bwa
est commune. Ce sont les chants qui changent et sont dédiés à
chacun d'entre eux[25].
Quand
vous parlez de musique commune pour ces trois lwa,
je vois de quel rythme vous parlez, le vodou kouran.
Mais peut-on aussi leur jouer le nago?
Maintenant
oui, on le fait. Il y a longtemps, on jouait ce rythme pour les
lwa nago uniquement. Ils avaient
leur jeu de tambours, au nombre de deux, plus petits que les rada.
Le nago que nous jouons à Cuba est le plus rapide des
rythmes vodou. Il accompagne les chants de toutes sortes de lwa[26].
Revenons au vodou. Y a t-il chez
vous des lwa particuliers,
d'héritage familial?
Oui oui,
bien sûr, Ogún Sampaz
veille sur nous. Marina l'avait déjà en Haïti, il n'existait
que pour sa famille, aux Cayes. Elle l'a amené avec elle quand
elle a immigré à Cuba. On fête son anniversaire tous les 2
février; c'est ce jour là où il est apparu la première fois au
travers de Marina, au début de son arrivée à Cuba. Ogún
Sampaz est un guerrier,
il parle créole et espagnol. Comme Ogún
Guerrero, on le représente à cheval, avec une épée, un
grand chapeau et fumant la pipe. Quand nous commençons les
cérémonies de décembre, nous nous plaçons sous sa protection. On
lui sacrifie une chèvre pour son anniversaire. Nous te montrerons
son autel tout à l'heure. Aussi, quand défile le ban rará
de Piti Dansé, la doyenne du groupe
est vêtue en blanc et rouge, aux couleurs d'Ogún
Sampaz.
J'avais quelques questions sur des
genres musicaux assez peu connus. Pouvez-vous me parler du rasiñé?
Le resigné[27]
est un style de danse qui date du début de la formation de
notre groupe Piti Dansé,
à l'époque où on l'appelait encore Ti La Flè.
En plus du gaga, qui était notre principale activité, on
jouait dans les bals. Tu sais ce que signifie le mot en français.
Celui qui allait danser cela, devait en connaître les risques, se
"résigner" à affronter parfois des situations tendues. Cette danse
de couple était osée et générait des rixes. Les chansons prônaient
l'amitié et le sens de la fête, mais d'autres invitaient à la
raillerie et à une compétition malsaine.
Oui, on m'a parlé de cela à Guantánamo.
Le gouvernement de Batista l'aurait même interdit en son temps,
c'est pour cela que ce genre a pratiquement disparu de nos jours.
Exactement, il y a des endroits où
il fut interdit. A Guantánamo par exemple, mais ailleurs comme à Báguana
dans la province d'Holguín, on continuait à le pratiquer. Nous,
on ne le joue plus, ou du moins on le joue avec les chansons qui
ne créent pas de problème. C'était un peu comme entre certains
groupes de conga, les rivalités s'exprimaient fort dans le resigné.
Les créolophones comprenaient le sens des chansons. Sur certaines,
soit ils partaient car on se moquait d'eux, soit ils
surenchérissaient, jusqu'à déclencher des bagarres.
Mais tous ne comprennent pas le créole. Pour un chanteur, c'est
important de connaitre la signification de ce qu'il produit.
Je me
rappelle un jour, une chanteuse qui vient me solliciter. Elle ne
comprenait pas pourquoi après avoir chanté telle chanson, une
partie du public à peine arrivé s'était immédiatement retiré. La
chanson disait: "Kou l'fe
langelis o, sa m'pa
vre se l'inm
mwe, Jesu
Mari" (Ô, quand sonne l'angélus, ce n'est point mon hymne,
Jésus Marie[28]).
Si
tu chantes cela au moment où un Haïtien arrive, il peut penser que
cela lui est adressé et mal le prendre. Il convient de connaître
le sens des chansons et à quel moment faire l'une ou l'autre, au
risque d'être hors sujet et de blesser une partie de l'auditoire.
Ces
"chants de piques"[29]
existent aussi dans le gaga, quand un groupe déambule en
allant à la rencontre d'un autre, un peu comme dans les visites de
conga. On s'envoie des "mots doux", des railleries,
prétendant être le meilleur. Ce n'est qu'un jeu, mais parfois cela
se termine mal. Quand tous les groupes d'Haïtiens se trouvent
rassemblés pour le Gran
Gaga du Festival Del Caribe, ce genre de situation
ne se produit pas, car tout est cadré, et nous sommes trop content
de nous retrouver.
Parlez-moi un peu de votre participation
au Gran Gaga[30]
La Casa del
Caribe y invite les principaux groupes haïtiens du pays. Chacun
déambule avec les siens jusqu'à tous se réunir au pied du diable,
un pantin de bois et de paille[31]
qui sera ensuite brûlé sur le bûcher. On m'a encore désigné cette
année pour officier pendant la fête. J'ai donc chanté une prière à
Notre Père, comme ma mère m'a appris à le faire au début de chaque
fête de gaga. Puis quand ils ont allumé le feu sous le
diable, j'ai chanté une chanson liée au feu, comme il se doit.
Elle dit ceci : Ya bandera pe
boule la, ou o, ayibobo[32]!
Oui, il y a des moments où il faut
contextualiser ses interventions. Beaucoup de groupes en
spectacle chantent de manière à ce que les mélodies s'enchaînent
bien. Le sens de la chanson passe au second plan, c'est le côté
artistique qui prime.
Exactement! Dans le cadre d'une
cérémonie ou d'une fête haïtienne, il te faut connaitre le sens
des textes et savoir quand placer telle ou telle autre chanson. Si
tu vas faire une cérémonie pour Santa Barbara, par
exemple, tu te dois de chanter ce qui lui correspond et rien
d'autre.
Parlons un peu des instruments de
musique, des tambours. Comment les fabriquez-vous?
Les bois que nous utilisons pour
le fût des tambours radá[33]
sont, je te donne les deux noms, en créole et en espagnol : gomie
(almacigo[34]),
twompèt (diagruma[35]),
monbèn (jobo[36]).
Ce
sont des essences dures et fibreuses. Quand tu y enfonces les
coins en bois qui servent à tendre la peau, ils ne bougent pas.
Maintenant on remplace les coins par des tirants métalliques à clé
pour tendre la peau. On est donc moins soigneux quant au choix du
bois.
Pour fabriquer les tambujé[37],
nous utilisons la calebasse qui pousse dans la terre[38].
Autrefois, pour faire un cadre bien circulaire, il fallait déjà
bien choisir le fruit dans lequel découper ce qui servira à faire
le cadre. Ensuite, pour lui donner la forme, on creusait un trou
qui servait de patron et on taillait et aplatissait la calebasse à
l'intérieur. On y perçait ensuite les trous tout autour du
cerclage, pour faire passer la corde de tension de la peau.
D'ailleurs, à la manière ancienne, on n'utilisait pas de corde,
mais une variété de grosses lianes que l'on ne trouve que dans les
montagnes.
Pour la peau, on n'utilise que de la chèvre sur tous les tambours.
Je sais qu'en Haïti, on ne monte pas mêmes peaux sur les tambours,
mais nous faisons tout avec. C'est pareil que pour le bois des
tambours, maintenant les fabriques industrielles prennent un peu
ce qui vient.
Vous savez, dans le temps en Haïti
on différenciait bien les bois et les peaux en fonction des
tambours auxquels ils étaient destinés. C'est de moins en moins
le cas. La déforestation est tellement importante qu'il y a
pénurie de certains bois, comme pénurie de plein d'autres
choses. On se débrouille comme on peut...
Oui, je sais que la vie n'est pas
facile là-bas. Mais pour les tambours, cela ne sonne pas pareil
selon les bois et les peaux. Tout cela a de l'importance même si
on y porte plus d'attention.
À propos des instruments, je ne t'ai pas parlé d'un autre que
l'on utilise pour le gaga, mais pas en défilant, en fixe. Nous
l'appelons kaolin[39].
Comment s'appelle ce groupe qui l'utilise aussi... La Raice
Sonera[40].
Pour ce qui nous concerne, c'est quand commence
la Semaine Sainte et les festivités de gaga que l'on joue
le kaolin. On creuse un trou rond dans la terre. On
prendra des grandes feuilles de palmier pour faire la peau. Elles
recouvriront le trou en les disposant de manière à ce qu'elles se
croisent. On perce un trou au centre de cette peau en feuilles,
pour laisser passer une corde que l'on arrime au fond du trou. La
corde doit être en fil de coton pour bien vibrer; ce type de corde
se trouve difficilement à Cuba. On fait quatre coins en bois que
l'on plante aux extrémités du couvercle en feuilles pour le
tendre. On prend une grande tige de bois flexible, par exemple de
goyavier. Cette tige de bois, on la fixe solidement dans la terre
et on la plie, pour lui attacher à son extrémité la corde de
coton. Il s'agit ensuite de doser la tension de celle-ci pour lui
donner le son voulu. Un peu comme l'on le ferait pour l'accord
d'une guitare. L'instrument est enfin prêt à jouer. On pince la
corde en différents endroits. Au plus on la pince haut, au plus le
son sera grave.
Oui, c'est un principe physique qui
s'applique à tous les instruments à cordes
Actuellement, il est rare que les
groupes utilisent le kaolin sous la forme que je t'ai
décrite. Plus pratique, on fait aussi des formes portatives, sur
une planche en bois[41].
Pour la Semaine Sainte et les fêtes de gaga, les premiers
chants sont accompagnés par le kaolin et le catá[42],
c'est tout.
L'un de ces chants qui sont propres à notre groupe dit ceci: Ti
la Flè[43]
me yo ou o, Ti la Flè
me yo, Ti la Flè
mwen pa
enkò tonbe,
Ti la Flè me yo
(Ô vous,Ti
La Flè, ô vous Ti La Flè,
Ti La Flè je suis toujours debout, ô
Ti La Flè).
Que se passe-t-il après les chants
de kaolin?
Une fois les chants avec le kaolin
terminés, la colonne de ban rara[44]
peut se mettre en marche pour aller
visiter les bateyes voisins.
Une fois arrivés sur l'un d'eux, ils devaient aller rendre visite
à la doyenne du batey et lui
jouer un air spécifique pour la saluer. Celui-ci disait: "Se larènn
ki mande m' pou mwen
prale, larènn
ki mande m' pou mwen,
mwen
prale, lòm
arive se lòm
a jete dlo"
(C'est la reine qui m'a sollicité, j'y suis allé, une fois
arrivé je lui est demandé de m'asperger d'eau[45]).
À
l'arrivée se présentent aussi les porte-drapeaux et le
porte-corbeille[46].
Ce dernier récolte un peu d'argent auprès de l'assemblée. Cet
argent ira à la cagnotte pour la fête finale de la Semaine Sainte.
Pendant la visite et selon la demande, les musiciens peuvent jouer
sur place des merengués pour
faire danser les gens.
Ah, c'était des bons moments... les cubains aimaient ça. Comme
nous étions vêtus de rouge ou très bariolés on nous voyait arriver
de loin. Les cubains disaient "Hé, regarde, voici qu'arrivent les
colorés"[47].
Les drapeaux aussi ont des couleurs. Ils représentent une famille
de lwa. Les blancs
sont pour Èzili Freda,
les noirs pour Papa Gède,
les rouges pour Ogou, les
bleus pour les lwa congo.
Ces visites de ban rara
étaient organisées?
Oui, et comment! Il fallait obtenir
l'autorisation de la municipalité visitée, ainsi que du
contremaître s'occupant de l'exploitation agricole. Il y avait à
notre arrivée les gardes champêtres qui veillaient à l'ordre; à
l'époque ils étaient vêtus en jaune.
Toute une organisation interne au groupe de gaga permettait que
cela se passe bien également ; une sorte de hiérarchie, avec des
postes pour chacuns. Par exemple, un
rôle qui n'a plus la même importance: la sentinèl.
C'était un éclaireur qui partait avant la colonne,
vérifiant que la voie était libre et nous avertissant des dangers,
comme croiser un autre ban rara ou
d'autres sources de perturbations.
Cette manière d'organiser les tâches à
l'intérieur du groupe me fait penser à celle des carabali
de Santiago de Cuba et d'autres sortants pour les carnavals.
À l'époque coloniale, notre groupe
n'existait pas encore, mais il se dit que les
ban rara sortaient
pour le jour des rois (6 janvier), comme d'autres cabildos[48].
Il y avait toute une organisation hiérarchique: reine, deuxième,
président, sentinelle, lamé, reine reposé, comisié,
roi diable, etc...
Il y a des danses spécifiques à
l'intérieur du ban rara,
comme celle avec les machettes. Peux-tu nous en parler?
Chaque séquence est sous la
responsabilité d'une personne. Le mayor
machèt exécute des figures à
sensation avec une vraie machette. Le mayor
table portera à un moment une table entièrement dressée[49]
par la seule force de sa mâchoire. Le mayor
zanco évolue sur ses échasses en
suivant le rythme de la musique.
D'autres chorégraphies plus courantes sont exécutées par
l'ensemble de la troupe sous la responsabilité du mayor
somba.
Quels sont les instruments de
musique pour le ban rara?
Il y a deux tambours à une
peau, un peu comme les congo,
avec un laçage de la peau vers le bas du fût. Le plus grand, kesulat
se joue à mains nues et le petit avec deux baguettes; on l'appelle
catayé. La basse est jouée par
un tambujé[50].
Il ya le trián[51],
que joue le chanteur soliste. Le jong[52]
est tenu par le mayor gaga
et il le frappe au sol. Enfin, les baksin,
des tubes en bambou où l'on souffle pour produire des sons[53].
Mais aussi des tatú, d'autres
tubes cylindrique en fer-blanc[54].
Y a-t-il d'autres ban rara
qui sortent pour la Semaine Sainte?
Non, nous sommes les derniers sur
toute l'île à maintenir cette tradition. Nous défilons un peu dans
Las Tunas, mais ne faisons plus les
longs trajets de jadis, où on allait jusqu'aux villages voisins.
Il y a d'autres groupes de ban rara,
comme à Barrancas, mais ils défilent
à d'autres moments[55].
Nous nous limitons à visiter les
membres de la communauté haïtienne dans la ville, cela occupe déjà
bien les jambes. Par exemple, on va toujours visiter un ami, Dantès,
qui est l'un des meilleurs joueurs de tambour vodou à Cuba.
On va voir la famille, les amis. Ces visites se multiplient toute
la semaine. N'oublie pas qu'en plus du ban rara,
nous avons en charge toutes les cérémonies vodou dont je te
parlais au début de notre entretien. C'est une semaine riche, bien
chargée. Le dernier jour, samedi, on brûle le diable, une fête
semblable à celle où tu étais avec nous, au Festival del
Caribe. Après cela, on fait circuler une bouteille de ti fey[56]
auprès de tous. Cette libation clôt la Semaine Sainte, jusqu'à
l'année suivante.
Que dire d'autre sur la Semaine
Sainte?
Ah oui, j'allais oublier! Avant même
de faire parler le kaolin, toujours nous commençons avec
un chant de louanges à notre Père, Jésus, Marie, Joseph et tous
les saints. C'est indispensable, nous sommes catholiques et nous
plaçons toujours sous la protection du Seigneur. Pareil pour clore
la Semaine Sainte, il y a un chant catholique.
Une autre séquence importante du final: au
moment de brûler le diable au milieu de notre cour, nous
avons un chant: Se lam prale,
se lam prale[57].
Une personne se tient devant le feu avec une bougie et une
bouteille de tifey, elle
tourne autour d'elle-même puis passe la bougie et le tifey
à son voisin tout en chantant. Cela dure jusqu'à ce que le feu
soit réduit en cendres.
Revenons au vodou, qui
occupe une place importante dans votre communauté. Y a- t-il une
cérémonie en particulier dont vous souhaiteriez parler?
Il y aurait la cérémonie du manjé
mò[58]
qui pourrait t'intéresser. C'est un office qui est dédié aux
personnes de famille décédées; cela peut-être pour les ancêtres
également. Il y a aussi une cérémonie qui s'effectue à date
anniversaire du défunt que l'on souhaite célébrer. On allume ce
que nous autres appelons lanp
etenèl[59],
qui restera éclairée durant toute la cérémonie. Parmi les boissons
en offrande: de l'eau, de l'eau sucrée, du café sucré et non
sucré. En ce qui concerne la nourriture, tout ce que le défunt
aimait manger, douceurs, viandes, légumes. Tout ceci est posé sur
la table et l'on asperge les offrandes avec de l'eau bénite, tout
en chantant. Ensuite viennent les paroles en direction du défunt,
racontant un peu de sa vie et de sa famille. On prie et chante des
cantiques catholiques[60].
Pas de danses ni de tambours pour le manjé
mò[61].
Dans cette cérémonie, rend-on
également hommage aux Gède?
Non, Gède
c'est une autre cérémonie. Ce sont les esprits qui régissent les
choses de la mort et la fertilité. Nous, on les fête en décembre,
la même semaine que les autres.
En Haïti, c'est souvent en
novembre, pour la Toussaint
Oui, c'est vrai que
c'est plus courant de fêter les Gède
à ce moment-là. Ce sont des esprits particuliers. Il faut bien
réfléchir avant de s'engager avec eux, tu te dois de remplir les
obligations que tu auras contractées. Ils sont puissants et n'ont
qu'une seule parole.
La cérémonie pour les Gède
se passe-t-elle au cimetière? Je vous pose la question, car
en Haïti, c'est le cas.
Non, ici à Cuba c'est interdit!
Tous ces trucs sur les tombes et tout ça, on ne le fait pas.
L'office a lieu ici nan lakou[62],
c'est aussi bien. Il y a plein de choses que nous ne
pratiquons pas, car les habitudes et les lois à Cuba sont
différentes.
Oui, je sais par exemple qu'en
Haïti, il y a des cérémonies d'alimentation pour certains lwa
où l'on doit sacrifier un bœuf
tous les dix ans. Il y en a une autre pour un lwa
kongo, Moundogue, où l'on
sacrifie un chien.
Non, non, mon Dieu! On ne fait pas
ça ici. Si tu tues un bœuf sans
autorisation, que tu n'es pas équarrisseur ou boucher, c'est la
prison directe. Je ne connaissais pas ce lwa
dont tu parles pour le manje
chèn[63].
A Cuba, il y a des fois des cérémonies où l'on présente un animal,
car c'est la tradition, mais on ne le tue pas. Pour Gan Bwa,
qui est un esprit de la montagne, des bois, nous faisons la
cérémonie dans la forêt et lui offrons un cochon sauvage; je crois
que c'est la seule où nous sommes à l'extérieur du lakou.
Je reviens un peu aux activités du
groupe Piti Dansé. Nous avons
évoqué ce qui concerne les cérémonies, la Semaine Sainte,
quelles sont les autres activités?
Je t'ai parlé aussi de notre
présence au Festival Del Caribe où nous sommes invités chaque
année. D'habitude, nous y restons toute la semaine, mais cette
année, il y avait un problème du transport pour le retour, nous ne
sommes donc restés que trois jours. Il y a plusieurs festivals
dans le pays où nous sommes allés. Il y a également le comité
culturel de Las Tunas qui nous fait
participer à divers évènements. Pendant le carnaval de Las Tunas[64],
par exemple, il y a toujours une sortie du ban rara
de Piti Dansé.
Quoi d'autre...ah oui, on a enregistré un clip il y a quelques
années; des musiciens d'ici nous avaient invité, je te le
montrerais. On a déjà enregistré pour pas mal de personnes. Et
puis l'on participe à toutes sortes de fêtes, comme celle que l'on
te réserve ces prochains jours[65].
Entretiens
réalisés par Daniel
Mirabeau en juillet 2017 à Las Tunas.
Remerciements:
À Serafina
María Ronda Infante pour ses sources documentaires
et sa précieuse aide .
Aux membres du groupe Piti Dancé
pour leur dévouement désintéressé.
[1]
Las Tunas, ville du
Centre-Est de Cuba, 160 000 habitants en 2010
[2]
Petite fleur en français
[3]
Elle était d'ascendance yoruba par sa
grand-mère, arrivée d'Afrique en Haïti comme esclave
[4]
Ville du sud d'Haïti
[5]
Ou mambo.
[6]
batey
(exploitation agricole) proche de Manatí
[7]
Javier Spret, en castillan
[8]
Lire au sujet de Xavier Expret,
l'interview d'Antonio Mellas Limonta.
http://www.ritmacuba.com/Antonio-Mellas-Limonta-par-D-Mirabeau2.pdf
[9] Les
principales exploitations agricoles de cette zone
étaient tenues pas la Manatí
Sugar Company,
créée en 1912. La chute des cours du sucre aux Etas-Unis
en 1921 et 1932 entraîna le retrait progressif de ces
investisseurs américains jusqu'à la révolution socialiste.
[10]
Ici, dans le sens de grandes
exploitation agricoles
[11]
Médium. Pour
transcrire tous les mots de créole sera
préférée l'emploi de la graphie haïtienne dans ce texte. La
graphie en créole cubain est très changeante selon ses
utilisateurs.
[12]
Prêtresse vodou
[13]
Esprits ou déités vodou
[14]
"L'homme doit s'occuper de ma nourriture, toute la
famille doit le faire. Je dois vous réunir tous ensemble, pied
contre pied, épaules contre épaules, l'homme va me servir"
[15]
Au sens premier, un batey
est une place ou surface de terre battue au centre de
l'exploitation agricole, autour de laquelle sont construites les
habitations (bohios, barracón)
des travailleurs agricoles.
[16]
Litt.Pigeon. Terme péjoratif
désignant les fils d'immigrés haïtiens à Cuba
[17]
Ramón le dit en français.
[18]
Les premières années de la jeune République cubaine se
sont effectuées sous protectorat
états-unien. Les capitaux et entreprises américaines
ont été très présents dans l'économie cubaine jusque dans les
années trente, puis disparaissent avec l'arrivée du socialisme
en 1959.
[19]
A propos de la tumba
francesa, il est en fait précisément
question ici du frente
ou fronté qui est joué à la fin du
yuba, lequel commence par des danses
de figure. Dans la tumba francesa,
le yuba a rassemblé plusieurs
danses, au départ autonomes. Leur héritage africain les singularise
par rapport au masón, proche des
danses de cour françaises.
[20]
Danse typiquement paysanne, où l'on marque des accents avec le
talon et la point du pied, tout en
exécutant une série de zig-zag. Il
existe des formes similaires dans d'autres pays d'Amérique
latine (jarabe au Mexique, joropo
au Venezuela, cuecas au
Chili).
[21]
Dans d'autres communautés haïtiennes, comme à Camagüey, on
l'appelle sèvis pou Èzili
lwa blanch.
[22]
Ou congo layé. A ne
pas confondre avec les musiques issues de la regla
congo ou palo
monte.
[23]
Esprit propre à une famille ou communauté
[24]
Semaine précédant Pâques
[25]
Il faut comprendre que le rythme est le même, c'est à dire assez
soutenu comme peut l'être le maisepol
ou vodou kouran.
[26]
En Haïti, nago est le
nom de tout un panthéon d'esprits. Là-bas aussi l'usage de
tambours spécifique pour les nago se perd. Par contre,
il y a différents rythmes, plus ou moins rapides pendant un ofis
nago. Les chants que l'on y
exécute sont tous consacrés aux nago.
[27]
La graphie de l'auteur diffère de Ramón
Hilmo, mais nous parlons de la même
chose. Rasiñe est le
mot employé à Guantánamo par la communauté haïtienne.
[28]
Deux significations peuvent être données à ces vers: la première
serait que le chanteur reproche son retard à une personne qui
vient d'arriver dans l'auditoire. Pour la deuxième, il lui
signifie son peu de cas des coutumes catholiques.
[29]
Cantos de pulla
en castillan
[30]
Evènement récurrent se déroulant pendant le Festival del
Caribe à Santiago de Cuba
[31]
La quema del
juif, ou quema
del diablo
[32]
Maintenant le drapeau peut brûler, je vous le dis, ayibobo!
[33]
Jeu de trois tambours unimembranophones
cylindriques dédiés aux cérémonies vodou, en particulier aux
esprits radá.
[34]
Gommier en français. Arbre très répandu, de la famille de
l'eucalyptus pouvant
atteindre jusqu'à neuf mètres de haut.
[37]
Tambours unimembranophones sur
cadre circulaire, avec ou sans cymbalettes attachées au
cerclage. S'apparente à notre tambourin, ou tambour de basque.
S'utilise pour les danses de salon.
[38]
La précision de Ramón est
importante, car il existe deux types de plantes produisant ces
fruits servant à confectionner des instruments de musique. Il y
a les bigognacées, avec l'arbre calebassier,
qui sert à faire les güiros
de faible diamètre. Il y a les cucurbitacés,
dont la courge de plus fort diamètre sert à confectionner le
cadre cylindrique d'un tambujé.
[39]
Désigné également sous les noms de tumbandera
ou tingotalango à Cuba. En
Haïti, on le nomme aussi kaolina
Cf. http://www.ritmacuba.com/instrumentsCuba.html#Tumbandera
[40]
Groupe de musique populaire de Las Tunas.
Cf. Vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=O-tWmSWG9Ak
[41]
Cette forme portative est dénommée en Haïti tanbou
marengwen piga
zonbi. Il est surnommé
"moustique" (marengwen) de par sa
petite taille et "chasse-zombi" (piga
zonbi).
[42]
Idiophone très répandu dans les musiques de toute la Caraïbe.
Tronc d'arbre évidé ou gros morceau de bambou percuté par deux
baguettes en bois.
[43]
Premier nom du groupe Piti
Dancé
[44]
Ban rara
est le nom donné à un groupe de gaga en déambulation
[45]
Ce texte sous-entend que la colonne gaga a cheminé longtemps ou
a souffert de la chaleur. Le chanteur
sollicite donc la reine pour les rafraîchir.
[46]
L'argent récolté est dit kobèy
[47]
Ay, mira! Allí vienen
los colorados.
[48]
Les cabildos de nación
sont abolis en 1880 au profit des sociétés. Seuls ceux
qui rassemblaient les membres de même
ethnies africaines étaient généralement autorisés. Les
rassemblements de créoles étaient considérés par les autorités
coloniales comme des foyers d'émancipation et de rebellion.
Les cabildos
haïtiens sont donc une exception, très peu sont référencés dans
les registres paroissiaux et autorisés à défiler. (cf. Olga Zuñiga
Portuondo, Los
Cabildos negros
santiagueros, Del
Caribe N°32, 2000).
[49]
Entendre: "où sont entreposés des verres remplis, vases
de fleurs et candélabres allumés"
[50]
Tambour mono-membrane cylindrique sur cadre.
[51]
Pièce métallique comme un soc d'outil agraire, percuté
par une batte
[52]
Longue canne proéminente, comme un bâton de maître de
danse
[53]
A Cuba, l'usage des baksin a
quasiment disparu. Ils sont remplacés par des souffleurs de
conques marines (guamo)
[54]
Appelés konèt en
Haïti. A notre connaissance, c'est le seul témoignage de leur
utilisation à Cuba
[55]
Il est vrai que le groupe
La Flèt de Barrancas
a cessé d'effectuer les défilés de ban rara
durant la Semaine Sainte avec l'arrivée du socialisme.
Adolfo Piloto, l'un des anciens du
groupe, interviewé en 2001 dit que le changement était
inéluctable. Le travail lors des campagnes nationales de coupe
de canne (zafra) ne
permettait pas de prendre une semaine de congés pour faire les
fêtes de la Semaine Sainte.
Cf.
El gaga de Barrancas, Jorge Berenguer
Cala, 2006, Ed. Santiago
[56]
"Petites feuilles" en français. Rhum arrangé avec des
plantes médicinales
[57]
Son âme s'en va, son âme s'en va
[58]
Litt. manger mort
[59]
Lampe à huile
[60]
Ces prières sont issues pour la plupart du livre "L'Ange
conducteur des âmes dévotes", Jacques Goret, Mame
édition, Port au Prince, 1921. Ce manuel est très répandu chez
les vodouisant à Cuba.
[61]
Ceci est vrai pour la communauté haïtienne de Las Tunas.
Néanmoins, l'auteur a assisté à un manjé
mò à Camagüey qui diffère
quelque peu. Les offrandes et prières du début étaient
semblables. Mais après cela les tambours commençaient à jouer,
en augmentant progessivement la
pulsation, en cherchant à provoquer la transe. Lorsque un défunt
se manifestait au travers de la possession d'une personne
réceptive de l'assemblée, il pouvait y avoir de l'alcool s'il
désirait en boire. Il pouvait également demander de fumer un
cigare et réclamer que les tambourinaires jouent tel ou tel
genre de musique.
[62]
Dans la cour (créole). La cour dans le sens de
lieu de rassemblement des vodouisant.
[63]
Manger chien
[65] Voir les vidéos des musiques et danses issues de cette fête sur la play-list suivante: https://www.youtube.com/playlist?list=PLD-BwTcw9htGl_dz7qyNyz5wNSjbh7bBS
ritmacuba.com