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Santiago de Cuba - Juillet

Mise en ligne de la page : le 30/08/2019. Dernière modification (lien) : 14/10/2018

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PITI DANSÉ,

UN GROUPE PORTEUR DE LA CULTURE HAÏTIENNE

À CUBA

Une interview de Ramón Hilmo par Daniel Mirabeau


Pití Dansé est un groupe de musique et de danse de Las Tunas[1]. Il est constitué d'une vingtaine de membres de la communauté haïtienne, qui partagent pour la plupart des liens familiaux. Des adolescents aux anciens, tous les âges y sont représentés. Le noyau central du groupe se rassemble dans un habitat de quatre ou cinq maisons individuelles autour d'une cour en terre battue, à l'orée de la ville.


Le groupe Pití Dansé fût fondé en 1925, tout d'abord sous le nom de Ti la flè[2], dans le village de Meriño, (province de Las Tunas). Cette zone concentrait une forte population d'immigrés haïtiens, venus travailler la canne à sucre. Dans ce contexte géographique, un quart de la superficie du pays concentrera 60% des immigrés haïtiens. Ils s'installèrent depuis la zone orientale de Cuba jusqu'au Centre, de Baracoa à Ciego de Avila. En ce qui concerne la région de Las Tunas, beaucoup vivaient dans la zone de Manatí (La Guinea, Colonia de Fleitas, Colonia Habana,Yarigua, Meriño, Central Argelia Libre). Dans certaines de ces localités sont encore représentées les fêtes de gagá, entre les mois de mars et avril.

La fondatrice du groupe Pití Dansé, Samdi Nagot[3] (ou “Marina”) est arrivée des Cayes[4] avec sa famille en 1917. Elle restera à la tête du groupe et responsable religieuse[5] de la communauté haïtienne de Meriño[6] jusqu'à sa disparition en 1960. Sa fille, Silvia Hilmo Samdi (Titina) prendra sa suite en 1967 avec les même fonctions. En 1970, la communauté s'établit dans le quartier d'Aguilera, périphérie du centre-ville de Las Tunas, là où elle encore domiciliée. Titina fit connaître le groupe Pití Dansé dans toute la région d'Oriente, participant aux plus importantes manifestations culturelles, dont le Festival del Caribe dès sa première édition en 1982. Un musicien issu de Pití Dansé a particulièrement contribué à sa renommée, Xavier Expret[7]. Il fut l'un des "passeurs" de la culture haïtienne les plus significatifs à Cuba, assesseur musical et fondateur de bon nombre de groupes et compagnies[8]. Au décès de Titina en 2008, sa fille Marta reprendra ce sacerdoce, la partie musicale du groupe étant dirigée par son chanteur principal, Ramon Hilmo Samdi, fils de la fondatrice.

L'entretien qui suit est réalisé chez Marta, sur le domaine familial du quartier d'Aguilera. Sont présents lors de ces séances d'enregistrement :
Serafina María Ronda Infante
, ethnologue et professeur de philosophie à la Faculté de Las Tunas, Marta et Ramón Hilmo Samdi et l'auteur. Pour une facilité de compréhension, les échanges ont été synthétisés dans un dialogue entre Ramón Hilmo Samdi et l'auteur.


Photo de l'interview
Ramón Hilmo Samdi, Serafina María Ronda Infante, Marta Hilmo Samdi © D. Mirabeau


Tout d'abord, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre famille?

Mon nom est
Ramón Hilmo Samdi. Je suis né ici à Cuba en 1934, à Manatí. Mes parents étaient haïtiens de la province des Cayes. Ils sont arrivés dans cette région de Las Tunas en 1917, comme travailleurs agricoles. Le labeur était dur dans les grandes propriétés, à couper la canne, récolter le café, presque comme des esclaves[9]. Tous les travaux y passaient, selon les tâches distribuées par les contremaîtres des bateyes[10] de la colonie. C'était surtout mon père qui était aux champs, ma mère s'occupait des enfants et de la maison. Elle fût rapidement connue dans la colonie comme divinèz[11]; elle était donc régulièrement consultée par les Haïtiens. Elle officiait également comme mambo[12] dans les cérémonies vodou. Le mois le plus intense pour elle était celui de décembre, où se manifestaient les esprits courants et les siens, les familiaux. Selon les années, en fonction du calendrier des offices propres à chacun des lwa[13], la fête pouvait durer entre deux et sept jours. Lors de ces fêtes et cérémonies se réunissait toute la famille, élargie à d'autres membres de la communauté, amis et voisins. Elle nous disait en créole: "Lòm pral fe manje mwen, pou m' okipe lwa m' tout fanmi mwen. Devwa m'reuni nou ansanb, pye ak pye avek zepol ak zepol, lòm pral servi lwa mwen[14]" (l'échange se poursuit en créole et digresse joyeusement....).

Vous parlez magnifiquement bien le créole! Ceci n'est pas le cas de tous les fils d'Haïtiens à Cuba.

J'ai vécu une grande partie de mon enfance sur les bateyes[15], entouré quasiment exclusivement d'Haïtiens, à Meriño, à Santa Isabel, dans ces différents lieux de la région où les riches propriétaires terriens avaient besoin de main-d'œuvre pas chère et où mes parents travaillaient. Ce n'est pas seulement la langue créole qui est ancrée en moi, mais toute la culture de ma communauté : ses coutumes, sa religion, sa gastronomie, mais aussi le sens du respect, inculqué par l'éducation que m'ont transmise mes parents. Comme pichon[16], il fallait savoir se tenir, bien connaître sa place, entouré des maîtres et contremaitres. En ce temps-là, il était vital d'être discipliné. Hormis l'éducation reçue par ma mère et mon père, une famille catholique m'a appris à lire et écrire, au travers de manuels scolaires et de la Bible. Beaucoup de ceux de ma génération ont reçu une instruction solide en français avec l'aide de nos compatriotes. Nous passions de l'Espagnol appris à l'école cubaine, au Français de la classe de Madame Moreaux et au créole du batey. Tout cela parfois était mélangé, en fonction des interlocuteurs.

Les jeunes d'ici parlent le créole?

Nous leur apprenons, oui bien sûr! Ils ne le parlent pas dans la vie courante; en dehors de la famille, c'est l'Espagnol qui est en vigueur à Cuba. Mais entre nous, il y a des moments où l'on parle créole, c'est important. Le dernier de nos anciens qui avaient immigré d'Haïti est décédé en 2001 à cent ans. Nous sommes tous nés ici à Cuba, avec nos racines là-bas. On continue à transmettre ces éléments de notre culture aux jeunes générations, c'est encore très présent.

Pouvez-vous nous parler un peu des costumes lors des rassemblements, des moments de fête?

Lors des fêtes haïtiennes, ma mère portait l'habit traditionnel : un foulard sur la tête, un corset lacé, un jupon sous une robe satinée où elle attachait des rubans colorés. C'était le code vestimentaire pour exécuter les danses de salon. Il fallait savoir être élégant pour les menuat, merengué, eliansé, foltro matinik et autres.

Pourrait-on détailler un peu ces danses de salon? Commençons par le menuet.

Oui, c'était une danse de salon où se faisaient face quatre hommes et quatre femmes.
Le maître de danse annonçait : "Attention, les huit, balancez![17]". Et la musique débutait. On ne le fait plus, hélas !

Le foltro que vous avez cité, je ne connais pas. Qu'est-ce que c'est?

C'est aussi une danse de salon. Elle s'exécute en couple, sur une vitesse plutôt lente.

C'est amusant, on dirait un mot anglais, comme fox-trot.

Oui, ça vient de l'anglais. Tu sais en Haïti et même ici à Cuba, il y a eu les Américains[18]; des choses de leur culture font partie de la nôtre aussi.

L'eliansé, dans votre liste de tout à l'heure, je connais un peu. Je l'ai collecté à Santiago et Guantánamo. Y a t-il une particularité dont vous voudriez parler?


La chorégraphie ressemble un peu à cette séquence du danzón où les hommes vont inviter ces dames à danser, cette séquence où ils conversent. Dans le danzón, les femmes font un signal avec leur éventail pour dire si elles acceptent l'invitation, je ne me souviens pas si elles l'ouvrent ou le ferment. Dans l'eliansé, l'homme a deux mouchoirs, l'un pour lui et un autre pour la dame. Il lui en propose un. Si elle accepte la danse, elle le gardera à la main.

Toujours à propos des danses de salon, vous m'avez parlé de matinik?

Oui, le matinik en fait partie.

Ce mot m'intrigue, il doit y avoir un lien avec le yuba matinik, pratiqué en Haïti

C'est la même chose.

C'est un rythme que j'ai appris là-bas, où l'un s'assoit sur le tambour pour jouer la peau du tambour, pendant que l'autre tape le catá sur le fût en bois. Dans la tumba francesa, il y a aussi la séquence du yuba ; ils ont enlevé le mot matinik, mais c'est la même racine.

Oui, comme pour le yuba de la tumba francesa, le matinik se danse en solo face au tambourinaire, assis sur son instrument[19]. La danse ressemble un peu au zapateo[20]. Mais les jeunes ne savent plus le danser, ni le matinik, ni le zapateo. Une année, on jouait sur un festival où un groupe de la Martinique était invité. C'était très beau et ressemblait au style matinik que l'on faisait chez nous.

A quelle occasion joue-t-on ces danses de salon?

Elles ont malheureusement un peu disparu, pour certaines complètement. Les groupes folkloriques faisant spectacle leur préfèrent des danses plus rapides et sensationnelles, qui plaisent au public. Cependant, dans le cadre religieux, il y a une cérémonie où seules sont jouées ces danses de salon. C'est le service pour lwa blan[21]. On y exécute des danses de salon, mais aussi le congo[22], de manière minoritaire. Il est également de bon ton que les membres de l'assemblée soient vêtus de blanc. Des fleurs blanches sont disposées sur la table, ainsi que des nourritures douces et de couleur claire. Pas d'alcool sur la table, des verres d'eau. Des colombes blanches sont présentes, mais aucun sacrifice d'animal n'est opéré. Ce code de couleurs est lié au caractère délicat et raffiné de lwa blan. Si entre autres, ce code n'est pas respecté, l'esprit refuse les offrandes et la cérémonie est ratée.

Ce type d'attributs et de codes ressemble beaucoup à ceux des cérémonies de spiritisme auxquelles j'ai assisté à Guantánamo ou Santiago.

Oui, mais ce n'est pas la même religion. Nous parlons là du vodou, celui d'Haïti. Il y a des points communs, car toutes ces religions se pratiquent ici, à Cuba, sur la même terre. Mais nous parlons en créole, préparons des plats typiquement haïtiens et plus encore.

Revenons aux cérémonies vodou. Quelles sont les dates importantes dans votre communauté?

Il y a deux périodes importantes. À partir du 21 décembre et sur plusieurs jours, nous fêtons notre lwa fanmi[23] et bien d'autres encore. Le deuxième moment fort dure toute la Semaine Sainte[24].

 À propos des cérémonies vodou de décembre...


Avant de disparaître, ma mère a légué tout son savoir à Titina. Puis elle-même à sa fille à Marta, ma nièce, qui officie maintenant lors des cérémonies. Comme je l'ai déjà dit, la durée de la fête de décembre est variable, entre trois et six jours. Certains lwa ne mangent pas chaque année.
Nous commençons toujours par un service pour Leba le 21 décembre, celui qui ouvre et ferme les chemins. Suit alors la cérémonie pour lwa blan, telle que je te l'ai décrite auparavant. Après cela, on quitte les vêtements blancs pour des tenues colorées et élégantes. On continue avec la partie africaine et les esprits congo. Larèn congo est très coquette et aime la couleur. Elle ne rechigne pas également à danser la salsa. Il y a aussi un service pour Ogoun, Gran Bwa, etc... La musique jouée pour Ogoun, Leba et Gran Bwa est commune. Ce sont les chants qui changent et sont dédiés à chacun d'entre eux[25].


Quand vous parlez de musique commune pour ces trois lwa, je vois de quel rythme vous parlez, le vodou kouran. Mais peut-on aussi leur jouer le nago?

Maintenant oui, on le fait. Il y a longtemps, on jouait ce rythme pour les lwa nago uniquement. Ils avaient leur jeu de tambours, au nombre de deux, plus petits que les rada. Le nago que nous jouons à Cuba est le plus rapide des rythmes vodou. Il accompagne les chants de toutes sortes de lwa[26].

Revenons au vodou. Y a t-il chez vous des lwa particuliers, d'héritage familial?

Oui oui, bien sûr, Ogún Sampaz veille sur nous. Marina l'avait déjà en Haïti, il n'existait que pour sa famille, aux Cayes. Elle l'a amené avec elle quand elle a immigré à Cuba. On fête son anniversaire tous les 2 février; c'est ce jour là où il est apparu la première fois au travers de Marina, au début de son arrivée à Cuba. Ogún Sampaz est un guerrier, il parle créole et espagnol. Comme Ogún Guerrero, on le représente à cheval, avec une épée, un grand chapeau et fumant la pipe. Quand nous commençons les cérémonies de décembre, nous nous plaçons sous sa protection. On lui sacrifie une chèvre pour son anniversaire. Nous te montrerons son autel tout à l'heure. Aussi, quand défile le ban rará de Piti Dansé, la doyenne du groupe est vêtue en blanc et rouge, aux couleurs d'Ogún Sampaz.

J'avais quelques questions sur des genres musicaux assez peu connus. Pouvez-vous me parler du rasiñé?

Le resigné[27] est un style de danse qui date du début de la formation de notre groupe Piti Dansé, à l'époque où on l'appelait encore Ti La Flè. En plus du gaga, qui était notre principale activité, on jouait dans les bals. Tu sais ce que signifie le mot en français. Celui qui allait danser cela, devait en connaître les risques, se "résigner" à affronter parfois des situations tendues. Cette danse de couple était osée et générait des rixes. Les chansons prônaient l'amitié et le sens de la fête, mais d'autres invitaient à la raillerie et à une compétition malsaine.

Oui, on m'a parlé de cela à Guantánamo. Le gouvernement de Batista l'aurait même interdit en son temps, c'est pour cela que ce genre a pratiquement disparu de nos jours.

Exactement, il y a des endroits où il fut interdit. A Guantánamo par exemple, mais ailleurs comme à Báguana dans la province d'Holguín, on continuait à le pratiquer. Nous, on ne le joue plus, ou du moins on le joue avec les chansons qui ne créent pas de problème. C'était un peu comme entre certains groupes de conga, les rivalités s'exprimaient fort dans le resigné. Les créolophones comprenaient le sens des chansons. Sur certaines, soit ils partaient car on se moquait d'eux, soit ils surenchérissaient, jusqu'à déclencher des bagarres.
Mais tous ne comprennent pas le créole. Pour un chanteur, c'est important de connaitre la signification de ce qu'il produit.

Je me rappelle un jour, une chanteuse qui vient me solliciter. Elle ne comprenait pas pourquoi après avoir chanté telle chanson, une partie du public à peine arrivé s'était immédiatement retiré. La chanson disait: "Kou l'fe langelis o, sa m'pa vre se l'inm mwe, Jesu Mari" (Ô, quand sonne l'angélus, ce n'est point mon hymne, Jésus Marie[28]). Si tu chantes cela au moment où un Haïtien arrive, il peut penser que cela lui est adressé et mal le prendre. Il convient de connaître le sens des chansons et à quel moment faire l'une ou l'autre, au risque d'être hors sujet et de blesser une partie de l'auditoire.

Ces "chants de piques"[29] existent aussi dans le gaga, quand un groupe déambule en allant à la rencontre d'un autre, un peu comme dans les visites de conga. On s'envoie des "mots doux", des railleries, prétendant être le meilleur. Ce n'est qu'un jeu, mais parfois cela se termine mal. Quand tous les groupes d'Haïtiens se trouvent rassemblés pour le Gran Gaga du Festival Del Caribe, ce genre de situation ne se produit pas, car tout est cadré, et nous sommes trop content de nous retrouver.

Parlez-moi un peu de votre participation au Gran Gaga[30]

La Casa del Caribe y invite les principaux groupes haïtiens du pays. Chacun déambule avec les siens jusqu'à tous se réunir au pied du diable, un pantin de bois et de paille[31] qui sera ensuite brûlé sur le bûcher. On m'a encore désigné cette année pour officier pendant la fête. J'ai donc chanté une prière à Notre Père, comme ma mère m'a appris à le faire au début de chaque fête de gaga. Puis quand ils ont allumé le feu sous le diable, j'ai chanté une chanson liée au feu, comme il se doit. Elle dit ceci : Ya bandera pe boule la, ou o, ayibobo[32]!

Oui, il y a des moments où il faut contextualiser ses interventions. Beaucoup de groupes en spectacle chantent de manière à ce que les mélodies s'enchaînent bien. Le sens de la chanson passe au second plan, c'est le côté artistique qui prime.

Exactement! Dans le cadre d'une cérémonie ou d'une fête haïtienne, il te faut connaitre le sens des textes et savoir quand placer telle ou telle autre chanson. Si tu vas faire une cérémonie pour Santa Barbara, par exemple, tu te dois de chanter ce qui lui correspond et rien d'autre.

Parlons un peu des instruments de musique, des tambours. Comment les fabriquez-vous?

Les bois que nous utilisons pour le fût des tambours radá[33] sont, je te donne les deux noms, en créole et en espagnol : gomie (almacigo[34]), twompèt (diagruma[35]), monbèn (jobo[36]). Ce sont des essences dures et fibreuses. Quand tu y enfonces les coins en bois qui servent à tendre la peau, ils ne bougent pas. Maintenant on remplace les coins par des tirants métalliques à clé pour tendre la peau. On est donc moins soigneux quant au choix du bois.

Pour fabriquer les tambujé[37], nous utilisons la calebasse qui pousse dans la terre[38]. Autrefois, pour faire un cadre bien circulaire, il fallait déjà bien choisir le fruit dans lequel découper ce qui servira à faire le cadre. Ensuite, pour lui donner la forme, on creusait un trou qui servait de patron et on taillait et aplatissait la calebasse à l'intérieur. On y perçait ensuite les trous tout autour du cerclage, pour faire passer la corde de tension de la peau. D'ailleurs, à la manière ancienne, on n'utilisait pas de corde, mais une variété de grosses lianes que l'on ne trouve que dans les montagnes.

Pour la peau, on n'utilise que de la chèvre sur tous les tambours. Je sais qu'en Haïti, on ne monte pas mêmes peaux sur les tambours, mais nous faisons tout avec. C'est pareil que pour le bois des tambours, maintenant les fabriques industrielles prennent un peu ce qui vient.


Vous savez, dans le temps en Haïti on différenciait bien les bois et les peaux en fonction des tambours auxquels ils étaient destinés. C'est de moins en moins le cas. La déforestation est tellement importante qu'il y a pénurie de certains bois, comme pénurie de plein d'autres choses. On se débrouille comme on peut...

Oui, je sais que la vie n'est pas facile là-bas. Mais pour les tambours, cela ne sonne pas pareil selon les bois et les peaux. Tout cela a de l'importance même si on y porte plus d'attention.

À propos des instruments, je ne t'ai pas parlé d'un autre que l'on utilise pour le gaga, mais pas en défilant, en fixe. Nous l'appelons kaolin[39]. Comment s'appelle ce groupe qui l'utilise aussi... La Raice Sonera[40]. Pour ce qui nous concerne, c'est quand commence la Semaine Sainte et les festivités de gaga que l'on joue le kaolin. On creuse un trou rond dans la terre. On prendra des grandes feuilles de palmier pour faire la peau. Elles recouvriront le trou en les disposant de manière à ce qu'elles se croisent. On perce un trou au centre de cette peau en feuilles, pour laisser passer une corde que l'on arrime au fond du trou. La corde doit être en fil de coton pour bien vibrer; ce type de corde se trouve difficilement à Cuba. On fait quatre coins en bois que l'on plante aux extrémités du couvercle en feuilles pour le tendre. On prend une grande tige de bois flexible, par exemple de goyavier. Cette tige de bois, on la fixe solidement dans la terre et on la plie, pour lui attacher à son extrémité la corde de coton. Il s'agit ensuite de doser la tension de celle-ci pour lui donner le son voulu. Un peu comme l'on le ferait pour l'accord d'une guitare. L'instrument est enfin prêt à jouer. On pince la corde en différents endroits. Au plus on la pince haut, au plus le son sera grave.


Oui, c'est un principe physique qui s'applique à tous les instruments à cordes

Actuellement, il est rare que les groupes utilisent le kaolin sous la forme que je t'ai décrite. Plus pratique, on fait aussi des formes portatives, sur une planche en bois[41]. Pour la Semaine Sainte et les fêtes de gaga, les premiers chants sont accompagnés par le kaolin et le catá[42], c'est tout.
L'un de ces chants qui sont propres à notre groupe dit ceci: Ti la Flè[43] me yo ou o, Ti la Flè me yo, Ti la Flè mwen pa enkò tonbe, Ti la Flè me yo (Ô vous,Ti La Flè, ô vous Ti La Flè, Ti La Flè je suis toujours debout, ô Ti La Flè).


Que se passe-t-il après les chants de kaolin?

Une fois les chants avec le kaolin terminés, la colonne de ban rara[44] peut se mettre en marche pour aller visiter les bateyes voisins. Une fois arrivés sur l'un d'eux, ils devaient aller rendre visite à la doyenne du batey et lui jouer un air spécifique pour la saluer. Celui-ci disait: "Se larènn ki mande m' pou mwen prale, larènn ki mande m' pou mwen, mwen  prale, lòm arive se lòm a jete dlo" (C'est la reine qui m'a sollicité, j'y suis allé, une fois arrivé je lui est demandé de m'asperger d'eau[45]). À l'arrivée se présentent aussi les porte-drapeaux et le porte-corbeille[46]. Ce dernier récolte un peu d'argent auprès de l'assemblée. Cet argent ira à la cagnotte pour la fête finale de la Semaine Sainte. Pendant la visite et selon la demande, les musiciens peuvent jouer sur place des merengués pour faire danser les gens.
Ah, c'était des bons moments... les cubains aimaient ça. Comme nous étions vêtus de rouge ou très bariolés on nous voyait arriver de loin. Les cubains disaient "Hé, regarde, voici qu'arrivent les colorés"[47]. Les drapeaux aussi ont des couleurs. Ils représentent une famille de lwa. Les blancs sont pour Èzili Freda, les noirs pour Papa Gède, les rouges pour Ogou, les bleus pour les lwa congo.


Ces visites de ban rara étaient organisées?

Oui, et comment! Il fallait obtenir l'autorisation de la municipalité visitée, ainsi que du contremaître s'occupant de l'exploitation agricole. Il y avait à notre arrivée les gardes champêtres qui veillaient à l'ordre; à l'époque ils étaient vêtus en jaune.
Toute une organisation interne au groupe de gaga permettait que cela se passe bien également ; une sorte de hiérarchie, avec des postes pour chacuns. Par exemple, un rôle qui n'a plus la même importance: la sentinèl. C'était un éclaireur qui partait avant la colonne, vérifiant que la voie était libre et nous avertissant des dangers, comme croiser un autre ban rara ou d'autres sources de perturbations.


Cette manière d'organiser les tâches à l'intérieur du groupe me fait penser à celle des carabali de Santiago de Cuba et d'autres sortants pour les carnavals.

À l'époque coloniale, notre groupe n'existait pas encore, mais il se dit que les ban rara sortaient pour le jour des rois (6 janvier), comme d'autres cabildos[48]. Il y avait toute une organisation hiérarchique: reine, deuxième, président, sentinelle, lamé, reine reposé, comisié, roi diable, etc...

Il y a des danses spécifiques à l'intérieur du ban rara, comme celle avec les machettes. Peux-tu nous en parler?


Chaque séquence est sous la responsabilité d'une personne. Le mayor machèt exécute des figures à sensation avec une vraie machette. Le mayor table portera à un moment une table entièrement dressée[49] par la seule force de sa mâchoire. Le mayor zanco évolue sur ses échasses en suivant le rythme de la musique.
D'autres chorégraphies plus courantes sont exécutées par l'ensemble de la troupe sous la responsabilité du mayor somba.

Quels sont les instruments de musique pour le ban rara?

Il y a deux tambours à une peau, un peu comme les congo, avec un laçage de la peau vers le bas du fût. Le plus grand, kesulat se joue à mains nues et le petit avec deux baguettes; on l'appelle catayé. La basse est jouée par un tambujé[50]. Il ya le trián[51], que joue le chanteur soliste. Le jong[52] est tenu par le mayor gaga et il le frappe au sol. Enfin, les baksin, des tubes en bambou où l'on souffle pour produire des sons[53]. Mais aussi des tatú, d'autres tubes cylindrique en fer-blanc[54].

Y a-t-il d'autres ban rara qui sortent pour la Semaine Sainte?

Non, nous sommes les derniers sur toute l'île à maintenir cette tradition. Nous défilons un peu dans Las Tunas, mais ne faisons plus les longs trajets de jadis, où on allait jusqu'aux villages voisins. Il y a d'autres groupes de ban rara, comme à Barrancas, mais ils défilent à d'autres moments[55]. Nous nous limitons à visiter les membres de la communauté haïtienne dans la ville, cela occupe déjà bien les jambes. Par exemple, on va toujours visiter un ami, Dantès, qui est l'un des meilleurs joueurs de tambour vodou à Cuba. On va voir la famille, les amis. Ces visites se multiplient toute la semaine. N'oublie pas qu'en plus du ban rara, nous avons en charge toutes les cérémonies vodou dont je te parlais au début de notre entretien. C'est une semaine riche, bien chargée. Le dernier jour, samedi, on brûle le diable, une fête semblable à celle où tu étais avec nous, au Festival del Caribe. Après cela, on fait circuler une bouteille de ti fey[56] auprès de tous. Cette libation clôt la Semaine Sainte, jusqu'à l'année suivante.

Que dire d'autre sur la Semaine Sainte?

Ah oui, j'allais oublier! Avant même de faire parler le kaolin, toujours nous commençons avec un chant de louanges à notre Père, Jésus, Marie, Joseph et tous les saints. C'est indispensable, nous sommes catholiques et nous plaçons toujours sous la protection du Seigneur. Pareil pour clore la Semaine Sainte, il y a un chant catholique.
Une autre séquence importante du final: au  moment de brûler le diable au milieu de notre cour, nous avons un chant: Se lam prale, se lam prale[57]. Une personne se tient devant le feu avec une bougie et une bouteille de tifey, elle tourne autour d'elle-même puis passe la bougie et le tifey à son voisin tout en chantant. Cela dure jusqu'à ce que le feu soit réduit en cendres.

Revenons au vodou, qui occupe une place importante dans votre communauté. Y a- t-il une cérémonie en particulier dont vous souhaiteriez parler?

Il y aurait la cérémonie du manjé [58] qui pourrait t'intéresser. C'est un office qui est dédié aux personnes de famille décédées; cela peut-être pour les ancêtres également. Il y a aussi une cérémonie qui s'effectue à date anniversaire du défunt que l'on souhaite célébrer. On allume ce que nous autres appelons lanp etenèl[59], qui restera éclairée durant toute la cérémonie. Parmi les boissons en offrande: de l'eau, de l'eau sucrée, du café sucré et non sucré. En ce qui concerne la nourriture, tout ce que le défunt aimait manger, douceurs, viandes, légumes. Tout ceci est posé sur la table et l'on asperge les offrandes avec de l'eau bénite, tout en chantant. Ensuite viennent les paroles en direction du défunt, racontant un peu de sa vie et de sa famille. On prie et chante des cantiques catholiques[60]. Pas de danses ni de tambours pour le manjé [61].

Dans cette cérémonie, rend-on également hommage aux Gède?

Non, Gède c'est une autre cérémonie. Ce sont les esprits qui régissent les choses de la mort et la fertilité. Nous, on les fête en décembre, la même semaine que les autres.

En Haïti, c'est souvent en novembre, pour la Toussaint

Oui, c'est vrai qu
e c'est plus courant de fêter les Gède à ce moment-là. Ce sont des esprits particuliers. Il faut bien réfléchir avant de s'engager avec eux, tu te dois de remplir les obligations que tu auras contractées. Ils sont puissants et n'ont qu'une seule parole.

La cérémonie pour les Gède se passe-t-elle au cimetière? Je vous pose la question, car en Haïti, c'est le cas.

Non, ici à Cuba c'est interdit! Tous ces trucs sur les tombes et tout ça, on ne le fait pas. L'office a lieu ici nan lakou[62], c'est aussi bien. Il y a plein de choses que nous ne pratiquons pas, car les habitudes et les lois à Cuba sont différentes.

Oui, je sais par exemple qu'en Haïti, il y a des cérémonies d'alimentation pour certains lwa où l'on doit sacrifier un bœuf tous les dix ans. Il y en a une autre pour un lwa kongo, Moundogue, où l'on sacrifie un chien.

Non, non, mon Dieu! On ne fait pas ça ici. Si tu tues un bœuf sans autorisation, que tu n'es pas équarrisseur ou boucher, c'est la prison directe. Je ne connaissais pas ce lwa dont tu parles pour le manje chèn[63]. A Cuba, il y a des fois des cérémonies où l'on présente un animal, car c'est la tradition, mais on ne le tue pas. Pour Gan Bwa, qui est un esprit de la montagne, des bois, nous faisons la cérémonie dans la forêt et lui offrons un cochon sauvage; je crois que c'est la seule où nous sommes à l'extérieur du lakou.

Je reviens un peu aux activités du groupe Piti Dansé. Nous avons évoqué ce qui concerne les cérémonies, la Semaine Sainte, quelles sont les autres activités?

Je t'ai parlé aussi de notre présence au Festival Del Caribe où nous sommes invités chaque année. D'habitude, nous y restons toute la semaine, mais cette année, il y avait un problème du transport pour le retour, nous ne sommes donc restés que trois jours. Il y a plusieurs festivals dans le pays où nous sommes allés. Il y a également le comité culturel de Las Tunas qui nous fait participer à divers évènements. Pendant le carnaval de Las Tunas[64], par exemple, il y a toujours une sortie du ban rara de Piti Dansé.
Quoi d'autre...ah oui, on a enregistré un clip il y a quelques années; des musiciens d'ici nous avaient invité, je te le montrerais. On a déjà enregistré pour pas mal de personnes. Et puis l'on participe à toutes sortes de fêtes, comme celle que l'on te réserve ces prochains jours[65].



Entretiens réalisés par Daniel Mirabeau en juillet 2017 à Las Tunas.



Remerciements:
À
Serafina María Ronda Infante pour ses sources documentaires et sa précieuse aide .
Aux membres du groupe Piti Dancé pour leur dévouement désintéressé.

 


[1]  Las Tunas, ville du Centre-Est de Cuba, 160 000 habitants en 2010

[2]  Petite fleur en français

[3]  Elle était d'ascendance yoruba par sa grand-mère, arrivée d'Afrique en Haïti comme esclave

[4]  Ville du sud d'Haïti

[5]  Ou mambo.

[6]  batey (exploitation agricole) proche de Manatí

[7]  Javier Spret, en castillan

[8]  Lire au sujet de Xavier Expret, l'interview d'Antonio Mellas Limonta.
http://www.ritmacuba.com/Antonio-Mellas-Limonta-par-D-Mirabeau2.pdf

[9]  Les principales exploitations agricoles de cette zone étaient tenues pas la Manatí Sugar Company, créée en 1912. La chute des cours du sucre aux Etas-Unis en 1921 et 1932 entraîna le retrait progressif de ces investisseurs américains jusqu'à la révolution socialiste.

[10] Ici, dans le sens de grandes exploitation agricoles

[11]  Médium. Pour transcrire tous les mots de créole sera préférée l'emploi de la graphie haïtienne dans ce texte. La graphie en créole cubain est très changeante selon ses utilisateurs.

[12] Prêtresse vodou

[13] Esprits ou déités vodou

[14] "L'homme doit s'occuper de ma nourriture, toute la famille doit le faire. Je dois vous réunir tous ensemble, pied contre pied, épaules contre épaules, l'homme va me servir"

[15]   Au sens premier, un batey est une place ou surface de terre battue au centre de l'exploitation agricole, autour de laquelle sont construites les habitations (bohios, barracón) des travailleurs agricoles.

[16] Litt.Pigeon. Terme péjoratif désignant les fils d'immigrés haïtiens à Cuba

[17] Ramón le dit en français.

[18] Les premières années de la jeune République cubaine se sont effectuées sous protectorat états-unien. Les capitaux et entreprises américaines ont été très présents dans l'économie cubaine jusque dans les années trente, puis disparaissent avec l'arrivée du socialisme en 1959.

[19] A propos de la tumba francesa, il est en fait précisément question ici du frente ou fronté qui est joué à la fin du yuba, lequel commence par des danses de figure. Dans la tumba francesa, le yuba a rassemblé plusieurs danses, au départ autonomes. Leur héritage africain les singularise par rapport au masón, proche des danses de cour françaises.

[20] Danse typiquement paysanne, où l'on marque des accents avec le talon et la point du pied, tout en exécutant une série de zig-zag. Il existe des formes similaires dans d'autres pays d'Amérique latine (jarabe au Mexique, joropo au Venezuela, cuecas au Chili).

[21] Dans d'autres communautés haïtiennes, comme à Camagüey, on l'appelle sèvis pou Èzili lwa blanch.

[22] Ou congo layé. A ne pas confondre avec les musiques issues de la regla congo ou palo monte.

[23] Esprit propre à une famille ou communauté

[24] Semaine précédant Pâques

[25] Il faut comprendre que le rythme est le même, c'est à dire assez soutenu comme peut l'être le maisepol ou vodou kouran.

[26] En Haïti, nago est le nom de tout un panthéon d'esprits. Là-bas aussi l'usage de tambours spécifique pour les nago se perd. Par contre, il y a différents rythmes, plus ou moins rapides pendant un ofis nago. Les chants que l'on y  exécute sont tous consacrés aux nago.

[27] La graphie de l'auteur diffère de Ramón Hilmo, mais nous parlons de la même chose. Rasiñe est le mot employé à Guantánamo par la communauté haïtienne.

[28] Deux significations peuvent être données à ces vers: la première serait que le chanteur reproche son retard à une personne qui vient d'arriver dans l'auditoire. Pour la deuxième, il lui signifie son peu de cas des coutumes catholiques.

[29] Cantos de pulla en castillan

[30] Evènement récurrent se déroulant pendant le Festival del Caribe à Santiago de Cuba

[31] La quema del juif, ou quema del diablo

[32] Maintenant le drapeau peut brûler, je vous le dis, ayibobo!

[33] Jeu de trois tambours unimembranophones cylindriques dédiés aux cérémonies vodou, en particulier aux esprits radá.

[34] Gommier en français. Arbre très répandu, de la famille de l'eucalyptus  pouvant atteindre jusqu'à neuf mètres de haut.

[35] Ou bois-trompette en français. Arbre sylvestre de la famille du cèdre qui peut atteindre 16 mètres de haut

[36] Mombin en français. Variété de la famille des pruniers américains (spondias mombin)

[37] Tambours unimembranophones sur cadre circulaire, avec ou sans cymbalettes attachées au cerclage. S'apparente à notre tambourin, ou tambour de basque. S'utilise pour les danses de salon.

[38] La précision de Ramón est importante, car il existe deux types de plantes produisant ces fruits servant à confectionner des instruments de musique. Il y a les bigognacées, avec l'arbre calebassier, qui sert à faire les güiros de faible diamètre. Il y a les cucurbitacés, dont la courge de plus fort diamètre sert à confectionner le cadre cylindrique d'un tambujé.

[39] Désigné également sous les noms de tumbandera ou tingotalango à Cuba. En Haïti, on le nomme aussi kaolina
Cf.
http://www.ritmacuba.com/instrumentsCuba.html#Tumbandera

[40] Groupe de musique populaire de Las Tunas. Cf. Vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=O-tWmSWG9Ak

[41] Cette forme portative est dénommée en Haïti tanbou marengwen piga zonbi. Il est surnommé "moustique" (marengwen) de par sa petite taille et "chasse-zombi" (piga zonbi).

[42] Idiophone très répandu dans les musiques de toute la Caraïbe. Tronc d'arbre évidé ou gros morceau de bambou percuté par deux baguettes en bois.

[43] Premier nom du groupe Piti Dancé

[44] Ban rara est le nom donné à un groupe de gaga en déambulation

[45] Ce texte sous-entend que la colonne gaga a cheminé longtemps ou a souffert de la chaleur. Le chanteur  sollicite donc la reine pour les rafraîchir.

[46] L'argent récolté est dit kobèy

[47] Ay, mira! Allí vienen los colorados.

[48] Les cabildos de nación sont abolis en 1880 au profit des sociétés. Seuls ceux qui rassemblaient les membres de même ethnies africaines étaient généralement autorisés. Les rassemblements de créoles étaient considérés par les autorités coloniales comme des foyers d'émancipation et de rebellion. Les cabildos haïtiens sont donc une exception, très peu sont référencés dans les registres paroissiaux et autorisés à défiler. (cf. Olga Zuñiga Portuondo, Los Cabildos negros santiagueros, Del Caribe N°32, 2000).

[49] Entendre: "où sont entreposés des verres remplis, vases de fleurs et candélabres allumés"

[50] Tambour mono-membrane cylindrique sur cadre.

[51] Pièce métallique comme un soc d'outil agraire, percuté par une batte

[52] Longue canne proéminente, comme un bâton de maître de danse

[53] A Cuba, l'usage des baksin a quasiment disparu. Ils sont remplacés par des souffleurs de conques marines (guamo)

[54] Appelés konèt en Haïti. A notre connaissance, c'est le seul témoignage de leur utilisation à Cuba

[55] Il est vrai que le groupe La Flèt de Barrancas a cessé d'effectuer les défilés de ban rara durant la Semaine Sainte avec l'arrivée du socialisme. Adolfo Piloto, l'un des anciens du groupe, interviewé en 2001 dit que le changement était inéluctable. Le travail lors des campagnes nationales de coupe de canne (zafra) ne permettait pas de prendre une semaine de congés pour faire les fêtes de la Semaine Sainte.
Cf. El gaga de Barrancas, Jorge Berenguer Cala, 2006, Ed. Santiago

[56] "Petites feuilles" en français. Rhum arrangé avec des plantes médicinales

[57] Son âme s'en va, son âme s'en va

[58] Litt. manger mort

[59] Lampe à huile

[60] Ces prières sont issues pour la plupart du livre "L'Ange conducteur des âmes dévotes", Jacques Goret, Mame édition, Port au Prince, 1921. Ce manuel est très répandu chez les vodouisant à Cuba.

[61] Ceci est vrai pour la communauté haïtienne de Las Tunas. Néanmoins, l'auteur a assisté à un manjé à Camagüey qui diffère quelque peu. Les offrandes et prières du début étaient semblables. Mais après cela les tambours commençaient à jouer, en augmentant progessivement la pulsation, en cherchant à provoquer la transe. Lorsque un défunt se manifestait au travers de la possession d'une personne réceptive de l'assemblée, il pouvait y avoir de l'alcool s'il désirait en boire. Il pouvait également demander de fumer un cigare et réclamer que les tambourinaires jouent tel ou tel genre de musique.

[62] Dans la cour (créole). La cour dans le sens de lieu de rassemblement des vodouisant.

[63] Manger chien

[64] Le carnaval a lieu fin septembre

[65] Voir les vidéos des musiques et danses issues de cette fête sur la play-list suivante: https://www.youtube.com/playlist?list=PLD-BwTcw9htGl_dz7qyNyz5wNSjbh7bBS

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