Retour à l'accueil

Intercambio - Santiago de Cuba - julio

- Documentation de ritmacuba.com : Les styles de la musique cubaine / Los generos de la música cubana

La page avec tous les textes du site
espagnolLa pagina con nuestros textos en español

espagnol "Del Changüí a la Salsa y mucho más. Guantánamo en la orbita musical del Caribe" par José Cuenca Sosa

"Du Changüi a la Salsa & bien plus. Guantanamo dans la sphère musicale caraïbéenne" par José Cuenca Sosa, traduit par D. Chatelain

 "'Nino' Olivares, la marimbula à son apogée"  par D. Chatelain

mis en ligne le : 12 oct 2015. Dernières corrections : 13/01/2019

"LE ROI DU XXIe SIÈCLE",
NOTES SUR LE CHANGÜI

Auteur : Santiago MOREAUX JARDINES (Guantánamo 1943 - Guantánamo 2009)

Traduit par D. Chatelain

Santiago Moreaux

espagnol Version originale  "Apuntes sobre el Changüí - El Rey del siglo XXI" . Inedito

Santiago Moreaux Jardines (Guantanamo 1943 - Guantanamo 2009). Musicologue, compositeur, directeur de programmes de radio et de télévision. Licencié en Histoire et Sciences Sociales. membres de l'Unión Nationale des Ecrivains & Artistes de Cuba (UNEAC) & de la Société Générale des Auteurs & Editeurs d'Espagne (SGAE). 

    Dans les premières décennies du XIXe siècle, les chants traditionnels espagnols et les styles de danses amérindiens, espagnols, français, africains, haïtiens - fondamentalement - ont influencé la naissance d'une forme particulière de musique dite Changüi, qui a émergé dans l'Est de Cuba, en particulier la chaîne de montagne Guantanamo - Baracoa , appelé par de nombreux spécialistes comme un véritable haut-lieu (1)  de genres musicaux qui ont été jalousement «sauvés» dans le coffre imaginaire du folklore local, dont la plupart de ses praticiens sont restés dans l'obscurité ou l'oubli ; ils sont la garde avancée, rustique certes, mais qui a maintenu ces expressions au long d'une période longue et semée d'influences étrangères, jusqu'à nous parvenir avec l'intégrité et la fraîcheur distinctives ; c'est ce qui s'est passé avec le Nengón, le Kiribá, la Regina, le Son Montuno & le Changüi, ce dernier devevu un style symbolisant la culture musicale de Guantanamo.

    Mais le Changüi c'est quoi? "Certaine petite danse et réunion populaire" dit Pichardo, qui a également considéré le mot comme synonyme de guateque(2). Autrement dit, "danse afro-cubaine et réunion animée populaire". Changüi signifie par ailleurs la déception, la tromperie, entre autres significations.

Il est presque impossible de déterminer avec une grande précision la date à laquelle ont germé les premiers bourgeons changüíseros , tout comme le lieu ou les lieux de leurs premières représentations. Danilo Orozco, chercheur émérite de la musique cubaine et grand connaisseur de la musique changüi déclare dans ses notes du LP du groupe Changüi Guantanamo "Changüi y Cumbancha" :

"(...) Placer une date spécifique unique pour détecter l'apparition de telle ou telle musique de ce style ne s'avère pas pertinent, car elle est liée dans chaque cas (...) avec des chansons et des danses  en général dissemblables qui ont établi une période de transition (...) tout au long du XIXe siècle : ceci devint circulation et base générale d'une importance toute particulière pour les manifestations concernées.  Cependant on a de fortes indications - à travers certaines traditions familiales et d'autres sources - concernant la présence de chansons et de danses typiques de cette musique de transition, dès 1860 aproximativement (et peut-être plus tôt), lesquelles auront eu un impact à la fois dans le domaine du son comme celui du changüi."

Changui Guantanamo (Archives)
Photo d'archive du Changüi Guantánamo. Avec Cambrón (guayo), Chito Latamblé (tres), Nino Olivares (marimbula)
DR - Collection Ritmacuba

    Enfin, ajoute le musicologue éminent : une définition plus globale se profile dans les trois dernières décennies du XXe siècle, parallèlement au grand processus historique de la nation. La plupart des chercheurs locaux admettent sans ambage les sources du savoir-faire changuisero dans l'itinéraire qui marque la route des regroupements Afro-franco-haïtiens , où il se trouve qu'apparaissent les premiers foyers naturels de Tumba Francesa, Altares de Cruz (lit. : 'autels de la Croix'), Bembé et d'autres activités similaires (souvent disparues ou reléguées).

marimbulero
Marimbulero à Guantánamo © Daniel Chatelain

    Dans ce processus de formation, le changüi a traversé plusieurs phases ou étapes, en relation avec les combinaisons instrumentales ou formations occasionnelles, où apparaît toujours le tres, devenu un élément insdispensable sur les terres de Guantanamo, instrument leader, auquel peut s'ajouter au fil des ans le tingo-talango, la tumbandera, la botijuela, la calebasse rustique güiro, o le guayo de métal, la marimba ou marímbula, le tabouret, des bouteilles, la guitare, les maracas, la trompette, les claves, le bocú, le petit bocú, les cajones, et paila (timbales) entre autres instruments utilisés de façon indistinctes et non excluantes.

Vidéo : Les instruments du Changüi et présentation des membres du CHANGUI GUANTANAMO. iSéquence de "Guantanamo et le Changüi" de Jean-Marie Troillard (2e partie sur 5)


    Dans l'une des premières terres d'installation de la région de Guantanamo, appelée Tiguabos, "(...) l'intrépide colonel de Guantanamo Policarpo Pineda Rustan fut, d'après le général Antonio Maceo qui le comparaît à ses frères Michael et Joseph, un des hommes les plus courageux de Cuba dans la première insurrection de la guerre d'indépendance. Rustan a été le protagoniste d'un fait drôlatique qui faisait l'objet de blagues et de plaisanteries pendant une longue période. Un jour, Rustan arrive dans un bal campagnard (c'était au milieu du XIXe siècle), appelé changüi par les contemporains du temps ; apparaissent peu après une petite force de volontaires Espagnols qui entouraient le bâtiment et ont commencé à identifier le nombreux voisinage concentré dans ce lieu. Rustan s'introduit dans une pièce à l'intérieur de la maison et se vêt d'une robe de femme, entre sur la piste de danse et avec le sang froid qui la caractérisait invite à danser un sergent espagnol chef de la force, lequel refuse l'invitation, peut-être parce que "la dame" n'était pas à son goût "(1bis)

    Cette histoire nous fait évidemment remonter aux premières années du savoir-faire changüisero, devenant ainsi la première référence de l'existence du style, et, bien sûr, révèle la présence de femmes dans la changüi juste au début du processus d'intégration et de sensibilisation la nationalité cubaine.

    Dans les dernières années de la guerre de 95, au XIXe siècle, le peuple de Guantanamo a payé avec la vie de ses meilleurs fils une quote-part très élevée, néanmoins les classes pauvres ont continué à cultiver les genres musicaux autochtones, et en particulier le changüi, qui a survécu, y compris dans les pires moments. Une fois l'indépendance conquise, avec le bien connu tour de prestidigitation du gouvernement américain du moment, se produisit dans l'île un changement profond dans les structures économiques, politiques & sociales qui ouvrirent de grandes perspectives à la culture en général et la musique en particulier. Guantanamo recevait un flot d'étrangers. Dans cette vague humaine atteignant le territoire, ont échappé au contrôle l'origine, la quantité et la diversité des groupes ethniques et sociaux qui ont habité la région du Guaso, avec la confusion naturelle que produit la variété des cultures, des langues, modes de vie, coutumes, croyances ou  idées religieuses.

    Ce conglomérat, comportant des Chinois, Philippins, Américains, Portoricains, Espagnols, Indiens, Haïtiens, s'est amalgamé en une sorte de pluralisme ethnique et culturel, peuplant les édifications et hameaux environnants de la ville émergente et prospère de Guaso, les lieux périphériques ou naquirent essentiellement des petits groupes musicaux changüiseros, lesquels jouaient de façon occasionnelle pour eux-mêmes et selon leurs goûts personnels, principalement dans leurs propres foyers ou ceux de leurs amis, après les heures de travail, le week-end, ou pour les anniversaires, baptêmes, célébrations des saints patrons etc. ; ou également en fonction d'anciennes traditions de diverses natures telles que les cueillettes de café et la récolte du sucre, les occasions les plus nombreuses étaient en décembre, pour les veilles de la Santa Barbara (Sainte Barbe) et San Lazaro (Saint Lazare), la Noël & le Nouvel An, ainsi que pour les Pâques, où le changüi se mélangeait ou non, avec le Bembé ou autre. Ces groupes étaient constitués avec les instruments à portée de main, sans égard au nombre de membres, des combinaisons instrumentales et la rigueur vocale, puisque la grande majorité avaient une formation empirique et autodidacte. Il est illusoire de penser, étant donné le niveau technique musical des premiers protagonistes du style, qu'un seul changüisero prenne la peine de considérer si le format instrumental était le bon, si les instruments étaient les plus appropriés, s'il s'agissait d'un changüi ou d'un son, ou si les deux étaient mélangés (que ce soit spontanément ou consciemment), si était inclus le pase ou pase de calle(3) ou l'appel du  montuno, si on chantait ou jouait à contretemps, si les notes étaient piquées, ou si la clave propre au style était respectée ou pas etc. Il en était de même avec les danseurs de Changüi pour ce qui est des éléments de base tels que glisser les pieds sans les soulever, garder à l'esprit de suivre en général le bongo ou ou la marimba du fait que le changement du poids du corps se produit au cours du dernier temps de la mesure, à l'instar du plus marqué des accents de la  marimba et du bongo observant strictement la clave en contretemps. Le respect des paramètres qui régissent actuellement le style du Changüi et ses plus proches parents,  le Nengon le Kiriba et la Regina, n'était pas obligatoire en ce temps là ; mais en revanche ces éléments ont été pris en compte par le compositeur, musicien, pédagogue et chercheur Rafael Inciarte Brioso "Filiu" en créant le 11 août 1945, le groupe Changüi Guantanamo, le premier groupe changuisero doté du format en vigueur :

1 Tres. 1 Bongo de Monte (à deux fûts). 1 Marimba o Marímbula (les deux termes sont localement acceptés). 1 Guayo de Laiton (actuellement). 1 Paire de Maracas.

bongo de Monte
Bongo de monte © Daniel Chatelain

Y figuraient comme fondateurs les légendaires Arturo Latamblé Veranes (bongosero), Reyes Latamblè Veranes "Chito" (tresero); Pedro Speck el "Congo" (chanteur-marimbero); Santiago Reyes "Chago Guayo" (guayo), Justo Kindelán (chanteur-maraquero), & le couple de danse integré par le fameux Luís Céspedes Fornier, plus connu comme "Pepe Luís" y Josefa Moya Latamblé.

statue de Chito latamblé
Statue de Chito Latamblé - Casa del Changüi © Daniel Chatelain

    Quelqu'un a dit : "le créateur changüisero, loin de ressentir du plaisir tombe dans un état plein de mélancolie et de frustration, une grâce spéciale qui unit le tragique, le comique, l'heureux et le triste." Je dirais, sans vouloir paraphraser, que les créateurs de ce style beau et contagieux né au beau milieu des montagnes de Guantanamo, ont utilisé la métaphore comme le ferait un sculpteur, un plasticien, un écrivain et d'autres artistes, avec le plus haut degré d'ingéniosité et de beauté, ce qui attire l'attention de ceux qui entendent les textes contenus dans plus de 4000 ?uvres de sources d'inspiration disparates, conçues principalement par des auteurs nés dans le territoire du Guaso(4).

    En page 62, du livre A Pura Guitarra y Tambor, de Olga Fernández, sous le sous-titre "Ese ritmo llamado Changüi" (Ce rythme appelé Changüi), on lit ceci : "Chicho Ibáñez, sonero exceptionnel qui a déjà dépassé un siècle d'existence, soutient que le Changüi, rythme caractéristique de Guantanamo est plus  beau que le son." Je l'aime - déclara-t-il un  jour avec une énergie inhabituelle - car c'est avec lui que j'ai improvisé en premier, aidé par des épingles à cheveux comme en portent les femmes. Alors, on n'utilisait pas l'ongle pour pincer les cordes. Le son, c'est une chose nouvelle".

    Une des pratiques maintenues jusqu'à ce jour au sein du mouvement changüisero, est la construction artisanale de tous les instruments qui ont été intégrés et intègrent ce format; de nombreux musiciens et musiciens-luthiers sont devenus de véritables spécialistes, transmettant leurs connaissances de génération en génération. Ils ont contribué à établir la cohérence et la continuité des nombreux projets musicaux et à la fois élargir l'éventail sonore, permettant des sonorités inattendues qui ont enrichi le monde changüisero-sonero.

    Au début des années vingt du siècle dernier, ont profondément pénétré les références de cultures étrangères - en particulier américaine - qui ont conduit les formations modernes à scander de manière nouvelle : orchestre de jazz, bandas, etc. et qui ont envahi le monde musical cubain, ce qui fut le cas bien sûr dans notre ville, si proche de la base navale américaine, où vivaitent un nombre considérable de travailleurs : en accélérant l'entrée de ces styles à travers les innombrables activités réalisées par des groupes de Guantanamo et des Etats-Unis qui animaient dans ces années de  pseudo-république la ville du Guaso et la base navale de lui-même.

    Nos musiciens, compositeurs, arrangeurs, les orchestrateurs et promoteurs de musique, ne pouvaient se soustraire à ces alluvions d'influences musicales, dont les premières projections furent apportées par le célèbre compositeur et chef d'orchestre de Guantanamo, Vicente Sigler Lalondrí, le premier cubain à établir une orchestre à New York (1926), et la talentueuse pianiste, orchestratrice et professeur Bravo Concepcion "Conchita" qui fonda en 1927 le premier groupe de jazz de Guantanamo : Hatuey. Cependant, parallèlement à cette grande diversité de formats et de styles parvenus dans la région Guantanamo, le Changüi est resté debout dans ses domaines traditionnels de façon immuable, avec les mêmes gens noirs, métis et blanc (ces derniers, considérés comme populace ou de sang noir, par la classe des soi-disant élites de l'époque), fidèles à leurs racines, leur identité, se moquant les aléas du temps et des modes, avec comme  constante la perfection.  Sans se dénaturer, comme si une force ésotérique et intelligente le conduisait et le préservait pour nous arriver intact aujourd'hui.

"Conchita" Bravo
Concepcion Bravo "Conchita" au piano en 1996 - Elle fut précurseur de l'utilisation du piano dans le son cubain - DR.

    Il est indéniable que le Changüi fut en mesure de surmonter la réalité économique, politique et culturelle dans différents contextes qu'il a traversé, sans servir de marchandise aux prédateurs de la culture musicale, compte tenu que les sociétés du temps étaient hostiles à son développement, sa promotion et divulgation, et qu'il dût donc attendre jusqu'à la victoire de la Révolution, pour qu'il soit pris en compte dans les médias locaux, nationaux et étrangers; les grands spectacles culturels ne le considéraient pas comme un style pour le grand public, mais une musique pour les Noirs et les métis pauvres et analphabètes; le changüí avait pas de défenseurs.

Changui Guantanamo à  Paris
Changui Guantanamo à Paris (sept. 2008)
© Photos Jean-Pierre DEFFORGE / Collection Ritmacuba

    À compter de 1959 et de la victoire de la Révolution, le Changüi a obtenu une place importante grâce au nouvel ordre économique, politique et culturel. Au milieu de cet environnement favorable, il commence à gravir plusieurs marches dans la reconnaissance et il faut attendre la fin des années '90 du siècle dernier, pour arriver à un véritable décollage du changüi et la création de nombreux groupes qui, effectivement, prennent en compte ses paramètres caractéristiques, de façon créative. C'est précisément dans ces dernières années des années '90, désignée généralement comme l'apogée du style, que se céent les conditions d'un début de profond processus de métamorphose qui arriva à un point culminant en 2000, avec le prix dans la catégorie de la musique populaire, traditionnelle et folklorique de Cubadisco, un des événements les plus importants de la culture musicale cubaine, attribué au groupe Changüí Guantanamo - lequel a visité plusieurs pays - avec le CD Bongó de Monte, produit par la maison de disques EGREM. Quatre ans plus tard, dans le même événement, il a réussi à obtenir un autre prix important avec le CD ¡Ahora si! Llego el changüi. L'Institut cubain de la musique, en collaboration avec le Centre provincial de Musique, la direction régionale de la Culture de Guantanamo, le Gouvernement Pprovincial, le Parti (5) et d'autres institutions liées à la musique, ont fait du rêve changüisero une réalité, le Festival National de changüi (6)"in memoriam à Elio Reve"(7), pratiquement international et la merveilleuse "Maison du Changüi Chito Latamblé Veranes" qui nous oblige à affirmer que le Changüi va devenir le roi du XXIe siècle comme au XXe, ce fut son rejeton, le Son.

Bongo de Monte
Santiago Moreaux a signé les notes de pochette de cet excellent CD de changüi diffusé sur le marché national cubain

© Santiago Moreaux Jardines & Ritmacuba (traduction & illustrations).

Joyas del Caribe
© Joyas del Caribe (Casa del changüí - Guantánamo). Collection Ritmacuba (don de l'auteur)
Santiago MOREAUX JARDINES, directeur de ce groupe est le premier à gauche (maracas)
.

Notes du traducteur :

(1) En esp. : emporium

(1bis) Sánchez Guerra, José. Rustàn. Sección de investigaciones históricas del Comité Provincial del PCC: Guantánamo. Pag. 12.

(2) Guateque : Nom de fête paysanne cubaine

(3) type d'accompagnement au tres

(4) rivière qui donne son nom à l'appellation populaire de la région du Guantanamo.

(5) c'est-à-dire la Direction régionale du Parti Communiste de Cuba

(6) Le festival de Changüi de Guantanamo a pris un rythme bi-annuel et a eu lieu en décembre jusqu'en 2008, il a été transféré sur le mois de juin les années paires suivantes.

(7) Le guantanamero Elio Revé, créateur - avec les musiciens de son Orquesta Revé (en particulier Changuito & Juan Formell) - du nuevo changüi, mort accidentellement  en 1997.


:: Ritmacuba-info n°184 a annoncé avec beaucoup de regrets le décès, survenu le 7 octobre 2009 à Guantanamo du musicien, compositeur & musicologue Santiago Moreaux Jardines, auteur de cet article qu'il nous avait confié pour publication quelques mois auparavant.


Diaporama CHANGUI 2003-2008

 

Video Changui Guantanamo (ritmacuba - dailymotion)

Vidéos Changüi de ritmacuba.com

Playlist vidéo changüi traditionel (chaîne ritmacuba de youtube)

 

info@ritmacuba.com


Retour à l'accueil


A la source ? | Qui sommes-nous ? | Nos partenaires
© Ritmacuba 163 r. de la Butte Pinson 93380 PIERREFITTE - FRANCE


Tél : +33 1 48 39 90 53 / +33 6 34 53 25
E-mail : info@ritmacuba.com
statistiques