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Santiago de Cuba - Juillet

Mise en ligne de la page : le 23/02/21. Actualisé le 27/05.

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- Documentation ritmacuba.com : PORTRAITS AU FIL DU TEMPS -


FRAGMENTS MÉMORIELS SUR LES PLANTEURS FRANÇAIS À CUBA
ET LEUR DESCENDANCE : 3.

AUTOUR DE TROIS RENCONTRES FAÎTES EN 1993, par Daniel Chatelain.


Au fil des années des souvenirs se voient sous un nouveau jour et se complètent de nouvelles informations qui les relient à l'Histoire. Mais ce processus est destiné à être complété... Le texte et les notes du premier volet donnent des clés sur le pourquoi de ces rencontres...
DC, février 2021

Partie 1 : Les sœurs Isabel & Fefa BÉGUÉ BELÓN

Partie 2. Visite à Yateras : un couple qui clôt la tradition bicentenaire des planteurs français de Cuba, René et Lina BÉNÉGUI

Suite :

3. L'ISOLEMENT DES LAUTELNAU

maison Lautelnau


    L’approche de la finca isolée des Lautelnau, dans la zone de San Ramón de Las Yaguas fait forte impression. Une zone relativement éloignée de Santiago, qui a été de celles qui ont pris le relai quand les cafières les plus anciennes proches de Santiago voyaient leurs rendements s’épuiser. La caféière la plus connue et la mieux préservée de cette zone est La Fraternidad, mais nous sommes là encore plus loin.

    Seul un 4x4 a permis d’arriver jusque là. Nous sommes en pleine Période Spéciale, le carburant est rare et il n'a pas été facile d'accéder à ce véhicule. Nous nous retrouvons face à d’imposantes murailles soutenant d’anciens séchoirs à café, elles donnent un peu la fausse impression de constructions précolombiennes. En les remontant et les contournant, on finit par apercevoir une petite construction de planches surmontant les divers degrés de terrasses. C’est une construction de planches, assez précaire faîte en lieu et place de la demeure de maître des Lautelnau, laquelle n’a pas résisté à un tremblement de terre.

Les murailles
Les impressionnantes murailles des anciens séchoirs à café

    En attendant le retour du père de famille parti pour ses travaux de la journée sur une endroit éloigné de la propriété, nous découvrons la maison. Les planches sont doublées de papier journal. Pas un meuble digne d’être mentionné en dehors des couchages. Mais à l’entrée, du côté extérieur un imposant chaudron en bon état. Il est daté du 19e siècle et le premier des Lautelnau l’aurait ramené de Bordeaux.

    Le maître de maison arrive en contrebas, il aurait 82 ans, mais rien dans sa fière allure ne le distingue d’un fils qui vit en voisin et chevauche une autre monture. Je note à la va-vite qu’il est l’avant-dernier d'une fratrie de sept fils. Il s’appelle Francisco et a un autre fils dans la ville d’El Caney.

le chaudron de Bordeaux
Le chaudron ancestral venu de Bordeaux

à cheval
Mr Lautelnau sur sa monture

    Le café offert en bienvenue est un nectar tel qu’il me semble n’avoir jamais goûté auparavant avec une telle saveur. Du coup je ne m’aperçois pas qu’il n’a pas été sucré. Nous abordons ce thème. Nous sommes dans cette période en effet très spéciale où les produits manquants selon les endroits peuvent dérouter. Il me dit que ça doit faire sept ans que le sucre n’est pas remonté « d’en-bas ».

Lautelnau assis
Conversation avec notre hôte
Portrait
Portrait en tenue de travail des champs


Séchoirs à café de la propriété Lautelnau


    Il nous propose de traverser cette partie supérieure de la propriété où, à l’autre extrêmité de séchoirs se trouvent les ruines des anciens baraquements des esclaves.

    Au milieu d’une des petites ruines juxtaposées, un solide tombe de pierre taillée. Nous comprenons qu’il s’agit de son ancêtre venu de France, celui du chaudron, Jacques (ou Santiago pour le voisinage) Lautelnau, mort en 1912. La tombe est construite au milieu d’une ruine. Ce type d’enterrement dans la propriété était commun chez ces Français des montagnes cubaines. Notre hôte précise qu’il s’agit d’un des anciens baraquements des esclaves. Et que dans un de ces baraquements a grandi celle qui gagna sa liberté et devint la compagne de l’ancêtre Lautelnau et la mère de ses enfants. Un type d’alliance que se permettaient certains des Français et les faisaient mal voir des bonnes familles espagnoles.

    Comme souvent l’installation dans cette plantation s’explique par des liens familiaux. Elle aurait appartenu auparavant à un oncle nommé Vignot. Un nom toujours présent dans la province de Santiago.

La tombe
La tombe du Lautelnau venu de France

     Nous n’avons accédé à aucune documentation concernant ce nom énigmatique de Lautelnau, pas plus présent en France qu’à Cuba. Le nom aurait été transformé au fil du temps,  il pourrait être une dérivation de Loustelnau. Un nom touvé dans une correspondance de propriétaires de cafières (entre Lestapis et Hippolyte Daudinot) pour un service rendu : l'achat de quatre mulets. Un nom qui concorde avec l’indice précédent qui rattache notre famille à la Gascogne, une fois de plus aux Pyrénées-Atlantiques plus précisément. Et là, oui sont venus des Loutelnau à Cuba, dont un cultivateur, un Jean Loustelnau natif d'Hôpital d'Orion (64) installé précisément à Santiago de Cuba. L'enquête continue!

    Au moins il apparaît que les Vignot ou Vignaud seraient arrivés de Saint-Domingue dès 1791 selon notre accompagnateur Rafaël Duharte, ce qui établit un fil avec les arrivées les plus anciennes, celle des premiers réfugiés de Saint-Domingue.[1]

    Nous continuons notre périple vers certaines caféières du temps colonial ou plutôt leurs belles ruines : le jardin à la française suspendu (en maçonnerie !) avec ses bancs de pierre Pierre de San Juan de Escocias, ayant appartenu à la famille Dumois, puis le batardeau et l’aqueduc de San Luis de Jaca, avant de retrouver les beaux restes de la cafetal La Fraternidad, alors très loin de sa rénovation actuelle.

Texte (février 2021) et Photos (1993) Daniel Chatelain © ritmacuba.com


carte ancienne
Carte coloniale des plantations françaises de Ramón de Las Yaguas. Nous faisons l'hypothèse que le lieu des photos précédentes est à l'Ouest de La Fraternidad et à l'Est de San Juan de Escocias...


le jardin suspendu
Le jardin à le française suspendu de San Juan de Escocias vu du bas du double escalier d'accès.



Aqueduc de san Luis de Jaca. Les techniques hydrauliques apportées par les Français de Saint-Domingue étaient un atout-maître dans la production de café de qualité, transformé par le procédé humide.

La Fraternidad 1993
La cafèière La Fraternidad dans son état de 1993, avant la rénovation actuelle.

Suite :

4. Cafetales de Yateras, L'album de photos de 1892-1894



[1] Historien et chercheur de Santiago de Cuba. Le nom de famille n’est pourtant pas mentionné dans l’index d’Agnès Renault (op. cit. 2012), qui ne signale qu’un Vignaud médecin. Il peut pourtant s'agir de la même famille...



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