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Généalogie des styles de la musique cubaine


Ma collaboration à la revue Percussions m'amena à prendre connaissance vers 1994 d'un tableau inédit de son fondateur, Michel Faligand qui tentait de synthétiser l'évolution des styles de la musique cubaine, de ses origines tricontinentales (Amérique-Europe-Afrique)
jusqu'aux styles contemporains. Mon intérêt pour ce tableau grandit progressivement, parallèlement aux approximations, renversements historique et idées fausses charriés avec le début de la vague médiatique sur la musique cubaine culminant avec le Buena Vista Social Club. Un schéma pouvait en dire plus qu'un lond discours. Sensible au thème de la généalogie de ce domaine et travaillant à l'époque sur la tumba francesa, je fus tenté au départ de compléter la proposition de Michel Faligand concernant la présence de l'influence franco-haïtienne et afro-haïtienne venues principalement par l'Oriente Cubain, encore mal connues à l'extérieur de Cuba à ce moment et entreprit de donner ma propre proposition, plus détaillée, sous une forme informatisée, en double page, qui fut publiée dans le n°44 de la première série de la revue Percussions en 1996.

Il s'avéra qu'il s'agissait du premier tableau jamais publié tentant de présenter l'ensemble des relations entre les styles de la musique cubaine (musique populaire, afro-cubaine, hispano-cubaine, jazz...) et qu'il reçut un bon accueil des aficionados et de ceux qui tentaient dès ce moment de bâtir une pédagogie de ce domaine musical. Les réactions très favorables de Laurent Erdös, qui n'avait pas encore fondé son école Abanico, me permirent de rencontrer le batteur US Jim Payne, qui dès qu'il le connût voulut intégrer ce tableau à son ouvrage en préparation conjointe avec Tito Puente, qui parut une première fois sous le nom Tito Puente's Drumming with the Mambo King en 2000, précédant de peu la mort de Tito la mort de Tito, puis fût réédité en 2006 sous le titre Tito Puente King Of Latin Music. Pour la parution aux États-Unis, je complétais et remaniais le tableau (y apparaît par exemple le terme timba) en essayant de ne pas trop le complexifier, tout en le rendant accessible au lecteur anglophone. Malheureusement, la taille du tableau retenue dans l'édition du livre était inférieure à l'original et ne permettait pas, à mon avis, la commodité de lecture nécessaire, vu la quantité des "cellules" présentes dont les interactions sont représentées par un système de flêches évitant le simplisme.

Il se trouve que le logiciel utilisé à l'époque devint rapidement obsolète, ne me permettant plus de faire une adaptation actualisée de la version française sans reprendre ce travail à zéro, ce que je ne fis pas. Je ne possède plus, jusqu'à preuve du contraire, les tirages originaux. Les années ont passé et la musique cubaine a connu de nouvelles tendances et fusions, mais néanmoins, à intervalle régulier je reçois des demandes pour connaître ou retrouver ce tableau, demandes que j'avais bien du mal à satisfaire. J'ai dû donc repartir du livre et de la revue pour en présenter deux versions pdf, chacune avec ses mérites respectifs (et leurs défauts)... Malgré nos efforts, les moyens techniques à notre disposition n'ont pas permis de retrouver, dans l'un et l'autre cas, le niveau de qualité de l'impression typographique...

Daniel Chatelain - 2014

On veillera à retrouver pour la lecture un format A3 ou son équivalent sur écran...

 

Tableau généalogique des styles de la musique cubaine (D. Chatelain)

Cliquez pour afficher LE TABLEAU COMPLÉTÉ (version 2000, anglais) pdf, notre conseil : lire agrandi à 150%
La reproduction, issue d'un agrandissement, est moins aisément lisible que le tableau initial à la suite. Les ajouts concernent : le latin soul et le latin rock (pour les cousinages US, la timba, quelques styles peu pérennes : le cha onda, le pa'ca, le batanga et aussi l'influencia (à tort ou à raison) ou une évolution à l'intérieur du cuban jazz. Des branches de cette généalogie ont aussi été déplacées en fonction des ajouts ou de commodité du fléchage.

Cliquez pour afficher LE TABLEAU INITIAL (version 1996, français). pdf, notre conseil : lire agrandi à 130%


Notes explicatives (initialement parues dans le n°44 de Percussions-1997).

Quelques remarques à propos du “Tableau généalogique des styles de la musique cubaine”*

- Ce tableau est à notre connaissance un travail sans équivalent dans la musicologie cubaine, au demeurant fort riche. Nous pensons qu’un point fort de ce tableau est la pleine prise en compte de la diversité régionale dans l’enrichissement du patrimoine cubain, en particulier la distinction entre Occidente (comprenant La Havane et Matanzas) et Oriente (avec les points forts de Santiago de Cuba et Guantánamo).

- Remarque de lecture du tableau concernant la Contredanse : celle-ci déborde de l’encadré des styles cubains d’influence “franco-haïtienne” car les chemins de la diffusion de la contredanse sont passés ausi bien par le détour des réfugiés de la colonie française de Saint-Domingue que directement par Paris*.

- La musique afro-cubaine (au sens strict) est représentée ici par des traditions toujours repérables aujourd’hui. Ce qui ne veut pas dire que d’autres traditions africaines, certaines présentes surtout dans les débuts de l’esclavage soient restées sans inflence, ainsi les mandingues ont laissé leur empreinte, même s’ils ne sont plus identifiables comme tradition autonome.

- l’influence  bantoue est ici très simplifiée. Ayant agit pendant quatre siècles, et étant proportionnellement très importante dans les premiers temps de l’esclavage, une influence diffuse concerne  la plupart des styles créoles cubains. Le Tango Congo, qui a d’ailleurs voyagé fort loin de Cuba, porte un nom révélateur à ce sujet dans les deux mots qui le compose (tango est un mot d’origine bantoue).

- Nous dédaignons les variantes locales des styles, pourtant fort intéressantes pour l’histoire de celles-ci, par exemple pour le complexe du Son : Son del Cauto, Son montuno, Nengón...

- Le “complexe du Son” n’est pas une entité cubaine isolée, il a de la famille dans nombres d’anciennes colonies hispaniques, à commencer par Puerto Rico et Santo Domingo.

- Un de ceux-ci, le Merengue originaire de Santo Domingo est assimilé à la culture populaire en Oriente (nous ne l’avons pas fait figurer pour éviter des confusions). Même remarque pour le Merengue Haïtiano (meringue haïtienne).

- Certains styles joués actuellement ont subi une évolution multiséculaire qui les a profondément transformés, par ex. les Guarachas du théâtre-bouffe cubain étaient, malgré un esprit satirique commun, fort différentes des Guarachas entendues actuellement, qui ont absorbées la rythmique du Son; la Guaracha moderne figure ici sous le nom Guaracha-Son).

- Le tableau pourra sembler complexe à première vue, il y a pourtant un choix de simplification. Chaque style moderne pourrait fair à lui seul l’objet d’un tableau à multiples ramification. Par exemple si on voulait faire un tableau des origines du Mambo, il faudrait ajouter d’autres influences à celles ici présentes, en indiquant à quel niveau se situe l’influence  (ex. : emprunt d’un instrument ou d’une fonction instrumentale à un autre style...). Ainsi, il faudrait faire aussi une liaison entre le Mambo et la Rumba, la fonction du bongo dans le mambo à la Pérez Prado étant inspirée du quinto de la rumba....

- Salsa” est un terme venu de New-York pour désigner le Son moderne cubain mêlé à des éléments puerto-ricains; il a fini par être repris à Cuba-même, après bien des réticences (cf. Adalberto Alvarez). La “Salsa moderna” à Cuba n’est pas à proprement parler un style, mais plutôt un type d’orchestration moderne, avec une vocation attrape-tout tendant à intégrer tous les ingrédients à portée de main pour se renouveler : Rumba, Mozambique, et l’infinie ressource des traditions afro-cubaines. Ce qui est vrai dans la musique l’est aussi dans la danse... (Note 2014 : cf timba dans la version complétée, dénomination qui s'est imposée entre les parutions des deux versions du tableau).

- Nous n’avons pas intégré les noms de danses qui se sont faîtes un nom une saison, selon une pratique assez répandue dans les années ‘50-‘60. (…)

- (...) Complément très recommandable à ce tableau : “Los Generos de la musica cubana” d’Olavo Alén (Ed. Cubanacan, Puerto Rico). Autre ouvrage utile : “Diccionario de la musica cubana”, d’Helio Horovio.

* Voire de l'Angleterre et la déclinaison d'époque de la country dance pendant l'occupation anglaise de La Havane (1762-1763).

Note complémentaire de 2014.

- Nous avions retenu (dans la version "livre", pas dans la version "revue" initiale) comme style, l' "Influencia", légitimé par Compay Segundo pour certaines de ses compositions . Influencia signifait une musique guitaristique cubaine influencée par la musique guitaristique états-unienne. Dans sa monumentale discographie de la musique cubaine, Cristobal Díaz Ayala a dénié à ce terme la qualité de style cubain. Nous n'avons pas lu d'autre prise de position à ce sujet.

Daniel Chatelain

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