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Je ne veux pas mourir en pensant que la tumba francesa n'existera plus

Interview de Gaudiosia Venet Danger, "Yoya", reine de tumba francesa.


 
Présentation par l'auteur de l'interview :

Établir ressemblances et différences entre les expressions de la culture populaire traditionnelle cubaine ayant des racines historiques communes (la tumba francesa, par exemple) s'avère être une tâche difficile, d'autant plus que, quand on essaie de délimiter leurs frontières, leur portée, on se rend compte qu'elles se perdent dans le temps et la mémoire de leurs principaux témoins. C'est, sans aucun doute, l'une des raisons qui explique la consolidation des tumbas francesas et leur ferme intention de défendre leur origine et leur esprit de solidarité, les traits sociaux qu'elles ont préservés   déterminent   ressemblances et différences entre elles et aussi par rapport aux autres expressions de la culture cubaine. La culture, fondement de la condition humaine, aussi bien au niveau des sociétés que des individus reflète le fait social d'où elle surgit, sa logique et son mystère. Elle est le porte-parole des coutumes, des traditions esthétiques et de connaissances séculaires. L'homme s'y reconnaît et défend son identité à travers sa culture. L'étude des tumbas francesas dans l'Est du pays, permet de découvrir leur diversité ainsi que leurs points communs et le désir de leurs protagonistes de faire connaître cette expression culturelle. Il existe trois sociétés de tumba francesa : La Caridad de Oriente, la Santa Catalina de Ricci et La Bejuco. Elles sont l'expression d'un moment de l'évolution historique de ce pays, des richesses culturelles vivantes, non seulement pour Cuba mais aussi pour l'humanité, il convient de les préserver. « Je ne voudrais pas mourir en pensant que la tumba francesa n'existera plus » Ce sont les derniers mots prononcés par Gaudiosa Venet Danger. Quelques jours plus tard, elle mourait et la culture cubaine perdait l'un de ses piliers. Cet hommage lui est dédié.

Laura Cruz

Interview publiée pour la première fois dans Del Caribe , No. 27, 1997, p 108-111 (Santiago de Cuba). Version française par l'Alliance Française de Santiago de Cuba pour le revue Oralidad n°13 - 2005 (Unesco).

N. B. : Les notes entre parenthèses (sans autre précision) dans le texte sont celles de la version française de la revue Oralidad. Les notes entre parenthèses "NDR" et le découpage en paragraphes sont de la rédaction de ritmacuba.com.

Yoya
Assise : Yoya (tumba francesa de Santiago) - Photo © Daniel Chatelain (1993)

« Mon nom ? Gaudiosa Venet Danger mais tout le monde m'appelle Yoya. J'ai adopté les noms de ma mère, Consuelo Venet Danger ou tout simplement Tecla. Je suis l'arrière-petite-fille d'un esclave français. Mon arrière-grand-mère était une esclave domestique. Je suis née le 28 octobre 1917, dans la propriété où mes arrière-grands-parents travaillaient la terre. Avant cela c'était une ferme qui appartenait à Monsieur Venet, un Français. Elle se trouvait du coté de Limoncito, au Caney, en amont de Villalón. Actuellement, c'est une ferme de l'Etat. Mes arrière-grands-parents, les esclaves, je les ai connus. Ils n'étaient pas haïtiens, ils venaient d'Afrique, du Congo. Quand ils sont arrivés à Cuba, ils étaient enfants. C'est pourquoi ils disaient qu'ils étaient cubains : Ils ont grandi ici. Ce sont mes grands-parents maternels : Nemesia Danger et José Rufino qui m'ont élevée. Ils me racontaient que les parents de ma grand-mère avaient travaillé très dur pour acheter la liberté de leurs enfants avant leur naissance. Le Français Salvador Danger est arrivé de France et a acheté des terres de la ferme San Nicolas, au Caney, très près de chez les Venet ; il était le maître de mon arrière-grand-mère, Agustina Danger, la mère de ma grand-mère Nemesia. Agustina s'est mariée avec un esclave qui s'appelait Salvador Danger comme son maître. Elle a eu deux enfants : ma grand-mère et Fermin. Mais voilà que Monsieur Danger est tombé amoureux de mon arrière-grand-mère et a vendu mon arrière-grand-père Salvador. De cette relation est née une fille, Perfecta. Il y a donc dans ma famille du sang français. Il l'a reconnue comme épouse et l'a aidée à élever ses trois enfants. Mes grands-parents disaient que les Français étaient de bonnes personnes, des gens conviviaux, très attachés à la famille et très humains avec tout le monde, à tel point que mes arrière-grands-parents préféraient la punition qu'être vendus aux Espagnols. En général, c'était l'opinion des esclaves français. Lorsqu'un esclave français voulait que son enfant soit libre à sa naissance, même si l'esclave payait sa liberté, le maître l'aidait. Quant à ma grand-mère, le maître n'a pas permis qu'elle naisse dans la baraque (NDR : le «  baracón  », baraque concentrationnaire des esclaves).

La nourriture qu'on donnait aux esclaves n'était pas mauvaise, ils aimaient bien la viande salée ou séchée, la farine de maïs, les tubercules comestibles (pommes de terres, patate douce, igname, manioc, etc.), les haricots, le poisson ou la morue. Ils pouvaient manger tout ce qu'ils voulaient. Les plus âgés, les enfants, les femmes enceintes ou celles qui venaient d'accoucher avaient droit à une ration spéciale. Ce n'était pas pareil avec les Espagnols. Même les punitions pour les esclaves français étaient différentes. On ne les envoyait presque jamais au cep moins encore s'il s'agissait d'une femme enceinte. Et si, par hasard, une femme était condamnée au cep, on la couchait sur une pièce de bois qui avait au milieu la forme d'un fer de cheval pour protéger son bébé. Je suis arrière-petite-fille d'Africains, et non pas d'Africains mélangés avec des Européens comme il arrivait souvent, c'est-à-dire un Noir dont le père était français et la mère, une esclave ou une Noire libre. Les maîtres français donnaient leur nom de famille et des droits à leurs enfants, ce qui n'était pas courant chez les Espagnols.

Tecla-Yoya
Yoya avec sa maman, la reine qui l'a précédé, Tecla peu avant le décès de celle-ci en 1988. (tumba francesa de Santiago) - Photo © Jorge Oller pour Granma (édition hebdomadaire en français du 14 août 1988

Depuis son plus tendre âge, maman a beaucoup dansé la tumba francesa avec ses grands-parents et ses parents. Elle a appris à marcher dans la tumba. Elle disait : Je ne savais même pas parler et j'imitais déjà les gens quand je les voyais danser. Ma mère a joué du catá. C'est le tambour qui mène le rythme pendant la danse et qui est un peu le guide et la base de la tumba. Ma mère est devenue une virtuose du catá car elle le faisait parler. Nous étions des paysans, mes grands-parents, mes frères, ma mère et moi. Nous nous réunissions sur la Plaza de Marte avec d'autres descendants de Français qui aimaient danser la tumba française et qui appartenaient à cette société : La Caridad de Oriente.

Depuis toute petite je savais que la tumba francesa était arrivée d'Haïti, vers 1800. Mes grands-parents m'ont expliqué que leurs parents et d'autres esclaves français dansaient la tumba lorsqu'ils avaient l'occasion de se réunir dans les fermes pour commémorer quelque chose. Un beau jour ils ont dit a leurs maîtres : Venez voir comment nous interprétons vos danses dans la tumba francesa. Très étonnés, les maîtres ont rétorqué que c'était impossible parce que dans leurs danses, on utilisait des instruments à vent. Les maîtres sont quand même venus voir danser le minuet africain qui s'inspire du menuet français, le masón, le yubá. Je sais aussi qu'on a entendu le chant des tambours la veille du 10 octobre 1868, le jour où Carlos Manuel de Cespedes a donné la liberté à ses esclaves.

On affirme que la tumba française est née parce que les esclaves voulaient imiter les danses qu'organisaient leurs maîtres dans les salons. Au début, c'était pour se moquer d'eux, puis les maîtres par curiosité et poussés par l'admiration de voir leurs Noirs danser comme eux, au rythme des tambours, avec la cadence et l'élégance des danses françaises, ont commencé à comprendre et à se rapprocher davantage de la tumba. Ils ont encouragé les esclaves en leur donnant des vêtements élégants, des châles fins, des foulards de soie, des robes de fil ornées de dentelle multicolore, faites par les meilleures couturières françaises, des colliers et des boucles d'oreille. Habillés ainsi les esclaves avaient une belle apparence. Je garde toujours le châle de soie, qu'on avait fait venir de France et que mon arrière-grand-mère mettait pour danser ainsi que son collier de pierres de roche. Quand ma mère est morte, elle me les a confiés.

Pour Monsieur Venet et Monsieur Danger, la danse des Noirs n'était pas seulement un divertissement. Parfois ils y participaient eux aussi. Ils se sentaient tellement attirés par cette manifestation culturelle qu'ils offraient des costumes typiques à leurs esclaves danseurs, quel que fût leur âge. Les gens s'habillaient donc élégamment pour danser. Nous avons essayé de maintenir cette coutume vivante. On utilisait un tissu généralement beige qui ressemble à la soie et qui s'appelle burat et un autre, le madras, qui ressemble plutôt à un tissu de fils. Ce qui différencie la tumba francesa des autres danses africaines, c'est précisément la manière de s'habiller. Les femmes portent des châles et des bâtons, les hommes, des chemises à col bien empesé et un autre ornement appelé épingle qui leur donnent un air plus distingué. Nous mettons aussi le duván , sorte de mouchoir qui couvre complètement les cheveux et qu'on noue devant ou derrière la tête. Les femmes utilisent des jupons de dentelle avec des ourlets pour mettre en relief la robe décorée de dentelle et de rubans de couleurs. Elles couvrent leurs épaules d'un châle. Quant aux chaussures, on portait souvent des pantoufles ou des espadrilles. Les pantoufles étaient faites dans un tissu à deux couches, une espèce de toile. Celles de femmes étaient imprimées de motifs de fleurs et avaient un talon. De nos jours, on porte des chaussures en cuir. Pour danser, on met aussi beaucoup de colliers fins et des boucles d'oreille. Parfois, on est muni d' une penca (grand éventail rustique fait avec les fibres tressées d'une plante) qui imitait les éventails des maîtres. Tout cela nous vient de nos anciens maîtres français. Mon grand-père me disait que les musiciens de la tumba francesa étaient presque tous des esclaves domestiques. J'ai toujours entendu dire que les maîtres français permettaient à leurs esclaves d'organiser des fêtes après la moisson, des fêtes qui pouvaient même durer une semaine. Ils pouvaient fêter tout ce qu'ils voulaient. Tandis que l'esclave d'un maître espagnol était souvent puni et condamné au terrible bocabajo (supplice qui consistait à immobiliser l'esclave, tête en bas, pour le fouetter jusqu'au sang).

C'est comme cela que les tumbas francesa sont apparues à Cuba. Tout d'abord à la campagne, puis dans les villes. Celle-ci a été créée en 1862, le 24 février. On l'a appelé Société de Tumba Francesa Lafayet en souvenir du général Lafayette. En 1905, à la suite d'un processus de disparition, il n'est resté que la société La Caridad d'Oriente . Les sociétés de tumba francesa constituent une sorte de cabildo (NDR : société concédée aux Noirs d'une même origine supposée dans la Cuba coloniale). Il existe une hiérarchie : un président et une présidente qui sont respectés de tous. C'est après la guerre contre les Espagnols qu'on a commencé à les appeler comme ça. Avant, c'était le roi et la reine et il y avait aussi une cour. Tecla, ma mère, a été présidente de cette société pendant trente ans, c'est-à-dire jusqu'à sa mort à quatre-vingt-quatorze ans. Elle travaillait à la cantine de la société et quand il y avait une fête, elle servait à boire et à manger. Elle était vraiment très occupée car elle dansait et jouait du catá à la fois. Moi-même, j'ai commencé à la cantine. Puis on s'est aperçu que j'étais douée pour le chant et pour la danse et on m'a encouragée pour que je m'y mette. En 1944, sous la présidence de Rufo Salazar, j'ai officiellement adhéré à la société. Tout au début, on ne comprenait pas pourquoi j'aimais fréquenter des gens âgés et on me disait que c'était une danse pour les vieillards de l'époque de nos grands-parents. Moi, je leur répondais : Vous vous trompez, cette danse, il faut la sentir, et moi, je la porte dans le sang. N'importe quel jeune peut danser la tumba c'est un rythme contagieux. Même si on ne sait pas danser, on l'apprend facilement, il suffit de la sentir. J'ai commencé comme ça, en dansant et en chantant. Un beau jour, j'ai commencé l'improvisation et je me suis mise à composer mes propres chants. Et voilà, j'ai été nommée composé de tumba francesa. Avec mes grands-parents, j'ai appris le français et le patuá (de patois). Ce dernier, ils le parlaient parfaitement.   Je chante en français et en patuá et je fais appel à ma fantaisie pour créer des interprétations qui font danser jusqu'à l'aube. La plupart des mots qu'on utilise dans la société, on les dit en patúa , par exemple : piti muchue (petit mouchoir), gro muchuela (grand mouchoir).

Les mambis (combattants cubains qui ont lutté dans le maquis contre les Espagnols) ont dansé et chanté dans la société La Caridad de Oriente . Les géneraux Quintín Banderas, Guillermón Moncada, et Antonio Maceo étaient membres de cette société. Mon grand-père avait dix ans quand il a fait la connaissance de Maceo. Il me racontait qu'un jour Maceo est passé par Guantanamo avec sa troupe à cheval. Mon grand-père était en train de se baigner dans une rivière et il a eu peur quand il a vu tout ce monde-là. Alors, il a essayé de se cacher. L'explorateur de la troupe, qui l'avait   aperçu, a dit à Maceo : Un enfant s'est caché là. Et Maceo lui a ordonné sur le champ : Attrape-le et mets le sur un cheval. C'est lui qui va nous couper l'herbe pour déblayer le chemin. À partir de ce moment-là, mon grand-père a intégré la troupe de Maceo et a participé á la guerre d'Indépendance, et cela à dix ans. Cette société de tumba francesa a collaboré avec la guerre d'Indépendance et plus tard, elle a appuyé la lutte clandestine à Santiago. Après le triomphe de la Révolution, nous avons été d'accord pour qu'on appelle cette tumba francesa Los Maceo - Banderas - Moncada , pour rendre hommage à ces membres notoires. Mais son véritable nom est La Caridad de Oriente car il évoque la Vierge de La Caridad del Co-bre qui est notre patronne et tous les actes de charités que nous réalisons en faveur des autres.

Autrefois il y avait beaucoup de sociétés. De nos jours, il n'en reste que trois : Celle de Sagua de Tánamo, La Pompadour de Guantánamo et celle de Santiago de Cuba. Les grands commerces français se trouvaient dans la rue El Gallo. Au Tivolí, il y avait un café-concert très renommé et dans ce même endroit il existait une société qui s'appelait aussi Tivolí. Les rues étaient animées par les verbenas (fêtes populaire nocturnes) et par les carnavals. Il était agréable de voir les jeunes amoureux se chercher en chantant et en dansant au rythme des tambours de la tumba. On répondait aux demandes avec des chants à double sens sous forme de controversia (chant populaire où interviennent généralement deux personnages qui se disputent en utilisant des mots à double sens). Il fallait faire très attention aux paroles pour comprendre ce qu'ils disaient. C'était très beau. Dans la société on faisait des choses pareilles, des choses habituelles chez des jeunes vifs et malicieux. Je reconnais que j'étais fêtarde. Maintenant je ne peux plus danser. J'ai été amputée d'une jambe mais je peux toujours chanter et composer. Comme disent les Santiagueros, les Venet Danger ont maintenu et maintiennent vivant l'esprit du tambour. C'est un peu notre raison d'être, on le porte dans le coeur. Parfois, on nous appelle la tumba Venet Danger   et c'est une erreur, le nom de la société est La   Caridad de Oriente et elle regroupe tous ceux qui veulent y adhérer. En ce moment la société compte 14 danseurs et 8 musiciens avec des noms de famille différents : Duvergel. Vicet, Duvalón, Campanioni, Gastón, Lafargue, Ivonet, Martin , d'autres qui ne sont pas français tels que Quiala, Martín, Soler, Salazar, Moncada et beaucoup d'autres dont je ne me souviens pas maintenant. Nous nous réunissons   le 24 février, le 8 septembre, le 10 octobre et le 1er janvier et tous les mardis et les jeudis pour les répétitions et pour analyser les affaires concernant la société. Nous conservons le règlement des anciennes tumbas, notamment le nôtre. Par exemple, il était coutume de se réunir à l'occasion de la fête des saints patrons ou à d'autres dates importantes.

L'esprit africain se perpétue, nos tambours ont plus de cent ans et ils sont sortis des mains africaines. Nous dansons toujours le masón avec ses figures, la tahona qui nous fait danser dans les rues surtout pendant le carnaval, le yubá ou frenté où le danseur principal répond avec énergie au son du premier, le tambour principal, pour faire valoir ses droits sur sa femme. Cette danse a beaucoup de rapports avec la rumba cubaine et cela se voit dans l'attaque du danseur. C'est la danse la plus africaine de la tumba francesa, la plus agressive, la plus rebelle, à la différence du masón qui est plutôt cadencé et chorégraphique. Il y avait une autre danse appelée gallo tapao que présentait un danseur imprévu. L'objectif de la tahona, comme nous l'avons expliqué tout à l'heure, est de faire danser les gens dans la rue. Quand la conga (NDR : de Los Hoyos) a lancé le cocoyé (NDR : un thème de défilé de conga inspiré de la tumba francesa), la tumba francesa a été contrainte de créer la tahona . Pilili (NDR : ancien leader de la Conga de Los Hoyos) a mêlé la conga et le masón , qui comporte des figures, et on a pu danser dans la rue comme si c'était une comparsa (troupe de danse populaire qui représente un quartier ou une société et qui se produit dans la rue pendant le carnaval) . Le terme tahona vient du moulin qu'on utilisait dans les grandes propriétés de café pour enlever la peau des grains et les broyer. Il s'agit d'une danse qui quitte le salon pour descendre dans la rue et faire danser les gens, à la différence de la conga qui est un rythme typique de la rue. La conga a un rythme fort, alors que la tumba est un toque noir, africain, mais moins fort. Dans la tumba francesa, les danseurs doivent remuer beaucoup le bassin mais sans faire pour autant des gestes grossiers. La femme et l'homme se déplacent aisément, doucement, on dirait qu'ils dorment. Les danseurs ne soulèvent pas les pieds. Ce sont des mouvements discrets, élégants, c'est une danse très raffinée. La manière dont les femmes relèvent les volants de leurs robes est une coutume qu'elles ont héritée des maîtres français.

Dans la tumba, il y a trois grands tambours : le principal est le premier ou mamier. L'exécutant de cet instrument est nommé aussi premier. C'est un tambour au son grave ; puis il y a le bulá ou arcend, qui est plus petit et émet un son plus aigu. Celui qui joue du bulá est le bulayer. Le second est un tambour complémentaire dans l'orchestre, celui qui joue du second est un secondier . Tous ces tambours sont faits avec un bois solide et la peau tannée d'un bouc. Le catá émet un son pénétrant, on dirait un xylophone, c'est un tronc évidé au milieu. Le musicien, le catayer,   emploie deux baguettes plus ou moins grosses pour jouer du catá . Pour donner plus de sonorité à la musique, on chante avec le chachá , sorte de maraca en fer blanc qui se termine en cône (maraca : instrument de percussion typique à Cuba fait avec un fruit appelé guïro qui est évidé et à l'intérieur duquel on met de petites pierres ou des plomb). La maraca est munie d'un manche, on attache des rubans de couleurs à ce manche. Ce sont des femmes qui jouent du chachá pour accompagner le choeur.

Yoya
Assise : Yoya - Photo © Daniel Chatelain (1993)

Nous conservons jalousement nos documents historiques. C'est un honneur pour nous que le prestigieux Monsieur Emilio Bacardi (fut) membre d'honneur de notre société. A quatre-vingts ans, je suis contente que ma musique et mes chants soient reconnus par les autres sociétés de tumba francesa. Je suis fière de tout ce que ma mère m'a légué. Je remercie la vie et Fidel de vivre dignement et j'exprime ma reconnaissance dans mon chant : Mapuejele Fidel, Fidel mapuele. Je suis cubaine et il y a du sang africain dans mes veines. Je suis fille des Caraïbes et je dis comme ma mère que je ne veux pas mourir en pensant que la tumba francesa n'existera plus. Je crois que, même après ma mort, ça me ferait de la peine qu'elle n'existe pas. »

Publication dans ritmacuba.com : mai 2008

Egalement sur la tumba francesa dans ritmacuba.com : Lire

La Tumba Francesa par Daniel Chatelain. Réédition 2011 du premier article en français sur le sujet en pdf avec nouvelle iconographie (50 p.)

 

Album photo de Daniel Chatelain sur la Tumba Francesa


 

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