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Santiago de Cuba - Juillet |
PAGE mise en ligne le 10 mai 2020
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Après avoir nourri pendant de
nombreuses années, je l’avoue, certains fantasmes à propos d’une
supposée fabuleuse collection
d’instruments dormant au Museo Nacional de la Música de La Havane, et
avoir été quelque peu déçu, il m’a quand même été possible après
ma visite de mieux imaginer le nombre de tambours batá de
fundamento ayant pu exister au XIXe siècle.
Et
si seulement trois d’entre eux ont survécu au XXe siècle,
il est évident que d’autres ont disparu physiquement du fait de la
police,
brûlés, cassés ou enterrés. Il est possible également, comme l’a
raconté Fernando Ortiz, qu’une fois leurs vrais propriétaires
emprisonnés à La
Havane ou déportés au Maroc, les personnes chez qui ont a pu les
cacher aient jugé bon de les faire disparaître, ne voulant pas
eux-aussi subir
les foudres de la justice raciste des années 1900 à 1930. Le fait
qu’il n’y ait pas de tambours batá
cubains au Musée de Madrid, où figurent des
tambours abakuá et arará, semble prouver que les santeros
furent peut-être moins déportés que les autres religieux afro-cubains.
Il est possible
que certains autres tambours aient été cachés dans des endroits
insalubres, où leur bois s’est détérioré de manière irrémédiable : il
nous a déjà
été donné de voir de tels tambours de
fundamento anciens, sans qu’on veuille nous dire desquels il
s’agissait. Les cas d’añá
sauvegardés
séparément, puis replacés dans de nouveaux fûts semblent avoir été
assez rares.
Ortiz
a écrit au début des années 1950 que – dans le meilleur des cas –
vingt-cinq jeux de batá avaient été construits jusque là, et qu’à
l’époque onze étaient en activité, dont quatre dans la province de
Matanzas (soit sept à La Havane) :
« En acceptant les sources les plus larges, à Cuba on a construit
seulement vingt cinq jeux d’ilú batá, en sachant de quatre d’entre
eux
peuvent être considérés comme douteux ou irréguliers. Parmi ceux qui
sont authentiques, huit se sont perdus, sans que l’on sache où ils
ont
échoué, et deux sont au Musée National ou dans des collections
privées. Il reste donc seulement onze batá-aña orthodoxes utilisés
pour les
liturgies : quatre à Matanzas et les autres à La Havane, Regla et
Guanabacoa».
On
sait aujourd’hui qu’il n’avait pas entièrement raison, et qu’il en
existait au moins huit dans la capitale, et sans doute au moins deux
autres dans la province de Matanzas, soit six en tout. Si l’on ajoute
les six jeux du Musée National (en considérant que le septième soit
aberikulá),
les deux qui figurent dans les autres musées havanais, et les huit
jeux qui selon Ortiz avaient disparu, on obtient un total de 30 jeux.
Je pense qu’il est raisonnable d’estimer le nombre des tambours de
fundamento du XIXe siècle à une quinzaine, dont
trois ou quatre dans
la province de Matanzas. On sait que certains santeros des années 1930
avaient envisagé l’extinction de la religion à Cuba. Effectivement,
les
trois premières décennies du XXe siècle ont été terribles,
et sans doute divisé le nombre de batá en activité par deux.
Le plus regretable est
pour bien des Cubains havanais seulement deux des batá d’avant 1900
soient connus, grâce à Pablo Roche et à Ortiz, et que l’on sache
quasiment rien de tous les autres.
TEXTE
DE L'ARTICLE (COMPLET, PDF),
26
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Rappel
:
non détaillé
Avant-propos :
0. Introduction
1.
La santería et les autres religions afro-cubaines
2. Les instruments de musique de la santería
4. L'apprentissage des batá, maîtres, disciples et élèves
Chapitre
I : La
période coloniale - les cabildos lucumí.
1.
La nación lucumí
Chapitre
II :
La création de la santería moderne à La Havane et à
Matanzas.
1.
Les maîtresses-femmes de la religion
lucumí au XIXe siècle
Chapitre III : Histoire des tambours de fundamento havanais.
1. L'obscure histoire des tambours batá du XIXe siècle
...
Chapitre
IV : Chronologie
des tambours havanais du XXe siècle.
1. Le tambor de Pablo
Roche (années 1920-1930)
...
Chapitre
V : Autres
tambours havanais à partir des années 1960.
1. Le tambor de Amador
(consacré en 1963)
...
Tableau
chronologique des tambours de fundamento havanais
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