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Tata GÜINES

SOTO, Aristides, "Tata Güines". (30.06.1930, Güines/cu - 4 février 2008, La Havane). Composition, contrebasse, percussions cubaines (tumbadoras).

par Michel Faligand

N. B. : Première parution sur le site de Michel Faligand mespercussions.net (qui n'est plus en ligne). Informations arrêtées en décembre 2003.

Un des plus célèbres et prestigieux joueurs de tumbadoras (conga) de la musique cubaine. Enfant, il baigne dans une ambiance musicale (son père est joueur de tres). A l'école, il tambourine sans cesse sur son pupitre et finalement, fabrique un bongo avec une caissette de chorizo et une de lait condensé A l'âge de 12 ans, il débute en jouant le bongo (évidemment !) dans une salle de danse avec l'ensemble 'Ases del Ritmo' où, monté sur un tabouret, il joue aussi de la contrebasse.

A 19 ans, il arrive à La Habana : ne parvenant à intégrer aucun groupe musical, il travaille dans différents bureaux durant 4 ans. Pendant ce temps, il vit dans le quartier de Las Yaguas, et trouve des occasions de jouer avec des groupes musicaux, comme "supplémentaire". En 1952, il entre dans l'orchestre 'Fajardo y sus Estrellas', avec lequel il "tourne" au Venezuela en 1955-56 ; il fait aussi certains beaux soirs du Tropicana, le prestigieux cabaret de La Habana. Quelques temps plus tard, il enregistre des disques avec l'orchestre de Chico O'Farrill et avec "Cachao" y su Ritmo Caliente, il joue avec Guillermo Barreto, avec Pedro Justiz ("Peruchín").

En 1957, il part pour New York où il restera pendant 2 ans ; il retrouve Fajardo et joue au Palladium, au Waldorf Astoria et dans d'autres hauts lieux musicaux avec Joséphine Baker, Frank Sinatra, Dizzy Gillespie, Chico Hamilton, Machito, Maynard Ferguson, Charlie Parker. Il fait aussi des conférences sur la percussion cubaine.

En 1959, il regagne Cuba et devient soliste dans le spectacle du cabaret Caribe, de l'Hôtel Habana Libre. Il se joint rapidement au groupe de jazz de Frank Emilio ('El Quinteto instrumental de música moderna' qui deviendra 'Los Amigos') dont il est un des éléments déterminants, il participe aussi aux séances d'enregistrement de 'Las Estrellas de Areito'. Son style naturellement et authentiquement cubain peut faire penser à celui de Chano Pozo - tambourinaire légendaire dont "Tata" avait travaillé les toques entendus à la radio, des années auparavant et dont il a dit : " Il avait plus d'énergie que de technique, avec une frappe puissante sur les peaux. Mais, c'était un maître.".

En 1964, il forme 'Los Tatagüinitos' dont le répertoire présente ses propres compositions. "Tata" a fait de fréquents voyages hors de Cuba : Bulgarie, Colombie, Finlande, La Martinique, Panama, Puerto Rico, Russie, Suisse. En France, on a pu le voir (et l'entendre !) plusieurs fois - 1992, 1994, 2000 - avec des musiciens réunis par Alfredo Rodríguez (en particulier au sein de 'Los Acerekos').

A l'initiative de Daniel Chatelain, Tata Güines a dirigé un atelier, à Montreuil (93), le 20/11/1992 ; à l'occasion de la tournée de 'Los Acerekos' dans le sud de la France, Tata Güines a dirigé un nouvel atelier.

Anga Díaz & Tata Güines. Photo Daniel Chatelain

Aussi bien à Cuba que hors de l'île, Tata Güines est devenu un personnage de légende : ses solos - il frappe parfois cinq tumbadoras - lui vaudront le surnom de "Manos de oro", Chico Hamilton dit que sa main gauche est la plus rapide du monde, Ray Barretto l'admire et en ferait facilement une idole, Le Nouvel Observateur l'a honoré du titre de "Paganini des congas". "Tata" est un nom honorifique pour les tambourinaires des rituels congo. 12/02/2002.